• il y a 21 heures
C'est mon boulot - 14 01 2025 - Médecin-légiste

Category

🗞
News
Transcription
00:00Ici Touraine, chaque matin on découvre des métiers insolites, parfois pratiqués par
00:05des Tourangeaux et des Tourangels.
00:06Avec vous Emilie Mendoza, bonjour Emilie, c'est mon boulot, vous recevez ce matin et
00:11forcément ça peut faire un petit peu peur comme ça, une médecin légiste.
00:15Il s'agit de Pauline Saint-Martin, docteur et chef de l'Institut Médico-Légal au CHU
00:20de Tours et présidente de la Société Française de Médecine Légale.
00:23Docteur Saint-Martin, bonjour, médecin légiste, Nicolas dit ça peut faire un petit peu peur
00:28parce que c'est vrai que nous on voit les séries télé où le médecin légiste c'est
00:32celui ou celle qui fait l'autopsie, c'est ça la réalité de votre métier, votre quotidien ?
00:36Ah oui, c'est ça la réalité du métier de médecin légiste en France, c'est de faire
00:41des autopsies comme pour nos collègues américains, mais ça n'est pas la seule de nos activités
00:47puisque on est essentiellement dans un service de consultation qui s'appelle les unités
00:52médico-judiciaires à examiner des victimes vivantes et ce sont les mêmes médecins qui
00:57font les deux activités et les autopsies et les examens de victimes.
01:01Et vous voyez plus de vivants que de morts alors ?
01:04Oui, on voit plus de vivants que de morts.
01:06Vous ne faites jamais d'ordonnances en fait ?
01:07On fait des ordonnances, alors si, il y a quelques lieux communs sur ce métier qui
01:13pourraient...
01:14C'est vrai ?
01:15Oui, tout à fait, mais ce n'est pas notre cœur de métier de prescrire, on ne fait pas
01:18de soins mais ça peut arriver, mais on fait à peu près pour répondre à votre question
01:2290% de notre activité quotidienne c'est d'examiner des victimes, de jour comme de
01:28nuit, il y a une astreinte de médecine légale et 10% c'est de faire des autopsies, pour
01:34autant c'est quand même une activité très importante que je ne veux pas banaliser ou
01:40sous-évaluer.
01:41Des victimes vivantes ?
01:42Des victimes vivantes, 90%.
01:44Et dans les deux cas, victimes ou mortes, votre travail est super important par rapport
01:51à ce qui va se passer après du côté de la police et de la justice, il y a un poids
01:55de la responsabilité sur vos épaules.
01:57Alors, est-ce que c'est super important ? J'aime me le dire quand même, on aime se le dire.
02:01On intervient à la demande de policiers, de gendarmes et de magistrats dans le cadre
02:06de procédures judiciaires pour faire des constats, c'est-à-dire qu'on va examiner
02:10des personnes vivantes ou des défunts et on va faire des constats, des répercussions
02:15de violences éventuelles que ces personnes auraient subies, soit de leur vivant, soit
02:20avant de décéder.
02:21On va faire des constats sur leur corps, sur leur esprit de ces répercussions de violences
02:26et on va après faire une interprétation de ce qu'on constate pour dire si c'est possible
02:33qu'il soit survenu des violences.
02:35La part des violences conjugales est relativement importante dans votre travail ?
02:38Des violences intrafamiliales, on va dire, très importantes, aussi bien au niveau des
02:42autopsies, je veux dire, la part de décès secondaire à des violences n'est pas négligeable,
02:49mais aux unités médico-judiciaires, c'est vraiment, oui, plus de la moitié de nos consultations
02:53annuelles.
02:54On fait à peu près 4000 consultations annuelles et une très grande part, c'est des violences
02:59intrafamiliales, sont atteints surtout les femmes, mais il y a aussi des hommes victimes
03:04de violences conjugales et les enfants.
03:06Et être témoin finalement de toute cette violence qu'il y a dans la société, ce n'est
03:11pas pesant, à titre personnel, au bout d'un moment ?
03:15Alors, si, si, ça fait partie des difficultés de ce métier que je souligne toujours, pour
03:21pas donner l'impression que c'est un métier facile, parce que parfois, évidemment par
03:25les œuvres de fiction, mais j'ai certains collègues aussi qui donnent l'impression,
03:30parfois en racontant des anecdotes, en écrivant des livres, que tout est facile, et ça fait
03:35partie du métier d'avoir parfois, d'intervenir dans des dossiers qui sont un peu hors du
03:41réel.
03:42Mais la réalité du métier, c'est que c'est difficile de ce qu'on apprend des relations
03:48des gens les uns avec les autres.
03:50Et qu'est-ce qui fait que ça vous passionne encore, malgré ces difficultés ?
03:53Alors, ce qui est passionnant, c'est l'imputabilité.
03:56L'imputabilité, c'est la recherche du détail, je l'ai dit, sur le corps ou sur l'esprit,
04:02qui va permettre de déterminer qu'une personne a subi des violences et d'apporter une preuve
04:08judiciaire.
04:09Et chez Sherlock Holmes, finalement, recherche de l'indice, de l'information ?
04:13Je veux qu'on sache que le médecin légiste est toujours à une juste place, c'est-à-dire
04:18que ce n'est pas nous qui allons faire résoudre l'enquête, nous on n'est pas Sherlock Holmes,
04:23ça c'est les enquêteurs.
04:24Mais on apporte une pierre à l'édifice, et dans les situations de violence, souvent
04:29c'est le corps qui parle, et donc examiner le corps et interpréter, avoir un œil médical,
04:35avec des connaissances scientifiques, ça va permettre de dire, oui, ce que je vois là,
04:39ce trouble du sommeil, ce psychotraumatisme, ou cette équimeuse, ça c'est dû à des violences.
04:45Voilà.
04:46Écoutez, ça a l'air passionnant.
04:47En tout cas, merci beaucoup Docteur Saint-Martin d'être venu nous partager votre passion du
04:50métier de médecin légiste.
04:51Merci beaucoup.

Recommandations