Charlotte d'Ornellas : «Notre problème majeur est moins l'existence de Rima Hassan que l'écho et l'élection qu'elle a réussi à obtenir»
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00:00En fait, il y a beaucoup de choses en même temps parce qu'il y a les images de propagande.
00:04Vous l'avez dit, dans une guerre, c'est toujours un peu saisissant, les images de guerre.
00:07Quoi qu'il arrive, c'est...
00:10En fait, moi, la question que je me pose, c'est, on se dit,
00:12on partage une humanité commune avec toutes les parties de toutes les guerres.
00:16Et on se dit, mais comment, en nous, il y a la capacité de faire ça ?
00:20En fait, je vous assure, vraiment, c'est moi, c'est la seule question que je me pose.
00:24Le ressort même de la prise d'otages, quelle que soit la situation,
00:28qui peut arriver à faire ça ?
00:30Mais vraiment, on est parfois percuté par l'existence du mal
00:34et vraiment devant une incompréhension littéralement.
00:38Et là, évidemment, le profil de ces jeunes filles ajoute à l'horreur.
00:44Je ne sais pas, parce qu'on s'attache, on se dit, c'est la, comment dire,
00:48la faiblesse totale, la faiblesse au sens noble du terme.
00:52Donc, je suis sidérée, en fait, par ces images,
00:57littéralement par l'histoire, par, en effet, la manière de faire,
01:02de dire, on va libérer au compte goutte les familles qui attendent.
01:05Est-ce que ça génère aussi des sentiments qu'on n'a pas envie d'avoir ?
01:09J'imagine, moi, je me mets à la place de ces familles.
01:11Elles doivent attendre la liste en ne réussissant pas à se réjouir
01:15de la libération du voisin parce que ce n'est pas leur fille,
01:17parce que ce n'est pas leur père, parce que ce n'est pas leur cousin.
01:20Et donc, sans vouloir à moitié d'avoir ce sentiment qui, par ailleurs,
01:22est absolument naturel, vous voyez, ça fait naître un nombre de choses.
01:25C'est littéralement inhumain, en réalité.
01:27Et pourtant, ça naît du cœur de l'homme.
01:30C'est vraiment métaphysiquement un peu perturbant.
01:33Et après, pour revenir sur les deux sujets majeurs
01:39qui ont été évoqués en première partie.
01:41D'abord, un, le sujet Rima Hassan, je prends l'image de Rima Hassan,
01:44mais tous les gens qui ont tenu le même discours qu'elle.
01:47Je crois que notre problème majeur, c'est moins l'existence de Rima Hassan
01:50que l'écho et l'élection qu'elle a réussi à obtenir, en fait.
01:55Le vrai problème en France, c'est que prendre ce parti-là
02:00vous assure une réussite électorale.
02:02Là, c'est le problème de nos prochaines années, clairement.
02:05Et la deuxième chose sur les féministes,
02:06je pense qu'il faut percer une bonne fois pour toute l'abcès.
02:10Les féministes ne défendent pas les femmes.
02:12Ce n'est pas leur ressort premier, actuellement.
02:15Les mouvements féministes adoptent une lecture du monde binaire,
02:21séparée entre les dominants et les dominés.
02:24Et si les femmes font circonstanciellement partie des dominés,
02:28tant mieux, parce que là, les femmes israéliennes
02:30n'ont évidemment pas été défendues.
02:31Il n'y a pas eu un mot.
02:32Voir, en effet, elles ont fait partie du problème
02:35dans le discours de certaines féministes,
02:37mais on le voit régulièrement dans le reste de l'actualité aussi.
02:41Les Philippines n'ont pas eu un seul mot des féministes.
02:44Il y a plein de femmes.
02:45Donc, vous voyez, ça dépend moins du fait que ce soit des femmes
02:49que du profil de leur agresseur, de manière générale.
02:52C'est-à-dire qu'il y a parfois les bonnes et les mauvaises victimes.
02:54Mais vous voyez, quand on dit...
02:55Quand on...
02:56Trop souvent.
02:57C'est ça. Mais quand on a l'air de s'étonner...
02:58Mais attendez, les grooming gangs, par exemple,
03:00les viols de masse en Grande-Bretagne, ça a été la même chose.
03:02Pareil, à Cologne.
03:03Ou à Cologne, bien sûr.
03:05Donc, on a l'air de s'étonner...
03:07Enfin, en ayant l'air de s'étonner qu'elles ne le fassent pas,
03:10on leur accorde encore, finalement, en quelque sorte,
03:13le pouvoir de défendre les femmes.
03:15Il faut acter que ça n'est pas le ressort premier de leur combat.