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00:0013h-14h, Europe 1-13h, avec vos deux chroniqueurs du jour, Céline Giraud, Jules Taurès et Nathan Devers.
00:09Et on continue à parler de ces motions de censure, justement, on le disait, le Rassemblement National ne votera pas.
00:16Normalement, aujourd'hui, les deux motions de censure qui ont donc été déposées par LFI sur le budget.
00:21Écoutez Sébastien Chenu, député Rassemblement National du Nord, il a expliqué ce choix ce matin sur BFM TV.
00:27Je pense que s'il n'y avait pas cette question de contexte, avec des attentes très fortes, notamment les agriculteurs,
00:32ou la nécessité d'avoir un budget, on aurait probablement censuré ce très mauvais budget.
00:37Vous regrettez un peu ?
00:38Enfin, moi, ce que je regrette, c'est qu'il y a effectivement des manœuvres politiciennes, des achats, quelque part, de voix,
00:46à travers un gouvernement qui achète un parti socialiste très affaibli, qui ne soit pas dans l'intérêt des Français.
00:51Si le parti socialiste, il y a deux jours, avait dit « on censure », vous auriez censuré aussi ?
00:55Ça nous aurait questionné. Alors, il y a la question de l'instabilité, parce qu'on est des gens responsables.
01:00C'est un peu contradictoire ce qu'on dit. Quand je dis que vous êtes à l'aise, vous êtes vraiment mal à l'aise.
01:04Mais bien sûr qu'on est mal à l'aise avec ce budget.
01:07Sébastien Chenu, mal à l'aise, mais voilà, il est dans la lignée. Pas de censure, mais jusqu'à quand, Jules Torres ?
01:14Jusqu'à ce que les Français souhaitent la censure, c'est très simple.
01:16Quand ils ont censuré le gouvernement de Michel Barnier, le Rassemblement National constatait que dans les sondages,
01:21il y avait à peu près entre 65 et 75 % des Français qui voulaient cette censure.
01:27Actuellement, selon les différents instituts, on est entre 30 et 35 % de volonté de censure.
01:32Pourquoi ? Parce que les Français ont bien compris que l'argument de l'instabilité, la question du chaos, était assez fort.
01:38Qu'il fallait un budget quand même, il n'est pas parfait.
01:40Parce que la France est bloquée, elle n'avance pas.
01:43Absolument, elle est bloquée, on ne peut rien faire.
01:44D'ailleurs, je fais partie de ceux qui pensent qu'elle est bloquée pendant deux ans et que ce n'est pas qu'une question de budget.
01:49Mais en tout cas, le Rassemblement National ne peut pas faire fi de ce que pensent les Français et même de leurs propres électeurs.
01:54Il y a une minorité des électeurs du Rassemblement National qui souhaitent une censure.
01:59Donc évidemment qu'ils ne vont pas le faire, d'autant plus que la censure de Michel Barnier, elle comportait des spécificités.
02:06C'est-à-dire qu'il y avait des lignes rouges, vous le savez, elles ont été beaucoup moins nombreuses avec François Bayrou.
02:11Il y avait le fait que Marine Le Pen ne se sentait pas traitée par Michel Barnier.
02:14Et aussi que la censure, elle est très simple à expliquer du côté du Rassemblement National.
02:18C'est parce qu'ils voulaient sauver les retraités, le seul électorat qu'ils n'ont pas encore en leur possession.
02:23Alors ils n'ont pas donné de répit à Michel Barnier, ils vont en donner un peu à François Bayrou.
02:27Mais on a la sensation quand même qu'ils sont moins puissants qu'avant le Rassemblement National.
02:33Oui, ils sont moins puissants qu'avant parce que François Bayrou a fait un choix qui était très stratégique.
02:39Il s'est dit que Michel Barnier était tombé parce qu'il avait une seule épée de Damoclès qui était le RN.
02:44Ce n'était pas d'ailleurs de sa faute, c'était une question de calendrier.
02:47Les socialistes n'auraient sans doute pas accepté de ne pas censurer quoi que puisse faire M. Barnier.
02:54Mais en tout cas, François Bayrou s'est dit, là il y a peut-être une fenêtre pour essayer,
02:58maintenant que vraiment le NFP est en train de se fragiliser,
03:01même s'il peut se reconstituer en 3 minutes en cas de dissolution,
03:04mais pour l'instant il se fragilise, il s'est dit il y a peut-être quelque chose à faire avec les socialistes
03:08et donc c'est intelligent parce qu'à partir du moment où il a triangulé la menace,
03:11il garantit un peu plus de conditions d'équilibre.
03:14Il est moins sous le coup du chantage juste de Marine Le Pen.
03:17Oui, mais au-delà du chantage, c'est à quel prix ?
03:19Le vrai changement, c'est sur le déficit public que Michel Barnier a fixé à 5%,
03:26que François Bayrou a fixé à 5,4%, donc il avait 12 milliards d'économies à faire en moins
03:31et surtout, ces milliards-là, il les a donnés au PS.
03:35Moi je veux bien que François Bayrou se soit sauvé, mais à quel prix ?
03:38Au prix de la taxe sur les revenus, on a parlé pendant une semaine de ce que les grands patrons ont déploré
03:42auprès de François Bayrou, et bien ça c'est parce que François Bayrou a décidé de faire une concession aux socialistes
03:47sur la question de l'éducation nationale, sur la question de la fonction publique,
03:51on sait qu'il y a des milliards dans l'absentéisme et sur les jours de carence,
03:54et bien ça il les a donnés aux socialistes.
03:56Donc oui, François Bayrou a sauvé sa tête, il a sauvé son poste,
03:59il passera plus de temps à Matignon que Michel Barnier,
04:01mais à quel prix ? Au prix de plusieurs milliards concédés au PS,
04:04qui je le rappelle, à la présidentielle de 2022, a fait 1,7%.
