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00:00Avec Stéphanie Demuris sur Europe 1 13h19. Stéphanie, c'est l'heure d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour pour décrypter l'actualité.
00:09Gabrielle Cluzel, éditorialiste et rédactrice en chef du site Boulevard Voltaire et le directeur adjoint de la rédaction du journal du dimanche, Raphaël St-Ville.
00:17Et oui, Raphaël St-Ville, Gabrielle Cluzel, bonjour à tous les deux.
00:22Alors on va commencer avec cette annonce de Bruno Retailleau ce matin que nous révélait tôt un Europe 1.
00:27Bruno Retailleau qui annonce l'interpellation ce matin à Brest de l'influenceur algérien Zazou Youssef, c'est son pseudonyme.
00:34L'homme aux 400 000 followers, comme on dit, a appelé sa communauté à commettre des attentats en France.
00:40Alors on a choisi de ne pas vous raconter toutes les horreurs qu'il proférait sur son compte,
00:45mais clairement appel au meurtre avec la mention notamment du président Tebboune, tiré sur eux, ils veulent le chaos.
00:54Bref, qu'est-ce que ça vous inspire Raphaël St-Ville ?
00:58En fait, c'est effarant, non pas que ce soit une découverte, mais de voir ce genre d'individu pouvoir proférer de telles horreurs sur les réseaux sociaux appelant au meurtre, vous l'avez dit, au viol.
01:12Et finalement, étant relayé par une communauté extrêmement dense, vous avez évoqué ces 400 000 followers, il avait d'autres comptes avec un peu moins de followers,
01:24mais c'est une caisse de résonance pour un discours anti-France qui se déploie presque librement jusqu'à temps que, finalement, Bruno Retailleau sonne la fin de partie.
01:39Mais on a envie de se dire que c'est presque un peu tard, c'était, vous l'avez dit, un individu qui était sous le QTF, qui, lors des émeutes de 2023, avait notamment incendié un stade de tennis, je crois,
01:56qui avait écopé de 12 mois de prison sans mandat de dépôt, et on en voit le résultat aujourd'hui, c'est qu'il a continué, finalement, à propager sa haine et inviter un certain nombre de ceux qui le suivaient à commettre l'irréparable.
02:12Et Gabriel Cluzel ?
02:14Oui, ce qui est très troublant, vous l'avez dit, c'est déjà le nombre de personnes qui le suivent, parce qu'il y a cet individu qui, de fait, appelle à commettre des attentats, mais qui, en France, il y a de ceux qui semblent l'y souscrire,
02:27puisque, que je sache, quand on suit quelqu'un, c'est qu'on porte intérêt à ses propos, et semble-t-il, personne ne s'est avisé de les dénoncer.
02:37Il est aussi le signe de l'impuissance française, cet au QTF qui est devenu un IQTF, un tournoi bien...
02:41Un délivré en avril 2024.
02:43Voilà, une invitation de quitter le territoire français, je dirais même une MIQTF, une molle invitation de quitter le territoire français, puisqu'en réalité, elle est peu respectée.
02:53Vous savez, François Bayrou a lancé une petite bombe récemment, puisqu'il a expliqué que sur les 7%, ce qui n'est déjà pas grand-chose d'au QTF réellement exécuté,
03:02eh bien 3,5 le sont à Mayotte et en Guyane, ce qui suppose qu'il n'y en a que 3,5 en métropole, ce qui est vraiment pas très lourd.
03:10Et donc, ces personnes sous au QTF, en tout cas 7 personnes, et c'est assez symbolique, ne se dit pas, tiens, il faut que je me fasse discret, je suis sous au QTF, j'ai pas intérêt à me faire remarquer.
03:21Pas du tout, elle est dans l'outrance, la provocation, l'appel au meurtre, enfin, c'est assez épouvantable, et puis évidemment, il y a cette différence flagrante
03:34quand on sait qu'en Algérie, Boalem Sansal, un français, franco-algérien, mais français donc, a été mis sous les verrous pour avoir commis un seul crime, c'est d'écrire des bouquins, disons-le très clairement,
03:47et en même temps, nous nous laissons gambader chez nous ce genre d'individu qui est algérien, sauf erreur de l'apparence.
03:54C'est un problème qui se pose, puisqu'on a aussi parlé, vous avez entendu, dans le journal, de ces deux au QTF algériens qui seront jugés en comparution immédiate cet après-midi,
04:03ils se sont fait interpeller une première fois, il n'y avait pas de place en centre de rétention, donc ils les ont relâchés, pof, rebelote, un vol à la roulotte,
04:11donc cette fois-ci, ils les ont arrêtés, ils vont être jugés, mais il n'y a pas de place dans les centres de rétention administratives, donc comment fait-on ?
04:20Je l'entendais d'un préfet, un aveu vraiment désolant, que de toute manière, ces gens-là finissaient par être relâchés parce qu'on ne savait pas où les mettre, Raphaël Stainville.
04:30Oui, il n'y a pas suffisamment de place en centre de rétention administrative, mais c'est aussi parce que les laissés-passés consulaires que la France réclame
04:40pour pouvoir reconduire dans leur pays d'origine ces délinquants ou ces clandestins ne sont que très rarement pourvus par les états que l'on sollicite, en l'occurrence l'Algérie.
