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Arnaud de Broca, président du collectif Handicaps , invité d'ici Paris Île-de-France, le 5 févirer 2025.

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00:008h15 et on se pose cette question ce matin, votre regard sur le handicap a-t-il changé
00:05depuis les Jeux Paralympiques ? On attend vos réactions au 01.42.3010, 5 mois ont passé
00:10depuis ces Jeux de Paris et même 20 ans depuis la loi de 2005, mais le compte n'y est toujours
00:15pas.
00:16Pour le collectif Handicap, on reçoit ce matin son président.
00:19Bonjour Arnaud De Broca, vous avez sorti une étude de 160 pages et la conclusion est édifiante,
00:25cette loi Handicap n'est toujours pas respectée ?
00:27Non, elle n'est toujours pas respectée, pourtant ce n'est pas la loi qui est mauvaise, c'est
00:32même une grande loi qu'on soutient encore dans ses principes, mais c'est une loi qui
00:36n'est pas respectée sur l'accessibilité, on ne peut pas, et tous types de handicaps
00:41confondus, on ne peut pas se déplacer en ville, en Ile-de-France, dans les grandes
00:47villes, mais aussi ailleurs, on ne peut pas aller au restaurant, on ne peut pas aller
00:51au cinéma, on ne peut pas aller travailler, on ne peut pas se loger, et donc les difficultés
00:56restent majeures.
00:57Alors justement, sur le logement, plus d'un million le rappellent de personnes en situation
01:00de handicap en Ile-de-France, et sont les premières touchées par le mal-logement,
01:04c'est la conclusion du rapport de l'ancienne fondation Abbé Pierre publié hier, vous
01:08le constatez aussi du coup ?
01:09Oui, parce que les logements ne sont pas accessibles, ne sont pas adaptés aux différents
01:14types de handicaps, se pose aussi la question, et on le connaît particulièrement en Ile-de-France
01:21aussi sur les pannes d'ascenseurs, qui est un élément qui est relevé dans le rapport
01:25de la fondation Abbé Pierre, qui finalement oblige, emprisonne les personnes chez elles,
01:33et parfois ça dure longtemps, ces pannes d'ascenseurs, on a des exemples réguliers
01:37où ça dure plusieurs semaines, et donc pendant plusieurs semaines, les gens ne vont pas pouvoir
01:40sortir.
01:41Donc on est de toute manière encore dans une société qui ne permet pas aux personnes
01:45handicapées de vivre dignement, de vivre normalement.
01:47Et pourtant la loi de 2005 avait l'objectif de 100% de logements neufs adaptés, et ce
01:53sera finalement 20% avec la loi de 2018 ?
01:55Oui, alors ça c'est l'exemple le plus criant des retours en arrière qu'il y a eu depuis
02:002005.
02:01La loi de 2005 partait d'un principe assez simple, c'est-à-dire que tout bâtiment neuf
02:07construit, que ce soit du logement, que ce soit des commerces, que ce soit tous les bâtiments,
02:12doivent être accessibles.
02:13Ce qui nous semble pour nous être le minimum si on veut avoir une société accessible pour
02:18les personnes handicapées, mais on parle aussi des personnes âgées, et dans une société
02:22vieillissante, avoir une société accessible, on sait à quel point c'est important.
02:26Et depuis maintenant 6 ans, les parlementaires, le gouvernement, ont décidé de réduire
02:33ce 100% de logements accessibles à 20%, c'est-à-dire qu'on construit 20% uniquement de logements
02:40accessibles et 80% de logements dits adaptables, par de simples travaux.
02:44Mais ce qui veut dire aussi, et c'est important à mon avis, c'est-à-dire que les gens, on
02:48ne peut pas recevoir des amis handicapés, ou des personnes handicapées ne peuvent pas
02:53aller voir leurs amis ou leur famille s'ils n'habitent pas dans des logements accessibles.
