Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 7 janvier 2025 : le danseur et comédien Michael O'Reilly. Il joue le rôle de Johnny Castle dans la comédie musicale "Dirty Dancing", au Dôme de Paris jusqu'au 26 janvier 2025.
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00:00Bonjour Michael O'Reilly.
00:01Bonjour, ça va ?
00:03Moi ça va, vous ?
00:04Ça va bien, merci.
00:05Vous êtes un ancien rugbyman converti en danseur depuis vos 17 ans,
00:09âge au cours duquel vous êtes tombé amoureux d'une danseuse.
00:12Vous avez donc décidé de vous former à la comédie musicale
00:16et en sortant de votre école de formation,
00:18vous avez été directement embauché dans la comédie Dirty Dancing,
00:22sans avoir vu le film original d'ailleurs.
00:24Vous êtes donc Patrick Swayze, le Johnny Castle de ce film devenu culte
00:29qui donne des papillons dans le ventre,
00:31qui nous invite à nous sentir belles et beaux à l'intérieur.
00:35Car oui, c'est un film de midi net, c'est vrai, pour beaucoup.
00:38Et alors, j'ai envie de dire.
00:40Sur scène en ce moment au Dôme de Paris jusqu'au 26 janvier prochain,
00:43Michael, vous êtes le beau gosse, presque le sosie de Patrick Swayze.
00:48Votre physique suscite la jalousie chez les hommes
00:51et la fascination, voire des crises d'hystérie chez les femmes.
00:55Et votre voix, rehaussée de ce petit accent anglais,
00:58quand vous dites « on ne laisse pas bébé dans un coin »,
01:01finit de conquérir le cœur des femmes mariées ou célibataires.
01:06Michael, ce rôle a-t-il finalement changé votre vie ?
01:12Oh, wow, Dirty Dancing.
01:14Le film de l'histoire de Dirty Dancing, c'est trop cool.
01:21Pour moi, c'est un grand truc dans ma vie.
01:28C'est vrai, Dirty Dancing a complètement changé ma vie.
01:34On parle de la famille dans ce film, Michael.
01:39Et c'est vrai que ça nous pousse à replonger dans notre enfance,
01:44de savoir si on est bien né ou mal né, entre guillemets, dans la bonne famille ou pas.
01:49Là, on raconte l'histoire de ce danseur qui, lui, n'a pas eu forcément des parents aimants
01:54qui l'ont poussé, qui l'ont aidé.
01:56Bien au contraire.
01:57Et puis, il y a cette jeune fille qui est d'une autre catégorie sociale,
02:01qui, elle, est une fille de bourgeois.
02:04C'est ça aussi le sens de Dirty Dancing.
02:07C'est de raconter des classes sociales et que le rêve est possible, qu'on peut y arriver.
02:16Donc, Dirty Dancing, c'est vrai que c'est une histoire d'amour.
02:25Mais aussi, vous avez du racisme.
02:33Cet endroit, c'est la première fois que les Noirs et les Blancs ont pu danser dans la même pièce.
02:41C'est important.
02:43Aujourd'hui encore, bien sûr.
02:45Il y a bien sûr des problèmes sociaux entre un jeune pauvre et une famille de riches.
02:52Ils vivent des vies vraiment très différentes.
02:55Et puis, vous avez aussi l'avortement avec Penny, qui est toujours un sujet de conversation aujourd'hui.
03:01C'est les mêmes choses.
03:03C'est l'histoire qui se répète.
03:06Et pour moi, vraiment, on peut se sentir impliqué complètement dans toute cette histoire.
03:12Vous-même, vous avez un peu de cette histoire de Dirty Dancing dans votre vie.
03:16Maman infirmière, papa mécanicien automobile.
03:20Vous avez dû forcer le passage, entre guillemets.
03:23C'est vrai que vous aviez votre carrière qui était quasiment dessinée de rugbyman.
03:27Vous étiez semi-pro, 1m90.
03:30Je vais le rappeler.
03:31A l'époque, vous faisiez 104 kg que de muscles.
03:33Il n'a pas forcément bien pris votre père quand vous lui avez annoncé que vous vouliez faire de la danse.
03:38Mais vous avez compris que c'était ce que vous vouliez faire.
03:41C'était votre voie.
03:44Oui.
03:45J'ai pensé que si je veux, je peux jouer au rugby professionnel.
