• il y a 22 heures

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00:00Toujours entouré de Jean-Michel Salvatore et de Gilles Boutin, Jean-Michel est aujourd'hui
00:11communicant, chroniqueur politique, mais il a été journaliste pendant très très longtemps.
00:17Vous étiez à Europe 1 dès 1981, me disiez-vous, à une époque où Jean-Marie Le Pen, alors
00:25Jean-Pierre Elkabbach me disait, et Catherine Ney, qu'on craignait Georges Marchais, on craignait
00:33Georges Marchais parce qu'il arrivait, Jean-Pierre me disait, il arrivait avec un cahier A4 et il
00:39lisait, il lisait toute la page et il tournait la page et c'est là qu'on lui posait une question,
00:44et là il devenait fou, il devenait complètement dingue. Quelle image avaient les journalistes de
00:50Jean-Marie Le Pen ? Jean-Marie Le Pen, si vous voulez, il a mis du temps à être
00:55interrogé comme un homme politique, comme les autres, par les médias. Au début, si vous voulez,
01:02moi quand j'ai commencé en 81, 82, jusqu'à l'élection de Dreux en fait, la fameuse partielle
01:08de Dreux, où le Front National avait remporté, je ne sais plus quel score, mais un score qui
01:13commençait à être un petit peu important. C'est les municipales de 83 ? Oui, il y avait
01:18dans le débat public un grand sujet, faut-il interroger Jean-Marie Le Pen ? Et il y avait un
01:27système qui ostracisait Jean-Marie Le Pen parce qu'on considérait qu'il ne faisait pas partie de
01:33ce qu'on appelle aujourd'hui l'arc républicain, et donc il ne fallait pas l'interroger. Et c'est
01:39là où il y a eu énormément de débats. On sait très bien que François Mitterrand, pour des raisons
01:43politiques, poussait évidemment à ce que Jean-Marie Le Pen prenne un peu plus de la lumière dans les
01:51médias qui dépendaient directement ou indirectement de l'État. Et finalement, moi ce que j'ai vécu,
01:58c'est cette ouverture progressive des médias à Jean-Marie Le Pen. Il y a eu l'heure de vérité ?
02:05Alors l'heure de vérité, c'était une véritable bataille parce que finalement il y avait des
02:12journalistes qui voulaient l'interroger et des journalistes qui refusaient obstinément de
02:17l'interroger. Et donc là il y avait une vraie fracture. L'heure de vérité était présentée
02:22par François-Henri de Virieux qui lui avait pris la décision de l'inviter. Et puis il y avait des
02:27interviewers qui se succédaient tous les quarts d'heure. Il y avait Albert Duroy qui lui avait
02:32choisi une posture très morale. Albert Duroy était un journaliste qui avait d'ailleurs fait ses armes
02:37à Europe 1, qui est un journaliste classé à gauche, et qui lui s'était dit moi je vais vraiment
02:42lui poser les questions telles qu'elles sont, je serai absolument intraitable et je finirai par
02:46le coincer. Évidemment que Jean-Marie Le Pen avait un talent absolument fou. Il s'était préparé,
02:52on imagine, c'était sa première télé. Et c'était sa première télé, mais malgré tout il avait un
02:57charisme fou, il avait une capacité de persuasion extraordinaire et finalement Jean-Marie Le Pen
03:04ratatinait tous les interviewers qui avaient décidé de lui faire la peau. Parce qu'évidemment les
03:09intervieweurs se disaient moi je vais le mettre en face de ces contradictions et se retrouvaient à
03:12chaque fois avec un Jean-Marie Le Pen qui jouait la victime et qui était finalement extrêmement fort.
03:17Et donc on a vécu pendant des années, pendant des mois, je dirais 83, 84, 85, 86 jusqu'au moment où il arrive à l'Assemblée Nationale grâce à la proportionnelle.
03:29Avec une trentaine de députés, on a vécu au rythme de ces débats dans toutes les rédactions. Est-ce qu'il
03:34faut interroger Le Pen ou est-ce qu'il ne faut pas l'interroger ? Et si on l'interroge, est-ce
03:37qu'on l'interroge comme tout le monde ou est-ce qu'on l'interroge d'une façon...
03:40Comme un animal étrange.
