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00:00Merci de nous accueillir avec moi pour commenter et décrypter cette actualité.
00:04Virginie Bensoussan-Bouillet, avocate, soyez la bienvenue, ma chère Virginie.
00:08Mathieu Hocques, secrétaire général du Millénaire, soyez le bienvenu aussi.
00:12Arnaud Clasfeld, avocat et écrivain, soyez le bienvenu, mon cher Arnaud.
00:16Et j'accueille avec beaucoup de plaisir également Gilles Miaelli, directeur de la publication de la revue Conflit, soyez le bienvenu.
00:23On va commencer, je vous le disais, par un nouveau rapport de la Cour des comptes sur la politique de la ville.
00:29Un rapport pour le moins accablant, beaucoup de dépenses pour peu de résultats.
00:34Hélas, Augustin Denadieux s'est plongé dans ce rapport, on l'écoute.
00:40C'est un rapport de la Cour des comptes qui confronte le projet et la réalité.
00:45Depuis plus de 40 ans, l'État alloue chaque année 10 milliards d'euros,
00:49incluant les actions sur l'emploi, l'éducation et la rénovation urbaine,
00:52pour tenter de réduire les écarts entre les quartiers urbains défavorisés et les autres.
00:58Une politique de la ville qui, selon les chiffres publiés, ne fonctionne pas suffisamment au regard des sommes allouées.
01:04Concernant les jeunes vivant dans ces quartiers défavorisés,
01:07ils étaient en 2017 27,5% à être sans emploi, sans études ni formation,
01:13soit plus du double de la moyenne nationale à la même période, alors à 11,4%.
01:19Concernant le sentiment d'insécurité, 58% des habitants de ces quartiers estiment que les actions publiques en la matière ne sont pas visibles.
01:2659% trouvent également que les actions mises en place pour assurer la sécurité sont inefficaces.
01:32Enfin, 59% de ces habitants pensent que les actions conduites ne permettent pas d'améliorer l'image de leur quartier.
01:38Une image ternie par les problèmes de sécurité selon le rapport,
01:42auxquels s'ajoutent des formes de repli, voire des retraits communautaires, nourris par un sentiment général de relégation.
01:49Allez, je commence avec vous, Ousine Mahémi, Ali.
01:52Tout ça pour ça, serais-je tenté de dire, quand on voit ce rapport accablant.
01:56Et c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent.
01:59C'est vrai, mais c'est probablement grâce à ça qu'on a encore un petit peu de croissance.
02:04Bon, vous voyez le côté positif des choses.
02:06Oui, alors le problème, c'est évidemment le manque de diversité culturelle, sociale.
02:17On peut rétaper les maisons, on peut réaménager des quartiers.
02:21J'ai même vu il y a quelques mois au sud, dans un quartier sud d'Orléans, un travail formidable.
02:32C'est très, très beau.
02:34C'est même bien pensé, par exemple, refermer un peu les maisons pour donner aux gens le sentiment que c'est chez eux.
02:42Mais aussi longtemps qu'il y a une culture hégémonique dans le quartier,
02:49aussi longtemps qu'on n'est pas vraiment culturellement en France, je ne vois pas comment…
02:53Ça ne marche pas.
02:55Ça ne suffit pas.
02:56C'est probablement une condition sine qua non, mais il faut ensuite mettre un petit peu plus de diversité ethnique, religieuse et sociale
03:05pour que ça puisse changer radicalement.
03:10Et je veux rappeler une dernière chose.
03:13On ne se permet pas de collecter certaines données, on n'a pas le droit de faire de statistiques ethniques.
03:19Et donc, comme l'avait montré l'anthropologue Hugues Lagrange il y a 13 ou 14 ans,
03:26on ne sait pas mettre les doigts sur les problèmes.
03:28Donc s'il faut dans certains endroits mettre deux ou trois fois plus d'éducateurs parce que les enfants en ont besoin,
03:34on n'a pas le droit de les savoir.
03:36Donc c'est probablement qu'on verse des sauts d'argent, on finance des associations et finalement, comme le montre le chiffre,
03:47les rendez-vous, on n'est pas au rendez-vous.
03:49Mathieu, si l'argent versé fonctionnait, ça se saurait et on n'aurait pas ces problèmes dans certains quartiers des villes françaises.
03:58Non, mais tout à fait.