04:08Mais est-ce que le RN a toujours envie de provoquer la chute de ce gouvernement,
04:12donc de le censurer pour provoquer des élections anticipées ?
04:15Je crois que le RN, et c'est le point commun avec Jean-Luc Mélenchon,
04:19ils auraient tous les deux intérêt, objectivement, à ce qui est des présidentielles anticipées.
04:23Parce qu'imaginez que là, il y en ait deux mains,
04:25et bien le seul bloc politique qui serait en position de faiblesse pour affronter la campagne électorale,
04:30qui serait très courte, ce serait le bloc central.
04:32Donc ce serait une situation de deuxième tour, en tout cas c'est comme ça qu'ils l'imaginent,
04:36Mélenchon-Le Pen, et il y a dans les deux cas des stratégies de rejet,
04:40de barrage qui vont se mettre en place, un peu comme les dernières élections de Louis Boyard
04:44à l'échelle municipale, et comme aux dernières législatives, contre le RN.
04:48Et chacun se dit, je peux tirer mon épingle du jeu dans ce cas-là.
04:51Mais j'aimerais juste revenir sur la question de la censure,
04:53et formuler une idée, je ne suis pas le premier à l'avoir eue,
04:55j'ai déjà entendu des gens la dire, mais qui à mon avis est importante.
04:58En fait, on devrait pouvoir voter une motion de censure,
05:00si on propose une autre candidature pour arriver à Macron.
05:06Et en effet, ça se fait en Allemagne, ça s'est déjà fait dans d'autres régimes parlementaires.
05:09Mais si c'est juste casser pour casser, c'est juste insupportable.
05:13Parce que dans une situation de fragilité, vous faites une motion de censure,
05:17ce qu'a fait le RN la dernière fois, évidemment vous sortez en position de force,
05:20vous dites c'est grâce à moi, je défends les retraités, je défends mon électorat,
05:24c'est de la pure démagogie, puisqu'en l'occurrence ils ne la défendent pas,
05:26parce que le budget actuel, il présente à peu près les mêmes problèmes
05:29que le budget précédent de Michel Barnier, pas sur les mêmes points,
05:31mais globalement il y a le même écart, il y a le même delta entre ce budget et le programme du RN.
05:35Et donc si vous voulez, si à un moment, cet instrument de la censure,
05:38c'est uniquement une logique boutiquière, d'oubli de l'intérêt général,
05:43du règne des partis, de la toute petite médiocrité de la tambouille politique,
05:47ce n'est pas à la hauteur de la situation.
05:49C'est parce que c'est cette assemblée aussi, c'est parce qu'on ne sait pas faire du comprenis,
05:52et en effet, l'exemple allemand, je ne sais pas s'il serait possible en France,
05:56parce que déjà, le chancelier allemand est élu par le Parlement,
06:00ce qui n'est pas le cas de notre Premier ministre,
06:02il est nommé par notre Président de la République.
06:04Mais en Allemagne, quand il y a une motion de censure,
06:06il vous faut trouver un chancelier de remplacement,
06:09il vous faut trouver une majorité absolue, alors bon courage en France si on avait la même chose,
06:13il vous faut trouver un texte, ou une sorte de corpus idéologique,
06:17sur la politique à suivre.
06:19On n'a pas du tout ça en France.
06:21Quand François Bayrou évoque, par exemple ce week-end, son plan pour la suite,
06:25il est très vague, il nous le dit, on va aller sur les sujets de santé,
06:27l'hôpital, l'école, enfin oui, moi aussi j'aurais pu le dire
06:30si j'avais dû candidater pour le poste de Premier ministre.
06:33Donc on voit très bien que c'est flou.
06:34En Allemagne, ce n'est pas du tout la même chose, mais encore une fois,
06:36c'est deux pays différents.
06:37Et donc ?
06:38Pour conclure ?
06:39En fait, je pense que ça n'a pas de sens de reprocher à François Bayrou
06:42de faire un peu du clientélisme avec les différents partis,
06:44parce que s'il veut rester à Matignon, en l'état grouillé,
06:46le thème, il n'a pas d'autre choix.
06:47Mais pour l'instant, il est sur les lignes de traite,
06:48mais il avance quand même et il tient bon.
06:50C'est que François Bayrou, il est là pour faire avancer le pays,
06:52il n'est pas là pour rester à Matignon.
06:54Si on faisait ça, d'appliquer le modèle allemand,
06:56et bien là, François Bayrou pourrait dire, par exemple,
06:58je n'écoute pas les propositions des socialistes,
07:00je ne risque pas une censure pour autant.
07:01Parce que tous ces débats donnent quand même un peu le sentiment
07:03que François Bayrou, il veut rester à Matignon le plus longtemps possible,
07:06que finalement, il ne va rien se passer pendant les deux prochaines années.
07:09Finalement, c'est ce qu'il nous dit Édouard Philippe,
07:11c'est ce qui va rien se passer pendant deux ans.
07:13C'est ce qui est évident pour tout le monde,
07:15parce qu'on voit bien qu'à l'Assemblée nationale,
07:16et ça, ce n'est pas de la faute de François Bayrou,
07:18il n'y a pas de majorité pour faire des textes révolutionnaires,
07:21mais en tout cas, ça donne le sentiment pour les Français
07:23que François Bayrou est là pour gérer les affaires courantes jusqu'à 2027,
07:26et ensuite, on verra ce qui se passera.
07:28Et rendez-vous à 15h30, donc, pour l'examen
07:30de ces deux motions de censure à l'Assemblée nationale.
07:33Évidemment, Europe 1 suivra ces débats.