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00:00Je suis très heureux aujourd'hui parce qu'on reçoit un ami et c'est toujours un bonheur de l'écouter
00:04et d'entendre son témoignage, d'entendre ses histoires. Il sort un nouveau livre qui s'appelle
00:09« Quand les détenus font la loi ». C'est vraiment un ouvrage qui tombe encore à point nommé.
00:15On ne va pas se mentir avec tout ce qu'on entend actuellement et avec tout ce que dit Gérald Darmanin,
00:20notre garde des Sceaux actuel, qui va dans le sens du témoignage de Pierre Botton.
00:25Merci Pierre Botton d'être avec nous. Merci Cyril. On est très heureux de vous avoir.
00:29Vous alertez dans votre livre « Quand les détenus font la loi » aux éditions Robert Laffont.
00:33On va en parler dans un instant. Si vous avez des questions à poser à Pierre Botton, 0180 20 39 21,
00:38on est sur Europe 1, on est en direct.
00:40Et dans votre livre, vous décrivez des prisons dans lesquelles règnent la violence, la radicalisation, la corruption.
00:46C'est vrai qu'on dit souvent qu'il faut plus de prisons.
00:49On parle aussi des mineurs qui sont de plus en plus dangereux et on ne sait pas quoi en faire.
00:54On a l'impression, quand on lit votre livre, que la prison c'est peut-être le pire qui pourrait arriver et au contraire ils vont sortir encore pire que ce qu'ils sont rentrés.
01:02C'est exactement ça. C'est l'école du crime. Et plus on les rentre jeunes, plus ils ressortent violents.
01:07Donc il y a des exemples. Il y a Monaco, un jeune de 14 ans,
01:11il fait une attaque au couteau parce qu'il y a un regard un peu bizarre. Et puis il fait quatre mois,
01:16il ressort. Mais cette fois-ci, c'est à la Kalashnikov qu'il tue deux personnes.
01:20Et voilà. Et donc c'est des dommages,
01:25horreurs de ce terme, mais collatéraux, considérables.
01:27Et si on l'avait pris dès le départ dans une autre prison, si on ne l'avait pas mis au contact de gens qui les utilisent,
01:34eh bien on aurait évité des morts. Et ça se fait de plus en plus. La liste des exemples que je donne dans le livre est considérable.
01:40Et ça ne touche plus Nice, Marseille, Paris.
01:45Ça touche à tout. Nantes, Rennes.
01:47Annonay, Cyril.
01:4917 000 habitants, plein le 5 heures de l'Ardèche.
01:5217 000 habitants, deux jeunes de 16 et 17 ans arrêtés pour règlement de compte. Et ensuite, en plus, ils sont recrutés maintenant
01:58au téléphone de la prison. Donc c'est vraiment quelque chose dont il faut s'occuper. Maintenant, il faut également savoir
02:05qu'il faut incarcérer autrement.
02:07Alors pour nos auditeurs d'Europe 1 qui sont avec nous dans Marche sur la Tête à 16h08, est-ce que vous pouvez raconter
02:12justement ce recrutement ? Parce que pour nos auditeurs, c'est quand même incroyable ce qui se passe.
02:16Oui, alors il y a un exemple très simple. Je vais essayer d'expliquer à vos éditeurs ce qui se passe réellement.
02:24On a eu le 13 mai, je crois,
02:27l'évasion de Mohamed Hamra d'Illamouche.
02:29Qu'on n'a toujours pas retrouvée.
02:31Et il faut bien savoir ce que ça veut dire.
02:35Parce que je vais vous donner deux exemples. Je vais vous donner Mohamed Hamra, donc il s'évade.
02:39Il a ses complices qui sont au péage d'un Carville. Il tue deux surveillants, il en blesse trois.
02:44Et quand je vais vous expliquer comment moi je suis extrait pour aller à Cochin, donc je suis à la Santé et je suis à Cochin,
02:50c'est à 500 mètres.
02:51C'est un hôpital.
02:52C'est un hôpital, pardon pour les auditeurs.
02:54Un, je ne sais pas à quelle heure on vient me chercher.
02:57Deux, une fois qu'on vient me chercher de ma cellule et qu'on m'amène
03:01pour partir, je suis placé dans ce qui s'appelle une cellule d'accueil, donc je ne sais pas combien de temps je vais rester.
03:0645 minutes, une heure, je ne sais pas. On vient me chercher, donc je ne sais pas, je ne sais pas où je vais Cyril.
03:14Je me doute que c'est l'hôpital Cochin, mais ça peut être également la cour d'appel. Je ne sais pas où je vais.
03:19On m'amène, on me menotte,
03:22on me met une voiture derrière, une voiture devant, un motard, pour faire 600 mètres.
03:26Une voiture devant et un motard. Quand j'arrive à l'hôpital, pourquoi je vous explique tout ça à vos auditeurs ? Pour montrer
03:33l'organisation et le niveau d'information
03:36qu'il faut que Mohamed Hamra ait pour arriver à réussir ce qu'il a fait. Mais je n'ai pas fini.
03:42J'arrive à l'hôpital, on vide les couloirs des gens pour ne pas qu'on me voie.
03:46Et quand j'ai fini avec l'hôpital, rebelle-le dans l'autre sens.
03:50Refouillez, et ainsi de suite. Donc c'est juste pour expliquer vraiment que
03:56l'évasion de Mohamed Hamra,
03:58ça montre bien tout ce qui se passe. Les complicités qu'il faut, l'organisation qu'il faut, il faut trouver...
04:03Complicité dans le monde pénitentiaire alors ?
04:05Forcément, oui. Le monde pénitentiaire, mais même au-delà, puisqu'il était entendu par un juge d'instruction.
04:11Donc il fallait quand même qu'il sache
04:12à quel moment il était attendu. Parce que quand vous êtes chez le juge,
04:16vous pouvez aller chez le juge, mais vous pouvez attendre très très longtemps avant d'être attendu chez le juge.
04:20Donc c'est une organisation considérable. Et ce drame montre ce qui se passe dans les prisons.
04:26Vraiment. Et j'alerte, j'essaye d'alerter avec des exemples très concrets. Les Français, cet été, ils ont vu
04:32un TikTok avec une piscine. Je ne vais pas vous rappeler ça. La piscine à Valence.
04:36Ça a énormément fait parler.
04:37Beaucoup parlé. Mais il faut savoir qu'on est en prison. On n'est pas dans notre jardin.
04:42C'est-à-dire qu'on n'a pas un gonfleur pour gonfler la piscine. On n'a pas un tuyau pour mettre l'eau.
04:47C'est impossible, je dis bien, c'est impossible que les surveillants ne voient pas toutes les étapes de cette évolution.
04:53C'est impossible, Cyril. Il faut que le gars, il la gonfle.
04:56C'est très long. Ensuite, il faut qu'il la remplisse. On a un bouton poussoir. Il faut qu'il la remplisse.
04:59Ensuite, il faut qu'il la laisse. Or, les surveillants passent toutes les trois heures.
05:04Donc, ils l'ont bien vu. Et il la laisse. Ça veut dire quelque chose.
