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00:00D'abord, l'édito international d'Europe 1, bonjour Vincent Hervouët.
00:02Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04Ce ne sera pas très marrant mais très intelligent, à coup sûr, on va retourner au Liban ce matin, Vincent.
00:09La semaine dernière, un nouveau président a été élu au Liban, Joseph Aoun.
00:13Hier, c'est un nouveau Premier ministre qui a été désigné par les députés.
00:17Est-ce que le Liban est en train de se relever ?
00:18Les Libanais y croient et peut-être qu'ils ont raison.
00:22Alors on va reprendre, ça fait deux ans qu'il n'y avait plus de président et plus de majorité pour nommer un Premier ministre.
00:27Le gouvernement sortant expédiait les affaires courantes, imaginez.
00:31Plus personne à l'Elysée, des fantômes à Matignon et le bal des impuissants au palais Bourbon.
00:36Tout ça pendant des années.
00:38Ça c'est l'avantage de voyager, à côté on se dit qu'on a de la chance.
00:41Cette vacance du pouvoir, ces institutions à l'abandon, ça convenait très bien à la seule véritable force au Liban.
00:48La seule armée combattante, le seul leader incontesté, je parle du Hezbollah et de son chef Hassan Nasrallah
00:55qui gouvernaient en sous-main et en sous-sol.
00:57Tout a changé depuis qu'Israël a désaussé la milice chiite et enterré son chef et ses lieutenants.
01:03Qu'est-ce qui a changé, Vincent ?
01:05Par exemple, le très corrompu et inamovible Nabi Berri qui préside le Parlement depuis plus de 30 ans
01:11et c'est pas rien dans un régime parlementaire.
01:13Nabi Berri organisait de temps en temps une élection présidentielle.
01:17Aucun candidat n'obtenait la majorité des deux tiers au premier tour.
01:22Et pour cause, le Hezbollah mettait son veto et au second tour, il aurait suffi de la majorité relative
01:27mais Nabi Berri n'organisait jamais de second tour.
01:30La semaine dernière, le chef de l'armée libanaise a été hissé à la présidence
01:35parce que le Hezbollah n'avait plus les moyens de l'empêcher.
01:38Les Américains, les Français, les Séoudiens ont fait une pression maximum.
01:42Les bailleurs de fonds ont besoin d'interlocuteurs, d'un minimum de stabilité.
01:46Nabi Berri a cédé et c'est ainsi que le général Joseph Aoun, rien à voir avec Michel Aoun,
01:52a été élu par les députés.
01:54Un colosse qui passe pour intègre, qui a juré de respecter la trêve avec Israël,
01:59qui exige que l'armée ait le monopole des armes.
02:02Tout ça est bon signe.
02:03Et surtout, il a réussi en quatre jours seulement à faire élire un premier ministre et pas n'importe qui.
02:09Alors il s'appelle Nawaf Salam, c'est un ancien ambassadeur.
02:12Il arrive tout juste de La Haye où il présidait la cour internationale de justice.
02:16Il n'a pas encore débarqué, il arrive ce matin.
02:18A priori, c'est positif que le juge se soit tenu à l'écart du marigot politicien.
02:23Il échappe au discrédit.
02:25C'est d'ailleurs assez révélateur que la classe politique aille chercher à l'étranger le chef du gouvernement
02:30après avoir choisi pour la quatrième fois le chef de l'armée comme président.
02:34Tant mieux aussi que Nawaf Salam soit attaché à la justice et au respect des institutions.
02:39Ce n'est pas un luxe dans un pays où les magistrats n'ont toujours pas trouvé
02:43à qui la faute si le port de Beyrouth a sauté,
02:45qui a pillé les banques et réduit à la misère les classes moyennes,
02:49qui a ordonné l'assassinat de Rafi Kariri.
02:52Mais il y a plus important, c'est que toute la classe politique a voté pour lui.
02:56Seuls les députés du Hezbollah se sont abstenus.
02:59Le journal du parti a dénoncé un coup d'État complet des États-Unis.
03:04Ce n'est pas entièrement faux, le Liban revient dans l'orbite occidentale.
03:08Et l'élection est une nouvelle défaite surprise des pros iraniens
03:12après les beepers, les talkie-walkies, l'élimination de son guide
03:15et la chute de Bachar el-Assad.
03:17Au Liban, l'espoir a souvent été déçu,
03:20mais c'est la première bonne nouvelle depuis des années.
03:23Ainsi va le monde.
03:24Signature européen.
03:25Vincent Hervouët.
03:26Merci Vincent.