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00:00Europe Un Soir, 19h21, Stéphanie Demureux.
00:06Le premier Conseil des ministres, ce sera pour le 3 janvier, il faudra patienter encore un petit peu.
00:12Mais quand même, le gouvernement entre en action, François Bayrou va se rendre à Mayotte après quelques critiques bien nourries au début de son mandat.
00:20Vous vous en souvenez, il s'était rendu au Conseil municipal de Pau à défaut d'être allé à Mayotte aux côtés du Président de la République.
00:28Le Général Darmanin, lui, il occupe le terrain, on va en parler dans quelques instants avec nos invités, Joseph Massé-Caron, essayiste et consultant.
00:36Bonjour Joseph, comment ça va ? Vous avez passé un bon Noël ?
00:40Un bon Noël, voilà.
00:42Raphaël Stainville, directeur adjoint de la rédaction du JDD.
00:46Bonjour Stéphanie.
00:47Bonjour, bonsoir même. Nous sommes le soir du ravis au revoir à cet étage.
00:51C'est un peu mélangé dans cette période de fête.
00:53C'est vrai, vous avez passé un joyeux Noël vous aussi.
00:55Très bien.
00:56Vous avez vu, il s'est passé des choses quand même pendant que vous festoyez, n'est-ce pas Manuel Valls, j'allais dire.
01:04Oui, je l'ai confondu, Gérald Darmanin est déjà sur le terrain.
01:08Mais justement, je voulais vous faire réagir à l'accueil qu'a subi, il n'y a pas d'autre mot, Manuel Valls.
01:14Traité entre autres d'étron par un auditeur de France Inter, relayé par une certaine Rima Hassan qui s'est empressée de mettre de l'huile sur le feu.
01:22Comme souvent, il faut bien le dire, à tel point que Bruno Retailleau est venu au secours de son collègue.
01:28Je voulais en parler également avec Jean-Christophe Gallien, politologue et communicant qui est notre invité.
01:33Bonsoir Jean-Christophe Gallien.
01:35Bonsoir Stéphanie.
01:36Alors Jean-Christophe, vous êtes communicant par le passé, l'insulte était un moyen parfois pour les outsiders de se faire connaître.
01:44Mais on a l'impression ces derniers temps que c'est devenu un petit peu un sport politique national.
01:51Qu'est-ce que ça dit de notre époque ?
01:54Ça dit que vous savez, dans un processus de communication, il y a trois paramètres principaux,
02:00l'émetteur, le récepteur et puis finalement les tuyaux qui permettent d'avoir une conversation entre cet émetteur et le récepteur.
02:07Et donc les trois ont changé, les trois ont bougé les lignes de quelque chose qui existe depuis très longtemps.
02:12Si vous allez à Pompéi, il y a des gens qui sont en vacances en ce moment, ils pourraient trouver les insultes politiques sur les gravés sur les murs,
02:17les manuscrits du Moyen-Âge en ont plein.
02:19C'est quelque chose qui dans les assemblées de toutes nos républiques ont pu exister.
02:23Aujourd'hui c'est un peu différent, il y a des émetteurs qui viennent d'un autre contexte,
02:27qui sont des gens qui importent depuis les rues physiques, les rues digitales, une manière de se comporter, une manière de s'exprimer.
02:35Vous avez des récepteurs qui eux-mêmes sont assez, non pas avides, mais qui finalement, regardez l'auditeur de France Inter,
02:41en tout cas des gens qui ont l'habitude finalement de consommer quelque chose qui est la culture qu'on appelle du clash, du buzz,
02:47qui vient effectivement d'un univers qui est suivi des écrans, des réseaux sociaux, et aussi de l'information continue,
02:54dans lequel pour exister, pour créer de l'écho, pour créer de l'attention pour soi-même dans l'économie de l'attention,
03:01il faut parfois, et très souvent de plus en plus, exister à travers le clash, l'insulte,
03:07et quelque chose en tout cas qui sort un peu de la norme, en tout cas de quelque chose qui est une norme acceptable, on va dire aujourd'hui.
03:13Alors vous dites Jean-Christophe Gallien que ça a toujours existé, c'est vrai que je lisais un excellent article dans le journal du dimanche, n'est-ce pas, Raphaël ?