03:41Exactement. Et donc voilà, on a vécu ça et à partir de 86, à partir du moment où il est
03:47arrivé à l'Assemblée avec une trentaine de députés, là il y a un début de normalisation mais qui a été finalement assez long.
03:54Alors, je voudrais qu'on écoute une archive de repas et je remercie d'ailleurs au passage toutes les équipes de Sylvain Denis qui ont travaillé d'arrache-pied depuis la mi-journée pour justement nous regrouper.
04:05Toute cette série d'archives, nous sommes en 2002, après la présidentielle, Jean-Pierre Elkabbach interroge sur Europe 1 Jean-Marie Le Pen sur l'ultime combat de Jean-Marie Le Pen.
04:18Après toutes ces élections de 2002, ce sera votre ultime combat.
04:21Non mais pourquoi ? Est-ce que ça sera votre ultime reportage ?
04:24Non mais ça c'est autre chose.
04:25Non mais si, c'est exactement la même chose.
04:27Vous êtes comme moi dans la main de Dieu et vous ne savez pas lequel de nous deux tombera le premier.
04:31L'ultime combat, c'est quand ?
04:33Je ne sais pas, la mort, c'est l'ultime combat.
04:36Ben voilà, nous y sommes.
04:38Mais ça c'est tout le talent d'un journaliste comme Elkabbach qui voulait quand même essayer de le coincer, avec tout le talent qu'il avait, etc.
04:45Et puis le talent incroyable, la répartie extraordinaire de Le Pen.
04:49Je vous demande si c'est votre dernier reportage, votre dernière interview.
04:54Et donc voilà, la messe est édite à chaque fois d'une certaine façon.
04:57Donc en fait, si vous voulez, l'erreur des journalistes a été de vouloir le coincer à toute force.
05:03Et à partir du moment où on s'est mis à l'interroger normalement, les choses ont un peu changé.
05:07Gilles Boutin, vous qui êtes d'une autre génération.
05:11Moi je peux parler de 2002 où j'avais 12 ou 13 ans quand il y a eu ce séisme, quand on a appris.
05:18C'est très intéressant ce qui se passe en 2002, allez-y, je vous écoute.
05:21Quand on a 12 ou 13 ans et qu'on a une compréhension encore parcellaire de ce qui se passe,
05:26on comprend simplement qu'il y a eu une odeur de soufre parce qu'on nous a distillé ce discours.
05:31Il y a quelque chose de totalement inattendu.
05:34Et en fait, je dois dire qu'à l'époque, il m'a paressé, je ne peux pas parler pour toute ma génération évidemment,
05:40mais plus comme un grand amuseur.
05:43C'est-à-dire un brêteur, effectivement avec un talent inouï,
05:46mais il dénotait tellement par rapport au reste de la classe politique
05:49qu'on le percevait pas tout à fait comme un homme politique, mais comme quelque chose d'autre.
05:54Le menhir, une espèce de monument.
05:55Et j'avoue qu'à posteriori, il y a vraiment ce sentiment que la gauche a été totalement prise à son jeu.
06:05Effectivement, parce que quand on se souvient de Lionel Jospin et ça aussi, ça m'avait marqué,
06:10qui était extrêmement méprisant à l'égard de la possibilité qu'il n'arrive pas au second tour.
06:15Mal lui en a pris puisqu'il n'y est pas arrivé.
06:19Il n'y est pas arrivé parce qu'il y a eu Chevènement et Taubira et que ça lui a piqué des voix.
06:25Ça a grandement contribué, mais Jean-Marie Le Pen était également un petit peu siphonné par Debray de son côté,
06:31qui était parti avec un certain nombre de cadres du Front National à l'époque.
06:36Mais en tout cas, on voit bien à quel point cette ironie de la gauche tellement sûre d'elle,
06:42qui pensait avoir mis en place un système avec, comme vous l'avez dit Jean-Michel,
06:46cette montée de Jean-Marie Le Pen sur les grandes chaînes, grâce à François Mitterrand,
06:53SOS Racine qui se créait dans la foulée, toute cette mécanique, ça s'est retourné contre eux.
06:57Oui, mais en fait, personne ne croyait à la montée irrésistible du Rassemblement National, du Front National à l'époque.
