Que deviennent les déchets alimentaires qu’on met dans les nouveaux bacs de tri installés un peu partout en France ? Pour le savoir, notre journaliste Florian Thomas s’est rendu à l’usine Moulinot de Stains, où les camions de collecte déchargent leurs déchets afin qu'ils soient transformés en biocarburants et en engrais.
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00:00Là, on fait vider le camion sur le sol et il va avancer progressivement la matière.
00:03On va pouvoir étaler pour voir ce qu'il y a eu des erreurs de tri, des matières indésirables.
00:10Pour ce troisième et dernier épisode sur les lieux de déchets,
00:12je me trouve aujourd'hui à l'usine de Stain, au nord de Paris,
00:14où les déchets sont triés avant d'être envoyés en mécanisation.
00:19Aujourd'hui, sur le site de Moulineau, on reçoit à peu près 60 camions par jour
00:23de 100% matières alimentaires, déchets alimentaires.
00:26Ils viennent de toute la partie de nord de l'île de France,
00:28de Paris, jusqu'à Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine.
00:31Ça représente à peu près 500 tonnes par semaine de matières alimentaires triées qui viennent ici.
00:38Là, nous avons un camion qui a collecté les déchets alimentaires sur la mairie de Paris,
00:42des points d'apport volontaire.
00:43On a un rôle, nous, de s'assurer de la qualité de ce qui va être ramené au niveau des champs.
00:49Le camion vient de vider et on a un opérateur qui vérifie la qualité de la matière qui a été vidée.
00:54Et lorsqu'on a des erreurs de tri, comme on peut le voir des bouteilles de verre,
00:57des sacs noirs, on est obligé de les retirer avec soit une grippe, soit la main
01:02pour retirer le maximum de matière qui n'est pas conforme.
01:04On ne peut pas laisser passer une telle matière pour aller en maintenance ou en compostage.
01:08C'est impossible.
01:09L'objectif, c'est vraiment de retirer tout ce qui est le plus dangereux, en fait.
01:13S'il y a trop de matière non dérestirable, on va tout reprendre et on va tout enlever en incinération.
01:18Là, sur ce cas-là, l'opérateur a estimé qu'on pouvait retirer 5-6 objets
01:22et en retirant ces objets-là, la matière pouvait passer dans la technologie de déconditionnement.
01:26On a une tolérance jusqu'à 3-5% de matière.
01:29Au-delà, on va retirer la matière, on va la refuser.
01:32Donc là, on voit le râteau qui recule les matières alimentaires au fur et à mesure pour faire de la place.
01:39Non, c'est bon, je vais le jeter.
01:42Merci, Ahmed.
01:44Là, on a la matière alimentaire, les déchets alimentaires qui ont été apportés par les camions
01:49que nous avons validés comme conformes.
01:51Ils sont en train de monter sur une machine qui va servir à les désemballer.
01:55Il va retirer le film transparent, sa poubelle transparente de la matière alimentaire.
02:00L'objet qui est pas de la peine, c'est d'avoir une matière 100% alimentaire,
02:03sans indésirables, sans plastique, ce qu'on appelle une soupe de matière alimentaire.
02:08Et de l'autre côté, toute la partie emballage qu'on ne peut pas valoriser.
02:14Là, ce que vous voyez, c'est ce qui sort en termes de refus de tri.
02:16C'est toutes les matières qu'on ne peut pas ni composter, ni méthaniser.
02:20Donc ça va être du plastique, un peu de ferraille éventuellement,
02:23tout ce qui a été sorti de la filière.
02:25Une fois qu'on a séparé les emballages,
02:28on a une matière qui est constituée à 100% de matière alimentaire.
02:31Cette matière alimentaire, on va l'hygiéniser.
02:34Ça veut dire quoi hygiéniser ?
02:35Ça veut dire qu'on va la monter à 70 degrés pendant une heure
02:38pour détruire toutes les bactéries qui sont pathogènes.
02:42À midi, c'est un vrai balai, ouais.
02:45Et donc là, on voit les cubes de stockage.