05:07Ça veut dire quelque chose.
05:08Alors, qu'est-ce que ça veut dire, en clair ?
05:10Ça veut dire, au minima, qu'on ne veut rien faire parce qu'on a peur.
05:15Une paix carcérale, peut-être.
05:17Oui, c'est ça. On appelle la paix carcérale.
05:19Au pire, c'est que les surveillants sont corrompus.
05:24Et voilà. Mais il faut savoir qu'il y a tellement d'histoires. Je peux vous en raconter énormément.
05:29Énormément, énormément, vraiment énormément.
05:31N'hésitez pas. Franchement, on est là pour ça aujourd'hui.
05:33Je vais vous donner un exemple qui est...
05:37Malheureusement, je n'ai pas pu le raconter dans le premier livre parce que je pense qu'on ne m'aurait pas cru.
05:41Donc, j'ai retenu ma parole.
05:42C'est fou parce que vous vous êtes dit que ça va trop loin.
05:44Mais maintenant, étant donné tout ce qu'on voit, vous êtes là aujourd'hui, les gens vont vous croire.
05:47C'est ça. C'est pour vous dire l'évolution en quelques temps.
05:49En moins d'un an.
05:51C'est exactement ça.
05:53Je suis en cours de promenade.
05:55Il y a un détenu qui vient me voir.
05:57Et il me fait, tu sais, on t'aime beaucoup, Pierre.
05:59Je dis, c'est gentil. Moi aussi, je vous aime beaucoup.
06:01C'est gentil.
06:03Il y a des gens qui t'ont ennuyé dans la vie.
06:05Bien sûr, comme toujours.
06:07Il me dit, tu sais, nous, c'est une photo.
06:09C'est 30 000 euros.
06:11Je dis, mais tu vas pas bien.
06:13Il me dit, laisse-moi finir, Pierre.
06:15Pour toi, c'est cadeau.
06:17C'est un des chapitres du livre.
06:19Et si j'avais dit ça,
06:2130 000 euros, c'est exactement le prix
06:23qui est donné par la presse dans toutes les autres actions.
06:25Si j'avais dit ça, on ne m'aurait pas cru.
06:27On ne m'aurait pas cru.
06:29Et ce détenu, quand il est extrait
06:31pour une affaire à Châteauroux,
06:33il dit, demain matin, vous ne me verrez pas
06:35parce que je suis extrait.
06:37Puis à 9h, on va arriver en cour de promenade.
06:39Je dis, bah dis donc, t'es pas extrait ?
06:41Il dit, non, non, la pénitentiaire n'a pas voulu, je suis trop dangereux.
06:43Ils attendent l'ordre du GIGN.
06:45Le GIGN n'a pas voulu le prendre.
06:47C'est bien pour vous dire
06:49tout ce qui est en train de se passer.
06:51Il faut vraiment, vraiment en prendre conscience.
06:53Tout ce qui est en train de se passer.
06:55Et ce qui se joue,
06:57dans les prisons.
06:59C'est-à-dire que la délinquance
07:01qui est dehors,
07:03elle est, aujourd'hui,
07:05bien sûr,
07:07elle est conditionnée par ce qui se passe en prison.
07:09Et les commanditaires sont très souvent en prison.
07:11A l'isolement, par contre, je me souviens
07:13de cet homme se trafiquant à l'isolement
07:15qui commandit à Marseille
07:17un attentat, un assassinat.
07:19Et il y a un jeune garçon
07:21qui va tuer, du mal dans la tête, un chauffeur VTC.
07:23Il était à l'isolement, ce monsieur-là.
07:25Qu'est-ce que vous pensez de l'initiative
07:27de Darmanin de regrouper
07:29les 100 plus grands bonnets du narcotrafic
07:31dans une prison dédiée ?
07:33Et assez rapidement, d'ailleurs.
07:35A première des choses, moi, je fais une grande confiance
07:37en général Darmanin. Pourquoi ?
07:39C'est pas du tout par idéologie ou rien du tout.
07:41C'est tout simplement parce qu'on a eu Dupond-Moretti
07:434h30, le même constat.
07:45Le même constat.
07:47Seule chose qu'il a fait, il est allé à Marseille pour engueuler
07:49le procureur qui disait qu'il était en train de perdre la guerre
07:51pour vendre la drogue. Ensuite,
07:53M. Emigo, il a fait un passage
07:55très éphémère. Gérald Darmanin,
07:57il est là depuis 3 semaines. Le constat
07:59est précis. Il y a des actions
08:01et il y va. Et il y va sur 2 pieds.
08:03On retient que les actions sécuritaires.
08:05Mais il y va également sur le pied
08:07de la réinsertion.
08:09Alors sur les choses...
08:11Il va en mettre 100. Il y en a
08:1317 000 quand même qui sont concernés par le trafic de drogue.
08:15Mais ça va avoir un effet qui est
08:17un effet dissuasif. C'est-à-dire que
08:19dans les prisons de France aujourd'hui,
08:21les gars qui sont peut-être en ligne de mire
08:23d'aller dans cette prison, ils vont se tenir
08:25vachement un carreau parce qu'ils ne vont pas avoir envie d'y aller.
08:27Voilà, c'est tout. Maintenant, pour revenir
08:29à l'histoire de l'isolement,
08:31vous savez, à Strasbourg, on a retrouvé
08:33dans une cellule à l'isolement
08:357 téléphones portables.
08:37Mais comment c'est possible ça ?
08:39Qui permet à quelqu'un qui est
08:41un prisonnier isolé d'avoir 7 téléphones
08:43portables ? Vous voulez encore quelques
08:45petites anecdotes ? Bien sûr, avec plaisir.
08:47Vous savez, on a le droit lorsqu'on est en prison
08:49de rentrer des DVD.
08:51On a le droit de rentrer des DVD.
08:53Ils doivent être sous blister
08:55et donc comme ils sont sortis
08:57du magasin. Une fois, deux fois, trois fois,
08:59mes filles ont voulu les rentrer,
09:01elles ne sont pas rentrées.
09:03Et donc en promenade, je suis là, je ne suis pas bien,
09:05il y a un détenu qui vient me voir, il me dit
09:07« Pierrot, tu n'as pas les renforts. » Je lui dis « Ben non, je ne comprends pas, j'essaye de rentrer
09:09les DVD et puis ça ne rentre pas. »
09:11Il me dit « Ah bon ? C'est quoi les DVD ? »
09:13Je dis « C'est Game of Thrones ». « C'est quoi ? »
09:15« Game of Thrones, la série Game of Thrones. »
09:17« Ah oui, d'accord. » Trois jours après,
09:19je dis bien trois jours après,
09:21j'en remonte de promenade,
09:23le même détenu
09:25dit devant le surveillant « Vous pouvez
09:27laisser la porte de Botton ouverte
09:29s'il vous plaît ? Parce que j'ai quelque chose à lui donner. »
09:31Et il me file
09:33la série. Impressionnant, non ?