07:04Moi, je me souviens qu'en 2002, quelques jours avant le premier tour,
07:09je me souviens que j'étais dans le bureau de Catherine Ney, qui était là tout à l'heure,
07:14et elle me disait que c'était incroyable, parce qu'à l'époque, les derniers sondages n'étaient pas publics.
07:21Et les derniers sondages qui n'étaient pas publics donnaient un Jospin qui était devant Jean-Marie Le Pen.
07:28Et Catherine me disait que c'était bizarre, parce qu'en fait, il y a énormément de sondeurs qui me disent
07:33qu'on sent quand même une poussée incroyable de Jean-Marie Le Pen,
07:38mais les sondeurs n'y croyaient pas trop, donc corrigeaient un petit peu les chiffres,
07:43et ne donnaient pas, au final, une qualification de Jean-Marie Le Pen devant Lionel Jospin.
07:48Et c'était tout à fait symptomatique d'un état d'esprit général,
07:53on ne croyait pas que Jean-Marie Le Pen allait continuer à progresser.
07:58Et ce qui était très curieux en 2002, c'est que c'était une victoire absolument éclatante,
08:02il s'est retrouvé donc au second tour, Lionel Jospin qui fait cette déclaration en disant
08:07« Bon, j'arrête la vie politique et je vais cultiver mon jardin ».
08:11Et ce qui était très frappant, c'est que d'un côté, Le Pen avait gagné une campagne et un combat politique très important,
08:18mais d'un autre côté, on a pris conscience tout d'un coup qu'il ne voulait pas gouverner.
08:21Exactement, moi je m'en souviens très bien, parce que j'étais sur une autre antenne à cette époque-là,
08:27et je co-présentais la présidentielle, la soirée électorale, et arrive effectivement le nom de Jean-Marie Le Pen.
08:35On a entendu tout à l'heure d'ailleurs la voix de Guillaume Durand qui était sur Europe 1 en 2002,
08:39qui annonçait le résultat. Alors Guillaume, c'est très difficile de savoir s'il est surpris ou pas surpris,
08:46il a ce ton toujours un petit peu flic-batis, alors comment dirais-je ?
08:48On apprend que Jean-Marie Le Pen est au second tour, alors Édouard Le Cerf qui était le sondeur en l'occurrence...
08:55Non, il y avait une sidération, Pierre.
08:56Mais il y avait, je peux témoigner de cette sidération, de se dire « il arrive au second tour ».
09:04Ce n'était pas prévu par beaucoup de monde, moi j'étais donc sur une autre antenne où il y avait la présidente de l'IFOP qui était Laurence Parizeau,
09:12qui était elle-même aussi assez surprise de ce truc-là.
09:15Et effectivement, il y a la sidération également dans la façon, dans les gestes, dans la gestuelle de Jean-Marie Le Pen,
09:25qui ne sait plus trop où se mettre, il est sur l'estrade, alors il fait ses grands gestes comme ça,
09:31mais on sent que, de se dire « ah merde, qu'est-ce qui se passe maintenant que j'y suis, je vais peut-être être président de la République ».
09:38En fait, il y a eu la sidération parce que là, on s'est dit « bah oui, les éléments qu'on avait dans la semaine qui précédait étaient exacts,
09:46et on aurait dû les intégrer, on aurait dû dire que Le Pen pouvait être qualifié ».
09:50Il y a eu aussi une sidération incroyable au siège du PS, où personne ne voulait annoncer à Jospin qu'il n'était pas qualifié.
09:58Et puis, chez Le Pen, il y avait quelque chose qui a été montré par un documentaire de Serge Moati,
10:05parce que Serge Moati qui est un homme de gauche, qui est juif, qui est franc-maçon, etc.,
10:11finalement, il a fait quatre films sur Jean-Marie Le Pen, et il a notamment filmé cette soirée où Jean-Marie Le Pen apprend qu'il est qualifié.
