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Didier Varrod, directeur de la musique des antennes de Radio France et fondateur de l'événement, et Bilal Hassani, auteur compositeur, évoquent la quatrième édition de l'Hyper Weekend Festival, qui se déroule à la Maison de la radio et de la musique et qui propose de nombreuses créations originales.

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50-du-week-end/l-invite-de-7h50-du-we-du-samedi-25-janvier-2025-7221985

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Transcription
00:00Deux invités ce matin, deux invités de marque pour nous parler de ce festival qui bat son plein
00:05ici même dans la maison de la radio et de la musique, c'est la quatrième édition et il ne cesse de prendre de l'ampleur,
00:10de nous offrir encore et toujours plus de musiques, des artistes rares, des inédits, c'est l'Hyper Weekend Festival
00:15tous week-ends, on en parle avec son directeur et fondateur, bonjour Didier Varro !
00:19Bonjour Marion, bonjour Ali !
00:21Merci d'être avec nous parce que la soirée a dû être longue !
00:24Oui, une nuit très courte !
00:27Et puis il y a la saison de nuit qu'il crée pour l'occasion du festival, ça sera dimanche, un spectacle intime en piano-voix,
00:33ça s'appelle L'Affreuse et on a hâte de pouvoir y assister !
00:36Merci beaucoup !
00:37Bonjour !
00:38Bonjour !
00:39Un hyper ouf et un hyper love !
00:42Petit cadeau, petit magnet pour la matinale !
00:45On adore !
00:46Didier Varro, c'est vous le père de cet Hyper Weekend Festival qui est très largement consacré à la chanson francophone,
00:51il y en a beaucoup des festivals en France, alors c'est vrai qu'ils sont plus rares au mois de janvier,
00:55on vous remercie de nous réjouir avec celui-ci, mais pourquoi ce n'est pas un festival comme les autres ?
01:00Parce qu'il y avait déjà une proposition pléthorique en termes de festival et qu'il fallait marquer sa différence,
01:05« Écoutez la différence », c'était un slogan des années 80, je crois.
01:09C'est un peu la même chose, c'est-à-dire que dans cette offre pléthorique, il fallait vraiment trouver son identité
01:16et je me suis dit que ce bâtiment de la Maison de la Radio et de la Musique est tellement iconique
01:20qu'on doit pouvoir y faire des choses qui ne ressemblent à rien de ce qu'on a l'habitude de voir
01:25et donc ce festival s'est ancré sur l'idée, le paramètre de la création, sortir les artistes de leur zone de confort
01:33et leur proposer aussi de concrétiser quelques rêves qu'ils n'ont pas le temps de réaliser dans le cours de leur carrière habituellement.
01:41Avec un nombre record de créations, on va en parler, et puis des artistes qui ne sont pas les noms qu'on retrouve
01:45sur toutes les affiches de tous les festivals habituellement.
01:48Bilal Hassani, vous vous avez déjà joué une fois à l'Hyper Weekend Festival, c'était il y a deux ans un hommage collectif à Milan Farmer.
01:55Qu'est-ce qu'il a de particulier pour vous ce festival ?
01:58C'est ça, c'est que c'est très éclectique, on ne voit pas les mêmes artistes que partout ailleurs.
02:03Il y a des créations originales qui sont fabriquées pour le festival.
02:08Cette création, sans contrefaçon, il y a deux ans, autour du répertoire de Milan Farmer,
02:12c'était l'occasion pour moi, même en tant qu'artiste, de partager la scène avec plein de personnes incroyables.
02:18Il y avait Juliette Armanet, il y avait Ikea, il y avait tout le monde.
02:20Et là, cette année, de pouvoir présenter La Freuse, qui est une création piano-voix,
02:24c'est quelque chose que je n'aurais jamais imaginé faire si Didier ne l'avait pas proposé.
02:29Donc d'avoir aussi quelqu'un qui est derrière le festival, mais qui aussi s'investit créativement
02:34pour les créations, pour tous les concerts, c'est assez unique.
02:39Il faut dire que c'est hallucinant ce festival.
02:41Et je le dis vraiment très sincèrement, le bâtiment de la maison de la radio et de la musique,
02:46qui prend tout son sens, est gigantesque.
02:49Il y a des gens partout, il y a un monde, plusieurs scènes, c'est plein jusqu'à une heure, deux heures du matin.
02:57Et la singularité de ce festival, Didier Varro, c'est vraiment que là où dans un festival,
03:02en général, on demande à des artistes de monter sur scène, de jouer,
03:06ce qu'ils ont déjà très largement joué, là vous mettez des artistes en danger.
03:12Expliquez-nous ça et comment est-ce que Bilal se met en danger à travers ses créations ?
03:19Mais moi j'ai toujours aimé le déséquilibre, sinon je m'ennuie.
03:23J'aime bien mettre les artistes dans cette situation de déséquilibre
03:28pour trouver le bon équilibre au moment où ils montent sur scène.
03:31Et puis aussi le mélange des genres, le rencontre des esthétiques.