03:21Stainville, la troisième république, alors on se traitait de fripouilles, vermines, salopios, bon ça restait quand même assez poétique,
03:29c'était le maximum pour l'époque, mais c'est vrai que c'était un temps aussi où l'art de l'éloquence était important aujourd'hui,
03:36où est-elle passée cette art de l'éloquence ?
03:40Elle est passée là où aujourd'hui, quand on communique en général, on étudie très concrètement et très précisément le registre vocabulaire dans lequel on veut s'exprimer,
03:51et donc aujourd'hui vous avez un langage, une expression générale, et lorsque, au-delà des bons mots,
03:59parce que là ce dont vous parlez c'est les bons mots du clash de l'ancien temps, on va dire,
04:04alors ça pouvait aller jusqu'au duel, rappelons-nous qu'en 1967, pour ceux qui le savent, c'est très vieux,
04:09il y a eu un duel en France, le dernier duel, il y a eu une insulte politique de Gaston Dossert pour un député gaulliste,
04:15et ça s'est réglé devant quatre témoins au duel à l'épée, donc vous voyez c'est pas très nouveau.
04:20Aujourd'hui ce qui a changé, c'est que le vocabulaire sur lequel on travaille lorsqu'on fait du marketing politique et électoral,
04:26il y a de certaines formations politiques, en particulier d'une en France, qui a très largement stratégisé,
04:31on va dire ça de manière un peu compliquée, sa manière d'exister, il faut se relier au vocabulaire de sa cible.
04:37Et le vocabulaire de la cible de ses parties, d'un certain nombre d'acteurs politiques, c'est celui qui ne fait pas que de l'insulte,
04:45mais qui parfois peut être insultant par sa nature même pour d'autres publics, et c'est le cas aujourd'hui.
04:52Peut-être que la nouveauté aujourd'hui, dites-moi si je me trompe ou si je m'abuse,
04:57mais cette violence verbale, elle n'est plus portée aujourd'hui que par un seul parti, et notamment Elifi.
05:05Elle est très largement déployée, et encore une fois je le dis, il y a une stratégie très là.
05:11C'est pas du bon mot, on est vraiment dans la volonté de faire mal, d'exister, d'impacter, de créer de l'écho.
05:18Vous savez, c'est ces boucles d'écho qui sont propres aux réseaux sociaux, et ce parti-là en particulier comme d'autres.
05:23C'est pas droite ou de gauche, il y a des gens qui ont pu le faire, mais de manière moins organisée,
05:28et moins stratégique, je le redis, et moins systématique.
05:31Mais vous l'avez dans d'autres pays, où vous devez être fort, plutôt à droite, d'ailleurs l'utilisez aussi.
05:35J'allais y venir, Jean-Christophe Gagnin, dans d'autres pays, à commencer par Donald Trump,
05:39qui a toujours des mots assez fleuris à l'endroit de ses concurrents, de ses ex-concurrents,
05:45et pourtant les électeurs ne semblent pas lui en tenir rigueur plus que ça, bien au contraire.
05:50Non, parce qu'on revient au récepteur et au tuyau, c'est-à-dire que vous avez dans un combat politique,
05:57il y a des amis, des ennemis, des gens qui sont plus ou moins vos ennemis,
06:00puis il y a des gens qui sont largement vos ennemis.
06:02Et dans les mouvements populistes à travers le monde aujourd'hui, celui qui nous est comparable,
06:06on ne va pas aller dans les pays où il n'y a qu'un parti politique et après des résistants.
06:09De l'autre côté, vous avez des gens qui en permanence essayent de souffler dans cette boîte-là,
06:14parce que l'argument de la raison, l'argument de fond, il peut exister bien sûr,
06:19mais la brèche doit être ouverte de votre capacité à exister par ce registre-là.
06:26Il faut pouvoir créer quelque chose qui vous crée un espace,
06:31et cette petite brèche est largement ouverte parce qu'à un moment donné,
06:35vous utilisez une sémantique qui est celle de votre site prioritaire.
06:39Je ne dis pas de tout le monde, mais tout le monde, c'est compliqué,
06:42mais de votre site prioritaire. Parfois c'est ce registre-là, parfois ça ne l'est pas.
06:46C'est pour ça que certains parties l'utilisent, d'autres non.
06:48Joseph Macézcarron, alors sans aller...
06:50J'aime beaucoup la différence qui est faite, monsieur Galien,
06:53entre la personne qui émet, l'émetteur, et puis en effet le public visé,
07:01puisque c'est ce qu'on apprend.
