La sénatrice LR de Paris, Marie-Claire Carrère-Gée, parle de la mort d’un ado de 14 ans, tué pour son téléphone : «Ce n’est pas seulement une erreur, ça démontre, en partie, un certain traitement de l’information».
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00:00Vous êtes un père de famille, je suis une mère de famille, j'habite dans le sud de l'arrondissement aussi,
00:04mes deux enfants ont été chacun à leur tour rackettés.
00:07Il y a un véritable problème de reconquête de l'espace public dans le sud du 14e.
00:16On a laissé faire une ghettoisation de certains quartiers qui, de fait,
00:24à une heure qui n'est pas assez tardive, 20h, ce n'est pas minuit, c'est 20h,
00:30et 20h pour tous les équipements sportifs qui sont entre les boulevards extérieurs et le périphérique.
00:42C'est là où il y a tous les stades, c'est là où il y a le conservatoire de physique,
00:46il y a des jeunes qui viennent s'entraîner au foot ou à d'autres sports,
00:53qui viennent prendre leur cours de musique et de danse et qui sortent et qui se retrouvent en situation de danger.
01:01Donc Mme Bézard-Crisse, pardonnez-moi, je vous coupe la parole,
01:04mais à vous entendre, ce que je comprends, c'est que le secteur où a eu lieu ce terrible drame était réputé,
01:09connu pour être dangereux, il y avait déjà eu des alertes et finalement, rien n'a été fait.
01:14C'est ça à vous entendre ?
01:16Bien sûr, j'ai entendu hier la maire du 14e arrondissement dire,
01:21on savait, il y avait eu des faits similaires et tout a été mis en œuvre.
01:25Non, tout n'est pas mis en œuvre, quand on a une situation qui est repérée comme ça,
01:30il faut que ces lieux où viennent des jeunes tous les soirs s'entraîner, prendre leur cours,
01:36soient surveillés, entre ces lieux et les transports en commun, la station de Vélnib, il faut que ce soit surveillé.
01:43Et là, on parle d'un problème lié au quartier,
01:47mais ensuite, si c'est une véritable défaillance collective, ce qui s'est passé,
01:55la société française ne s'est pas encore adaptée au nouveau visage d'une certaine délinquance juvénile
02:02et d'une criminalité juvénile, des jeunes de plus en plus violents et qu'on ne sait pas,
02:12et pour lesquels on ne se donne pas tous les moyens de les remettre dans le droit chemin.
02:19On a vu prospérer depuis très longtemps une culture de l'excuse,
02:25ces enfants sont hyper violents parce qu'ils vivent dans un milieu socialement défavorisé,
02:30si tel est le cas d'ailleurs, il serait d'autant plus grave de laisser se constituer des ghettos,
02:37des quartiers avec 95% de logements sociaux.
02:41Et puis, dans la tête des jeunes, il y a une culture de l'impunité
02:46qui est liée au fait qu'on n'a pas une réponse pénale assez rapide,
02:50qu'on ne sanctionne pas assez la récidive, ces jeunes, vous l'avez souligné,
02:54ils ont été très défavorablement connus des services de police et de la justice,
03:00des mesures éducatives ont été prises avec interdiction de se rencontrer
03:05pour deux jeunes qui habitent dans le même immeuble,
03:09c'est une mesure qui, on le concevra, est difficile à faire respecter.
03:16On n'a pas assez d'établissements fermés pour des jeunes violents comme ça,
03:24en France on privilégie, on oppose plus exactement l'éducation et l'incarcération.
03:32Or, de mon point de vue, et c'est aussi le point de vue de magistrats comme Béatrice Brugère,
03:39qui sera notre invitée d'ailleurs tout à l'heure,
03:42qui dit des choses très justes, il ne faut pas opposer éducation et enfermement
03:48dans une prison spécialisée pour mineurs ou dans un centre éducatif fermé,
03:54et éducation, ça ne veut pas dire dehors, dans la rue,
03:59ça peut, pour certains cas, pas grave, mais quand on a des vols avec violence,
04:06quand on a des extorsions violentes, un port d'armes blanches,
04:10pour remettre dans le droit chemin, il faut une sanction très rapide,
04:14une mise à l'écart, parce que ces jeunes-là n'ont rien à faire dans le quartier
04:19tant qu'ils ne sont pas revenus dans le droit chemin,
04:24à la fois pour qu'eux, ils puissent se construire comme adultes normaux,
04:28si j'ose dire, et que les jeunes du quartier, les autres,
04:34qui, dans leur immense majorité, fort heureusement,
04:38vont très bien seulement qu'à aller jouer au foot, qu'ils soient protégés.