L'idée de la ministre chargée du Travail et de l'Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, fait son chemin. Le président du Medef Patrick Martin s'est dit favorable à une taxation des retraités, afin de renflouer le budget de la Sécurité sociale. Le sujet, potentiellement explosif, "n'est pas à l'ordre du jour du gouvernement", a précisé un proche de François Bayrou.
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00:00avec donc la ministre du Travail Astrid Panossian-Bouvet qui a proposé hier de taxer les retraités, qui peuvent se le permettre, je ne sais pas ce que c'est les retraités qui peuvent se le permettre.
00:07C'est-à-dire qui touchent plus de 2000 ou 2500 euros ?
00:10Oui, selon elle.
00:11Selon elle, bien sûr.
00:12Selon elle, pour contribuer au financement de la protection sociale.
00:14Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:16C'est une bonne question, en tout cas, qu'il faut poser alors qu'on doit faire face à un Himalaya d'économies.
00:20Il s'agit de savoir comment on les répartit ces économies de façon la plus juste et la plus collective.
00:25Alors, je sais, beaucoup de retraités disent oui, mais moi, j'ai déjà payé, j'ai déjà cotisé, j'y ai droit.
00:31Mais ces retraités-là oublient un peu vite qu'ils n'ont pas cotisé pour eux-mêmes.
00:34Ils n'ont pas mis de l'argent de côté.
00:36Ils ont payé à l'époque pour les retraités.
00:38De l'époque, c'est le principe d'un système de répartition.
00:40Or, l'époque, elle a changé parce qu'avec de plus en plus de retraités et de moins en moins d'actifs, le système est déséquilibré.
00:46Jusqu'à présent, il faut le dire quand même, ce sont les actifs qui payent le plus lourd tribut au financement de la protection sociale et puis de la retraite en particulier.
00:55Leurs cotisations n'ont cessé d'augmenter.
00:57Ils travaillent de plus en plus longtemps et leur niveau de pension auquel ils auront droit ne cesse de baisser.
01:02De leur côté, les retraités ont en moyenne un niveau de vie supérieur à ceux qui travaillent.
01:06Je dis bien en moyenne.
01:07Il y a des petites retraites, des gens qui ont du mal à finir les fins de mois, bien sûr.
01:11Mais la vieillesse n'est plus synonyme de pauvreté comme c'était le cas dans les années 70.
01:15Il faut le dire aussi.
01:16J'ajoute que les retraités bénéficient d'un taux de CSG qui est réduit par rapport à ceux qui travaillent.
01:21Ils bénéficient aussi d'un abattage de 10 % pour frais professionnels alors que précisément, ils n'ont plus de profession puisqu'ils ne travaillent plus.
01:33Ce sont donc toutes ces questions-là qui sont sur la table.
01:36Sauf que les retraités, ils ont aussi une carte d'électeur et donc politiquement, c'est très risqué.
01:41Le gouvernement va y aller ?
01:42Pour l'instant, c'est courage fuyant.
01:44Sous François Bayrou qui s'est bien gardé de réagir, les ministres sont libres de parole.
01:49Ça permet de lancer des ballons d'essai.
01:50C'est ce qu'on a vu le week-end dernier avec Catherine Vautrin qui disait qu'il faut travailler 7 heures de plus par an.
01:54Puis ça sert aussi à mettre des idées en débat.
01:57Ça sert aussi à ça la politique et tous ceux qui nous rebattent les oreilles à longueur de temps sur « il faut en finir avec le tabou »
02:03feraient bien aussi d'accepter, d'en discuter plutôt que de tomber sur Astrid Panossian comme ils l'ont fait hier.
02:08Car il y a bien un tabou, vous l'avez dit Adeline, derrière cette question.
02:10C'est évidemment l'électoralisme puisqu'on sait que les retraités votent plus que le reste de la population.
02:15Et qu'ils se sentent ciblés.
02:16Et ils se sentent ciblés évidemment.
02:18Mais ils ont tort les retraités parce qu'on leur demande juste de participer à l'effort général.
02:22Il n'y a pas, comme le dit Eric Ciotti, on ne fait pas les poches des retraités.
02:25Non, la France dépense 14% de son PIB pour les retraites.
02:28C'est plus que chez nos voisins.
02:29Ou alors, je vais vous dire ceux qui devraient se sentir ciblés.
02:31Ou plutôt je vais laisser Michel Barnier.
02:33Il parlait de la dette hier.
02:34Écoutez ce qu'il dit.
02:36Je parle simplement de nos enfants.
02:39De nos petits-enfants.
02:41De ceux sur lesquels nous tirons des chèques en blanc ou en bois actuellement.
02:45Et depuis tant d'années.
02:47Avec une dette qui va coûter, simplement pour payer les intérêts,
02:5160 milliards l'année prochaine.
02:54Cette année, 60 milliards d'euros.
02:56Alors il parlait de la dette et pas de retraite.
02:58Mais il a raison parce que si on demande à nos enfants et nos petits-enfants
03:00à la fois de régler l'adresse de main et de faire des efforts aujourd'hui,
03:02pour le coup, ça c'est pas de l'intérêt général.
03:04Merci Mathieu.
03:05Culturez-vous tout de suite.
03:06C'est Lorraine.