09:35Incroyable. Et alors quand je pose la question
09:37« Écoutez les gars, comment vous faites ça ? »
09:39Ils me répondent
09:41« Pierre, il y a des questions
09:43qu'il vaut mieux pas poser. » Et je dis « Mais franchement,
09:45tout le monde est au courant, c'est impossible. »
09:47Et il me répond, c'est également
09:49un titre du chapitre « Plus ils sont
09:51au placé, et plus c'est facile. »
09:53Donc en fait, vous dénoncez un système
09:55de corruption massif
09:57et qui rebondit très haut.
09:59Bien sûr, mais je ne suis pas le seul.
10:01Là encore, il y a des exemples.
10:03C'est bourré d'exemples dans le livre. Vous avez
10:05un sous-directeur
10:07de FREN qui avait 600 détenus
10:09sous lui, qui a été condamné.
10:11Donc je ne vous parle pas de suspicion
10:13qui a été condamnée. Vous avez
10:15dernièrement six surveillants
10:17de la prison de Villepinte
10:19qui ont été mis en cause. Vous avez six
10:21surveillants à la prison des Réaux.
10:23Il y en a beaucoup.
10:25Donc c'est des surveillants, des sous-directeurs, des directeurs
10:27de prison, des magistrats ?
10:29Vous avez également, la dernière affaire,
10:31c'est un capitaine qui a organisé ça.
10:33C'est-à-dire un gradé
10:35qui organisait ça pour les surveillants.
10:37Donc la priorité, c'est de lutter contre la corruption.
10:39Alors moi je vais vous dire,
10:41bon évidemment je suis un ancien détenu, la priorité
10:43c'est de lutter contre la surpopulation.
10:45Parce que la surpopulation ça amène tout le reste.
10:47C'est-à-dire quand vous
10:49ouvrez la porte d'un surveillant, ou la
10:51porte d'une cellule, qui sont quatre,
10:53alors que normalement il devrait être seul ou deux,
10:55c'est pas tout à fait la même ambiance.
10:57Et c'est pas la même ambiance pour les détenus non plus.
10:59La charge qui pèse sur le surveillant n'est pas
11:01la même. Si vous voulez, la cohésion
11:03entre détenus est très forte.
11:05Donc évidemment, par rapport aux surveillants, vous savez,
11:07ils ont cette expression, si on a décidé
11:09de lui faire la misère, on lui fera la misère
11:11dans tout le bâtiment. C'est-à-dire que c'est une cloche.
11:13Il va ouvrir n'importe quelle porte de cellule,
11:15ça va être très compliqué pour lui.
11:16Dans la pénitentiaire, les syndicats disent que
11:18ce sera difficile de procéder au recrutement
11:20pour cette prison dédiée pour les sans plus gros bonnets,
11:22parce qu'ils ont peur d'une pression sur les familles
11:24des agents.
11:26Ça se passe comme ça ?
11:27Elle existe, là encore exemple, à Avignon,
11:29un juge d'instruction, une juge d'instruction
11:31qui a été obligé d'enlever ses enfants
11:33de l'école et de vendre sa maison parce qu'elle était menacée.
11:35Vous imaginez où on est dans ce pays ?
11:37D'ailleurs, je voulais dire à cette occasion
11:39qu'il y a un doc qui passe ce soir
11:41sur Canal Doc, qui s'appelle
11:43Dehors, et qui présente
11:45toutes les solutions en Europe.
11:47Donc je suis allé avec les équipes de
11:49Canal, je suis allé voir en la Suisse,
11:51parce qu'il ne faut pas croire que ça n'existe pas.
11:53Il ne faut pas croire que ça n'existe pas.
11:55Les solutions,
11:57elles existent. Faut-il encore les mettre en œuvre ?
11:59Alors c'est quoi les solutions ?
12:00Les solutions, il y en a beaucoup.
12:02La première, c'est ce cas de lancer
12:04Gérald Darmanin, c'est le tri des détenus.
12:06Voilà, il ne faut pas mélanger.
12:08La première, c'est le tri des détenus. Je vais vous donner un autre exemple.
12:10Les détenus,
12:12ils ont droit à un parloir familial. Un parloir familial,
12:14c'est un parloir pendant lequel vous pouvez voir
12:16votre femme, et vous pouvez éventuellement
12:18avoir des relations sexuelles.
12:20Normal, le lendemain,
12:22il est devenu père en maison. Il ne faut quand même pas
12:24déconner. Il ne faut quand même pas déconner.
12:26Il ne faut quand même pas déconner.
12:28Donc moi, je veux bien qu'on dise
12:30tout le monde, pourquoi je me bats comme ça ?
12:32Je vais expliquer pourquoi je me bats, parce que je sais
12:34qu'il y a beaucoup de détenus qui nous entendent.
12:36Il y a 82 000 détenus.
12:38Il y en a 5000 qui font chier.
12:40Tous les autres...
12:42Comme dans la société, c'est toujours une minorité qui empoisonne la majorité.
12:44Tous les autres, ils veulent s'en sortir.
12:46Tous les autres, ils veulent s'en sortir.
12:48Mais on leur fait peser des règles,
12:50des tas de choses à cause
12:52de 5000 mecs qui
12:54tiennent les prisons, et qui menacent
12:56et qui ont un vrai pouvoir fort
12:58sur les surveillants et sur les détenus.
13:00Donc voilà pourquoi je me bats.
13:02À chaque fois qu'on vous écoute, Pierre, c'est édifiant.
13:04Vous avez reçu sur TPMP. Effectivement,
13:06on est dans un état de choc quand on vous entend,
13:08parce qu'on se dit que vraiment, il n'y a rien qui fonctionne.
13:10C'est-à-dire qu'on marche sur la tête.
13:12Nous, en tant que citoyens, on demande toujours plus de justice,
13:14plus de sévérité, plus de prison.
13:16Mais en fait, la prison est une fabrique
13:18à délinquance, plus, plus, plus.
13:20C'est-à-dire que ça majeure encore plus la dangerosité
13:22des gens que l'on enferme.
13:24Vous avez dit qu'il y a deux
13:26pas sur lesquels danse
13:28aujourd'hui M. Darmanin. C'est à la fois
13:30une sorte d'intransigeance, de grande sécurité
13:32et en même temps d'insertion.
13:34Mais vous, est-ce que vous avez des solutions ? Est-ce que vous, par exemple,
13:36en tant que lanceur d'alerte, on vous écoute ?
13:38Par exemple.
13:40Je vais être très franc.
13:42Ce n'est pas un secret. C'était dans le dernier livre.
13:44Il était encore garde des sourds. Je ne fais pas partie des gens
13:46qui dénoncent des choses quand ils ne sont plus au pouvoir.
13:48C'est plutôt l'inverse.
13:50J'ai clairement dit ce que je pensais
13:52d'Éric Dupond-Moretti, qui
13:54un mois avant sa nomination,
13:56avait signé une pétition
13:58pour lutter contre la surpopulation carcérale.
14:02Franchement, ça a été une catastrophe.
14:04Je vous le dis. Je le racontais
14:06également dans mon premier livre. J'ai failli en venir aux mains
14:08avec lui. C'est un garçon que je connais
14:10et que je suis toi. Parce qu'il s'est assis
14:12sur toutes ses convictions.