07:02La première chose qu'on apprend en effet dans le domaine de la communication,
07:05c'est à qui vous voulez vous adresser en particulier.
07:08Et ce qui me frappe dans ce qui vient d'être dit,
07:10c'est qu'on a l'impression que ces personnes ne s'adressent pas en particulier au public,
07:16mais en effet s'adressent à l'émetteur.
07:19C'est-à-dire à l'émetteur qui va reprendre,
07:22et reprendre sous une forme évidemment caricaturale,
07:26c'est ce qu'on appelle dans notre jargon à nous, pardon, les putaclics.
07:30Et finalement, progressivement,
07:34j'ai l'impression que l'émetteur prend de plus en plus d'importance,
07:38et que le public auquel il doit s'adresser progressivement s'efface.
07:44Jean-Christophe Gellien ?
07:45Oui, c'est-à-dire que vous avez effectivement la recherche de cette boucle d'écho.
07:49Un récepteur lui-même, et c'est là où je suis d'accord avec Joseph,
07:52c'est que ce qu'on cherche à faire, c'est l'impliquer dans une réémission.
07:57C'est-à-dire qu'il ne sert à rien si c'est juste un récepteur.
07:59Et aujourd'hui, on veut absolument que c'est ça.
08:01Et donc pour que le public puisse s'emparer de ce message,
08:04il faut qu'il soit très simple, très rapide, très concret on va dire,
08:07et surtout un message dans lequel lui-même va se sentir très à l'aise,
08:10et dans lequel il va avoir du plaisir, si vous voulez.
08:12Aujourd'hui, regardez, vous parlez de ministres qui sont en train de s'agiter
08:15pour faire part dans une période de fête.
08:17Je veux dire, il faut méconnaître en fait la réalité,
08:22la capacité d'attention des citoyens aujourd'hui,
08:25ou parce que se dire qu'on est le seul à pouvoir le faire...
08:28Mais il n'y a pas que ça tout de même, Jean-Christophe Gellien.
08:30Regardez, j'ai en tête d'ancien président de la République, et même actuel.
08:34Bon, alors ce n'était pas des insultes, mais enfin si, quand même, Nicolas Sarkozy.
08:38On se souvient d'un castois pauvre con, me semble-t-il,
08:41qui avait fait couler beaucoup d'encre.
08:43Emmanuel Macron un petit peu critiqué à Mayotte,
08:46qui parle, voilà, vous seriez encore plus dans la merde.
08:49Bon, c'est vrai qu'on n'attend pas un homme d'ailleurs comme Emmanuel Macron,
08:53qui est extrêmement lettré.
08:55Là, c'est vrai que ce n'est pas forcément pour sortir du lot,
09:00c'est devenu un langage très courant.
09:03Oui, alors la différence, encore une fois, je vous le dis,
09:06c'est qu'il y a du bon mot, du mauvais mot, du mot de réaction.
09:10Quand Emmanuel Macron est laissé dans une foule,
09:13par son environnement, pendant des longues minutes à un moment donné,
09:16de la raison, il bascule dans quelque chose qui est différent.
09:18Alors il ne doit pas le faire, il est plus dans la République.
09:20C'est la même chose avec Nicolas Sarkozy,
09:22dans une langue promenade au sein de l'agriculture.
09:24On doit pouvoir se maîtriser, mais ça c'est aux environnements,
09:27ensuite de maîtriser l'environnement, c'est bien de le dire,
09:29c'est-à-dire dans lequel on est en mobilité.
09:33La différence, encore une fois, c'est ceux qui vont jouer cette carte,
09:37je vous le dis, comme cette longueur d'onde qu'on pousse et qu'on repousse.
09:41C'est-à-dire qu'en réalité, il faut pour ça,
09:43non pas jeter des gros cailloux, mais des petits cailloux tout le temps,
09:45dans une espèce de marre politique et médiatique,
09:48qui fait que ça ne marche pas à tous les coups,
09:51mais de temps en temps, ça marche, et c'est ça qui compte.
09:53C'est-à-dire qu'en fait, de temps en temps, ça fonctionne.
09:55Et de temps en temps, même M. Valls qui se fait insulter,
09:57finalement, il y a beaucoup de gens qui applaudissent.