03:35Hier c'était hallucinant quand même. Dans cette maison, on croisait Renaud, Francis Cabrel,
03:40les danseurs de la battle de danse qui s'affrontaient dans un foyer.
03:45Chilly Gonzales et les rappeurs.
03:47Chilly Gonzales et les rappeurs et c'est Théodora qui a illuminé l'auditorium.
03:51Huit minutes de standing ovation hier soir pour Gonzales.
03:55Un public en larmes pour Renaud à la fin qui ne voulait plus laisser partir Noé Préchauffe qui lui rendait hommage.
04:02Et pour Bilal Hassani, ça fait des années que je suis son travail, ça fait des années que je l'admire.
04:08Mais ça fait des années aussi que je rêve de l'entendre dans le territoire musical.
04:13Finalement, proposer ce qu'il nous propose à travers ses autres moyens d'expression,
04:18que ce soit la danse, le chant.
04:20Elle est là la création.
04:21Quelque chose d'introspectif.
04:22C'est la première fois que vous vous retrouvez tout simplement avec Piano Voix,
04:26avec des titres bouleversants comme la question.
04:29On va l'écouter dans un instant.
04:30C'est justement le cadre de ce festival qui permet de se mettre à nu.
04:35Absolument.
04:36Didier vient avec l'idée, bien avant qu'on commence même à créer les chansons.
04:40Je suis partie en hiver dernier sur l'île du Levant avec Martin Dust pour écrire des chansons.
04:46J'avais ma petite cabounette et mes vêtements.
04:48On a écrit comme ça.
04:50On est venu avec des mémos vocaux.
04:52Didier nous dit vous allez faire une création en piano voix.
04:54Ça fait un an qu'on prépare, qu'on envoie et qu'on travaille sur ce répertoire de chansons françaises originales
05:00pour une création comme ça.
05:02Je suis en train de me rendre compte que ça va être la première fois de ma carrière.
05:05Ça fait cinq ans que je monte sur scène, toujours très accompagné,
05:08de plein de lumière, de plein de choc.
05:10Là, ça va être un très simple avis.
05:12C'est important aussi.
05:14C'est le résumé, l'itinéraire d'une vie avec ses fracas, ses douleurs, ses illuminations.
05:21C'est vraiment extrêmement bouleversant.
05:24Et d'ailleurs, beaucoup de gens, et c'est ça aussi que j'aime, se demandent
05:27mais qu'est-ce qu'il va faire Bilal Hassani ?
05:29Il va faire des reprises en français ? Il va chanter du Aznavour ?
05:32Non, il va chanter un répertoire de chansons originales.
05:34Il faut signaler aussi le travail de Martin Dust.
05:37Et Lilian Mill qui m'accompagnera au piano.
05:39Qui est magnifique, ce garçon de deux mètres quasiment.
05:42Qui s'installe au piano et qui pose ses accords et ses harmonies sur cette voix magnifique qui est celle de Bilal.
05:49Tout ça, c'est incroyable.
05:51Il a quand même aussi ses exigences Bilal.
05:54Puisqu'il va jouer dans un foyer qui d'habitude sert, chère Ali, chère Marion,
05:59plutôt à des réunions syndicales pour les élus.
06:01Mais il est joli !
06:03Comment ? Il est très très joli.
06:05C'est là où il y a la tapisserie Soulages.
06:08Il a voulu reconfigurer ce foyer tout en tulle blanc.
06:13C'est magnifique, c'est un écran magique.
06:16Il a dessiné ça avec Jeanne Massard.
06:18C'était une belle collaboration sur la scène.
06:20Et ça fait aussi partie du spectacle.
06:22Et ça met les spectateurs, le public dans une autre position aussi.
06:26Tout le monde doit se réinventer.
06:28Les artistes mais aussi le public qui n'est pas à l'âge juste dans une salle de spectacle.
06:31Avec ses petites habitudes, son petit confort.
06:33Et donc il y a cet écran dans lequel va retentir votre affreuse, votre part d'ombre.
06:38C'est comme ça que vous le décrivez.
06:40Et il y a ce morceau, La Question.
06:42Je ne rentrerai pas bien sage
06:46À l'intérieur de vos cases
06:49Je casserai toutes les cages
06:51Dans lesquelles vous m'enfermerez
06:57Dans lesquelles je m'enfermerai
07:05Si je devais choisir un genre
07:08Je choisirais le mauvais
07:11Je dirais c'est le cri de l'oiseau cancre
07:14Ou le vent dans l'olivet
07:16Parce qu'au final j'en sais rien
07:19J'ai appris à passer autre
07:22Et si cela ne te convient
07:25Tu peux aller te faire
07:28Je ne rentrerai pas bien sage
07:32La chanson s'appelle La Question.
07:34C'est du piano-voix.
07:36Vous disiez c'est un écran cet endroit.
07:38Dans un entretien, c'est un espace punk.
07:40Pourquoi c'est punk ?
07:41C'est punk parce qu'on fait de la chanson française
07:44mais on ne va pas se séparer des sujets
07:48qui nous font nous.
