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00:00Heureux Pinsoir, 19h21, Stéphanie Demeureux.
00:05Une émission consacrée donc à ce nouveau gouvernement.
00:09C'est enfin la fin du suspense.
00:10Après deux repas, on connaît enfin le visage de cette équipe gouvernementale menée par François Bayrou.
00:17Nous allons débattre évidemment avec Victor Hérault, journaliste politique à valeur actuelle,
00:22Raphaël Stainville, directeur adjoint de la rédaction du JDD.
00:24Et nous sommes également en direct avec Arnaud Benedetti, politologue.
00:28Bonjour Arnaud Benedetti.
00:30Bonjour à vous.
00:32Alors, tout ça pour ça, vous diriez ça vous aussi Arnaud Benedetti ?
00:37Non mais de toute façon, on savait dès le départ que compte tenu de l'assise parlementaire qui était celle de François Bayrou,
00:44on aurait un gouvernement qui serait un gouvernement qui resterait dans l'épure de ce qu'avait été le gouvernement de Michel Barnier,
00:51au moins en termes de coloration politique et en termes, encore une fois, d'assises à l'Assemblée nationale.
00:58Donc après, François Bayrou a essayé de compenser vraisemblablement ce qui peut être considéré comme finalement un échec,
01:06parce qu'il avait été nommé aussi pour essayer d'élargir par rapport à ce qu'avait fait Michel Barnier.
01:11Il compense en essayant de trouver des profils qui sont des profils politiques qui, pour certains d'entre eux, ont une expérience certaine.
01:20Il faut noter qu'il y a quand même deux anciens premiers ministres qui rentrent dans ce gouvernement,
01:25Mme Borne qui était encore une première ministre, il faut s'en souvenir, en début d'année, en janvier,
01:32et le retour de Manuel Valls comme ministre d'État chargé de l'Outre-mer.
01:40Donc tout se passe comme si finalement on essayait de compenser la faiblesse parlementaire par un affichage politique en termes de nom et de notoriété politique
01:50qui veut donner le sentiment qu'on va privilégier forcément l'expérience politique dans un contexte parlementaire qui est particulièrement difficile.
01:59On vous sent sceptique, Arnaud Benedetti, sur la compensation. Est-ce que ça ne suffira pas, selon vous, à attirer les socialistes et à voter une motion de censure ?
02:07Si vous voulez, encore une fois, la situation parlementaire reste la même, c'est-à-dire avec à peu près 330 parlementaires qui peuvent à tout moment voter une motion de censure.
02:18Ensuite, il y a des lignes de cohérence qui, malgré tout, apparaissent dans ce gouvernement.
02:24Je pense notamment sur les deux postes régaliens que sont l'intérieur et la justice puisque là, on a deux personnalités de droite qui sont en phase, en pratique, sur la ligne politique à mener en matière de sécurité et de justice.
02:40Donc ça, c'est un signal qui est évidemment envoyé non seulement à l'opinion publique pour laquelle la question aujourd'hui de la sécurité constitue un enjeu prioritaire,
02:50mais c'est aussi un signal envoyé éventuellement au Rassemblement national pour que celui-ci, en tout cas, observe au moins dans un premier temps une attitude de neutralité passive, en l'occurrence.
03:04Après, c'est vrai que ça reste quand même un exercice qui va être très contraint.
03:11La question est de savoir si l'opinion publique va réagir positivement à ce casting gouvernemental.
03:18On va le voir très rapidement dans les prochains jours, mais on peut avoir des doutes parce que finalement, le problème, c'est que c'est la question du renouveau.
03:26Les Français, aux dernières élections législatives, n'ont pas forcément voté pour revoir un certain nombre de personnalités politiques du passé.
03:34Elisabeth Borne, qui est quand même la femme du 49-3 aux yeux de beaucoup de Français.
03:39Oui, Elisabeth Borne, c'est un symbole. C'est elle qui a quand même procédé à la réforme des retraites, dont on sait qu'elle n'est pas particulièrement populaire dans l'opinion publique.