09:59Il y a beaucoup de gens qui applaudissent,
10:00et on ne vise pas ceux qui ne vont pas se révolter,
10:04ceux qui vont trouver ça pas tout à fait normal,
10:06mais celles et ceux qui sont vocibles et qui vont dire
10:08« Ah, enfin, il y a des gens de gauche, par exemple. »
10:10Vous voyez, il y a des gens de gauche,
10:11et il y a ceux qui pensent vraiment comme les gens de gauche,
10:13et les autres qui sont des traîtres, évidemment,
10:14ce qui est Manuel Valls.
10:15Merci Jean-Christophe Gallien.
10:16Je demanderai d'ailleurs à mes deux débatteurs
10:18comment ils jugent cet accueil d'ailleurs de Manuel Valls,
10:22parce que ça dit quelque chose.
10:24Il y a beaucoup de violence à son endroit,
10:26il cristallise beaucoup de mécontentements.
10:28On y reviendra.
10:30Et nous sommes toujours avec nos deux débatteurs,
10:33mais non pas débuteurs, de la première heure,
10:35Joseph Macéscaran et Raphaël Stainville.
10:40On parlait il y a quelques instants des insultes
10:43dont on avait été victime.
10:45Manuel Valls, François Bayrou sera justement
10:48avec Manuel Valls dimanche et lundi,
10:51aux côtés également d'Elisabeth Borne,
10:53deux ministres d'État, ex-premier ministre,
10:55c'est assez cocasse quand même.
10:57On doit s'attendre à quelques petites scènes cocasses,
11:00Raphaël Stainville à Mayotte.
11:02D'abord, si vous me permettez de revenir
11:05sur les insultes qu'a pu subir Manuel Valls,
11:08je pense que ça dit très exactement
11:10ce que Manuel Valls a quelques années rappelé
11:12lorsqu'il actait finalement l'existence
11:14de deux gauches irréconciliables.
11:16Lorsque l'on a deux gauches irréconciliables
11:18et qu'on ne peut plus se parler,
11:19un peu comme après un divorce qui ne se passe mal,
11:22finalement la seule possibilité d'expression,
11:24ce sont les insultes transverbales.
11:27Après, s'agissant de leur déplacement à Mayotte
11:31avec effectivement Elisabeth Borne,
11:33Emmanuel Valls et François Bayrou,
11:35je pense que ça risque d'être musclé
11:37parce que les attentes des Mahorais sont immenses.
11:40Je pense notamment à Elisabeth Borne
11:43qui vient en sa qualité de ministre de l'Éducation nationale
11:45dans une île, dans un archipel
11:47où aujourd'hui les écoles sont fermées
11:49ou les écoles sont pillées
11:51parce qu'un certain nombre de clandestins
11:55récupèrent les tôles des écoles
11:57pour pouvoir reconstruire à la va-vite leur bidonville.
11:59Je pense que les questions vont être brûlantes
12:02et je ne suis pas sûr qu'en l'état
12:04ils aient les réponses nécessaires
12:06pour rassurer les Mahorais.
12:08Oui, Joseph Massé-Escaron,
12:10c'est vrai que ce sont trois personnalités
12:12qui peuvent être repoussoires pour certains Français.
12:15Elisabeth Borne, c'est aussi Madame 49.3,
12:18l'architecte des retraites.
12:21On est bien d'accord,
12:23mais elle cristallise aussi
12:25une forme de ressentiment.
12:28C'est-à-dire qu'en fait
12:30elle n'est pas une personne qui
12:32spontanément est vouée à l'empathie
12:34et à la compassion.
12:36Mais elle va sûrement apprendre avec le temps.
12:38Je n'en doute pas.
12:40Elle n'a pas l'air motivée
12:42par le ministère de l'Éducation,
12:44de son propre aveu.
12:46Oui, absolument.
12:48Je m'interroge sur ce type
12:50de déplacement.
12:52Autant on a vu
12:54Bruno Rotailleau,
12:56ce que ça pouvait donner,
12:58puisqu'il y a eu des résultats
13:00assez probants,
13:02l'arrivée d'Emmanuel Macron
13:04a eu pour conséquence,
13:06et ce qui est tout à fait normal,
13:08ce n'est pas la faute d'Emmanuel Macron,
13:10mais il fallait tout organiser
13:12pour retarder un certain nombre
13:14d'éléments capitaux.
13:16Pour les Marais, rappelons-le,
13:18avoir l'eau courante,
13:20ce sont des choses qui relèvent
13:22de la première nécessité.