10:22Et là, il fait une interview, et Le Pen lui dit « oui, mais enfin bon, qu'est-ce qu'il va se passer ? Si je gagne ? Est-ce qu'il faut dissoudre ? Est-ce qu'il faut que je nomme un Premier Ministre ? »
10:34Et au fond, on voit que finalement, Le Pen, ce qui l'intéressait, c'est sa fonction tribunitienne,
10:39c'est-à-dire l'homme qui soulève des lièvres, l'homme qui est l'imprécateur, le braiteur, le matamor,
10:48mais quand il s'agit ensuite de gouverner, il n'était pas du tout prêt à ça, et c'est vrai que quand on regarde un petit peu ce qui s'est passé ensuite avec Marine Le Pen,
10:56on se rend compte qu'il y a toujours un petit peu ce doute autour de la capacité du Front National, puis du Rassemblement National, à prendre le pouvoir,
11:04parce qu'on voit bien qu'il n'y a pas beaucoup de monde sur le point de touche.
11:08Écoutez justement l'annonce des résultats de la fin de ce premier tour.
11:14« Estimation donc Ipso, c'est énorme surprise pour cette présidentielle, premier tour 2002, Édouard Lecerf, les chiffres. »
11:20« Les chiffres, Jacques Chirac obtiendrait 20%, derrière lui Jean-Marie Le Pen obtiendrait 17% des voix. »
11:26« Très bien qu'on se retrouve actuellement donc avec un second tour, Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen, ce qui est un bouleversement total dans la vie politique française. »
11:34Vous voyez, Édouard Lecerf, il sèche, c'est-à-dire il dit « Jacques Chirac est à 20% », puis il s'arrête.
11:38Et puis c'est Guillaume qui le reprend en disant « Non mais attends, dis-nous la suite ! »
11:42Parce qu'il y a une telle consternation dans le studio !
11:46Moi Moujotte m'a raconté ce qui s'était passé à TF1.
11:50Parce que quand vous êtes patron de chaîne et que vous proposez une soirée électorale à 20h,
11:58évidemment que les chiffres, vous les avez en général, vous avez des premiers chiffres autour de 18h30, on les a tous, 18h30, 18h40, 19h.
12:06Et là, les chiffres donnaient effectivement Jospin disqualifié, Le Pen qualifié.
12:14Mais il faut bien voir que quand on est directeur de chaîne, on ne peut pas se tromper sur un truc comme ça.
12:18Donc quand votre sondeur vous dit « Vous avez vu un petit peu ce qu'il se passe, etc. »,
12:24quand vous êtes patron de chaîne, vous dites « Je ne peux pas me permettre d'annoncer que le Premier ministre, qui était candidat, va être disqualifié. »
12:32Et donc Moujotte me raconte qu'à ce moment-là, lui, il était directeur général de TF1, et il a appelé son homologue de France 2, Michel Cotta,
12:42qui était la directrice de l'information à l'époque, ils se connaissaient très bien, ils avaient travaillé à Europe et ailleurs ensemble,
12:48et ils se concertent en disant « Voilà mon sondeur, voilà ce qu'il me donne, et toi, qu'est-ce qu'il te donne ? »
12:52Et ils se sont mis d'accord pour annoncer le score dès 20h, mais c'est une décision incroyablement difficile à prendre,
13:04parce que si vous vous trompez, vous êtes mort.
13:06Paradoxalement, alors qu'on voit dans les reportages de Moati, et même encore une fois dans les premières images de Jean-Marie Le Pen à l'issue de ce premier tour,
13:17il est mal à l'aise et on se dit ce qu'il va faire, et bien en février 2001, sur Europe 1, au micro de Jean-Pierre Elkabbach,
13:24Jean-Marie Le Pen prédit qu'il y aura une surprise à la présidentielle, on écoute.
13:30« Dans toutes les élections qui se sont passées, nous avons fait 15%, moi j'ai fait 2 fois 4,5 millions de voix aux présidentielles, ce n'est pas rien. »
13:37« Autrefois. »
13:38« Autrefois, bien sûr, le passé est derrière nous, forcément, mais je vais vous démontrer que l'avenir est aussi devant nous.
13:44Je serai candidat, et je pense que ceci constituera peut-être une grande surprise dans une élection qu'on préjuge aujourd'hui,
13:52et dans laquelle on comprétend devoir se jouer entre Jospin et Chirac.
13:56Personne ne peut jurer aujourd'hui que Jospin ou Chirac seront candidats à ce moment-là, et au deuxième tour. »
14:01Commentaire de cet archive juste après le journal permanent.
14:05Europe 1, le journal permanent.