02:57Donc c'est aussi un frein supplémentaire, à la fois pour se loger, mais à la fois pour
03:01avoir une vie sociale normale.
03:05Donc c'est la question de l'isolement, mais aussi de l'indépendance.
03:08On sait que, par exemple, seulement 5% des jeunes handicapés ont accès à un logement
03:12individuel.
03:13C'est rien pour prendre son indépendance.
03:15Alors, indépendance par rapport au logement, indépendance aussi financière, on sait que
03:19les ressources des personnes handicapées sont extrêmement limitées.
03:23La plupart, enfin toutes celles qui touchent l'allocation aux adultes handicapés ou les
03:27pensions d'invalidité sont en dessous du seuil de pauvreté, que l'accès à l'emploi
03:33est quand même extrêmement compliqué, reste très discriminant, tant à l'accès que dans
03:38le maintien dans l'emploi.
03:39Et donc tout ça fait qu'effectivement, pour les jeunes et pour toutes les personnes handicapées,
03:44c'est très compliqué de s'insérer.
03:45– Allocation qui a été revalorisée ?
03:46– Allocation qui a été revalorisée, j'ai envie de dire encore heureux, depuis 2005,
03:52mais qui reste encore sous le seuil de pauvreté, qui a été effectivement revalorisée de
03:57manière importante, notamment sous Nicolas Sarkozy, sous François Hollande, si on fait
04:04l'historique, depuis 2005, mais qui reste quand même très insuffisant pour vivre dignement
04:09dans ce pays.
04:10– Surtout que les prix ont augmenté, j'imagine, en Ile-de-France.
04:12– Alors les prix ont évidemment augmenté, sans parler des loyers dont on parlait tout
04:16à l'heure, qui sont effectivement très élevés aussi.
04:19– 8h20 sur votre radio locale, ici Paris, Ile-de-France, vos réactions au 01-42-30-10,
04:25on a Didier qui est avec nous, Didier Dalfourville dans le Val-de-Marne, bonjour Didier, alors
04:29vous, votre femme est malvoyante, et vous, ce que vous constatez, c'est beaucoup d'incivilité
04:33dans la rue ?
04:34– Alors effectivement, dans la rue, pas plus tard qu'hier, elle revenait d'une
04:40association, d'une activité pour les personnes de plus de 60 ans, pour le club du 3ème âge,
04:47elle a été obligée de m'appeler parce qu'il y avait une voiture qui était garée en plein
04:50milieu du passage Coutet, on l'était déjà verbalisée puisque la police municipale essaye
04:57maintenant quand même vraiment de combattre ces gens-là, mais les poubelles, les poubelles,
05:08les encombrants, les gens laissent tout sur le bord de la route, ce gare, comme ils veulent,
05:14ah mais on en a pour 5 minutes, les livreurs, c'est une catastrophe, c'est la hantise,
05:21les trottinettes, les vélos, les scooters, c'est un combat de tous les jours, c'est
05:31comme si on lui mettait un mur devant sa porte.
05:33– Je comprends Didier, merci beaucoup Didier pour votre réaction et tous ces obstacles
05:37aussi que l'on peut rencontrer dans la rue pour les personnes en situation de handicap.
05:40– Arnaud De Broca, président du collectif Handicap, on l'entend Didier, il y a la loi
05:44mais il y a aussi les mentalités qui ne bougent pas.
05:46– Oui c'est un point qui bouge trop lentement et c'est un sujet de formation, d'information,
05:53de sensibilisation au quotidien, dans toute la liste qui a été citée, on pourrait rajouter
05:58notamment à Paris les terrasses des cafés et des restaurants qui empiètent souvent
06:03sur les trottoirs et qui effectivement créent des obstacles et effectivement de mon point
06:10de vue, ça veut dire qu'il y a la loi, les dégrés à faire respecter, sans doute
06:15à passer à un système de sanctions beaucoup plus important, c'est ce qu'on se demande,
06:20c'est-à-dire que quand on ne respecte pas l'accessibilité, quand on ne respecte pas
06:23la loi, il y a un moment donné, soit collectivement on dit c'est normal, pourquoi il y a une
06:29loi mais on s'en fiche, soit on se dit il y a une loi, c'est une règle, c'est une
06:32règle du vivre ensemble et on la fait respecter.