03:52Après, il y a des personnalités nouvelles qui apparaissent. Je pense à M. Lombard, entre autres, qui est quelqu'un qui dirigeait la Caisse des dépôts et consignations,
04:02qui est une personnalité plutôt à gauche puisqu'il a été membre de plusieurs cabinets ministériels de ministres socialistes, notamment de Michel Sapin.
04:11A noter d'ailleurs que du côté de Bercy, c'est véritablement l'influence d'Emmanuel Macron qui reste forte.
04:18M. Lombard était plutôt quelqu'un qui était proche d'Emmanuel Macron. M. Saint-Martin reste, lui aussi, au compte public.
04:28M. Ferrati également, ministre de l'Industrie, qui est un proche d'Emmanuel Macron.
04:32Là, de ce point de vue, on voit que le Président de la République a réussi à garder la maîtrise.
04:38Et Jean-Noël Barreau au Quai d'Orsay.
04:40Jean-Noël Barreau reste au Quai d'Orsay, mais Jean-Noël Barreau est une personnalité issue du Modem, il ne faut jamais l'oublier.
04:46C'est aussi un proche de François Bayrou.
04:48Là, de ce point de vue-là, il y a un équilibre, au moins sur le poste de ministre d'Affaires étrangères.
04:52Laurent Saint-Martin est ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l'étranger.
04:56Il abandonne les comptes publics.
04:58Il abandonne, tout à fait, les comptes publics de revenants à pied de Montchalin, tout à fait.
05:03Mais qui est une proche d'Emmanuel Macron aussi.
05:05Donc, à voir.
05:07Effectivement, en tout cas, pas d'enseignement très clair à ce stade, clairement, à nos bénédictes.
05:14Il faudra attendre la suite et notamment le budget et la déclaration de politique générale le 14 janvier.
05:20Oui, ce sera en tout cas un des moments importants pour ce Premier ministre qui rentre en scène.
05:30Encore une fois, j'insiste là-dessus, la contrainte reste très forte.
05:35La contrainte parlementaire qui est issue du résultat des élections législatives fait que ce gouvernement reste un gouvernement minoritaire.
05:42Ça, c'est le point le plus important.
05:44Le gouvernement de Michel Barnier était déjà un gouvernement minoritaire.
05:47Le gouvernement de François Bayrou reste également un gouvernement minoritaire qui plus est avec un certain, peut-être parfois, un certain nombre de mécontentements du côté de LR.
05:57D'ailleurs, le nombre de ministres LR semble diminuer par rapport au gouvernement précédent qui était le gouvernement de Michel Barnier
06:04puisque je note en faisant un rapide calcul qu'il resterait, je crois, 7 ministres issus des LR contre 11 dans le précédent gouvernement.
06:12Et puis, en effet, avec ce mécontentement très affiché il y a quelques heures maintenant par M. Bertrand
06:20qui, tout en souhaitant un succès au gouvernement de François Bayrou, a fait part quand même de son désaccord par rapport au fait qu'il n'ait pas été nommé à la justice
06:30du fait que M. Bayrou n'a pas voulu s'attirer les foudres du Rassemblement national.
06:36Entre points, on avait annoncé un gouvernement resserré, on est quand même à un gouvernement de 34 membres.
06:44Absolument. Merci beaucoup Arnaud Benedetti pour votre analyse et on est toujours avec nos débatteurs qui n'ont pas encore beaucoup parlé
06:50mais on va vous faire parler, vous allez vous rattraper Victor Hérault.
06:52De Valeurs Actuelles, Raphaël Stainville, directeur adjoint de la rédaction du JDD. Restez avec nous dans quelques instants.
06:58Heureux quinsoir, 19h21, Stéphanie Demuru.
07:05Ce nouveau gouvernement, on en parle évidemment avec nos débatteurs ce soir.
07:09Victor Hérault, journaliste politique à Valeurs Actuelles, Raphaël Stainville, bonsoir Victor.
07:13Raphaël Stainville, directeur adjoint de la rédaction du JDD, bonsoir.