14:09Figure incontournable de la vie politique française, ancien député à l'Assemblée Nationale, puis au Parlement Européen,
14:14mais surtout fondateur du Front National.
14:16Jean-Marie Le Pen est mort, il avait 86 ans, l'homme politique controversé,
14:20connu pour ses provocations et ses multiples condamnations pour contestation de crimes contre l'humanité.
14:26C'était un agarche dans un établissement où il avait été admis il y a plusieurs semaines.
14:30Pour le ministre de l'Intérieur Bruno Rotailleau, c'est une page de l'histoire politique française qui se tourne
14:35avec la mort de celui qui aura incontestablement marqué son époque.
14:39Dans un communiqué, le Rassemblement National assure que Jean-Marie Le Pen restera dans les mémoires
14:44comme un combattant intrépide et indomptable au service d'une vision fière et conquérante de la France.
14:51C'est avec simplicité et recueillement que la France s'est sauvenue dix ans après
14:55des attentats de Charlie Hebdo de Montrouge et de l'Hypercacher.
14:58En ce 7 janvier 2015, 12 personnes, dont une partie de la rédaction de Charlie Hebdo, sont tombées sous les balles des islamistes.
15:04Des cérémonies ont été présidées par Emmanuel Macron sans discours.
15:08La sonnerie aux morts a retenti, suivie d'une marseillaise, sur les lieux des différentes attaques.
15:13Pas d'inquiétude à avoir d'après le ministère de la Santé après la découverte d'un nouveau cas de mpox à Rennes.
15:20Le ministre Yannick Neudeur précise que la patiente contaminée par le nouveau mpox de clade 1b est un cas sporadique.
15:27Elle est prise en charge par le CHU de Rennes et n'a pas de symptômes.
15:31Le sprint final débute dans le Vendée Globe après avoir franchi le poteau noir.
15:35Charlie Dalin et Johan Richombe filent vers les Sables d'Olonne au dernier pointage.
15:40De 19h, Dalin devance son poursuivant de 135 000 nautiques.
15:45Merci Rudi Saade.
15:47Europe Un Soir.
15:4819h21, Pierre de Villeneuve.
15:51Et alors qu'on évoque la mort de Jean-Marie Le Pen à l'âge de 96 ans,
15:56mes yeux se portent sur les écrans de télévision et je vois que nos amis de CNN diffusent la cérémonie des dieux à Jimmy Carter.
16:05Voilà, c'était encore un autre départ marquant pour l'histoire des Etats-Unis.
16:11Gilles Boutin, vous vouliez commenter peut-être cette...
16:15On peut se dire aussi que Jean-Marie Le Pen, en février 2001, il est en campagne
16:19et qu'il a tout à dire, évidemment, qu'il va gagner.
16:24Il n'a pas du tout intérêt à dire que ça va se jouer entre l'Espagne et l'Irak.
16:27C'est ce que j'allais dire, c'est extrêmement croustillant comme archive.
16:30Cependant, quelle politique en campagne n'affirme pas qu'il y a un vent qui le porte et qui ne retombera pas ?
16:36Donc ça, ça ne me surprend pas trop et je pense qu'on pourrait exhumer la même pour à peu près toutes les politiques.
16:41Je reviens sur la séquence de Moëtti qui est extrêmement parlante.
16:47Il résume, il a cette formule en parlant de ce moment où Jean-Marie Le Pen découvre les résultats
16:52et qu'il est extrêmement fermé, effectivement, il a l'air inquiet.
16:55Et Moëtti résume en disant qu'il n'est pas content.
16:58Et c'est drôle de se dire qu'il a gagné, il est au second tour, mais il n'est pas content.
17:03Ce qui est faux, ce n'est pas qu'il n'est pas content, c'est qu'il ne sait pas quoi faire.
17:06C'est ça, c'est-à-dire qu'il ne sait pas quoi faire parce qu'il y a ce mélange de frustration,
17:10à la fois la peur de se retrouver face à la possibilité, bien sûr on en était loin, de diriger le pays
17:17et également d'être démuni puisqu'il avait perdu une quantité de cadre hallucinant avec Bruno Maigret qui était parti.
17:24Donc c'est sûr que c'était le pire moment pour lui pour réussir, en quelque sorte.