07:50Martin Dust et moi, on est queer
07:52et on a des choses à raconter.
07:54Il y a beaucoup de choses très fortes, très politiques
07:56qu'on a envie de dire dans ces chansons-là.
07:58Parce qu'il y a des messages.
07:59Bien sûr, toujours.
08:00Mais je pense qu'il y a toujours des messages dans la musique.
08:02Même quand on parle d'amour.
08:03Je parle de l'amour comme je le vis moi.
08:05Je pense que c'est assez singulier.
08:07Je parle aussi de comment je vois le monde.
08:11Il y a un moment, on parle même d'écologie dans ce spectacle.
08:13Donc en fait, on ne sait rien interdit.
08:15Et c'est ça que je pense est punk.
08:17Et je pense aussi que le punk,
08:19c'est le fait d'y aller au piano-voix
08:21avec rien d'autre.
08:22Qu'est-ce que porte comme message le festival ?
08:24Parce que vous avez des exigences
08:26comme tout dictateur, Didier Varro.
08:28Absolue sur le festival.
08:30Autant d'hommes et de femmes.
08:32Et même au sein des groupes,
08:34il y a une parité.
08:36Vous insistez, par exemple,
08:38pour qu'on voit des femmes à la batterie,
08:40à la basse, par exemple.
08:42Il n'y a pas le jeu de la promo.
08:44On doit jouer le jeu de la création.
08:46Mais jusqu'où est-ce que vous allez dans cette démarche-là ?
08:48C'est très important, cette idée de parité.
08:50Alors au départ, c'était effectivement la parité
08:52dans les groupes, dans la constitution
08:54de ce qu'on appelle les têtes d'affiches.
08:56Ou les artistes qui viennent se produire.
08:58Et la deuxième,
09:00vraiment image très forte.
09:02Hier, j'étais une montagne de larmes
09:04quand je voyais qu'effectivement, sur scène,
09:06il y avait des filles partout.
09:08Et ça, c'est assez nouveau, aussi,
09:10dans le milieu de la musique.
09:12Il y a encore des choses à faire,
09:14notamment dans le monde des techniciennes,
09:16de tous ceux qui sont autour.
09:18À Radio France, on est quand même assez bien pour vous.
09:20Et puis on défend aussi des valeurs
09:22d'inclusivité, de tolérance, d'amour,
09:24de jouissance.
09:26C'est une safe place.
09:28Avec l'or de l'auditorium que vous avez mobilisé, Didier,
09:30pour Gonzales et pour Bonnie Banane.
09:32Bonnie Banane et Joseph Scano di Lambo,
09:34qui, pendant 30 minutes,
09:36font une création unique à l'orgue,
09:38qui raconte une histoire de cul.
09:40De l'éblouissement,
09:42l'orgasme,
09:44jusqu'à la petite mort.
09:46Bilal Hassani, évidemment, on conseille
09:48d'aller vous voir, vous écouter demain.
09:50Vous, qu'est-ce que vous avez envie de voir ou d'écouter
09:52dans tout ce programme foisonnant ?
09:54Tellement de choses, évidemment. La création de Bonnie Banane, j'ai trop envie.
09:56J'adore Yoa. Je trouve qu'elle est formidable.
09:58Je n'ai pas pu
10:00voir la création autour
10:02du répertoire de Renaud, mais j'ai entendu que c'était trop bien.
10:04J'ai dit à Gonzales aussi que ça avait l'air génial.
10:06J'ai vu des vidéos Théodora, ce matin, en me réveillant,
10:08que j'ai trouvées formidables
10:10en acoustique, comme ça.
10:12C'est pas frustrant de ne pas pouvoir venir assister au concert
10:14quand on est matinalier. Il faudrait faire
10:16des concerts le matin, Didier Varro.
10:18Ça, c'est mon prochain défi.
10:20Ou des matinales en toute fin de journée.
10:22Parce que là, la maison est belle à cette heure-ci.
10:24Il faisait longtemps que je ne l'avais pas fréquentée.
10:26Merci d'avoir si peu dormi, d'ailleurs, pour être avec nous.
10:28Le directeur de la musique de Radio France
10:30et de cet hyper festival qui dure jusqu'à demain soir
10:32et qui est le remède pour sortir
10:34de la déprime du mois de janvier,
10:36du Blue January.
10:38Et ce soir, Georgia Smith en symphonique,
10:40sur France Inter. Vous vous rendez compte
10:42l'émotion dont j'ai vu Georgia arriver hier ?
10:44J'y croyais pas.
10:46Elle est magnifique, elle fait la couverture du programme.
10:48Quand elle a posé sa voix avec l'orchestre philharmonique,
10:50là encore, j'ai chialé.
10:52Et demain, on dit, c'est Bilal Hassani,
10:54l'un des artistes les plus attendus de la journée de dimanche
10:56pour cette création inédite
10:58intitulée « L'Affreuse d'Anditul Blanc ».
11:00On l'a bien compris dans un bel écran.
11:02Merci à tous les deux d'être venus.

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