07:17Bonsoir Stéphanie.
07:18Raphaël est bienvenu au troisième étage, on a l'habitude ce soir à quelques étages de là.
07:22Il vous inspire Raphaël ce nouveau gouvernement ?
07:26Disons que si je suis absolument honnête, je dirais qu'il fallait chercher des raisons d'espérer
07:36sachant qu'on n'attendait pas forcément grand chose de ce nouveau gouvernement de François Bayrou.
07:42Il y a quand même ce tandem François avec d'un côté Bruno Retailleau à l'intérieur et Gérald Darmanin
07:49qui laissent espérer en tout cas qu'un changement soit possible.
07:53C'est un vrai signal.
07:54Enfin on a un tandem qui est cohérent entre la justice et la police.
07:59Gérald Darmanin qui est un ancien locataire de la place Beauvau sait combien pour que cela fonctionne
08:07que les efforts menés par les forces de l'ordre ne soient pas ruinés.
08:12Il faut qu'il soit sur la même ligne que la place Vendôme et là en l'occurrence
08:18maintenant qu'il reprend la place Vendôme, l'hémisphère de la justice,
08:21on peut attendre peut-être des changements à ce niveau-là.
08:24Avec quand même une grande incertitude, c'est que tout dépend malgré tout de l'Assemblée.
08:29C'est l'Assemblée aujourd'hui qui détient les principaux pouvoirs
08:34et à cette aune-là on peut espérer qu'ils auront les faveurs
08:38ou en tout cas que le Rassemblement national ne viendra pas anéantir leurs efforts et leurs lignes.
08:45Mais ça reste à prouver.
08:47On sent une tentative d'équilibre de la part de François Bayrou
08:52qui a renforcé l'aile gauche.
08:56C'est vite dit.
08:58Je ne suis pas sûre que les socialistes soient d'accord avec ça.
09:01Ce sont des gauches un peu repenties, des gauches progressistes.
09:04Manuel Valls, Elisabeth Borne, Juliette Méadel, François Rebsamen.
09:09Je ne vais pas disserter pour essayer de savoir s'ils sont de gauche ou non.
09:12La seule chose qui importe c'est de savoir si la coalition des gauches considère qu'ils sont de gauche.
09:17Force est de constater que non.
09:19Manuel Valls c'est d'ailleurs celui qui théorise les gauches irréconciliables.
09:23Ça va leur faire plaisir au Nouveau Front Populaire.
09:25François Rebsamen, Elisabeth Borne encore plus.
09:30Mais François Rebsamen c'est cette gauche qui est jugée comme de droite en réalité.
09:34Donc non, ce sont des petites cautions.
09:36Le seul qui a la carte c'est François Rebsamen.
09:39Il n'a même plus la carte.
09:43D'ailleurs parce qu'il ne peut pas y avoir de socialiste encarté dans ce gouvernement,
09:47puisque le Parti Socialiste a refusé.
09:48Donc la gauche ne peut pas se plaindre de ne pas avoir assez de gauche dans ce gouvernement.
09:51C'est elle qui a refusé d'y entrer.
09:53Maintenant on sent quand même, au-delà de ce constat-là,
09:56que François Bayrou a choisi qui sera son bourreau.
09:58C'est-à-dire qu'il ne fallait absolument pas pour François Bayrou
10:01que le Parti Socialiste et le Rassemblement National s'accordent à le censurer.
10:06Sachant que le reste du Nouveau Front Populaire est déjà d'accord pour le censurer.
10:09Donc il a décidé de délaisser le Parti Socialiste en se disant
10:12« Bon, on va donner quand même des grands coups de pied à droite
10:15pour essayer de voir si le Rassemblement National peut nous suivre. »
10:17Effectivement, Raphaël Stabil en parlait,
10:19le tandem d'Armanin-Retailleau à la justice et à l'intérieur,
10:24c'est un bon signe pour le Rassemblement National.
10:26Alors après il faut voir si le Rassemblement National,
10:28qui s'est montré capricieux avec Michel Barnier,
10:31ne se montrera pas encore capricieux avec ce gouvernement-ci.