03:59La politique de la ville, c'est la politique de l'excuse, c'est-à-dire qu'on a déversé des sommes astronomiques d'argent
04:04dans les quartiers prioritaires de la ville, les 1515 quartiers prioritaires de la ville.
04:09C'est 117 milliards d'euros depuis 2011.
04:12C'est quelque chose qui est considérable.
04:15Jamais on n'a investi autant d'argent dans d'autres territoires, notamment les zones périphériques ou les zones rurales.
04:21Et pour autant, les résultats en termes économiques sont désastreux.
04:24Les taux de chômage restent très signifiquement élevés.
04:26On est à 25 % en moyenne de taux de chômage.
04:29Les indicateurs d'insécurité sont quasiment tous dans le rouge.
04:34Si on prend les exemples quartier par quartier, à Marseille, on atteint des niveaux de narco-homicides qui sont exceptionnellement hauts.
04:40On est en 2023 à 49 homicides sur l'année 2023.
04:47Donc tout est à revoir.
04:48Mais pourquoi ?
04:49Parce qu'on a aujourd'hui pratiqué la politique de l'excuse.
04:52On a dit ces gens-là, ces gens et ces jeunes, notamment de quartier, se comportent mal.
04:57Donc on va donner toujours plus d'argent.
04:59Et c'est pour cela que vous avez une logique qui, nous, on avait fait un rapport dessus,
05:02qui est une logique très clairement socialiste, qui consistait à, d'une part, suradministrer la politique de la ville.
05:08Donc quand vous regardez aujourd'hui les 40 années, vous faites le bilan, nous, on a fait le bilan des 40 années de la politique de la ville.
05:13Vous vous rendez compte qu'il y a plus d'un organisme créé par an pour gérer la politique de la ville.
05:18Un coup, c'est l'ANRU.
05:19Puis ensuite, on va créer une autre agence.
05:20Puis ensuite, on va créer un comité interministériel.
05:23Et puis le premier ministre arrive dans les années 90, va créer un autre comité, etc.
05:28On empile les comités.
05:29On ne fait aucune évaluation de ce qui marche ou de ce qui ne marche pas, en l'occurrence.
05:33Et puis le dernier point, c'est qu'on investit des sommes qui sont considérables pour des résultats qui sont médiocres.
05:38Et quand on voit au niveau national que l'on investit 30 pour 33 % de notre PIB en dépenses sociales,
05:44et que pour autant, on a 9 millions de pauvres,
05:46on voit bien que cette logique-là, qui consiste à déverser de l'argent social au niveau de la France,
05:51et plus spécifiquement dans ces quartiers-là, ne conduit pas à enrichir la population.
05:55Au contraire, elle laisse les gens dans la précarité.
05:57Et de ce fait, on arrive à une insécurité qui est galopante.
06:00Il y a un élément, Virginie, à Bensoussens-Angoulais,
06:03c'est également la police de proximité qu'on a écartée de certains quartiers
06:06et qui jouait un rôle fort, évidemment, avec la population.
06:11Oui, tout à fait. C'était le point sur lequel je voulais intervenir, justement.
06:16On oppose peut-être trop souvent, et notamment dans les quartiers prioritaires,
06:22la question de la surveillance par rapport à la question de la sécurité.
06:26Et la sécurité intelligente, à travers, effectivement, la vidéoprotection,
06:31et peut-être la vidéoprotection augmentée demain, et la police de proximité,
06:36mais qui devra être outillée, je n'ai pas dit armée,
06:40outillée pour pouvoir exercer ses missions.
06:45Et c'est-à-dire quoi, outillée, dans votre tête, Virginie ?
06:47Par exemple, outillée, ça peut être les caméras piétons, tout simplement,
06:51comme on peut l'avoir à la RATP ou à la SNCF ou sur certains grands ports.
06:59En tout cas, c'est tous ces systèmes-là qui vont permettre, finalement,
07:03de mettre une certaine forme d'égalité de moyens entre les habitants
07:09d'un côté à qui on ne va pas surveiller, pour eux, c'est de la sécurité,
07:14de la sécurité intelligente, le policier, et puis les délinquants.