14:14Gérald Darmanin, j'y crois.
14:16Je vous le dis franchement. J'y crois.
14:18Il essaye d'agir. Il a une autorité.
14:20Il met une autorité.
14:22C'est-à-dire qu'il exprime une autorité.
14:24Il exprime une autorité sur la pénitentiaire.
14:26Il dit clairement, attention,
14:28ça ne va pas.
14:30Il ne vous dit pas, ça va, c'est impeccable.
14:32Il dit, ça ne va pas. Maintenant, la tâche est
14:34très forte. Mais il faut faire quoi ? Il faut construire plus de prisons ?
14:36On a l'impression que ce n'est même pas ça la solution.
14:38Sur la surpopulation, par exemple, j'ai parlé des conteneurs.
14:40Vous parliez tout à l'heure de Rodolphe
14:42Hadé hors antenne.
14:44J'ai parlé des conteneurs.
14:46Voilà.
14:50Il est tout à fait possible, nous, on pourrait
14:52commencer cette expérimentation de mettre
14:54des conteneurs comme on met pour les étudiants.
14:56Les étudiants, ils sont dans des conteneurs.
14:58Et ça va très vite. Dans l'emprise
15:00foncière, ça va très très vite.
15:02Les solutions, elles existent. Ne pas mélanger
15:04les détenus ensemble. Moi, j'étais avec
15:06un violeur de nourrisson. Je ne suis pas persuadé que ce soit
15:08vraiment ce qu'il fallait faire.
15:12Je pense que les jeunes, il faut les isoler.
15:14Et ensuite, il faut faire rétablir.
15:16Dans la même cellule, vous étiez avec un violeur de nourrisson.
15:18Non, pas dans la cellule. À côté. Trois cellules
15:20à côté. Mais c'est déjà suffisant.
15:22C'est déjà suffisamment perturbant.
15:24C'est déjà suffisant. Et vous pouvez nous parler
15:26du séparatisme religieux ? Parce que je me souviens
15:28que sur TPMP, on le sait,
15:30on l'imagine. Mais vous,
15:32vous l'avez vraiment vécu de plein fouet.
15:34Et ça, je trouve que c'est aussi un truc très important
15:36dans les prisons. Là aussi, je peux dire
15:38des choses que je dis plus
15:40dans le livre actuellement.
15:42Une des prisons qui va être
15:44choisie pour, je pense, pour mettre
15:46les détenus
15:48dangereux au niveau de...
15:50C'est une prison qu'on appelle Condé-sur-Sarthe.
15:52C'est la prison la plus sécurisée de France.
15:54Ce que les Français ne savent pas,
15:56c'est que dans cette prison, où il y a peut-être 100 détenus,
15:58il y a un attentat.
16:00Je ne parle pas d'agression.
16:02Je parle d'attentat.
16:04Par mois. C'est-à-dire que
16:06les gars sont tellement radicalisés.
16:08Ils ont tellement cette conviction
16:10à l'intérieur d'eux
16:12qu'ils sont capables...
16:14C'est une histoire connue.
16:16Une dame qui est arrivée, voilée,
16:18avec un couteau
16:20en céramique, pour ce fameux
16:22parloir familial dont je parlais tout à l'heure.
16:24Ils ont fait comme s'ils
16:26s'engueulaient. Les surveillants sont
16:28arrivés. Elle a planté les surveillants.
16:30C'est des radicalisés français ou même pas ?
16:32C'est très compliqué.
16:34C'est un sujet très touchy.
16:36Il y a tellement tout est touchy
16:38qu'on n'ose rien dire.
16:40Géraldine, je suis tout à fait d'accord. Mais parfois, je me fais reprendre
16:42sur certains plateaux à cause de ça.
16:44Il y a des gens qui se radicalisent
16:46qui ont une carte d'identité, comme vous et moi,
16:48française. Donc, ils sont français.
16:50Mais ce que moi, j'ai ressenti
16:52en prison,
16:54si je peux parler.
16:56J'ai ressenti
16:58une chose. J'ai ressenti ça en prison,
17:00pas à l'extérieur. Mais en prison,
17:02c'est qu'on augmente
17:04la haine de ces jeunes
17:06qui ont donc une carte d'identité
17:08française, mais qui n'ont rien
17:10de français. La meilleure preuve, c'est que moi, ils m'appelaient
17:12le français.
17:14Et contre les valeurs de la République.
17:16Et contre
17:18la France. C'est-à-dire, si vous voulez,
17:20pour eux, ce que j'ai vraiment ressenti
17:22très très fort, la France
17:24est un pays dans lequel
17:26ils sont nés.
17:28C'est un ennemi.
17:30On en parle dans un instant avec Pierre Botton. Quand les détenus font la loi,
17:32prison, le pire est déjà là aux éditions.
17:34Robert Laffont, Pierre Botton, reste avec nous.
17:36Vous pouvez nous appeler 0180 20
17:3839 21. On parlera aussi dans un instant
17:40de Bernard Arnault, qui met en garde le gouvernement
17:42contre l'augmentation des impôts sur les entreprises.
17:44C'est une taxe qui pousse
17:46à la délocalisation.
17:48C'est lourd de sens. Il y a énormément d'auditeurs qui veulent réagir
17:50également à ça. Au 0180 20
17:5239 21, on se retrouve dans un instant. Et on a envie
17:54d'avoir d'autres exemples encore,
17:56Pierre Botton, parce que c'est vrai que ça passionne
17:58nos auditeurs d'Europe 1. A 16h24, à tout de suite.
18:00Europe 1.
18:0216h18. On marche sur la tête.
18:04Cyril Hanouna.
18:06On marche sur la tête sur Europe 1. Il est 16h32.
18:08Merci d'être avec nous. 0180 20
18:1039 21, vous nous appelez bien entendu.
18:12Et on est avec Pierre Botton. Quand les détenus font
18:14la loi, prison, le pire,
18:16est déjà là. Merci Pierre Botton d'être avec nous.
18:18Et c'est vrai que
18:20on a eu des exemples déjà incroyables
18:22sur cette première demi-heure d'émission.
18:24On aurait continué à parler de tout ça avec vous.
18:26Et c'est vrai qu'on s'est arrêté
18:28deux petites secondes. Vous disiez tout à l'heure que vous avez plus
18:30confiance en Gérald Darmanin qu'en
18:32l'ancien garde des Sceaux
18:34Éric Dupond-Moretti.
18:36C'était une catastrophe lui.
18:38C'est franchement une catastrophe.
18:40Vous allez le voir en spectacle ?
18:42Non parce que j'aime les bons acteurs.
18:44On peut vous avoir des places si vous voulez.
18:48En stand-up, il y a mieux que ça.
18:50C'est une catastrophe.
18:52On a vraiment l'impression
18:54qu'il n'a rien fait.
18:56Comment on peut laisser
18:58un mec comme ça ?
