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00:00Huit heures moins le quart, l'heure d'accueillir l'invité, Yann Lastenet, qui n'est autre que le directeur de l'Agence Régionale de Santé en Sarthe.
00:08Bonjour Stéphane Domingo.
00:09Bonjour.
00:10Vous avez souhaité réagir au propos du collectif de défense de l'EHPAD de Ténis, invité mardi sur notre antenne.
00:17On va vous entendre, mais d'abord peut-être une réaction quand même à la tension qui s'opère en ce moment sur les urgences de l'hôpital du Mans à cause de la grippe.
00:25Est-ce habituelle ou est-ce une tension encore plus forte cette année ?
00:29C'est une tension un petit peu plus forte puisque l'épidémie de grippe est vraiment très importante, virulente aujourd'hui.
00:35Elle amène beaucoup de personnes à se déplacer auprès des services d'urgence.
00:39La médecine de vie, les médecins généralistes sont aussi un peu dépassés par les besoins et la demande.
00:43Donc c'est normal qu'on ait une tension forte qui se reporte sur les urgences, elle-même déjà en tension en temps normal.
00:49Dans un communiqué, l'hôpital du Mans reconnaît que les délais d'attente aux urgences s'allongent en ce moment.
00:5412 heures avant de voir un médecin urgentiste, plus de 24 heures parfois sur un brancard avant d'être hospitalisé.
01:01Est-ce que vous considérez que c'est une situation normale ?
01:04Ce n'est pas une situation normale, c'est très clair.
01:07C'est une dégradation de la qualité d'accueil et de prise en charge des patients aux urgences.
01:11Toutes les urgences de France, le personnel fait le maximum pour accueillir dans les meilleures conditions,
01:16prendre en charge les personnes qui en ont besoin, mais il y a une concentration des besoins auprès des urgences du Mans
01:21qui reste le seul service d'urgence du département ouvert H24,
01:25et donc qui accueille aussi toutes les demandes qui s'expriment du territoire.
01:29D'où l'importance de passer par le 15 et le 177 avant de se rendre aux urgences.
01:35Revenons donc sur le dossier de l'EPAD de Teni.
01:39Pouvez-vous d'abord nous confirmer sa fermeture ?
01:42En effet, le retrait des autorisations sera effectif fin juin et ça avait été annoncé en octobre au sein de l'établissement.
01:49Pourquoi le fermer plutôt que le rénover ?
01:53En fait, il y a deux sujets différents.
01:55Un, il y a la mise en sécurité des biens, constaté par la sous-commission de sécurité
02:00qui indique que l'établissement ne peut plus continuer à travailler et à accueillir des résidents et des personnels dans ce cadre-là.
02:06Donc c'est tous les sous-bassements qu'il faut refaire, ça représente plusieurs millions d'euros.
02:10Et il y a le deuxième sujet, toutes les parties supérieures qui sont aussi dégradées
02:14avec des mouvements de terrain et des fissures qui apparaissent.
02:16Et donc une nécessité de reconstruire l'établissement.
02:19L'établissement n'a pas les moyens financiers de reconstruire.
02:21Donc ça ne vaut pas le coup.
02:23Un collectif de défense de l'EPAD de Teni s'est monté, comprenant des résidents, des familles aussi.
02:29Il reproche notamment à l'ARS, au conseil départemental, de ne pas avoir fait les travaux nécessaires plus tôt.
02:35Que leur répondez-vous ?
02:37L'établissement est un établissement public autonome qui a une gouvernance propre avec un conseiller d'administration.
02:44Je ne refais pas l'histoire et le passé qui appartient à ceux qui étaient là à ce moment-là.
02:49La direction, les membres du conseil d'administration qui pouvaient prendre des décisions
02:53de reconstruire, de moderniser en tout cas l'établissement.
02:56Aujourd'hui ce qui compte c'est l'avenir, le présent.
02:58Comment est-ce qu'on accompagne les personnels et les résidents ?
03:01Justement, une soixantaine de résidents dans la maison de retraite
03:05plus une vingtaine dans les foyers de logement, ce qu'on appelle les foyers de logement.
03:09Que vont-ils devenir ?
03:11Ils sont accompagnés actuellement pour trouver un autre établissement d'accueil
03:14tant côté résidence, autonomie, exploits et logements que EHPAD.