07:20Et aussi, peut-être pour être un peu provocatrice,
07:22quand on parle de la politique de la ville, peut-être qu'un énième rapport,
07:27on pourrait, dans le cadre de la politique de la ville, ça a du sens,
07:31utiliser les outils d'intelligence artificielle qui existent aujourd'hui
07:35pour essayer, justement, sur les 40 dernières années,
07:38et à reprendre les 40 rapports, enfin, plus de rapports qui ont été faits
07:43sur cette période-là, pour voir ce qui marche et ce qui ne marche pas,
07:46sans avoir nécessairement besoin de faire des statistiques d'ordre ethnique,
07:50puisqu'effectivement, c'est interdit en France, et de voir ce qu'il en ressortirait,
07:55parce que la technologie, elle est neutre, et elle ne ressortira
07:58s'il y a des difficultés sur un certain type de quartier,
08:01un certain type de population, que si c'est sourcé, documenté.
08:07Donc, oui, pour la police de proximité, mais outillé,
08:11voilà, pour pouvoir faire son travail.
08:13– J'en retiens, j'en retiens à vos propositions.
08:15Arnaud Classevelt, quand vous voyez ces sommes colossales,
08:18cette énergie, et les résultats que nous commentons très régulièrement
08:23de ce qui se passe, évidemment, dans un grand nombre de villes françaises,
08:28on peut parler d'un échec, ou vous nuancez davantage, Arnaud ?
08:32– Je n'ai pas une compétence, comme on disait tout à l'heure,
08:34particulière sur la politique de la ville,
08:37mais je veux bien croire le rapport de la Cour des comptes,
08:39et ce que disent les policiers, c'est-à-dire que de plus en plus,
08:42dans les quartiers, les prédicateurs et les caïds prennent le pouvoir.
08:46Donc, je n'ai pas de compétence particulière,
08:49mais j'ai une compétence particulière sur l'histoire du XXe siècle.
08:53Et quand je me retourne sur l'histoire du XXe siècle,
08:55je vois qu'aux États-Unis, il y avait aussi des vagues d'immigration,
08:59des Irlandais qui étaient, quand ils arrivaient, dans la délinquance,
09:04et qui, après 20 ans ou 30 ans, devenaient tous policiers.
09:08Quand, en Israël, les Marocains arrivaient,
09:11ils ont été mis aussi dans des sortes de ghettos, mal logés.
09:15Il y a eu de la délinquance des Marocains, ou même des félachas,
09:19mais il y avait un projet commun, il y avait l'armée aussi,
09:23et il y avait une volonté d'investir sur l'éducation,
09:26qui est le seul moyen de s'en tirer.
09:29Alors aujourd'hui, il y a la droite qui dit
09:32« ces populations ne veulent pas s'insérer »,
09:34et il y a la gauche qui dit « on ne leur donne pas assez ».
09:39Je n'ai pas les compétences, comme tu le dis,
09:41pour savoir exactement ce qu'il faut faire.
09:45C'est sans doute un mélange des deux.
09:48– Il y a sans doute une réflexion à mener
09:51par rapport à toutes ces sommes d'argent qui ont été déversées.
09:55En tous les cas, la ministre déléguée de la Ville, Juliette Méadel,
09:58était sur le terrain, elle aussi, ce matin.
10:01Elle était à Clichy-sous-Bois.
10:02Clichy-sous-Bois, vous vous souvenez, c'est de là où sont partis les émeutes.
10:08On voit ça avec Dunia Tangour et Sacha Robin
10:10qui ont accompagné la nouvelle ministre,
10:12et puis on en parle, on continue d'en parler.
10:16– Pour son premier déplacement, la nouvelle ministre chargée de la Ville,
10:19Juliette Méadel, a choisi Clichy-sous-Bois, en banlieue parisienne.
10:23Lors de ce déplacement, la ministre a fait part de son intérêt
10:26pour les quartiers dits « sensibles ».
10:28Elle était en compagnie du maire de la Ville, Olivier Klein.
10:31Pour elle, aucun quartier de France ne doit être délaissé.
10:35La ministre s'est donc rendue dans un quartier prioritaire de la Ville,
10:39appelé le « chêne pointu », pour y rencontrer des acteurs locaux
10:43qui multiplient les initiatives citoyennes.
10:46Si la ministre a placé haut la sécurité lors de sa prise de fonction,
10:50reste à savoir si la politique de la Ville sera soutenue,
10:54non seulement sur le plan financier,
10:56mais aussi sur le volet sécuritaire et judiciaire.