19:00Vous savez que si
19:02le tueur du jeune Elias
19:04est en liberté,
19:06le jeune Elias tué le week-end dernier pour un téléphone portable
19:08alors qu'il n'avait que 14 ans et qu'il sortait
19:10d'un entraînement de football,
19:12c'est en raison d'une réforme de Nicole Belloubet
19:14soumise au vote des députés
19:16par Éric Dupond-Moretti.
19:18Ce qu'on appelle la césure, ce qu'a dénoncé Bruno Rotailleau
19:20à Six Micros lundi.
19:22C'est-à-dire que c'est en deux temps, on vous juge
19:24et on vous donne votre peine
19:26six ou neuf mois plus tard.
19:28Ils ont été jugés en octobre
19:30pour un vol avec violence,
19:32c'est passé pour Elias, sauf que cette fois,
19:34il y a eu meurtre en plus et leur peine
19:36devait être connue en juin prochain.
19:38Cette réforme,
19:40c'est le fruit de la politique pénale
19:42d'Emmanuel Macron, de Nicole Belloubet,
19:44d'Éric Dupond-Moretti jusqu'à l'arrivée
19:46quasiment de Gérald Darmanin.
19:48Et il n'y a plus
19:50de comparution immédiate pour les mineurs.
19:52Ça existait avant, ça ne s'appelait pas
19:54la comparution immédiate mais ça avait le même effet.
19:56Ça aussi, réforme de Nicole Belloubet
19:58soumise au vote des députés par Éric Dupond-Moretti.
20:00C'est incroyable, c'est concrète ce que je vous dis là.
20:02Je veux dire quelque chose encore
20:04très concret, ils ont 15 ans
20:06les mineurs qui ont été tués.
20:0816 et 17.
20:10Ils prennent 30.
20:12Excuses de minorité, ça fait la moitié.
20:14Ça fait 15, ils sortent à 32.
20:16Ce qui peut être levé, exceptionnellement.
20:18Et là, le mois prochain,
20:20l'Assemblée va débattre
20:22de cette excuse de minorité pour
20:24ne plus en faire la norme mais l'exception
20:26entre 16 et 18 ans.
20:28C'est quelque chose.
20:30C'est que c'est les magistrats qui décident.
20:32Franchement, on oublie une chose.
20:34Sauf que là, les magistrats devront motiver
20:36le fait qu'ils mettent l'excuse de minorité.
20:38Dites pas que vous êtes à ce niveau-là d'innocence.
20:40Si, il l'est.
20:42Non, ce que je dis.
20:44Je suis favorable à la...
20:46Non, on ne se comprend pas.
20:48Je suis favorable à ce que vient de dire Gauthier
20:50c'est-à-dire qu'on retourne
20:52ça, c'est-à-dire que le magistrat
20:54il devra appliquer la loi sauf
20:56s'il divise la peine en deux. C'est plus difficile.
20:58Mais ils vont vous le dire, pourquoi ?
21:00Vous inquiétez pas.
21:02Ils vont trouver des explications.
21:04Pour vous le dire, c'est évident.
21:06J'adore Dartigold, j'adore votre naïveté.
21:08Parfois, c'est tellement bon d'être dans un monde comme ça.
21:10Non, mais c'est vrai. Ça fait du bien.
21:12Ça fait du bien des gens comme Dartigold.
21:14Non, vraiment, ça fait du bien.
21:16L'excuse de minorité, elle est parfois levée.
21:18Ça fait du bien.
21:20Darmanin serait massacré par des
21:22syndicats de magistrats.
21:24Le seul problème, c'est que
21:26les magistrats, je ne les ai jamais vus, moi.
21:28En cursive, je ne les ai jamais vus.
21:30Donc, c'est facile de dire
21:32qu'ils ne sont jamais en cursive.
21:34Et quand ils rentrent pour les commissions d'application des peines,
21:36ils sont très protégés et très respectés.
21:38Donc, ils ne subissent pas ce que subissent les surveillants.
21:40Et quand je dis que les surveillants, c'est de la chair à canon,
21:42les surveillants sont de la chair à canon lâchés par une hiérarchie
21:44qui, elle non plus, d'ailleurs, n'est plus en cursive.
21:46Vous venez de parler des magistrats
21:48en disant qu'ils n'appliqueront pas
21:50la nouvelle loi si l'excuse de minorité
21:52ne devient l'exception.
21:54Donc, vous sous-entendez l'idéologie ?
21:56Oui, bien sûr.
21:58D'extrême-gauche ? De gauche ?
22:00Je ne dis pas de gauche. Non, non.
22:02Vous expliquer comme ça, ce n'est pas tout à fait ça.
22:04Ce n'est pas vrai.
22:06Moi, je ne fais pas ça une explication politique.
22:08Je fais vraiment une explication de conviction.
22:10Et quand
22:12je discutais, évidemment,
22:14avec les autres détenus qui passaient en commission
22:16d'application des peines, qui est destinée à vous libérer
22:18en conditionnel ou pas, il y a une vraie conviction
22:20chez les magistrats
22:22qu'ils n'ont rien à faire en prison,
22:24qu'il faut leur donner
22:26une seconde chance
22:28et qu'il faut les libérer
22:30plus vite.
22:32Vous savez, c'est une conviction
22:34d'eux-mêmes.
22:36Ce n'est pas choquant.
22:38De même qu'il y a une vraie conviction que les gens comme toi,
22:40délinquants financiers, doivent payer plus que les autres.
22:42Mais, à la limite, ça ne me choque pas.
22:44Franchement, ça ne me choque pas.
22:46C'est quand même une idéologie.
22:48C'est ce genre de délinquance col blanc
22:50qui est vraiment sulfureuse et qu'on doit mettre de côté.
22:52Et en revanche, les gens qui plantent des couteaux, qui assassinent
22:54et tout ça, ils ont des excuses
22:56parce que c'est difficile, parce qu'ils ont une enfance compliquée,
22:58parce que...
23:00C'est quand même un deux-poids-deux-mesures qui est problématique.
23:02On est bien d'accord, mais je vous dis, c'est une conviction.
23:04Moi, je vous le dis, franchement, c'est une conviction.
23:06Et il va falloir que Gérald Darmanin...
23:08Des convictions motivées par une idéologie.
23:10Une idéologie...
23:12Attendez, une idéologie...
23:14C'est celle-là où je ne suis pas tout à fait d'accord.
23:16C'est une idée...
23:18Non, mais Guillaume...
23:20Gautier.
23:22Ça commence par G, c'est pareil.
23:24J'ai eu lui même. J'avais presque...
23:26Non, j'ai eu Gérard.
23:28Il y a une idéologie,
23:30mais moi, je ne lui donne pas de couleur politique.
23:32Et ça va être un des problèmes de Gérald Darmanin.
23:34Parce qu'il va falloir qu'il se confronte à ça.
23:36Excusez-moi, Pierre Breton, quelqu'un de droite
23:38va plutôt choisir la victime que le bourreau
23:40et sera sans doute plus dur
23:42que quelqu'un de gauche
23:44qui aura plus de mal
23:46à enfermer
23:48pour des décennies et des décennies
23:50quelqu'un d'affreux.
