Les clients et habitués du Saint-Sauveur, le repaire des antifascistes et de la gauche radicale parisienne, étaient venus en nombre, ce samedi soir à Ménilmontant, à l'occasion de la soirée de fermeture du bar.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00C'est l'un des derniers endroits, à nous, qui disparaît.
00:05Ce soir, ça ne sera plus notre bar.
00:08On n'a plus de bar.
00:10Cerveau tout anti-fascistique !
00:13Le Saint-Sauveur, le QG historique de la gauche radicale et des antifas parisiens,
00:17situé à Ménilmontant, a fermé après 19 ans d'histoire.
00:20Ce samedi soir, les clients et les habitués du bar s'étaient réunis pour un dernier hommage.
00:24Le Saint-Sauveur, c'est une institution.
00:28C'est un peu la mort de toute l'histoire du rock'n'roll parisien.
00:31Après, il n'y aura plus que des bars de bobos qui ferment les uns après les autres.
00:34Là, j'ai 30 ans aujourd'hui et je venais à l'âge de 11 ans.
00:37J'ai été déchiré au téléphone quand un pote m'a dit « c'est fini ».
00:41Non, je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il y ait autant de monde.
00:43C'est quand même une page d'histoire qui se tourne.
00:46Et là, ce soir, je pense que tout le monde est venu pour marquer le coup.
00:50On se sent à la fois nombreux et perdus.
00:56Son fondateur et propriétaire, Julien Terzic, une figure historique des antifas parisiens,
00:59est décédé en juillet dernier d'un cancer.
01:01Il avait créé le Saint-Sauveur pour offrir un refuge aux militants antifascistes et de gauche radicale.
01:11A l'origine, ce lieu a été créé pour pouvoir revendiquer les choses.
01:15C'était ici qu'on pouvait dialoguer.
01:17Parce qu'en manifestation, on se tapait sur la gueule.
01:19Mais ici, on bougeait en cours.
01:21On a tous grandi ensemble avec des gens complètement différents.
01:25Maintenant, c'est que des gens qui s'aiment.
01:27On va dire qu'il y avait une vie de quartier hors pair.
01:29Une facilité à ce que les gens communiquent les uns avec les autres.
01:32J'ai des boules.
01:33Ce que je trouve triste, c'est que c'était le seul endroit
01:36où on pouvait rencontrer une certaine population de Paris.
01:39Entre les punks, les anarchistes et les antifascistes, bien sûr.
01:46Et ce bar, c'était le seul où j'étais à l'aise.
01:49J'appelais ce bar le bar de la famille.
01:52Et puis les gens sont sympas et beaux.
01:55Flamboyants, même.
01:56Et je sais pas où je vais les retrouver.
02:07C'est un lieu de vie incroyable.
02:09C'est un lieu de liberté en dehors du jugement.
02:11Un vrai café, en fait, aussi.
02:13Un café comme il y a des cafés en région.
02:15On était ici dans un endroit libre
02:17où on laisse les problèmes dehors,
02:19on rencontre autre chose.
02:22C'est un endroit où les gens se rapprochent
02:24des uns et des autres.
02:25Complètement hallucinant.
02:26C'est des années de souvenirs
02:28accumulées dans une grande fraternité.
02:30Un truc...
02:31Les frontons de la République, qu'ils étaient ici.
02:33Ce soir, il y a tous les potes.
02:35Il y a tout le monde.
02:36C'est un lieu où on a vu des gamins
02:38qui avaient 17 ans,
02:39qui buvaient des grenadines à l'eau
02:41et qui maintenant sont devenus les gérants du bar.
02:44Et ça, c'est extraordinaire.
02:46Et il y aura toujours des mecs qui vont reprendre.
02:49Il croit encore.
02:51S'il n'y a pas eu de repreneurs,
02:53c'est que le bar était accompagné
02:55avec sa réputation sulfureuse.
02:57Et puis il y a la gentrification du quartier.
03:00Avant, il y avait un certain soutien du quartier.
03:03Et aujourd'hui,
03:04avec le changement de la population,
03:06forcément, il n'y a plus de soutien.
03:08Il n'y a plus de refuge
03:09pour des gens qui ont une certaine liberté.
03:12Je ne peux pas voir cet endroit changer.
03:14J'espère qu'ils vont faire quelque chose de bien derrière.
03:20Paris ! Paris ! Paris !