11:00– Alors justement, justement, je vous propose d'écouter,
11:03et on poursuit le débat ensemble si vous voulez bien, Juliette Méadel,
11:06sur effectivement cette remarque qu'aucun quartier de France
11:10ne doit être délaissé. On l'écoute.
11:13– Ceux qui sont ici mettent de leur énergie,
11:15de leur attention et de la volonté politique.
11:17Donc l'argent, c'est vrai, il y a de l'argent qui est dépensé,
11:21mais c'est utile et puis il y a aussi de l'investissement humain.
11:24Les maires que vous voyez là, il y a aussi d'autres maires
11:26de plus petites communes, ils s'investissent.
11:28Donc c'est d'abord un signe que pour l'État,
11:30il n'y a aucun quartier qui échappe à la République.
11:33Alors après, ça c'est ce qu'on veut, c'est un objectif.
11:35Et puis comme vous dites, il y a des cas où il y a évidemment
11:39de scandaleux saccages des lieux de services publics.
11:43Bien entendu, l'école, c'est un lieu qui doit être préservé,
11:46tout comme l'hôpital. Et c'est ça la République dans les quartiers.
11:49Moi, c'est ce pour quoi je me suis engagée dans ce gouvernement,
11:52c'est pour contribuer à mettre la République au cœur des quartiers.
11:56– Gilles Mihaly, convaincante la nouvelle ministre de la Ville ?
11:59– Je ne pense pas que c'est le bon niveau.
12:01Je pense que les choses doivent être…
12:02– Donc pas convaincante, pour répondre à ma question.
12:04C'est ça, c'est l'objet de ma question.
12:06– Non, mais peut-être dans deux ou trois mois,
12:07on aura un autre qui sera plus convaincant.
12:09– Bien sûr.
12:09– On a ces privilèges en France depuis un petit moment,
12:12que si ça ne marche pas, après trois mois, on change.
12:15Voilà, donc…
12:16– Vous êtes comme ça, vous.
12:19Vous condamnez déjà la nouvelle ministre de la Ville.
12:22– Exactement.
12:23Et peut-être qu'elle sera ministre de la Défense dans trois mois,
12:27on ne sait pas, tout est possible.
12:30Je pense qu'il faut que l'État rende certaines choses possibles,
12:36mais sans entrer trop dans les détails,
12:39et laisser les maires et les communes gérer les choses.
12:44Parce que parfois, impôts de microcrédit pour lancer quelques activités,
12:49police municipale, propriété, par exemple,
12:53je reviens sur la ville d'Orléans,
12:59les maires ont expliqué que la propriété et la sécurité, ça va ensemble.
13:04Et qu'il y a un certain rigueur sur ces choses-là, c'est très très important.
13:09Et quand les gens ont l'habitude, quand ils appellent la police,
13:13parce qu'il y a deux ou trois gars avec un moto qui font des bruits,
13:17et que cinq ou dix minutes après, il y a une voiture qui arrive,
13:19même s'il n'y a pas d'arrestation.
13:21C'est juste qu'il perturbe les petits qui jouent,
13:27et ça donne aux gens l'impression qu'on s'occupe d'eux,
13:30qu'on prend en sérieux ce qu'ils souhaitent,
13:33et on n'attend pas les deals ou les crimes, etc.
13:37Donc je pense que des maires avec plus de compétences,
13:42avec plus de contrôle,
13:43ont une connaissance très très fine de chaque immeuble, de chaque famille,
13:47qui fait des problèmes, comment l'éloigner, qu'est-ce qu'on peut proposer.
13:51C'est comme ça que ça va marcher.
13:53Ce n'est pas juste en mettant un coup de bonneture.
13:56– Et en déversant de l'argent.
13:58– C'est important, mais c'est surtout ça.
14:00Parfois, il y a une ou deux ou trois familles, ou trois ou quatre personnes
14:04qui pourrissent tout un quartier,
14:06et il y a des manières de leur trouver des solutions.
14:08– Donc c'est une méthode chirurgicale que vous mécanisez.
14:10– Exactement.
14:11– Chirurgicale, on n'arrose pas mais on regarde le cas par cas.