13:24Ce qui n'est toujours pas le cas dans une grande partie
13:26de l'archipel. Toujours pas d'eau courante,
13:28toujours pas de nourriture, ni d'électricité.
13:30Absolument.
13:32Voir
13:34un nouvel aéropage
13:36se précipiter,
13:38je pense que
13:40la présence de Manuel Valls, c'est une présence
13:42qui est normale en tant que ministre de l'Outre-mer,
13:44bien évidemment,
13:46même si
13:48l'Outre-mer,
13:50on va en parler certainement,
13:52il y a d'autres crises qui sont également
13:54importantes aussi à gérer,
13:56mais là, sa présence est une présence requise,
13:58c'est absolument évident.
14:00Franchement, moi je suis toujours
14:02gêné
14:04quand je vois
14:06des politiques se précipiter
14:08parce qu'ils répondent
14:10à l'impératif de la communication
14:12qui est, mais vous ne pouvez pas
14:14ne pas être là, vous ne pouvez pas ne pas...
14:16Mais on leur reproche aussi.
14:18Mais bien sûr, mais ce que je ne comprends pas,
14:20c'est le reproche, je ne comprends pas ce reproche
14:22qu'il aurait fait, parce que
14:24on ne le dit jamais assez,
14:26ça quand même,
14:28c'est pour moi une telle évidence
14:30d'avoir à le rappeler, j'ai honte de le rappeler,
14:32d'avoir à le dire, mais on est vraiment
14:34tellement dans la...
14:36quand des politiques arrivent,
14:38il faut bien savoir ce que c'est, c'est-à-dire
14:40l'infrastructure qui se met en place, c'est-à-dire
14:42des forces de l'ordre qui sont mobilisées,
14:44alors qu'il y a des pillages dans l'île,
14:46je veux dire, franchement,
14:48le faire, ce n'est pas ça qui est important,
14:50ce qui est important, c'est la vitesse
14:52de réaction, et c'est d'assurer,
14:54moi je pense qu'il faudrait,
14:56je dis franchement, il faudrait, le deuil national
14:58c'est très bien, bien évidemment,
15:00mais moi je pense
15:02qu'il faudrait faire quelque chose qui ressemble
15:04au Téléthon pour Mayotte,
15:06par exemple...
15:08Il faudrait faire...
15:10Pour moi, pas assez, je veux dire franchement,
15:12pas assez par rapport à ça, par rapport à ce qui est fait,
15:14parce que nous avons une énorme responsabilité
15:16sur Mayotte, dont personne ne parle.
15:18La responsabilité que nous avons, c'est d'avoir fait
15:20à un moment donné, de Mayotte
15:22un département. Ça, ça a été une énorme
15:24responsabilité. Depuis seulement 2001.
15:26Qui a été conçue, pardon,
15:28c'est plus tardé, ça a été
15:30conçu, l'idée,
15:32le feu vert a été donné par Jacques Chirac
15:34et réalisé par Nicolas Sarkozy. Je suis désolé,
15:36ce sont des éléments qui fâchent, mais il faut quand même le rappeler.
15:38Donc, qu'est-ce que c'est, cette départementalisation
15:40a eu pour effet,
15:42il y avait d'ailleurs un discours qui avait été fait
15:44par Michèle Lamy-Oumary, qui était à l'époque
15:46ministre de l'Intérieur en 2009, et qui avait mis
15:48en garde en disant, attention,
15:50le fait de faire de Mayotte ce département, ça va entraîner
15:52ceci, ceci, celui-là, sur
15:54les salaires, et surtout, surtout,
15:56disait-elle, sur l'immigration.
15:58Parce que, évidemment, c'est un appel d'air
16:00pour les gens
16:02des Comores, l'archipel d'Anjouan,
16:04de venir avec l'assurance
16:06qu'ils vont avoir tout ce que
16:08l'on peut bénéficier dans un département
16:10français, bien évidemment.
16:12Et tout ça, ce sont des éléments, mais
16:14qui ne sont,
16:16à mon sens, qui ne sont pas assez rappelés.
16:18Alors, savoir si c'est Pierre,
16:20Paul, Jacques, qui doit être là-bas, moi, honnêtement,
16:22ça m'est égal. La situation
16:24est une situation, mais tellement dramatique.
16:26Je pense qu'on ne va pas savoir avant longtemps
16:28combien de personnes
16:30sont mortes, sont sous les décombres.