03:18À ce jour, à date, on a 50%, la moitié des résidents ou locataires de l'établissement
03:24qui ont déjà déménagé vers un autre établissement d'accueil.
03:27Mais ça veut dire que vous trouvez des places, on va dire, dans un rayon raisonnable
03:31si c'est le choix des familles, évidemment.
03:33Il y a de la place dans les autres EHPAD du secteur ?
03:36Il y a des places qui se libèrent.
03:38La moitié des résidents sont déjà partis.
03:40En proximité, on tient compte des choix exprimés par la famille, le résident.
03:44Et ensuite, on fait se rencontrer l'offre qui nous est portée à connaissance
03:48par les autres établissements.
03:49C'est principalement dans le département que les résidents ont pu déménager.
03:53On a quelques situations.
03:54Ils ont déménagé dans le nord, sur l'île, sur Alençon et dans deux EHPAD de la Mayenne.
04:00Quid des salariés de l'EHPAD ? Une soixantaine là aussi ?
04:03Les salariés sont également accompagnés pour leur permettre de trouver un employeur.
04:07Il y en a déjà, sur les 62 salariés de l'établissement, 15 situations
04:12qui ont permis de trouver un employeur à ces salariés-là.
04:15Dans le journal de 7h10, nous avons diffusé le témoignage de Brigitte,
04:19dont les deux parents se trouvent à l'EHPAD de Teni.
04:22Elle est désemparée, elle est même en colère, dit-elle,
04:24parce qu'elle ne sait pas où ses parents vont aller.
04:27Elle dit aussi que sa maman, depuis l'annonce de la fermeture de l'EHPAD,
04:30pleure tous les jours.
04:32Est-ce que vous comprenez cette détresse ?
04:34Absolument, et elle touche à la fois les résidents et les personnels,
04:38qui ne sont pas du tout contents ni garants de la décision qui a été prise.
04:43Ça ne leur appartient pas, c'est des éléments qui leur échappent,
04:46mais qui nous appartiennent, nous, en tant qu'autorité de tutelle,
04:48avoir pris cette décision de mise en sécurité des biens des personnes.
04:50Décision jugée inhumaine par certains résidents et leurs familles.
04:54Ce qui serait humain, inhumain, ce serait de laisser, dans les mêmes conditions,
04:58les résidents et les personnels dans des bâtis dégradés,
05:01impropres à l'activité qui est celle d'un établissement EHPAD.
05:05Gaël Le Bastard, qui était l'invité mardi de France Blumen,
05:09qui est référent du collectif de défense de l'EHPAD,
05:12parle aussi de situations dramatiques de résidents, de personnes âgées,
05:16qui décèdent, qui se laissent aller, qui se laissent glisser,
05:20comme on dit, depuis cette annonce.
05:22Est-ce que vous le confirmez ou pas ?
05:24Effectivement, le phénomène de glissement est bien connu.
05:27Ça vaut pour une personne qui quitte son appartement, sa maison,
05:31qui rentre en EHPAD, et certains résidents de l'EHPAD
05:35qui arrivent dans ces conditions-là, peuvent décéder dans la semaine
05:38de leur arrivée à l'établissement.
05:40Par contre, ce qui est assez inexact, c'était de dire que 1 sur 2,
05:44un résident sur 2 transféré, déménagé, allait décéder.
05:47C'est quand même très excessif et très faux.
05:50Et ce climat d'angoisse qui est généré et porté par des acteurs,
05:54en dehors de l'EHPAD, a évidemment des conséquences anxiogènes
05:58pour les résidents et les personnels.
06:00Ce dont j'aimerais bien que cela s'arrête,
06:03pour éviter d'ajouter de l'angoisse,
06:05là où il n'y a pas besoin d'ajouter de l'angoisse
06:07sur des situations compliquées, vous l'aviez dit,
06:09de résidents, de familles qui ont du mal à se projeter,
06:11de salariés qui ont du mal à se projeter.
06:13Et l'Agence et le Département ont mis tous les moyens
06:16pour accompagner résidents et personnels.
06:18Merci beaucoup Stéphane Domingo,
06:20directeur de l'Agence régionale de santé en Sartre,
06:23et à certains invités d'Issymen ce matin.