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Le coup de gueule de Roberto Cuirleo, producteur de la comédie musicale "Bernadette de Lourdes", contre le Pass Culture : "Il y a une grosse dérive. Il faut changer tout ça !" - Regardez

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Transcription
00:00On est en direct avec Roberto Cirleo qui est le producteur justement du spectacle Bernadette de Lourdes
00:04qui avait été exclu de ce pass culture.
00:07Bonjour Roberto, merci d'être en direct avec nous.
00:10Vous êtes en Italie en plus parce que ce soir c'est la première de votre spectacle, c'est ça ?
00:15Alors c'était d'hier soir une première extraordinaire donc à Rome à quelques mètres du Vatican
00:23et donc voilà nous y sommes avec cette oeuvre incroyable qui part à la conquête du monde
00:29et d'ailleurs j'en profite pour vous dire que ce sujet du pass culture qui me fait dresser les poils,
00:37c'est quelque chose qui m'exaspère,
00:39eh bien j'ai eu de nouveau affaire à ce sujet-là en Italie à Rome
00:43puisqu'il y a des collèges et des lycées français qui dépendent du ministère de l'éducation français
00:50qui voulaient donc profiter du pass culture et de l'offre à Dage
00:54et j'ai arrêté tout de suite la personne en disant ça ne fonctionnera pas
00:57puisqu'il y a 15 000 jeunes français qui n'ont pas pu voir le spectacle à cause de ce refus en France il y a quelques mois.
01:03On s'était parlé de ça je crois que c'était en novembre dernier dans ces eaux-là Roberto,
01:07rien n'a bougé depuis ? C'est-à-dire que c'est tout ? Vous êtes toujours exclu du pass culture ?
01:12Ah non mais c'est un scandale parce qu'en fait nous on s'est exprimé sur les réseaux sociaux
01:16mais vraiment nous on est pour le pass culture, en Italie il existe,
01:20c'est quelque chose de remarquable, ça fonctionne, c'était une bonne décision du président Macron
01:24mais c'est l'affectation, comment on décide d'accorder ce droit,
01:29alors nous c'est l'offre à Dage, c'est-à-dire permettre à plein de jeunes de venir voir un spectacle vivant
01:33et en fait on a fait un recours mais pas de réponse, silence radio
01:37et d'ailleurs j'ai une personne de l'académie de Versailles qui travaille à l'académie de Versailles
01:43qui m'a écrit donc je ne donnerai pas son nom mais qui m'a dit vous n'aurez jamais de réponse.
01:48En fait la réalité ce qu'il y a derrière c'est que vous avez des personnes qui vont décider,
01:54quand vous faites une demande c'est très simple, vous allez sur internet, vous demandez à être éligible
02:00et vous ne pouvez pas mettre de vidéos, de choses comme ça,
02:03donc nous on pensait que vraiment une personne allait se renseigner sur l'œuvre,
02:07surtout que nous on a eu des articles incroyables, ça va du monde,
02:10quel que soit la presse, la presse catho mais aussi la grande presse,
02:13une presse qui était plutôt loin de l'église,
02:15où on ne fait pas un spectacle catholique pour les catholiques,
02:18c'est vraiment une histoire française et en fait pas du tout,
02:21c'est-à-dire que si on ne les avait pas sollicité pour avoir un retour,
02:25on n'aurait pas eu cette fameuse lettre et là on a reçu en retour ce courrier
02:28en disant que ça posait problème quant à la laïcité,
02:31c'est-à-dire que 15 000 jeunes qui ne peuvent pas aller au spectacle, ça ne dérange personne
02:36et l'offre, vous allez sur le site, l'offre Adage vous permet d'acheter 15 000 bibles,
02:4315 000 corans, d'aller visiter n'importe quel lieu, le Louvre, la grande mosquée de Paris,
02:48tout ce que vous voulez mais vous ne pouvez pas aller voir Bernard de Lourdes.
02:51Alors quand j'ai appris qu'il y avait la même chose pour d'autres spectacles
02:54et a priori ce qui gêne c'est que ce soit apparenté au monde catholique et chrétien,
03:00là il y a un vrai souci, on ne peut pas avoir une personne qui dans son bureau
03:04peut avoir un droit de vie ou de mort sur un accès à la culture,
03:08c'est juste Zola qui a écrit le bouquin Lourdes à l'époque qui était un pamphlet
03:14mais le moindre personnage dans son bureau qui ne connaissait pas à l'époque Emile Zola
03:20aurait décidé que les gens ne puissent pas financer leur bouquin avec le pass culture,
03:27ça aurait choqué tout le monde et aujourd'hui ça ne choque personne.
03:30Roberto, où je pense que vous êtes optimiste c'est quand vous dites
03:32ça ne peut pas être une personne qui dans son bureau,
03:35je pense que ce n'est pas une personne, moi je pense que c'est une véritable politique,
03:38c'est-à-dire que ce n'est pas une personne, je pense que c'est au niveau du pass culture
03:41parce qu'autrement les choses auraient bougé, vous on vous a entendu,
03:44vous êtes venu sur CNews nous expliquer, il y a eu des articles sur le problème que ça représentait,
03:49là aujourd'hui ça recommence avec le puits du fou,
03:52donc je pense que c'est une véritable stratégie, c'est un choix vraiment d'écarter
03:56tout ce qui peut être en rapport avec la religion catholique d'une façon ou d'une autre.
