Emmanuel Macron, en déplacement au Liban pour rencontrer le nouveau chef de l'État libanais Joseph Aoun, a annoncé vouloir "accélérer" la mise en œuvre du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. Le commandant en chef de l'armée libanaise a été élu président par le Parlement après une vacance de plus de deux ans à la tête de l'État qui a aggravé les crises économique et politique dans lesquelles le pays est plongé.
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00:00Olivier Ravanello, votre choix du 20h BFM, Emmanuel Macron a été au Liban aujourd'hui,
00:05c'est l'un des premiers chefs d'État à avoir rencontré le nouveau président libanais,
00:09ça faisait deux ans quand même que le pays n'avait pas de dirigeant.
00:12Tout est réuni pour que ça reste encore compliqué et pourtant,
00:16et vous allez nous dire pourquoi c'est justifié,
00:19il y a un léger vent d'espoir qui souffle sur le pays.
00:23Oui, il ne faut pas faire preuve de trop d'optimisme,
00:25mais on sent que quelque chose est en train de se passer,
00:27c'est en tout cas ce à quoi croient et ont envie de croire beaucoup de Libanais.
00:33Des petits détails, mais beaucoup de jeunes Libanais se posent la question de revenir
00:37après être partis, notamment du fait de la crise économique.
00:40L'électricité qui était jusque-là rationnée, réglementée, revient de manière plus longue.
00:46Et puis, il y a même dans la presse une annonce comme quoi la semaine prochaine,
00:50le gouvernement va demander à nouveau à la police de faire appliquer le code de la route,
00:55de sanctionner les chauffards, de mettre leur ceinture de sécurité.
00:58Tout ça, ça peut faire sourire, mais ça renvoie un seul et même signal.
01:01L'État, ce qu'il en reste, est de retour.
01:04Et beaucoup de Libanais se disent on va peut-être enfin recommencer à vivre dans un pays à peu près normal.
01:10Ce qui les rend optimistes, ces deux choses,
01:12c'est la chute du régime de Bachar el-Assad
01:14qui a desserré la main de fer que faisait peser la Syrie sur le Liban.
01:18Et la deuxième chose, c'est l'élection d'un nouveau président, il s'appelle Joseph Aoun.
01:23Ça n'a rien à voir avec la grande famille libanaise Aoun qui a rythmé la vie politique de ce pays pendant longtemps.
01:29C'est un homme qui vient de l'armée, un ancien des commandos.
01:31Il est devenu chef d'état-major, il n'avait pas du tout envie de faire de politique.
01:35Il s'est laissé convaincre par les États-Unis, la France, l'Arabie saoudite.
01:40Et au final, il arrive avec un message assez simple.
01:44L'armée qu'il incarne est peut-être le seul pilier sur lequel on peut encore s'appuyer.
01:49C'est aussi la conviction d'Emmanuel Macron, il l'a clairement dit cet après-midi.
01:53Que le monopole des armes soit dans les forces armées libanaises et nulle part ailleurs.
02:01Applaudissements
02:07Le président Aoun l'a dit avec une grande clarté dans son premier discours.
02:11Aucune concession, aucun mauvais compromis, aucune compromission.
02:15Le pays, vous venez de l'expliquer, est dans une situation très compliquée.
02:19Que peut faire ce nouveau président ? Pourquoi cette fois ce serait différent ?
02:22Il a beaucoup de choses qu'il doit faire de manière très rapide.
02:26La première chose c'est de prolonger la trêve qui est signée avec Israël et qui doit durer jusqu'au 27 janvier.
02:32La deuxième, Emmanuel Macron l'a mentionné, c'est de désarmer le Hezbollah.
02:37C'est-à-dire qu'aujourd'hui vous avez une armée et puis celle du Hezbollah.
02:40L'une et l'autre, l'armée régulière et celle du Hezbollah, ont à peu près autant d'hommes, 50 à 60 000.
02:44Rendre le monopole des armes à l'armée régulière, ça c'est un immense défi.
02:49Relever l'économie, il y a 50% des jeunes qui sont au chômage.
02:53Et puis donner un peu une perspective à ce pays.
02:55Ce qui rend les choses un peu plus envisageables, c'est que le Hezbollah,
02:59qui pesait sur la vie politique, est un peu en retrait de par la chute du régime de Bachar,
03:05de par la fragilisation de l'Iran, de par les raids israéliens qui ont éliminé son leader Hassan Nasrallah.
03:11Ça laisse un espace possible.
03:13Le Liban, et on l'a compris aussi encore aujourd'hui, attend beaucoup de la France.
03:18Pourquoi les liens sont toujours aussi forts ?
03:21Il remonte à très longtemps.
03:23Il remonte à l'époque de François 1er et de Souleymane le Magnifique,
03:26où, et c'était un choc dans la chrétienté,
03:31ces deux rois ont passé un accord qu'on a appelé les capitulations,
03:35c'est-à-dire que Souleymane le Magnifique donnait la possibilité aux Français et aux rois de France
03:40d'avoir des droits spécifiques sur cette région et dans son propre empire.
03:44On le voit ici à l'image.
03:45Exactement, vous l'avez, François 1er à gauche, Souleymane le Magnifique à droite.
03:49Ces capitulations étaient de deux ordres, d'ordre commercial,
03:52c'est-à-dire que les bateaux français avaient le privilège de pouvoir commercer avec le sultanat,
03:59ce qui a par exemple permis l'essor de la ville et du port de Marseille.
04:02Et puis la deuxième chose, c'était que François 1er devenait le protecteur des chrétiens dans la région,
04:07ce qui a permis l'installation d'écoles, la diffusion du français, une francophilie très forte
04:14et qui dure encore jusqu'à présent.