14:14Tout le monde se voit, les maires, les services sociaux, la police municipale,
14:18la police nationale, pour voir une fois ou deux fois par mois,
14:22quels sont les problèmes, comment on peut faire.
14:24– Et on n'a pas fait ça.
14:26– On ne le fait pas assez, et parfois ils ont les solutions,
14:30et après il faut faire un dossier, il va prendre 12 ans,
14:32et après le gouvernement tombe, tout est gelé, etc.
14:36– Arnaud Clasferd.
14:37– Oui, mais quand la police arrive, ils sont caillassés,
14:39ou ils reçoivent des cocktails Molotov.
14:44– Gilles préconise en gros, ce que je m'en rappelle,
14:47une solution quasi-militaire, c'est-à-dire…
14:49– Non !
14:50– Non, mais je ne le dis pas méchamment, je le dis cadré,
14:53c'est-à-dire, j'avais fait un rapport sur la délinquance des mineurs
14:58pour Nicolas Sarkozy il y a 20 ans,
15:00et les chiffres à l'époque qui n'ont pas dû changer,
15:03c'est que 5% d'une classe d'âge est responsable de 50% des délits.
15:10Donc c'est comme quand il y a des manifestations,
15:12ou quand il y a des groupes terroristes,
15:14ou quand il faut se débarrasser des leaders,
15:17ou de ceux qui causent les troubles,
15:21et ne plus être sous la loi des caïds,
15:24et de ceux qui gâchent la vie des quartiers,
15:27parce que la vaste majorité des gens veulent vivre en France,
15:31avec leurs particularités culturelles,
15:33mais veulent une partie du gâteau,
15:35veulent profiter de la société de consommation,
15:40mais il y a le trafic de drogue qui gangrène totalement,
15:44qui a envie de travailler pour le SMIC,
15:46ou pour 1 500 euros, ou 2 000 euros,
15:49alors que sans rien faire, il touche 4 000 euros,
15:52et 5 000 euros, et qu'il est libre,
15:54et qu'il n'a pas de patron toute la journée au-dessus de la tête.
15:56Il aime mourir brûlé dans sa voiture après 3 ans.
16:01Ou même plus jeune aussi.
16:02Personne ne pense, quand on a 15 ans,
16:04on ne pense pas qu'on va mourir brûlé.
16:07Donc c'est compliqué, il faut se débarrasser des caïds,
16:10et la ministre a l'air très compétente et très intelligente,
16:14mais elle ne fixe pas de perspective,
16:16elle ne dit pas comment elle va agir pour changer les choses.
16:21– En tous les cas, je vous donne la parole juste après,
16:22Mathieu Hocq, à Clichy-sous-Bois, ce n'est pas un hasard, écoutez-la.
16:27– Tout le monde a en tête 2005 Zia Débouna,
16:30on y pense tous évidemment,
16:31il va y avoir l'année prochaine les 20 ans,
16:35moi je pense aussi à cette jeunesse qui ne se sent pas forcément aimée,
16:40qui se sent rejetée, avec laquelle il faut parler,
16:44pour laquelle il faut faire des vrais efforts en termes d'éducation.
16:47Quand je vous parle des transports,
16:48vous voyez, je pense tout de suite à avoir accès aux facs,
16:50c'est à eux qu'il faut s'adresser,
16:52pour éviter qu'il y ait à nouveau des Zia Débouna,
16:55et pour casser cette espèce de méfiance,
16:58et cette défiance d'ailleurs, entre une partie de la jeunesse
17:02et tous ceux qui représentent les forces de l'ordre,
17:04la puissance publique, l'autorité publique.
17:08– Mathieu Hocq.
17:08– Moi quand j'entends ça, honnêtement,
17:10j'ai l'impression qu'elle a 40 ans de retard,
17:12elle a 40 ans de retard la ministre,
17:13on a l'impression qu'elle est ministre sous François Mitterrand,
17:16et que les problématiques qu'elle soulève sont les problématiques
17:20qui ont essayé d'être traitées par la puissance publique depuis 40 ans,
17:23et justement la Cour des comptes dit que c'est un échec,
17:25par exemple, elle parle de transports parce que les jeunes de ces quartiers
17:29n'auraient pas accès à la fac ou au lycée, etc.