23:52Je répète, quand vous prenez les petits poils
23:54et l'histoire
23:56ou la carte de vœux
23:58par exemple du syndicat de la magistrature...
24:00Qui se moquait de Bruno Roteu et de Gérald Darmanin.
24:02Donc là, on est dans une idéologie de gauche.
24:04Même d'extrême gauche.
24:06Mais je vous dis,
24:08la conviction de plusieurs magistrats
24:10vraiment, ancrée très profonde...
24:12C'est quand je vois cette dame qui est ancienne magistrate
24:14et qui ose dire
24:16en parlant des 100 détenus
24:18qui vont être enfermés dans cette cellule de haute sécurité
24:20et elle ose dire
24:22j'aurais voulu qu'on pense un peu
24:24à leur réinsertion.
24:28Ça veut dire qu'elle estime
24:30que la prison, en fait, ça n'est qu'un échec aussi, peut-être.
24:32C'est-à-dire qu'elle ne croit même pas à ce qu'elle fait.
24:34Elle pense qu'elle met des gens en prison mais que finalement, ça ne sert à rien.
24:36C'est-à-dire que ça fabrique, ce que vous avez expliqué tout à l'heure,
24:38des gens encore pires quand ils sortent.
24:40Alors là encore,
24:42c'est des mots qui sont difficiles à dire
24:44mais je pense qu'en prison,
24:46il y a des gens qui sont récupérables
24:48et il y a des gens qui ne le sont pas.
24:50Pierre Botton, vous restez avec nous quand les détenus font la loi.
24:52On se retrouve dans une minute sur Europe 1.
24:54Europe 1, 16h18.
24:56On marche sur la tête.
24:58Cyril Hanouna.
25:00Merci d'être avec nous sur Europe 1 de 16h40. On est en direct
25:02et nous sommes avec Pierre Botton quand les détenus font la loi
25:04aux éditions Robert Laffont.
25:06Si vous avez des questions à poser à Pierre Botton, allez-y.
25:08Il n'y a aucun souci. Et puis, il y a des auditeurs qui veulent réagir.
25:10Bien entendu, 0180 29 21.
25:12Gauthier Lebrun.
25:14Je veux bien revenir sur les magistrats parce que vous avez dit quelque chose
25:16qui m'a énormément frappé.
25:18Il y a des magistrats qui sont plus durs
25:20avec les scandales financiers comme le vôtre.
25:22Pourquoi pas avec les anciens chefs de l'État
25:24pour bien leur mettre la tête
25:26sous l'eau parce qu'il faut faire des exemples
25:28et que médiatiquement, c'est bien quand on est magistrat
25:30de se payer un ancien président de la République.
25:32Mais par contre, ils vont être beaucoup plus cléments
25:34avec des jeunes qui participent
25:36à des attaques au couteau ou à des rixes ?
25:38Alors, les attaques au couteau ou les rixes,
25:40non, mais avec des dealers,
25:42oui, bien sûr.
25:44Donc, il y a des magistrats qui vont être plus sévères
25:46avec un ancien président qu'avec un dealer ?
25:48C'est une évidence.
25:50C'est vraiment une évidence.
25:52Ne serait-ce que dans l'application
25:54de la peine.
25:56Dans ce qui s'appelle l'application de la peine.
25:58C'est de l'idéologie pure, ça ?
26:00Vous pouvez appeler de l'idéologie.
26:02Moi, je dis qu'ils ont des convictions forgées depuis très longtemps.
26:04Moi, j'étais allé il y a très longtemps
26:06à l'école nationale de magistrature devant 170
26:08nouveaux magistrats.
26:10J'avais senti que c'était des gens
26:12qui étaient...
26:14qui estimaient que la société avait
26:16beaucoup de fautes. C'est ce que j'avais senti.
26:18Que la société avait beaucoup...
26:20D'ailleurs, il faut être très net. Depuis que je dis la vérité,
26:22depuis deux ans
26:24que je suis sorti la deuxième fois...
26:26En fait, ce qu'il faut savoir, c'est que moi, j'ai un regard
26:28à 25 ans d'écart. C'est important quand même.
26:30C'est-à-dire que c'est...
26:32C'est pas pour dire...
26:34C'est un exploit. Je dis seulement à 25 ans d'écart,
26:36je vois exactement la modification
26:38de ce qui s'est passé dans le système carcéral.
26:40Et c'est juste terrible.
26:42Ça a changé de camp.
26:44Mais également, je vois
26:46que les convictions des magistrats
26:48et notamment des magistrats de l'application
26:50des peines, elles sont
26:52tout le temps les mêmes. Elles sont très...
26:54Il faut une deuxième chance,
26:56il faut... Vous voyez, on vérifie pas.
26:58Moi, on a beaucoup, beaucoup vérifié
27:00mon dossier, mais on ne vérifie pas
27:02les dossiers. Donc, je vous dis, quand quelqu'un
27:04va... Il va falloir un travail pour sortir en conditionnel,
27:06il va le demander à qui ? A ceux qu'il connaît.
27:08Il va le demander à son copain qui est traficant de drogue.
27:10Il y a un exemple dans l'actualité cette semaine.
27:12Vous avez vu ce refus d'obtempérer à Schiltigem.
27:14Il y a un délinquant
27:16qui a foncé dans un policier à toute allure,
27:18en moto, qui manque de tuer le policier,
27:20qui fait en plus un délit de fuite derrière.
27:22Il prend de la prison avec sursis.
27:24Quelques mois de prison avec sursis.
27:26Comment lui n'est pas en prison
27:28et comment Patrick Balkany peut se retrouver en prison ?
27:30On se dit que... Ou même vous !
27:32Vous n'êtes pas un danger pour la société.
27:34Il manque de tuer un policier.
27:36Gauthier, je crois que c'est pas comme ça
27:38qu'il faut prendre le problème. La question
27:40c'est est-ce que les deux ne méritent pas d'aller en prison ?
27:42C'est pas est-ce que Balkany ou moi,
27:44on mérite d'aller en prison ou pas ?
27:46On nous dit qu'il y a de la surnibulation carcérale.
27:48Non, non, non, pour être très clair.
27:50Je pense qu'on mérite des sanctions. Est-ce que cette
27:52sanction-là est la bonne ou pas ? J'en sais rien.
27:54En tout cas, on mérite des sanctions. En revanche,
27:56est-ce que d'autres qui méritaient
27:58une sanction lourde
28:00pour quelque chose, ils sont ?
28:02Et là, non, je vous réponds non.
28:04Je pense que la priorité, c'est d'avoir
28:06dans les prisons les gens qui sont dangereux pour les autres citoyens.
28:08Vous,
28:10alors bien sûr, vous devez être puni, je suis d'accord avec vous,
28:12il doit y avoir une sanction, il n'y a aucun problème,
28:14mais vous n'êtes pas un danger pour les autres citoyens.
28:16On n'est pas manqué de tuer un policier.
28:18Cet abruti qui a failli
28:20tuer un policier, il est dehors.
28:22Si vous demandez aux Français qui doit être en prison,
28:24leur réponse, elle va être claire.
28:26Je ne suis pas sûr, moi.