04:02Alors Jean-Marc, moi au début je ne voulais pas croire à ça,
04:04c'est parce qu'en fait c'était impossible pour moi qu'en France on puisse se dire
04:10non, tout ce qui est un peu connoté, une histoire française,
04:14mais plutôt une histoire de cette gamine elle est devenue après une sainte de l'église catholique,
04:19même si nous on raconte que l'histoire de la fille, je ne voulais pas y croire.
04:22Mais quand cet été j'ai su que le pass culture était éligible pour la fête de l'Huma,
04:28là je me suis dit un truc qui tourne plus rond,
04:31c'est-à-dire qu'un gamin, c'est ce que je vous avais raconté à l'époque,
04:33regardez, là je commence à m'énerver parce que ça me rend dingue,
04:36un gamin de 15 ans qui a voulu voir Chakaplunk ou un DJ électro à la fête de l'Huma,
04:41qui va traverser les stands de l'Huma, qui est occupé par Eléphi cette année.
04:45Donc lui en revanche, il peut y aller payé par son pass culture.
04:49Je me suis dit il y a un souci, il y a un truc qui ne va pas, il faut tout changer.
04:52J'ai vu des gens se prononcer contre le pass culture.
04:56Non, il faut permettre d'accéder à la culture.
04:59Mais en fait, quand j'ai appris que 1,6% seulement des sommes du pass culture allaient au spectacle vivant,
05:06mais là, moi je dis stop, ce n'est pas possible.
05:09Et le Puy du Fou, vous savez que pour nous dans le spectacle, créateurs de spectacles,
05:12le Puy du Fou pour nous c'est une référence, ce n'est pas un parc d'attractions,
05:16c'est des ateliers de couture, on fabrique des décors,
05:19il y a des comédiens qui sont formés, qu'on retrouve après sur nos spectacles.
05:23Le Puy du Fou, c'est une fierté mondiale.
05:26Estimer que c'est un parc d'attractions, on marche sur la tête.
05:29De toute façon, il y a une grosse dérive.
05:31Il faut changer tout ça, tout en gardant un dispositif qui permet aux jeunes d'avoir un accès à la culture.
05:38Vous savez, la culture, c'est comme se nourrir.
05:41On a besoin de se nourrir de choses qui sont belles.
05:44On a besoin de ça, ça peut impacter la vie d'un gamin.
05:47Mais on ne peut pas, alors vous avez peut-être raison, maintenant je doute,
05:50une commission ne peut pas dire tout ce qui est typé un peu catholique et chrétien.
05:54De toute façon, je suis en Italie pour Bernadette Delourde.
05:57Je peux vous dire que ça me donne envie.
05:59Moi, je me dis qu'à un moment, je vais m'installer ici
06:01parce qu'il n'y a pas toutes ces bêtises que l'on peut entendre, ces dérives.
06:04Il faut qu'on vive avec notre histoire.
06:06Il faut la mettre en valeur.
06:07Ce sont nos racines.
06:09Moi, je ne suis pas à droite.
06:11Par exemple, j'étais plutôt à gauche.
06:13Mais là, je commence, comme tous les Français, à en avoir marre qu'on nous tape dessus tout le temps.
06:18Donc, racontons nos belles histoires.
06:21Souvenons-nous d'où on vient.
06:22Permettons à tous les jeunes, parce que la réalité, c'est que Bernadette Delourde, à Paris,
06:27la première séance, c'était pour 4200 jeunes
06:30qui étaient dans des écoles catholiques,
06:33mais dans les quartiers et les villes difficiles de la région Île-de-France.
06:38Donc, comme dans les écoles catholiques, il y a aussi,
06:41c'est souvent, d'ailleurs, on veut souvent se taper les écoles catho,
06:45mais la réalité des écoles catho, c'est qu'elles accueillent tous les gamins de toutes les religions.
06:49Et moi, je me souviendrai toujours de cette première représentation au Dôme de Paris,
06:53avec ces jeunes qui étaient sans doute d'une religion, qui ont adoré cette histoire.
06:57Et donc, parce qu'on vient de là, c'est-à-dire que c'était une histoire du XIXe siècle en ce qui nous concerne.
07:03Le Puy-du-Fou, c'est une célébration de nos racines, de ce que l'on est.
07:07Si on sait d'où on vient, pour un jeune, c'est tellement important,
07:10on peut décider d'où on va, où on va aller.
07:13Mais si on ne sait pas d'où on vient, comment voulez-vous construire l'avenir sans ça ?
07:17Donc, il faut que le passe-culture, je pourrais parler deux heures,
07:20vous devez m'arrêter parce que je tourne en boucle.
07:22J'allais le faire, Roberto, mais c'est intéressant parce que c'est aussi une partie de notre histoire.
07:29Et puis, c'est des valeurs également qui sont véhiculées, c'est là où c'est intéressant.
07:32On passe notre temps sur ces plateaux à dire qu'on a perdu les valeurs,
07:35on a perdu tous les points de repère aujourd'hui,
07:36et c'est pour ça qu'il y a cette violence, c'est pour ça qu'il y a ce manque de respect.
07:40Et que ce soit le Puy-du-Fou, que ce soit un spectacle comme celui-là,
07:42c'est des valeurs, c'est nos racines.
07:45Et on le sait bien, si on n'a pas de racines, on tombe,
07:47et je crois qu'on est parfois, hélas, en train de tomber.
07:50– Je pense que pour terminer, alors interdisons le passe-culture aussi.
07:55Pour le Louvre, les deux tiers des œuvres du Louvre sont d'origine judéo-chrétienne.
08:02On interdit le Louvre, allez-y, on va pleurer au Louvre.
08:05– Merci Roberto, merci beaucoup, bon courage avec votre spectacle,
08:08et puis revenez en France, restez pas en Italie quand même.

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