04:56L'Algérie, encore une fois, c'est-à-dire que c'était déjà très peu, voilà quelques années, c'est encore moins depuis qu'Emmanuel Macron a eu la judicieuse idée de reconnaître le Sahara occidental alors que la diplomatie française en 70 ans s'était chinée à maintenir une sorte de flou pour contenter et le Maroc et l'Algérie.
05:20Il y a eu un volte-face d'Emmanuel Macron et la diplomatie française qui a entraîné un certain nombre de répercussions et notamment aujourd'hui des laissés-passés consulaires algériens qui sont vraiment pourvus au compte-goutte quand ils ne sont pas tout simplement pourvus par l'état algérien, rendant impossible aujourd'hui l'exécution de ces OQTF.
05:44Je vous propose, avant de poursuivre les débats, d'écouter Othmane Nassrou. Ce matin, il a été l'invité d'Europe 1 CNews, justement, interrogé sur cet homme en situation irrégulière et ses appels à commettre des attentats en France. Écoutez.
05:58Cette menace, elle est évidemment réelle. Elle reste très présente. Elle est une menace qui mobilise nos services de sécurité de tous les instants.
06:06Je crois que nos concitoyens ne se rendent pas compte de combien cette menace, combien cet antrisme progresse dans notre pays, combien il y a aujourd'hui des gens, des militants islamistes qui ont le projet d'installer dans notre pays un système parallèle, un système de valeurs parallèles, une société parallèle et combien tout cela fragilise profondément la cohésion de notre pays, combien la bataille des esprits aujourd'hui est une bataille difficile et que, pour l'instant, nous sommes en train de perdre.
06:34Une bataille qu'on est en train de perdre, Gabriel Cluzel. Vous êtes d'accord avec Othmane Nassrou ?
06:39Écoutez, c'est difficile de ne pas être d'accord avec lui. Le problème, c'est qu'on ne peut pas se payer de mots. À un moment, il faut agir. Ce qu'il dit, nous le savons.
06:47Nous allons fêter l'anniversaire des attentats, le triste anniversaire des attentats de Charlie Hebdo. Ça fait quand même un moment que ce sujet-là est sur la table.
06:56Mais la réalité, c'est que tout est lié et que nous ne voulons pas le voir. Pourquoi dis-je que tout est lié ? Parce qu'évidemment, l'immigration clandestine est aussi un cheval de troie pour l'islamisme.
07:11On l'a vu au moment des attentats. Je me souviens qu'il y avait eu des négations, des dénis de réalité, même de certains médias. Je me souviens d'un média public qui avait titré « Des terroristes parmi le flux de migrants en Syrie », avant les attentats du Bataclan.
07:28C'est un fantasme d'extrême-droite. Il avait été obligé de retirer le titre « Subrepticement » après les attentats du Bataclan, puisqu'il s'était avéré que c'était une réalité.
07:36Les islamistes ne sont pas des terroristes. D'aucuns vous diront que dans des pays du Maghreb, il y a des islamistes. Par exemple, dans le gouvernement marocain, il y a eu des islamistes qui se reconnaissaient comme islamistes.
07:55Mais au-delà du terrorisme, l'islamisme essaie de s'installer en France avec de multiples signaux tels que lui dictent les frères musulmans. On sait par exemple que ces abayas, ces voiles islamiques qui sont l'objet de tant de débats en France, ce sont des étendards pour s'étendre sur le territoire français.
08:16Le problème de l'islamisme, ce n'est pas seulement le terrorisme, c'est une emprise identitaire et communautaire extrêmement forte.
08:25Raphaël Stainville, pour revenir sur cette question précise des OQTF, ça pose également la question de la coopération avec les pays du Maghreb et notamment avec l'Algérie, avec laquelle c'est extrêmement compliqué, surtout dans ce contexte de crise depuis la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. C'est une séquence compliquée.
08:48Bien sûr que la situation est tendue, compliquée. On a évoqué l'emprisonnement de Boalem Sansal qui vient aggraver encore les rapports entre la France et l'Algérie. Pourtant, on dispose de moyens de rétorsion ou en tout cas des moyens d'engager un bras de fer avec l'Algérie.
09:09Aujourd'hui, ce sont des milliers de visas qui sont délivrés. Si on parle de l'immigration régulière qui sont délivrés à l'Algérie, la France pourrait décider, en dépit des accords qui ont été conclus il y a bien des années, de réviser au plus strict ces visas.
09:29De la même manière que les flux financiers qui transitent entre la France et le Maghreb et notamment l'Algérie pourraient être contrecarrés par des moyens. Cela avait été évoqué pendant la campagne présidentielle par Éric Zemmour, par Arnaud Bandebourg. Il y a tout un tas de moyens qui permettent de peser sur l'Algérie pour la faire fléchir, l'obliger à réintégrer ses ressortissants sous OQTF.
09:57Mais aujourd'hui, on le voit, la situation est très compliquée et très compromise.
10:01On poursuit ces débats dans quelques instants juste après la pub.

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