16:32D'abord, tout simplement, parce que
16:34il y a certainement beaucoup
16:36d'immigrants comoriens qui se trouvent,
16:38évidemment, qui ne sont pas déclarés.
16:40Donc, cette situation d'instabilité...
16:42On parle de choléra, pardon d'être long,
16:44je suis désolé...
16:46On parle, par exemple,
16:48du choléra.
16:50Moi, ça me frappe, mais
16:52comme si on oubliait
16:54qu'il y a six mois, il y a eu le premier cas
16:56de choléra qui ont été repérés, et
16:58régulièrement, il y a des cas de choléra qui sont
17:00repérés.
17:02Est-ce qu'il y a eu des réactions sur l'Hexagone
17:04quand il y a eu le premier cas de choléra
17:06dans un département français ?
17:08Est-ce qu'on accepterait ça ?
17:10Tout de suite, ce seraient les gros titres.
17:12Raphaël Stainville, vous partagez cette opinion
17:14il faut un petit peu s'auto-flageller sur le cas Mayotte ?
17:16Non, mais moi, je partage
17:18en grande partie ce que Joseph vient de dire.
17:20Il y a une chose, malgré tout,
17:22qu'il faut pouvoir
17:24traiter avant même de penser
17:26et d'imaginer une reconstruction.
17:28Ça a été dit partiellement, mais c'est la question
17:30de l'immigration. On peut faire des appels
17:32aux dons, mettre le paquet
17:34sur Mayotte
17:36pour reconstruire, si
17:38dans le même temps, rien n'est fait pour
17:40couper les flux et faire en sorte
17:42que les 100 ou 110 000
17:44clandestins qui sont sur l'île
17:46et qui entraînent
17:48les conséquences.
17:50Il y a un certain nombre de mesures à prendre
17:52et ça a été évoqué d'ailleurs par Bruno Ottaio,
17:54la question du droit du sol, la limitation.
17:56Alors, il y a déjà des mesures
17:58qui ont été prises pour
18:00restreindre cette application
18:02du droit du sol à Mayotte, ce qui est déjà
18:04une particularité,
18:06mais qui dit la difficulté qui est
18:08propre à cet archipel.
18:10Si on ne
18:12résout pas cette
18:14équation quasiment impossible
18:16de l'immigration, l'avenir
18:18de cet archipel, elle restera
18:20toujours un désastre.
18:22En tout cas, on va un petit peu avancer.
18:24Est-ce que c'est important ce genre de
18:26première séquence pour un gouvernement ?
18:28Et a fortiori celui de François Bayrou
18:30qui est clairement en sursis.
18:32Beaucoup
18:34parient qu'il ne passera pas d'hiver,
18:36Joseph Massé-Pescaron.
18:38Oui, écoutez...
18:40C'est votre cas ?
18:42Je ne prendrais pas de
18:44pari à ce sujet parce que, très franchement,
18:46on vit dans une période qui est tellement folle
18:48que je ne prendrais ni un pari
18:50ni dans un sens ni dans un autre. Maintenant,
18:52est-ce que ça dure
18:54encore deux ans et demi ?
18:56C'est quand même assez
18:58hautement improbable.
19:00Cela dit, il faut voir.
19:02Il faut voir les textes qui vont être
19:04votés. Il y a les preuves, bien sûr,
19:06les preuves du budget
19:08qui restent, qui demeurent. Parce que je rappelle que la dernière fois,
19:10ce n'est pas sur le budget, c'est sur le budget
19:12de la Sécurité sociale
19:14que la censure
19:16a été votée. Donc, est-ce que, d'abord,
19:18il y a plein de questions. Est-ce que le budget va être
19:20repris tel quel ? C'est une
19:22vraie question. On laisse
19:24entendre à Matignon que oui, en grande partie,
19:26parce que sinon, on pourrait recommencer
19:28tout, ce qui poserait des problèmes. Ce serait dire que
19:30on arriverait en discussion budgétaire
19:32à peu près au mois d'avril. Donc, ça pose
19:34des problèmes parce qu'il y a des éléments
19:36qui sont à régler. Il y a des urgences.
19:38On ne peut pas en permanence se remettre
19:40au budget de
19:422023.
19:44Donc, il y a
19:46tellement, pardonnez-moi, il y a
19:48tellement d'inconnus.