17:33Moi je prends un exemple simple, dans ma ville à Angers,
17:35j'ai grandi dans un quartier de cette nature-là, à Angers-la-Roseraie,
17:37et on a mis un tramway il y a 15 ans dans ce quartier-là,
17:41pour autant il y a toujours autant de délinquance,
17:43on a rénové les bâtiments, comme vous le disiez tout à l'heure,
17:45certes c'est très beau, mais on a rénové les bâtiments,
17:49on a soi-disant assaini le quartier,
17:52et pour autant il y a toujours autant de délinquance,
17:54autant d'insécurité, autant d'incivilité,
17:56et autant de gens qui pourrissent la vie de la majorité.
17:59Et là on parle d'un quartier qui fait 20 000 habitants,
18:01vous prenez les quartiers en Seine-Saint-Denis, à Marseille,
18:04à Lyon ou à Grenoble, c'est bien pire.
18:06Et moi je partage ce qu'a dit Arnaud Klarsfeld,
18:08c'est qu'aujourd'hui, la promesse républicaine a été concurrencée,
18:12et est même en train d'être battue en brèche par, justement,
18:14la loi des caïds et la loi des grands frères,
18:17et ça c'est quelque chose qui ne date pas d'aujourd'hui.
18:18Depuis 40 ans, on a les caïds qui se sont développés
18:22en bâtissant une économie informelle et une économie parallèle
18:25qui génère une société parallèle,
18:27effectivement sur la base du trafic de drogue,
18:29mais pas que, puisqu'il y a évidemment les autres trafics,
18:31notamment le trafic de faux-vêtements, etc.
18:35Il y a énormément de trafic dans ces quartiers-là.
18:37Ensuite vous avez ce premier problème.
18:38Sans oublier les commerces qui sortent de l'argent, etc.
18:42Les coiffeurs, les kebabs, etc.
18:45Il ne faut pas se mentir, on est dans cette réalité-là,
18:48aujourd'hui dans ces quartiers.
18:50Et puis le deuxième point, c'est la montée de l'islamisme
18:52dans un certain nombre de territoires,
18:53et c'est pour cela que Georges Bensoussan parlait
18:55de territoires perdus de la République,
18:56avec une montée affolante de l'antisémitisme
18:59dans un certain nombre de ces quartiers.
19:01Donc à un moment donné, les constats sont connus
19:03depuis 20 ans, depuis 30 ans.
19:05Et pour autant, on a des ministres de la politique de la ville
19:08qui nous ressassent les vieilles salades d'il y a plus de 40 ans.
19:11Avec ce que dit Juliette Mayadel, je peux déjà vous affirmer
19:14qu'elle va se planter.
19:15La réalité sur ces quartiers-là, c'est qu'il faut opérer une reconquête.
19:18C'est d'ailleurs les services du ministère qui le disent.
19:21Il y a parmi les 1515 quartiers prioritaires de la ville,
19:2470 quartiers jugés en reconquête républicaine.
19:27Ça veut dire qu'aujourd'hui, l'État n'a plus la main
19:29dans ces quartiers-là.
19:30Donc à un moment donné, quand la police ne peut plus faire son travail,
19:33quand la justice ne peut plus faire son travail,
19:34ce n'est plus possible.
19:35Donc on ne peut pas arriver avec des solutions toutes faites
19:38sur il faut mettre de la rénovation urbaine,
19:40il faut mettre des tramways, etc.
19:42Ça ne changera absolument rien.
19:44Il faut reconquérir ces territoires perdus de la République
19:47pour ensuite, après, apporter la promesse républicaine.
19:49Mais si vous le faites dans le désordre,
19:50vous allez encore avoir une Juliette Méhanel 2.0
19:53dans 20 ans qui va vous expliquer la même chose.
19:56Bon, en tous les cas, je constate que vous êtes d'accord
19:58avec Gilles Miaeli qui ne donne pas plus de trois mois
20:00à cette nouvelle ministre de Méhanel.
20:03Et Mathieu Hoque qui a habillé la nouvelle ministre de la Ville.
20:07Voilà, au moins pour l'hiver.
20:10Trois mois d'hiver, évidemment.
20:12On se retrouve dans quelques instants S-Europe
20:14et sur CNews et on va évoquer ce qui s'est passé
20:18le soir du Réveillon dans une pharmacie d'Ivry-sur-Seine.
20:21On vous raconte tout ça sur nos deux antennes.
20:23À tout de suite.

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