• il y a 11 heures

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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:06Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:08Vincent, nous y sommes après des mois de négociations, après la chute du gouvernement Barnier.
00:12François Bayrou devrait déclencher aujourd'hui l'article 49.3 pour faire adopter sans vote le budget 2025.
00:19C'est une étape importante.
00:20C'est mieux que si ça avait été pire, comme le dit Guillaume Tabard ce matin dans Le Figaro.
00:24Mais franchement Dimitri, si l'on examine le moment politique que nous vivons,
00:28c'est un mélange poussif de tractations d'arrière-boutique, d'arrangements avec les comptes publics,
00:34de camouches fiscaux, de compromissions avec les socialistes.
00:38Devant ce spectacle, le mot qui vient à l'esprit n'est pas celui de soulagement,
00:42mais celui plus terne et déprimant de médiocrité.
00:46Ce qu'a révélé l'épisode politique du budget, c'est une fois encore le décalage immense de nos représentants
00:52avec ceux qu'ils sont censés représenter.
00:54Je vous rappelle que cette discussion a commencé il y a plus de 100 jours.
00:57Tout cela pour aboutir à un texte bancal, coûteux et fragile.
01:00Enfumage, bidouillage, bricolage, tout l'arsenal politicien a été mis à contribution
01:05pour un résultat qui ne satisfait au fond personne, ni les élus, ni les citoyens.
01:10Et malgré tout, il faut que ce budget soit adopté, il faut que l'on en sorte.
01:13Il y aurait autant de ridicule à s'acharner à le censurer,
01:17qu'à célébrer, si le gouvernement franchit l'obstacle, l'avènement d'une nouvelle ère.
01:21Et d'ailleurs, on entend déjà le cœur des centristes reprendre le refrain de la maturité démocratique,
01:27de la France qui accéderait enfin aux formes scandinaves de la coalition.
01:31Au risque de les décevoir, si le budget passe, ce n'est pas une naissance politique à laquelle nous assisterons,
01:37mais au maintien artificiel d'un système en fin de vie.
01:40Ce budget 2025, c'est un budget palliatif.
01:42Alors, est-ce que pour le Premier ministre, ce serait un succès là où Michel Barnier a échoué ?
01:47Oui, François Bayrou, qui a la passion de la manœuvre et de la négociation, semble en effet plus adapté à la situation.
01:52Mais franchement, quand il invoque De Gaulle en 1940 ou Mendes en 1954,
01:57le Premier ministre perd le sens des proportions.
02:00Ce que cherche François Bayrou, ce n'est pas refonder la politique,
02:04c'est obtenir un sursis pour une Assemblée nationale qui tient sur Piloti,
02:07et c'est renforcer un bloc central menacé de s'effondrer sur lui-même.
02:11Il faut réaliser à quel point, Dimitri, les ressources qui ont fait les beaux jours du macronisme sont épuisées.
02:17Ce moment macroniste était fondé sur une prétention assumée,
02:21nous sommes les plus intelligents, disaient les marcheurs,
02:23sur une communication débridée, nous sommes les plus séduisants, pense encore aujourd'hui la génération Macron,
02:28et sur une rationalité exemplaire, la raison c'est nous, disait le parti du Président.
02:33Et bien tout cela a été balayé par la réalité,
02:35les chiffres du déficit étaient faux, les promesses n'étaient que des mirages.
02:39Quant à la raison, elle a disparu dans la dissolution insensée déclenchée par le Président de la République.
02:45Depuis, le pays assiste horrifié au dévoilement de la terrible vérité financière, économique, industrielle, migratoire, sécuritaire, scolaire.
02:52La colère des plus humbles rejoint celle des grands patrons,
02:55la folie des normes n'est pas désormais ni les maisons, ni les voitures,
02:59le gouvernement est dépassé, et c'est Kafka qui a les pleins pouvoirs.
03:02Mais François Bayrou promet qu'après le budget, il s'attaquera à l'Himalaya des urgences.
03:07Oui, c'est l'éternel refrain, aujourd'hui on colle mate, mais demain, on vous promet, on construira.
03:12Mais pourquoi ce qui s'est passé avec les budgets n'arriverait pas sur les économies, la fiscalité, l'immigration ?
03:17Ce sera la même assemblée, les mêmes équilibres, et à la fin la même impuissance.
03:21Pour qualifier le moment, François Bayrou prend l'image du camp de base avant l'ascension vers les sommets,
03:26mais le plus probable est que ce camp devienne la base d'un colloque interminable entre tous les sous-groupes pour savoir comment grimper l'Himalaya.
03:33L'ascension sera toujours remise au lendemain, et jusqu'à la prochaine présidentielle, la France restera pétrifiée.
03:39Elle est immobile par la faute d'un mouvement qui s'appelait En Marche.

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