02:47Donc la soupe, une fois qu'elle est stockée, va être prise en charge par des camions-citernes
02:51qui vont aller sur des méthaniseurs agricoles.
02:52Ce sont des installations qui sont en Île-de-France.
02:55Ils vont réceptionner ces matières, ils vont les mélanger avec des restes agricoles.
02:59Et un peu comme dans un ventre,
03:01on va avoir une digestion de la matière alimentaire,
03:03tout ce qui a été trié par les habitants.
03:06Et ça va générer deux choses.
03:07Ça va générer un gaz, ce qu'on appelle un biogaz,
03:09qui est constitué de méthane principalement,
03:11qu'on va pouvoir injéter dans les réseaux.
03:13Ça va chauffer des maisons aux alentours.
03:15Ça peut faire un biocarburant également.
03:17Et le reste qui n'a pas été transformé en gaz,
03:19s'est transformé en ce qu'on appelle un digestat.
03:21Et le digestat, c'est une matière qui est fertilisante.
03:23On va l'épandre dans les sols.
03:25C'est riche en azote, c'est riche en phosphore.
03:27Ça va éviter d'utiliser des engrais de synthèse
03:29et ça va permettre de fertiliser les sols des champs en Île-de-France.
03:33Là, on a le camion qui a été reçu sur le site,
03:36qui a pesé en entrée, qui a vidé.
03:38On a vérifié la qualité de la matière.
03:40Et là, il est repesé en sortie,
03:42ce qui nous permet d'avoir la quantité de matière qu'il a apporté
03:45et que la Ville de Paris et le Système ont valorisé en termes de déchets alimentaires.
03:50Aujourd'hui, on estime que sur la France,
03:52on a entre 10% de matières alimentaires qui sont triées.
03:55Il y a une immense quantité qui n'est pas encore triée en France,
03:58soit parce que les informations ne sont pas passées,
04:00soit parce qu'il manque encore de la clarification dans les obligations réglementaires.
04:03Mes grands-parents, ils étaient agriculteurs.
04:06Ils avaient une ferme.
04:07Je me souviens encore les gestes de ma mère, de ma grand-mère.
04:09Les déchets de cuisine, ils ne les brûlaient pas dans la cour.
04:12Ils les triaient, les donnaient aux cochons, aux poules
04:14et c'était réutilisé éventuellement en compost.
04:16C'est la matière qu'on peut rendre au sol
04:18et qui peut être redistribuée dans les champs des agriculteurs en Ile-de-France
04:21et qui peut être utilisée comme fertilisant.
04:23Et ça, c'est une richesse qui est énorme.
04:25En plus, lorsqu'on va sur de la méthanisation,
04:26c'est une richesse pour l'Ile-de-France d'avoir cette énergie renouvelable produite localement.
04:31J'espère que vous avez apprécié cette vidéo.
04:33Avant de se quitter, on a voulu faire réagir Sébastien Roussel à l'un de vos nombreux commentaires.
04:37Je voudrais faire réagir à des commentaires qu'on a vus sur la dernière vidéo.
04:40Certains pensent que dans tous les cas, c'est incinéré ou enfoui,
04:43même si on trie correctement.
04:46Je trouve ça très dommage.
04:47On est sur un site qui est enregistré pour l'environnement,
04:50qui est un agrément de l'État.
04:52L'objectif qu'on a sur ce site, c'est d'envoyer le maximum de déchets alimentaires
04:55au retour au sol en valorisation organique par du compostage ou de la méthanisation.
04:59Les seules matières qu'on ne va pas envoyer en compostage ou en méthanisation,
05:03ce sont les refus de tri.
05:04Si on parle de 5-10% de la matière,
05:06c'est les erreurs de tri, des ordures ménagères par exemple,
05:09des plastiques, des vêtements qui sont mis par erreur dans les points d'apport volontaire
05:13qui n'ont pas leur place sur cette filière.
05:15Ça, on va l'envoyer en incinération.
05:16Mais on parle vraiment des refus de tri, c'est 10% seulement des matières qui arrivent sur ce site.