28:30Surtout aujourd'hui.
28:32Je veux revenir sur le fait de...
28:34Pourquoi je dis ça, Pierre Botton ? On nous explique que les magistrats
28:36reçoivent chaque semaine la liste
28:38de places de prison disponibles.
28:40En disant que vous ne pouvez pas aller au-delà de...
28:42Gestion carcérale.
28:44Mettons qu'il n'y a que 5 places pour
28:46le mois qui vient, pour les procès qui vont venir.
28:48S'il n'y a que 5 places, moi je préfère
28:50qu'on envoie en prison
28:52le délinquant à Chilty Game qui manque de tuer un flic
28:54plutôt que Pierre Botton ou Patrick Balkany.
28:56Je n'ai pas peur de Pierre Botton ou de Patrick Balkany.
28:58Par contre j'ai peur du mec sur sa moto
29:00qui roule à toute berzinque et qui manque de tuer un policier
29:02à la sortie d'une école.
29:04J'aimerais bien voir la liste parce que je doute
29:06comme on est à 82 000 détenus
29:08pour 60 000 places, je doute
29:10qu'il y ait de la place.
29:12A mon avis, la liste, elle est vierge.
29:14Ensuite, je veux revenir sur
29:16le refus d'obtempérer. Vous savez les jeunes
29:18qui font ces refus d'obtempérer ?
29:20Ça fait depuis l'âge de 10 ans qu'ils n'obtempèrent
29:22plus à rien, ni à leurs parents,
29:24ni à leur mère,
29:26ni lors des contrôles,
29:28ni à plus rien.
29:30À 14 ans, ils ont déjà un couteau
29:32à regarder. C'est complètement dément quand même.
29:34Je suis désolé, mais vous vous baladez
29:36avec un couteau sur vous ?
29:38Si ils sont perdus, il faut les laisser en liberté pour autant ?
29:40Non, justement, c'est ce que je vous dis. Il faut les enfermer
29:42dans des endroits spécifiques
29:44avec un encadrement très dur
29:46et je vais vous dire, dont ils sont
29:48demandeurs. C'est la proposition de la magistrace
29:50de Béatrice Brugère
29:52qui dit que ce qu'on appelle la butée judiciaire
29:54dès la première infraction, grave,
29:56il faut la réponse judiciaire
29:58et donc une incarcération.
30:00Et un encadrement militaire.
30:02Oui, de ce que l'armée ne veut pas assurer.
30:04Les militaires disent, c'est pas notre cœur de métier.
30:06Mais dans quelles conditions ça peut se passer ?
30:08Alors, écoutez...
30:10Avec qui pour encadrer ?
30:12Non, non, il va falloir...
30:14Vous savez, j'étais dernièrement
30:16dans une émission sur La 5
30:18et il y avait une dame qui me maquillait
30:20et la dame elle me dit, vous savez monsieur Botton,
30:22je voulais aller en prison pour maquiller les femmes
30:24c'est vachement important de maquiller les femmes en prison
30:26vous voyez, c'est important pour une femme.
30:28Et on m'a refusé l'accès. Donc il ne faut pas
30:30vous tromper, il y a énormément de gens
30:32qui veulent faire des choses en prison
30:34Moi j'enseigne depuis 30 ans
30:36en prison régulièrement.
30:38Et ça ne se sait pas, Michel Drucker
30:40a été visiteur de prison très très...
30:42Craig Nolo aussi fait des lectures.
30:44Ça m'apparaît.
30:46Donc si vous voulez, il y a énormément de gens qui veulent faire, les bonnes volontés sont là.
30:48En revanche, ce qu'il y a
30:50c'est qu'il y a quelqu'un
30:52qui prend 6 jours de prison
30:54vous n'allez pas le mettre dans des murs
30:56avec des trucs énormes, vous voyez ce que je veux dire.
30:58Vous pouvez le mettre dans un ensemble, ce que je dis
31:00dans le documentaire qui passe ce soir.
31:02Vous allez voir des prisons qui sont sans barreaux
31:04sans rien. C'est juste un grillage.
31:06Vous rentrez, vous sortez, les gars sont à vélo.
31:08Et ça marche.
31:10En revanche, il y a un détenu qu'on a suivi
31:12il a pris 2 ans pour défaut de permis.
31:14Ça ne rigole pas.
31:16C'est en Suisse. C'est à la prison de Witzville en Suisse.
31:18Donc si vous voulez, je dis
31:20si vous les mettez
31:22dans l'école du crime, c'est mort.
31:24C'est mort. En revanche, il faut construire.
31:26Il y a des anciennes gendarmeries
31:28qui sont libres.
31:30Et je vous assure qu'il y a énormément
31:32de gens qui sont prêts à aider. Mais vraiment beaucoup
31:34parce qu'aujourd'hui, on sait que c'est un problème fondamental
31:36pour la sécurité des Français.
31:38D'autant plus avec ce que dit Gauthier, que les délinquants n'ont plus peur de la justice
31:40et des peines qu'on va leur donner.
31:42Ils savent que c'est bon pour eux.
31:44Alors moi je vous le dis, ils l'ont intégré.
31:46C'est désagréable, c'est un moment désagréable.
31:48Mais comme d'en plus aujourd'hui
31:50j'ai vu des cellules équipées
31:52de 3 écrans, des Playstation
31:54une chicha, 6 téléphones
31:56Certaines, c'est les lignes d'en plus sur le CV.
32:00Aujourd'hui, il y a des bâtiments
32:02dans la prison de la santé
32:04où on sait qu'on peut tout faire rentrer. Mais quand je dis tout, c'est tout.
32:06On fait tout rentrer.
32:08Il y a une autre chose qui me plaît également.
32:10Si vous dites ça, pourquoi est-ce qu'on n'agit pas là ?
32:12Si on peut tout faire rentrer à la prison de la santé.
32:14Pierre Botton déclare ça à 16h48 sur Europe 1.
32:16Pourquoi est-ce que le ministère de la justice
32:18n'envoie pas tout de suite
32:20une inspection pour voir comment la Playstation peut rentrer ?
32:22Alors l'inspection ne sert à rien.
32:24Moi je vous dis, pourquoi on ne met pas
32:26demain les chiens à Renifleur pour savoir où est la drogue ?
32:28Et alors pourquoi ?
32:30Je ne suis pas ministre de la justice.
32:32Et pourquoi ?
32:34Parce qu'il y a des toxicos pour la paix carcérale, pour paquer de la descente.
32:36Et je voudrais
32:38qu'on double ça de quelque chose.
32:40Parce que là on est que dans un acte répressif.
32:42Mais si vous dites à un détenu,
32:44je peux choquer les gens,
32:46si jamais tu acceptes les tests salivaires, les tests capillaires,
32:48et si tu es clean pendant un mois,
32:50on te donne un parloir de plus.
32:52Je vous assure qu'il y a des gens qui vont le faire.
32:54C'est pas choquant de dire ça.
32:56C'est pas choquant de dire ça.
32:58Un parloir c'est pour voir sa femme plutôt que de se droguer.
33:00C'est plutôt pas mal.
