Une collégienne scolarisée à Montpellier sera jugée en mars pour avoir frappé au visage sa cheffe d'établissement, qui lui avait confisqué un sac à main contenant des cigarettes. Encore plus récemment, un collégien a été agressé par plusieurs personnes ce mardi 4 février à proximité du collège Angela Davis à Bobigny. Pour
Reda Belhaj, porte-parole Île-de-France du syndicat de police UN1TÉ, "les jeunes sont de plus en plus violents".
Reda Belhaj, porte-parole Île-de-France du syndicat de police UN1TÉ, "les jeunes sont de plus en plus violents".
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00:00Il y a les chiffres, il y a les sentiments.
00:02Moi, je suis plus côté sentiments, puisque j'ai le sentiment du terrain,
00:06puisqu'on prend régulièrement à tâche avec nos collègues.
00:10Moi, je constate qu'il y a une dizaine de jours,
00:12même si ce n'était pas dans un établissement,
00:14il y a un jeune qui sortait d'un entraînement de foot
00:16et qui est décédé d'un coup de poteau aussi,
00:19que les auteurs présumés avaient 16 et 17 ans.
00:22Je constate que deux interpellations par rapport à l'affaire de Bobigny.
00:28Il y a un mineur et un majeur.
00:30Et je constate aussi qu'une heure avant,
00:32vous aviez eu une agression au couteau à Bagneux
00:35avec deux interpellations et avec un mineur et un majeur,
00:38enfin au moins un majeur, et qui était connu des services de police.
00:41L'affaire Elias, les individus étaient connus des services de police.
00:47La justice avait fait son travail,
00:49mais les individus n'avaient pas le droit de se rencontrer.
00:51Ils habitaient dans le même quartier.
00:52Et au final, on voit ce qu'il s'est passé.
00:54Nous, ce qu'on ressent, en tout cas par rapport aux synthèses
00:57que nous procurent, qu'on a par la préfecture de police,
01:00on constate que pour nous, en tout cas,
01:02que les jeunes sont de plus en plus violents.
01:03Alors, même au niveau des...
01:05On n'est pas là pour parler des violences contre les policiers,
01:08mais même dans les quartiers difficiles,
01:11plus ça va, plus il y a des mineurs qui s'en prennent à nous.
01:12Avant, moi, je suis rentré dans la police en 98.
01:15Je ne veux pas contredire M. Farnes,
01:17mais en tout cas, je suis rentré dans la police en 98.
01:19On avait plus de proximité avec les jeunes.
01:21Elle a supprimé la police de proximité.
01:22Malheureusement, oui, moi, je pense que ce serait bien
01:26qu'elle revienne, la police de proximité.
01:27Ce n'était pas pour jouer au foot, je crois.
01:28C'est son expression, c'est pour des résultats.
01:31Est-ce qu'il n'y a pas aussi une oberta
01:33quand il s'agit de la délinquance des mineurs ?
01:37Est-ce qu'il n'y a pas, dans les familles,
01:40dans les équipes éducatives, le fait de dire si on dénonce,
01:44si on punit, si on stigmatise,
01:47on va avoir des effets, des effets pervers, des effets inverses ?
01:51Ce qui change, en tout cas par rapport à il y a une quinzaine d'années,
01:54c'est que cette délinquance-là, qui a toujours existé,
01:58elle est plus visible et elle est notamment plus visible
02:00parce qu'elle est davantage filmée,
02:02ce qui n'existait pas quand on n'avait pas de téléphone portable,
02:05par définition, et que les images sont montrées à la société
02:09via les réseaux sociaux et que donc, des images qui n'étaient jamais montrées.
02:14On connaissait la violence des mineurs.
02:16On savait que les mineurs tuaient.
02:17Les mineurs ont toujours tué, mais on ne montrait pas les images.
02:20Et donc, il y a une différence entre lire une coupure de presse,
02:23quand on lit la presse écrite, et voir une vidéo où on voit un mineur
02:27sauvagement poignardé à notre...
02:28Des mineurs ont toujours sauvagement poignardé d'autres mineurs.
02:30Mais sauf que quand on vous le montre...
02:31On ne voyait pas, c'était un chiffre.
02:33Quand on vous montre l'image, le ressenti, la proximité avec les faits
02:37et le sentiment de terreur que cela procure n'est évidemment pas le même.
02:40Et c'est ça qui a changé.
02:42C'est dans le paradigme du rapport à la violence des mineurs.
02:45La différence est là.
02:46Ça, c'est une première différence notable.
02:48Et la seconde, c'est celle que j'évoquais tout à l'heure,
02:51qui est la fragilité, dont on parle assez peu, des services d'enquête.
02:54Il y a énormément d'affaires qui, aujourd'hui, ne sortent plus.
02:57C'est-à-dire qu'on est en défaut d'élucidation.
03:00Et ça, c'est absolument inaudible et c'est inadmissible
03:03par la population française, parce que vous avez des faits
03:07extrêmement graves qui sont commis, des plaintes qui sont déposées,
03:09des victimes réelles qui ont, pour certains, été meurtries dans leur chair,
03:14qui ont le sentiment, et parfois, ce n'est pas qu'un sentiment, de connaître l'auteur.
03:19Mais on n'arrivera pas toujours à caractériser les faits.
03:21Et ça, c'est absolument inadmissible et inaudible.
03:26Mais la conséquence, c'est que le ressentiment se porte sur la justice
03:29et pas sur les services d'enquête.
03:31C'est-à-dire qu'il y a une sorte de continuum de la chaîne pénale
03:35qui fait qu'on pense que c'est qu'une extrémité de la chaîne qui est fautive,
03:38le moment de la condamnation.
03:39Mais on oublie que pour condamner, il faut élucider, caractériser,
03:43prouver, présenter à la justice.