• il y a 15 heures
Transcription
00:002024 a été une année noire du point de vue des droits humains, en premier lieu à cause de la montée au pouvoir de parties d'extrême droite en Flandre à la suite des élections communales ?
00:09Oui, l'année 2024 a été le symbole de la montée de l'extrême droite, non seulement en Europe, mais également en Belgique, avec au nord du pays la montée du Lamsblang,
00:20mais au sud du pays aussi la percolation de discours et des idées de l'extrême droite.
00:24Nous avons constaté une montée des discours de haine et des discours anti-droits humains qui se traduisent par des atteintes au code éthique qui est adjoint à la charte de la démocratie,
00:34donc l'outil du cordon sanitaire qui a été signé par l'ensemble des partis traditionnels.
00:39Mais on a également des préoccupations par rapport à la loi sur le financement des partis politiques, qui devrait peut-être être appliquée un peu plus strictement,
00:48et par rapport aux autres atteintes à la Convention européenne des droits de l'homme, qui organisent la possibilité d'avoir des contre-pouvoirs forts, ce qui est absolument nécessaire dans une démocratie libérale.
00:57Il ne s'agit pas uniquement des idées d'extrême droite, mais également de toute une percolation de discours plus extrémistes, c'est-à-dire qui remettent en cause le cœur des droits humains.
01:07Par exemple, dès qu'il est question de porter atteinte à l'indépendance des journalistes, ou lorsqu'il est question de porter atteinte à l'indépendance du pouvoir judiciaire,
01:16par exemple en n'exécutant pas toute une série de décisions de justice, on se met en porte-à-faux avec la clé de voûte des démocraties libérales, à savoir le respect de l'État de droit et des droits humains.
01:252024, ça a aussi été une année où la liberté de la presse d'exercer librement a été mise à mal par plusieurs partis politiques et même par des ministres.
01:34Oui, alors à cet égard, il y a eu plusieurs jugements qui ont inquiété la Ligue des droits humains et qui ont visé à faire une censure préventive, ce qui est interdit par la Constitution.
01:45Alors, heureusement, certains dossiers se sont bien terminés, mais ouvrent quand même des brèches et démontrent aussi une volonté de pratiquer des procédures bâillons à l'encontre de la presse.
01:54Et par ailleurs, il y a aussi des dispositions dans le Code pénal que nous attaquons actuellement devant la Cour constitutionnelle,
02:00mais qui mettent en danger l'indépendance des journalistes et la possibilité pour eux de faire du journalisme d'investigation.
02:06Ce qui est préoccupant ici, c'est la récurrence dans un court laps de temps et qui fait que l'action combinée des actions bâillons
02:15de l'introduction dans le Code pénal de certaines infractions plus de déclarations inquiétantes qui ont suscité des interpellations du Conseil de l'Europe
02:25sur l'indépendance des médias nous inquiètent parce que ça vient de manière très rapide dans un laps de temps très court.
02:33Quelque chose de plus récurrent que vous avez aussi relevé, c'est une répression parfois complètement disproportionnée de certaines manifestations.
02:41Oui, l'année 2024 a été vraiment marquée par la coalition sur le droit de protester, donc sur le droit de manifester,
02:49puisqu'il y a eu toute une série d'atteintes ou de tentatives d'atteintes avec des circulaires d'interdiction préventive de manifester,
02:55avec le projet de faire une peine d'interdiction de manifester, avec des manifestations qui ont été encadrées trop strictement
03:05ou qui ont été empêchées alors que le principe c'est le droit de manifester.
03:10Et toute cette série-là nous inquiète parce que sans les libertés politiques, notamment le droit de manifester, il n'y a pas non plus de démocratie libérale.
03:18Ce qui est certain, c'est qu'il y a eu des positions inquiétantes qui ont transparu lors des négociations par rapport à certains droits fondamentaux.
03:26Je renvoie à cet égard à la note de Yves Martens dans notre dernier rapport et qui s'inquiète d'un possible Far West organisé par l'Arizona,
03:35notamment sur la question des allocations de chômage qui pourraient précariser des milliers de femmes de manière significative.

Recommandations