06:34Et c'est déjà le cas, il y a déjà des amendes pour les places handicapées par exemple.
06:37Alors il peut y avoir des amendes pour les places handicapées mais il n'y a pas que
06:42le sujet des places handicapées, il y a beaucoup d'autres sujets et quand un commerce n'est
06:48pas accessible, il n'y a pas d'amende, il n'y a pas de sanction, alors je ne suis pas
06:51là pour dire qu'il faut sanctionner tous les boulangers, mais en même temps il faut
06:55passer sans doute à une autre vision qui est de se dire faisons respecter cette loi
07:02et intégrons effectivement que c'est l'affaire de tous, ne pas se garer sur une place handicapée,
07:07ne pas empiéter sur un trottoir, c'est évidemment à chacun de nous de l'avoir en tête et de
07:12se dire qu'il faut penser aux autres.
07:15Mais le boulanger qui nous écoute ce matin va vous dire que ça a un coût quand même
07:18de mettre une plateforme des infrastructures pour les personnes handicapées ?
07:21Et je lui dirai à ce moment-là, s'il l'appelait, que l'État a mis en place un fonds territorial
07:27d'accessibilité avec des moyens financiers qui sont d'ailleurs sous-utilisés et donc
07:32j'invite tous les commerçants à se renseigner puisqu'il y a des moyens financiers aussi
07:37possibles et c'est pour ça que nous notre approche c'est de dire qu'il faut sans doute
07:41passer à une politique plus de sanctions mais maintenir toutes les incitations qui
07:46ont été faites.
07:47Arnaud De Broca, où est passé l'héritage des jeux paralympiques ? On se souvient par
07:51exemple de l'absence de ministre du handicap dans le gouvernement Barnier, ça vous a choqué ?
07:55Alors ça nous a choqué, il n'y a pas que ça depuis les jeux paralympiques, je pense
08:00que c'était une vraie parenthèse enchantée, un vrai moment collectif, pas simplement
08:06entre personnes handicapées mais avec tout le monde, ça a montré que c'était possible,
08:10ça a montré que c'était possible d'organiser des grands événements sportifs ou autres
08:14complètement accessibles.
08:15Pour être allé au stade depuis, j'ai l'impression qu'on a un peu oublié toute l'accessibilité,
08:23la sensibilisation des personnes à l'accueil, des forces de l'ordre, donc ça laisse des
08:29traces évidemment, ça laisse une bonne image, ça a laissé aussi je pense pour beaucoup
08:33de personnes handicapées le fait de se dire que c'était possible de faire du sport, de
08:38s'inscrire à des clubs sportifs, ce qui n'est pas un héritage si anecdotique que
08:42ça, mais on est encore loin de ça, mais on a vibré pour des sports que personne ne
08:47connaissait trois jours avant, donc j'espère qu'on va revivre encore ces émotions.
08:51– En un mot, la faute à qui ? Qu'est-ce qu'il faudrait changer ?
08:55– La faute à qui ? La faute à tout le monde, la faute n'est pas qu'à l'État, enfin
09:00on demande beaucoup à l'État, bien entendu, la faute à tout le monde, on en a un peu
09:05parlé dans la vie quotidienne, je pense que tout le monde doit se mobiliser.
09:08– Merci beaucoup Arnaud de Broca d'avoir été notre invité, président du collectif
09:12Handicap et effectivement un rassemblement lundi prochain place de la République en
09:17présence par exemple d'Arthus ou de Philippe Croizon, et en attendant vous retrouvez l'étude
09:21sur notre site ici.

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