03:53Bien sûr.
03:55Mais la danse, c'est difficile.
03:58C'est trop dur.
04:00Je ne sais pas.
04:02C'est un grand challenge.
04:04D'accord, on y va.
04:06C'est cool.
04:08Je veux que l'histoire de ma vie fasse quelque chose de difficile.
04:15Quelque chose de cool.
04:18Mon père et ma mère sont normales.
04:27C'est normal qu'ils ne comprennent pas.
04:31J'ai dit, d'accord, je le ferai moi-même.
04:38Je me souviens la première fois que ma mère et mon père sont venus voir le spectacle.
04:51C'était incroyable.
04:53Pas parce qu'ils m'ont vu faire le spectacle, mais parce qu'après le spectacle, j'ai pensé qu'ils ont compris.
05:06Finalement, ils avaient compris ce que je voulais.
05:10Et maintenant, je peux donner à mes parents très normales un petit aperçu d'une vie complètement magique et anormale.
05:27Et ça, c'est vraiment très cool.
05:29Dernièrement, mon père vient à Paris pour voir le spectacle.
05:39Il pense que c'est incroyable.
05:42Mais c'est cool pour moi de l'amener et de lui montrer Paris.
05:49Dirty Dancing est un cadeau pour moi.
05:53Il y a un moment donné où c'est très intime d'ailleurs sur scène, puisque vous êtes au lit avec elle.
05:57Vous sortez du lit, c'est impressionnant.
05:59Il n'y a pas de trucage, on est d'accord ? Il n'y a jamais de trucage sur la scène ?
06:02C'est une vraie question.
06:04Pas de trucs, pas de trucs physiques.
06:07C'est difficile d'offrir cette intimité, même si c'est du jeu.
06:14Pendant le spectacle, il n'y a pas de protection.
06:23C'est l'histoire.
06:26J'ai essayé de tomber amoureux avec bébé.
06:33Avec tout mon cœur.
06:42Mais après le spectacle, on enlève ses habits, les costumes, les micros.
06:51Et cette personne, ce n'est plus bébé.
06:54C'est Justine.
06:56Elle est mon bon amie, mon partenaire.
07:01En anglais, on dit mon partenaire dans le crime.
07:06On est une équipe.
07:09On crée ces limites professionnelles.
07:12Je veux toujours qu'elle ne se sente pas en danger, protégée.
07:16Quand on tombe sur scène, on peut être dangereux.
07:20On peut tomber amoureux.
07:23On sait que quand les rideaux tombent, on peut redevenir de très bons amis.
07:30C'est important parce que si les limites ne sont pas claires en dehors du plateau,
07:36après vous ne pouvez pas vous investir de la même manière sur le plateau.
07:40Est-ce que ça a été difficile, Michael, de passer de rugbyman à danseur ?
07:44Parce que ce n'est pas simple d'onduler son corps, de bouger.
07:47Vous le faites très bien d'ailleurs.
07:50Ce n'est pas simple d'être souple.
07:52On peut avoir cette souplesse, mais avoir cette espèce de sensualité,
07:56d'épouser le mouvement aussi, de vivre avec la rythmique.
08:06Ça a été un voyage compliqué pour moi depuis le début, pour être honnête.
08:12J'ai eu la force, j'avais la volonté, la discipline, mais je n'avais pas la souplesse.
08:25Je n'avais pas la sensibilité, j'étais la sensibilité.
08:30Et puis le côté artistique.
08:34Ça, c'est des compétences pour lesquelles il faut s'entraîner autant que le reste.
08:44Je lis le portrait de Français.
08:51J'écris.
08:58Je travaille ces muscles créatifs.
09:00Vraiment, je les entraîne.
09:02J'ai un copy de Prévert dans ma loge au théâtre.
09:09Un livre de Jacques Prévert dans ma loge au théâtre.
09:11Chaque jour, j'ai lu une page, deux pages.
09:15Juste pour aider mon français, mais aussi dans le mode artistique.
09:23Ce n'est pas seulement des pas, des mots, des mots.
09:29Ça se ressent.
09:31C'est comme un cœur qui va.
09:36C'est un sentiment, c'est plus gros que ça.
09:40Je ne peux pas expliquer.
09:44C'est l'énergie, ça se ressent.
09:50C'est l'émotion.