17:31Et je voudrais juste ajouter une ironie dans tout ça, c'est que par la suite, il a été extrêmement dur sur sa fille,
17:37sur la ligne qui a été choisie par sa propre fille.
17:39Il ne manquait pas une occasion pour lui dire « t'as manqué de verbe, t'as pas été excellente sur cette prestation ».
17:45Il était vraiment extrêmement exigeant et pourtant aujourd'hui, elle a fait beaucoup mieux que lui.
17:50C'est-à-dire qu'elle a plus de 100 députés à l'Assemblée Nationale,
17:54elle est en voie de normalisation accélérée, quoi que cherche à faire la gauche en face.
17:59Donc tout cela revient à l'analyse initiale qui est effectivement, il était bien plus à l'aise sur une tribune
18:05qu'à l'idée d'être derrière le bureau de l'Élysée.
18:07Dans l'interview, il y a aussi autre chose que je trouve intéressante, c'est qu'il y avait une part de jeu entre Jean-Pierre et lui.
18:13C'est-à-dire que c'était deux bêtes de télé.
18:16Jean-Marie Le Pen, incroyablement bien formant, il se connaissait très bien.
18:20Et il savait que finalement, il ferait le show l'un et l'autre et que chacun en profiterait.
18:25Parce que Jean-Pierre Elkermans, c'était l'un des rares journalistes à être capable d'une certaine façon de lui tenir tête.
18:31Vous aviez beaucoup de journalistes de radio et de télévision qui refusaient malgré tout d'interroger Jean-Marie Le Pen.
18:36Par exemple, Christine Ockrent qui a fait 7 sur 7.
18:39Christine Ockrent a fait 7 sur 7 pendant des années.
18:41Anne Sinclair, vous l'avez dit.
18:42Anne Sinclair, je l'ai dit.
18:43Anne Sinclair.
18:44Et Anne Sinclair a toujours refusé d'interroger...
18:47De l'inviter, tout simplement.
18:48De l'inviter.
18:49Et à un moment donné, Jean-Marie Le Pen avait une place trop importante dans la vie politique.
18:53Et elle le fait.
18:54Et elle le fait pas.
18:55Elle le dit.
18:56Je le fais pas.
18:57Et c'est Carreyrou qui l'a fait à sa place.
18:58Et Gérard Carreyrou a présenté une fois 7 sur 7.
19:01Il a ça à son tableau de chance.
19:03Il a ça à son tableau de chance parce qu'Anne Sinclair ne voulait pas.
19:05Et il y en a un autre qui ne voulait pas non plus l'avoir en face à face.
19:08C'était Paul Amard.
19:09Paul Amard qui présentait à l'époque le journal de 20 heures et qui ne voulait pas interroger en face à face.
19:15Et donc il a fait un débat.
19:17Et donc il a fait un débat.
19:18Il a fait notamment le débat avec...
19:20Avec les grandes box.
19:21Et les grandes box.
19:22Mais c'était une époque si vous voulez où on avait des hommes politiques qui étaient des animaux politiques absolument incroyables.
19:29Aujourd'hui il nous reste Jean-Luc Mélenchon.
19:31Il nous en reste quelques-uns.
19:32Mais il n'y en avait pas tant que ça.
19:33A l'époque vous aviez, bon, évidemment Jean-Marie Le Pen.
19:36Mais vous aviez aussi, on en a parlé, Georges Marchais qui était absolument incroyable.
19:39Et tout le monde se souvient des cartes sur table avec Alain Duhamel et Jean-Pierre Elcamage qui étaient des vrais spectacles.
19:45Et aujourd'hui on en rigole mais Catherine et Jean-Pierre me disaient à l'époque on le craignait.
19:51Pourquoi ? On le craignait parce qu'il faisait 20% aux élections.
19:53C'est-à-dire que ce n'était pas un candidat comme ça qui faisait 4 ou 5%.
19:58Aujourd'hui quand on écoute à nouveau Jean-Marie Le Pen, nous sommes aux universités d'été du FN en 2012.
20:04Et Jean-Marie Le Pen propose une mesure, la suppression du droit du sol.
20:08Au sud de la Méditerranée, à nos portes, 200 millions de musulmans sont une menace sérieuse.
