Âgé de 69 ans, Friedrich Merz est pressenti pour devenir le nouveau chancelier allemand, après la victoire des conservateurs aux élections législatives. Sa politique économique prend le contre-pied de la France.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00L'économie Nicolas Dose, l'Allemagne peut-elle rebondir ?
00:02Vous nous dites ce matin que le nouveau chancelier, le conservateur Friedrich Merz,
00:05s'apprête à mener une politique économique qui est à peu près à l'opposé de tout ce qu'on fait.
00:10Totalement. C'est une doctrine très libérale, assez classique, qu'on connaît en Allemagne depuis le début des années 2000.
00:16Flexibilité du marché du travail au maximum. La très grande différence, c'est sur la fiscalité.
00:20Là-bas, on va baisser les impôts sur les entreprises, baisser les impôts sur les ménages, y compris les ménages les plus riches.
00:25Et puis sur le social, c'est assez dur. Il s'agit de remplacer ce qui avait été mis en place, le revenu citoyen,
00:31une sorte de revenu minimum, par une allocation de base qui est liée à la reprise d'un emploi
00:37et prévoir des sanctions pour les bénéficiaires des minima sociaux qui refusent des offres d'emploi.
00:42Il y a vraiment dans le programme de Merz un côté Schröder 2010, quand au début des années 2000,
00:47le chancelier de gauche a mis en place une révolution un peu copernicienne de l'économie allemande avec les fameuses lois Hartz.
00:53À la fin des années 90, la France est devant l'Allemagne. Elle, elle fait les 35 heures, l'Allemagne fait les lois Hartz.
00:58Les choses s'inversent définitivement. La grande différence entre Merz et son très illustre prédécesseur du SPD,
01:04c'est la situation démographique de l'Allemagne. Là, l'Allemagne est vraiment un pays qui vieillit de manière impressionnante.
01:10Et doctrine libérale ou pas, ce n'est pas comme ça qu'on fait des bébés.
01:13Et puis ce qui a changé en Allemagne aussi, c'est le délitement des partis classiques de gouvernement.
01:16Ça aussi, énorme différence avec l'époque des années 2000 où on avait deux partis de gouvernement totalement dominants.
01:22Avec qui va-t-il gouverner ? Il faut une coalition. Il a dit pas l'AFD qui est de très loin la deuxième force politique du pays.
01:27Alors il reste un peu de SPD, la gauche. Il reste un peu les Verts. Les libéraux ont disparu totalement de l'hémicycle.
01:33Ça ne va pas être simple. Il faut trouver une coalition. Et dès qu'il y a une coalition, il va se poser une première question lourde.
01:38L'Allemagne doit-elle conserver son frein à l'endettement ?
01:41Sa règle d'or budgétaire mise en place par Angela Merkel dans la Constitution en 2009, qui globalement, je fais court, a interdit le déficit structurel.
01:49Le problème, c'est comme c'est constitutionnel, il faut les deux tiers du Bundestag et du Bundesrat et actuellement, les deux extrêmes peuvent bloquer.
01:54Alors l'extrême et les radicaux de gauche délignent qu'eux laissent une petite fenêtre d'ouverture à condition qu'une partie de l'argent supplémentaire dépensé aille massivement aux infrastructures allemandes.
02:05Et cette histoire-là, Nicolas, elle nous concerne. Pourquoi ?
02:08Elle nous concerne parce que si l'Allemagne change radicalement de posture budgétaire, c'est une Allemagne qui investit, c'est une Allemagne qui relance son économie,
02:15c'est une Allemagne qui rénove ses infrastructures et c'est une Allemagne qui participe à l'effort de défense.
02:20Bref, c'est une Allemagne qui revient dans le jeu, ce qu'elle n'est pas aujourd'hui. Elle ne va jamais devenir la France, l'Allemagne.
02:26Mais objectivement, si elle relance son économie et si elle s'engage dans la défense, il y a peut-être une chance de redonner un peu de peps au couple franco-allemand qui, globalement, est complètement à l'arrêt aujourd'hui.
02:36Merci Nicolas.