19:50Ce qui me frappe,
19:52c'est que, tout à fait
19:54d'ailleurs, légitimement, beaucoup de personnes
19:56ont l'œil sur,
19:58bien sûr, le couple
20:00Retailleau-Darmanin
20:02qui est, en effet,
20:04une première.
20:06C'est-à-dire ces deux
20:08poids lourds qui vont dans le même sens.
20:10On pourrait même rajouter un peu
20:12un codicil qui est Manuel Valls.
20:14En fait, on a trois anciens ministres de l'Intérieur
20:16dans ce gouvernement.
20:18Mais qui est plutôt populaire
20:20a priori aux yeux de l'opinion.
20:22François Bayrou le dit, je l'ai fait, clairement,
20:24pour répondre à une demande de l'opinion.
20:26Ce n'était pas forcément son idéologie.
20:28Pardon, je continue
20:30même en disant, et on pourrait même rajouter
20:32François M. Salem qui, pendant tout
20:34la présidence de Hollande, n'arrivait qu'à dire une chose,
20:36c'est d'être ministre de l'Intérieur et d'arriver
20:38place Beauvau. Donc, vous avez vraiment des personnes qui sont
20:40focalisées par ce thème régalien
20:42de l'Intérieur. Mais, attendez, il y a quand même un thème
20:44qui me frappe,
20:46c'est celui de l'économie.
20:48Qui a dormi à l'économie ?
20:50On a choisi, en fait,
20:52le social-étatisme,
20:54un turifère,
20:58une sorte de pom-pom boy
21:00de M. Thomas Piketty.
21:02Et là, j'ai l'impression
21:04de revenir, non pas
21:06mais vraiment à la gauche
21:08de François Hollande, mais je pense même
21:10au premier gouvernement Montroi.
21:12Au premier gouvernement Montroi, en termes d'économie
21:14et de vision économique. Enfin, cela veut dire de vision,
21:16plutôt de cabotage économique.
21:18Est-ce que ce n'est pas assez, finalement, habile
21:20Raphaël Stainville, de la part de François Bayrou,
21:22de prendre, finalement, un économiste
21:24plutôt à gauche, qui se revendique
21:26effectivement, Éric Lombard, un des théories
21:28de l'économiste Thomas
21:30Piketty. Il a dit, d'ailleurs,
21:32qu'il ferait de la justice sociale sa
21:34priorité. C'était bien ce qui a pêché
21:36ORN et à gauche,
21:38n'est-ce pas ? Oui, mais Stéphanie,
21:40quel gain politique, si
21:42d'ores et déjà, il est
21:44acté que le nouveau Front Populaire
21:46votera la censure
21:48le 16 janvier
21:50prochain. Et probablement
21:52dès lors que n'importe quel
21:54texte sera présenté par ce gouvernement,
21:56parce qu'il ne serait pas assez, à leur goût,
21:58de gauche socialiste
22:00ou même insoumise.
22:02Mais l'ORN ne le fera peut-être pas.
22:04Oui, mais aujourd'hui,
22:06le gain politique de cette figure
22:08qui n'en est pas une,
22:10qui était pour le grand public, pour l'instant, un inconnu,
22:12qu'ils vont apprendre à connaître.
22:14Un ami d'Olivier Faure, je vous signale.
22:16Oui, c'est vrai.
22:18Non, moi, ce que
22:20je redoute, c'est qu'aujourd'hui,
22:22ce gouvernement, compte tenu des marges de
22:24banoeuvre très contraintes
22:26qui sont les siennes,
22:28ne soit finalement contraint
22:30à ne faire que du compassionnel,
22:32un petit peu comme ce déplacement
22:34à Mayotte, où j'ai l'impression que
22:36à défaut de pouvoir faire
22:38de grands chantiers, annoncer de grandes choses,
22:40et ce n'est pas seulement
22:42la communication, je pense qu'il y a une volonté
22:44de se montrer
22:46le plus attentif
22:48à la douleur, à la détresse des Mahorais,
22:50mais qu'est-ce qu'ils peuvent
22:52faire d'autre que du compassionnel aujourd'hui ?
22:54Et à défaut de pouvoir faire quelque chose,
22:56ils risquent de s'attirer encore davantage de colère.
22:58Oui, il pourrait
23:00initier des éléments qui soient
23:02par exemple des coupes budgétaires.
23:04Joseph Massé-Escaron, je vous propose
23:06de poursuivre cette conversation dans quelques
23:08instants après le journal
23:10permanent et une petite pause.