20:15Par son caractère massif, l'immigration a changé de nature.
20:19Elle est devenue invasion. L'immigration invasion que subissent les français depuis 40 ans
20:25altère la substance même de l'identité de notre peuple que De Gaulle définissait comme, je le cite,
20:32« avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne ».
20:39Nos objectifs en matière d'immigration sont clairs et sont les mêmes depuis plusieurs décennies.
20:46Il faut d'abord supprimer le droit du sol.
20:49Et qu'est-ce qu'il se passe aujourd'hui ? Nous sommes en 2012, nous sommes 13 ans plus tard.
20:55Le constat que dresse Jean-Marie Le Pen à l'époque qui est moqué par...
21:01Combien de journalistes le moquent Jean-Michel Salvator à l'époque en 2012 ?
21:05Oui mais pourquoi ? Parce que si vous voulez chez Le Pen, vous avez...
21:10Le Pen c'est l'histoire d'un gâchis d'une certaine façon.
21:13Parce que d'un côté vous avez un homme politique extrêmement efficace
21:18qui a des intuitions très fortes, qui fait des constats, qui voit les problèmes assez loin.
21:25L'immigration il l'a vu, le droit du sol il l'a vu.
21:28Mais le problème si vous voulez c'est qu'il y a un autre visage de Jean-Marie Le Pen
21:33qui est Janus d'une certaine façon et ce visage c'est les dérapages, l'antisémitisme,
21:38les attaques personnelles, c'est le détail de l'histoire.
21:42Et si vous voulez ça, ça lui a fait beaucoup de mal à lui parce qu'il n'a jamais pu arriver au pouvoir,
21:45mais il ne le voulait pas, mais ça fait beaucoup de mal à la droite.
21:48Parce que lorsque Jean-Marie Le Pen disait quelque chose,
21:51comme il était coutumier des excès et des dérapages,
21:55quand Le Pen disait quelque chose de juste, la droite ne voulait jamais le suivre.
21:59En se disant mais si on suit Le Pen sur ce terrain là, comme il dit des horreurs par ailleurs,
22:04on va avoir l'air d'être à la remorque du Front National.
22:06Et en fait c'était le drame de la droite de finalement être en contradiction permanente avec Le Pen,
22:14même lorsqu'il disait des choses justes, parce qu'il ne voulait pas être assimilé à Le Pen et à ses excès.
22:20Jean-Marie Le Pen qui avait regretté après sa toute première sortie sur le détail
22:26qu'auraient constitué selon lui les chambres à gaz dans l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale,
22:30dans la voiture qui l'aurait amenée chez lui, il aurait dit j'ai dérapé.
22:34Non, il n'a pas dit j'ai dérapé, il a dit c'est la plus grosse connerie que j'ai sortie.
22:38Il dit ça à Laurent de Saint-Ephraim.
22:41Oui, tout à fait, qui était son lieu de camp.
22:44Mais c'est la seule fois où il l'aurait évoqué.
22:46Et par la suite, jamais, il s'est même enferré là-dedans,
22:49comme s'il voulait devenir ce pantin d'une certaine façon.
22:53Et je parle de pantin parce qu'il a quand même, à cet égard,
22:56été un idiot utile de François Mitterrand et de la gauche en maintenant ses prises de position.
23:00Et pour prolonger votre pensée, Jean-Michel,
23:02à compliquer la tâche à la droite qui, effectivement, devant faire tous ces constats,
23:06se retrouvait systématiquement à devoir être accusé de fascisme
23:10si elle soulevait les questions qui étaient la gestion de la crise migratoire.
23:14Donc, à cet égard, il a fait perdre, sans doute, du temps à la droite sur des constats
23:20qui, en plus de ça, dans d'autres pays sont partagés, mais par la gauche, la droite.
23:23Ce n'est pas idéologique, c'est juste un constat.
23:26Il faut régler des choses de manière paramétrique.
23:29Voilà, donc, pour ce qu'on pouvait dire sur la mort de Jean-Marie Le Pen à l'âge de 96 ans.
23:34Merci beaucoup à vous, Jean-Michel Salvatore.
23:37Merci, Gilles Boutin, pour Le Figaro.
23:41Tout de suite, les enfants d'Europe.

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