Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, s’exprime sur le choix de Gérald Darmanin comme nouveau ministre de la Justice : «Nommer l’ancien ministre de l’Intérieur à la Justice, ce n’est pas une très bonne idée».
Category
🗞
NewsTranscription
00:00parce qu'au-delà des qualités personnelles de Gérald Darmanin et de son expérience,
00:05nommer l'ancien ministre de l'Intérieur à la justice,
00:10ce n'est pas une très très bonne idée parce que
00:13tout ça va apparaître comme une forme de provocation vis-à-vis des magistrats.
00:17Il ne peut pas en être autrement.
00:19Gérald Darmanin, qui remplissait les devoirs de sa tâche,
00:24protégeait les policiers,
00:27même participait à une manifestation de la police ou des syndicats policiers contre la justice.
00:34Encore une fois, il faisait ce qu'il avait à faire,
00:37mais passer de cette position, de ce rôle, de ce statut à garde des sceaux
00:42ne me paraît pas la meilleure façon de faire évoluer la justice.
00:46Parce que j'écoutais ce qu'il disait,
00:51et je me faisais la réflexion suivante.
00:55Le ministre de l'Intérieur ne fait pas les lois.
00:59Le ministre de la Justice ne commande pas les magistrats.
01:03C'est-à-dire que dans les deux cas,
01:06alors c'est vrai pour Gérald Darmanin hier et pour Bruno Rotailleau aujourd'hui,
01:10et c'est vrai pour Gérald Darmanin Placebovo,
01:13dans les deux cas, ils ne peuvent pas faire la politique dont ils parlent.
01:21D'abord, cette politique ne peut être que la politique du gouvernement tout entier.
01:25C'est dans une situation où le gouvernement a une majorité,
01:29où il peut faire voter des textes,
01:32et des textes qui, aujourd'hui, devraient être des textes qui rompent avec beaucoup de principes,
01:40généralement...
01:41Donc pour l'instant, ils n'ont pas les moyens de leurs ambitions.
01:43Donc ça, c'est impensable aujourd'hui.
01:46Mais il peut quand même émettre des directives pénales à l'envoi des procureurs.
01:50Non, alors ça c'est devenu...
01:52C'est une légende urbaine, ça ?
01:53C'est devenu un mythe.
01:55Donc les ministres de l'Intérieur vont sur le terrain,
01:57commencés par l'avant-dernier.
01:59Les ministres de la Justice peuvent aussi y aller, en disant
02:03« Nous serons d'une sévérité implacable,
02:05les coupables seront recherchés et punis très sévèrement. »
02:11C'est le juge qui décide.
02:13C'est le juge qui décide.
02:14Et donc il y a la directive...
02:16On peut donner des directives au parquet,
02:18mais on a interdit les directives individuelles.
02:21Donc ce ne sont que des directives générales,
02:24libres à eux de les appliquer, au fond.
02:26Après le parquet, on fait en réalité ce qu'il veut.
02:29On aurait très bien pu imaginer garder des directives individuelles,
02:33mais qui seraient versées au dossier et qui seraient rendues publiques.
02:37Le politique aurait été très prudent dans la façon dont il donnait des directives,
02:40mais il aurait pu, dans certains cas, parce que les crimes étaient abominables,
02:44parce que le pouvoir politique qui est le seul, au fond, légitime
02:47à en juger du point de vue de l'accusation,
02:51aurait pu considérer que les délits ou les crimes commis
02:54mettaient en danger l'ordre social d'une façon telle
02:57que le procureur devait être plus sévère.