33:02Aujourd'hui, de toute façon,
33:04devant la masse,
33:06je vous assure, les gens ne se rendent pas compte
33:08de ce qu'est une prison.
33:10Parce qu'ils ne peuvent pas y aller.
33:12Ils ne se rendent pas compte de ce qu'est une prison.
33:14Une prison c'est des bruits.
33:16Il n'y a pas de droit.
33:18C'est tout le temps la loi du plus fort.
33:20Mais y compris vis-à-vis des chevaliers.
33:22Je raconte une dernière anecdote.
33:24J'étais dans un parloir,
33:26avec un de mes co-détenus.
33:28Puis je vois qu'il sort et il n'est pas en forme.
33:30Je lui dis, il y a quelque chose qui ne va pas.
33:32Il me dit,
33:34Pierrot, tu vois le surveillant là-bas, il a mal parlé à ma femme.
33:36Et je lui dis, tu veux que je lui dise ?
33:38Non, non, non, non.
33:40Ben, dis-lui !
33:42Non, non, Pierrot, ce n'est pas la peine. Demain, il ne sera plus là.
33:44On ne l'a plus jamais revu.
33:46On ne l'a plus jamais revu.
33:48Oui, c'est impressionnant quand même.
33:50Gestion de carrière.
33:52C'est impressionnant.
33:54Mais alors là, ça remonte jusqu'où pour qu'il ait la tête d'un surveillant ?
33:58Je ne sais pas s'il a la tête,
34:00mais le gars, il ne l'a plus jamais.
34:02Formel.
34:04Si vous voulez, je vous raconte.
34:06Quand j'ai trop d'amitié, vous me le dites.
34:08On a pour circuler une petite carte.
34:10Je raconte ça dans le livre.
34:12On a une carte qui est comme une carte d'identité magnétique
34:14avec une bande magnétique qui ne marche d'ailleurs jamais.
34:16Et donc, vous êtes toujours vous balader avec ça.
34:18Donc, quand vous passez des grilles,
34:20vous devez avoir cette carte.
34:22Et donc, le surveillant vous dit, vous avez votre carte ?
34:24Moi, je suis avec un co-détenu, je donne ma carte.
34:26Et l'autre co-détenu lui dit,
34:28non, elle est où votre carte ?
34:30Tu m'ouvres ?
34:32Non, excusez-moi,
34:34mais est-ce que vous avez votre carte ?
34:36Je viens de te dire non.
34:38Elle est où dans ma cellule ?
34:40Vous pouvez aller la chercher ?
34:42Dis donc, tu vas m'emmerder longtemps comme ça ?
34:44Tu m'ouvres ce soir
34:46ta bagnole et le crâne ?
34:48Le mec, il l'ouvre.
34:50Le mec, il l'ouvre.
34:54Ce n'est pas des rapports,
34:56c'est des histoires vécues.
34:58Qu'est-ce qu'on fait ?
35:02Je ne crois pas, je vous répète,
35:04les solutions existent.
35:06Je répète, non,
35:08les solutions existent.
35:10On a l'impression que tout est corrompu,
35:12que tout est comprené, que ça se joue à tous les étages,
35:14qu'il n'y a rien à faire en fait.
35:16Oui, mais c'est le cas.
35:18On peut remettre de l'ordre dans tout ça,
35:20très facilement. Et l'autre chose, je vous répète,
35:22il ne faut pas se tromper,
35:24il y a peut-être 5, 6, 7 000 détenus qui vont être très durs,
35:26mais tous les autres, ils vont accepter.
35:28Vous savez, que si vous laissez la porte de la prison
35:30ouverte,
35:32vous allez avoir, allez,
35:344% des mecs qui vont sortir.
35:36Tous les autres, ils préfèrent...
35:38Tous les autres,
35:40ils préfèrent rester en prison et finir leur peine
35:42et sortir sans emmerde. J'assure, c'est vrai.
35:44Donc, il ne faut pas vous tromper. En revanche,
35:46quand vous restez 22h sur 24 en cellule,
35:48vous savez, ça m'amuse,
35:50on dit les téléphones portables. Il y a 58 000
35:52téléphones portables pour 80 000 détenus.
35:54C'est juste une folie. 58 000.
35:56Et on...
35:58Les gars, ils disent,
36:00on met des brouilleurs. Vous pouvez mettre tous les brouilleurs que vous voulez,
36:02ils ont un instrument qui s'appelle un routeur
36:04qui leur permet de choper
36:06les codes Wi-Fi qui sont autour.
36:08Il faut bien que vous compreniez que
36:10le détenu, il a du temps.
36:12Il a du temps. Pour contourner les règles.
36:14Bien sûr, et pour les trouver. Moi, je vais vous expliquer.
36:16Dans une cellule, à la santé,
36:18vous avez des barreaux et derrière, des caillebottis.
36:20C'est des grilles de 5 cm par 50 cm.
36:22D'accord ?
36:24Il y a des livraisons par drone.
36:26Je me demande encore comment ils font pour
36:28faire passer
36:30ce qui arrive par drone
36:32à travers des trucs de 5 cm par 5 cm.
36:34Parce que moi, je n'y arrive pas.
36:36Quand ils font des yo-yo, le yo-yo, c'est quelque chose
36:38de cellule à cellule.
36:40Souvent, il me disait,
36:42Pierrot, on peut faire un yo-yo avec la cellule d'à côté ?
36:44Je dis, écoute, on va essayer, mais
36:46il va tomber par terre, lui, le truc, parce que je ne suis pas bon.
36:48Et moi, effectivement,
36:50je le laissais tomber par terre.
36:52Je vais raconter une autre histoire.
36:54Il y a un gars qui arrive,
36:5618 ans.
36:58Il avait piraté des comptes Amazon.
37:00Par un petit peu, 50 millions.
37:0250 millions de comptes Amazon.
37:0418 ans, le gamin.
37:06Et il avait
37:08récupéré des cartes cadeaux, je crois.
37:10Je ne connais pas bien ça, mais des cartes cadeaux de 20 euros.
37:12Donc, il en avait déjà récupéré 100 ou 150.
37:14Et il arrive,
37:16on parle comme ça, il me dit,
37:18oh là là, je suis tombé,
37:20avec trois copains hackers, on a fait tomber
37:22des comptes Amazon, c'est une catastrophe, on a les
37:24avocats américains qui veulent nous mettre aux Etats-Unis,
37:26c'est terrible et tout.
37:28Et je lui dis, ah bon, incroyable.
37:30Et je lui dis, mais là, ici, tu as un téléphone et tout,
37:32parce que là, ici, Internet, tu ne l'auras pas.
37:34Il était arrivé depuis trois jours, le mec.
37:36Il avait déjà Internet.
37:38En démontant la boîte qui alimentait la télé,
37:40le gars, il avait déjà
37:42réussi à avoir Internet.
37:44C'est des génies. Ils sont très très
37:46malins. Ils sont ce qu'on appelle
37:48smartsuit.
37:50Très très très très très malins.
37:52Donc, il faut bien savoir que c'est très difficile de lutter
37:54contre cela.