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00:00Suite, mais d'abord l'édito international d'Europe 1, bonjour Vincent Hervouët.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04Vous renez sur ces grandes manifestations ce week-end en Allemagne au nom de la lutte contre l'extrême droite
00:09et contre Friedrich Merz, le chef de la CDU, à trois semaines des législatives Outre-Rhin.
00:13Oui, les Allemands aiment bien défiler contre les nazis, c'est un peu tard évidemment,
00:18mais ils étaient très motivés samedi à Hambourg, à Stuttgart, à Cologne, à Leipzig et hier à Berlin encore plus nombreux,
00:25à peu près 200 000. Vous me direz, 2 ou 300 000 Allemands, ça fait du bruit, mais il y a 61 millions d'électeurs convoqués à la fin du mois,
00:33ce qui incite à relativiser le tantamarre qu'a joué tout le week-end le grand orchestre antifasciste aux oreilles de Friedrich Merz.
00:41Le chef de la CDU a fait scandale, vous le savez, en proposant au Bundestag deux textes sur l'immigration
00:47auxquels la gauche s'est opposée et que l'extrême droite a soutenu.
00:51Alors le SPD du chancelier Olaf Scholz, ses alliés écologistes et l'extrême gauche ont voté contre ces textes.
00:57Oui, et mercredi, c'était une simple motion qui réclame davantage de contrôle aux frontières et puis le refoulement systématique des étrangers sans papiers.
01:05Et vendredi, persévérare diabolicum est, c'est un projet de loi pour limiter le regroupement familial et placer les clandestins en rétention.
01:13Le premier texte adopté, ric-rac, restera l'être morte et le second vote encore plus vain puisque le Bundesrat, la chambre haute, était contre
01:23et qu'il n'a pas obtenu la majorité, une dizaine d'élus de la CSU-CDU sur 200 ayant fait défection.
01:29Il n'empêche, un rubicon a été franchi. Pour la première fois, le centre droit a mêlé ses voix à celles de l'extrême droite.
01:36Alors pour dramatiser, la gauche dit que c'est la première fois depuis la fondation de la République fédérale.
01:42Autrement dit, la première fois depuis Hitler. On en revient toujours à Hitler.
01:46Factuellement, c'est surtout la première fois depuis que l'alternative pour l'Allemagne a fait élire 93 députés au Bundestag.
01:53C'était en 2017, après l'afflux d'un million et demi de Syriens et d'Afghans au lendemain des viols de Cologne et avant les attentats en cascade.
02:03Ah oui, on se souvient à cette époque des bras ouverts d'Angela Merkel. Elle en est fière et elle est sévère aujourd'hui envers Friedrich Merz.
02:10Elle le déteste, c'est réciproque, ça dure depuis longtemps. Angela Merkel a publié ses mémoires l'an dernier, 415 pages sans confesser d'erreurs.
02:18Mais elle juge que son successeur, lui, vient d'en faire une. La fille du pasteur est d'ailleurs à l'unisson des églises protestantes et catholiques
02:26qui ont protesté publiquement et c'est davantage qu'une tempête dans un peu de Vannemesse parce que la CDU est née dans les sacristies.
02:32Cette condamnation morale légitime la mobilisation antifasciste, la sainte colère de la Scholz qui prétend que Merz a trahi.
02:40Et qu'il ment quand il promet de ne jamais faire alliance avec l'AFD. L'autre a beau expliquer qu'il ne fera jamais d'alliance de gouvernement,
02:47le chancelier sortant tient enfin un os à ronger, un espoir de barrer la route au retour de la droite que les sondages annoncent.
02:54Au lendemain de cette semaine d'émotion, la CDU se tasse à 30%, l'AFD est à 21%, le SPD reprend des couleurs à 17 et les Verts à 14.
03:05Mais le chiffre important c'est que les deux tiers des Allemands, droite et gauche confondus, sont pour la restauration des frontières,
03:12limiter le regroupement familial, renforcer les pouvoirs de police. La colossale finesse de Frédéric Schmerz c'est de miser sur les électeurs plutôt que sur les élus.
03:22Son ambiguïté, de faire du Trump en voulant rester très convenable. Il aura du mal à trouver des alliés pour forger une coalition
03:31et surtout à traiter les problèmes liés à l'immigration sans se contenter de faire semblant.
03:36Ainsi va le monde, signature Europain Vincent Herouette. Merci beaucoup Vincent.