10:34Le Rassemblement National, qui a quand même eu une forme de gage
10:37avec l'exclusion, si j'ose dire, de Xavier Bertrand,
10:40qui le dit « Moi j'ai pas eu la justice, il voulait... »
10:42Qui est parti avec grand cas.
10:44Voilà, il l'a dit.
10:46Le Rassemblement National ne veut pas de moi, donc...
10:48Il a claqué la porte, bruyamment, à 45 minutes de l'annonce du gouvernement.
10:52Déjà ça c'est pas très glorieux, d'autres l'ont fait beaucoup plus discrètement.
10:55Et puis surtout, il dit, moi je retiens cette phrase,
10:57il dit « Je ne participerai pas, puisqu'on m'a proposé d'autres postes
11:01mais on m'a enlevé de la justice, je ne participerai pas à ce gouvernement
11:05puisqu'il tient à l'aval de Marine Le Pen. »
11:09Et c'est contre mes engagements et mes valeurs.
11:11Il y a une sorte de cohérence de la part de Xavier Bertrand, quand même.
11:13Mais ça envoie, en revanche, les autres ministres issus des Républicains,
11:15Bruno Retailleau par exemple, sous le bus, en disant
11:17« Mais s'ils sont au gouvernement, c'est donc qu'ils cautionnent
11:19l'aval de Marine Le Pen. »
11:21Sous-entendu, bon, ils sont un petit peu extra-droite.
11:23Ils n'ont pas le même passif.
11:25Mais il ne servait à rien de le publier dans un communiqué
11:27et de l'annoncer ainsi.
11:29Je trouve ça pas très classe pour ses collègues.
11:32C'est un gage pour vous, pour l'ORN,
11:34le fait que François Bayrou n'ait pas voulu mettre
11:39forcément Xavier Bertrand coûte que coûte.
11:41Justement, il reste un mystère.
11:43Est-ce que c'est François Bayrou qui a renoncé
11:45à nommer Xavier Bertrand ?
11:49Ou est-ce que c'est Emmanuel Macron qui s'est opposé
11:51à cette nomination qui aurait de facto fragilisé
11:55de toute façon ce gouvernement avec la possibilité
11:57d'une censure assez imminente de la part du RN ?
12:01Ça, il y a encore un mystère.
12:03Et dans les jours à venir, je n'en doute pas,
12:05nous saurons toute la vérité sur les derniers instants
12:09qui ont présidé à la constitution de ce gouvernement.
12:11Qu'est-ce que ça changera finalement,
12:13que ce soit l'un ou l'autre ?
12:15Ça donne la texture finalement du bras de fer qui s'engage.
12:24Est-ce que ça s'engage entre Matignon et le RN,
12:28ou entre l'Elysée et le RN ?
12:32C'est d'abord ça, je pense.
12:34A mon humble avis, je pense que c'est François Bayrou
12:36qui, pour préserver ses chances de pouvoir durer,
12:38a lâché du lest et a consenti à ne pas offrir
12:42le ministère de la Justice à Xavier Bertrand.
12:46Mais ça reste à être confirmé.
12:48Quel gage pour le Parti Socialiste ?
12:50On rappelle que le Parti Socialiste,
12:52l'une de ses lignes rouges,
12:54c'était la suspension de cette réforme des retraites.
12:58Est-ce que, de ce point de vue-là,
13:00on a quelques lectures, quelques signaux
13:02à la lumière de ce gouvernement ?
13:04Je n'en vois pas franchement.
13:06Ça, il faudra le voir peut-être...
13:08Je pense que c'est moins dans la constitution
13:10de ce gouvernement que dans les propos
13:12de François Bayrou,
13:14qui lui-même a laissé ouvert la porte
13:16à une révision.
13:18Il va falloir attendre encore quelques semaines
13:22pour savoir si la réforme qui a été promulguée
13:26sera appliquée en l'État
13:28ou s'il y aura des accommodements
13:30pour essayer de satisfaire
13:32à quelques désiratats de la gauche.
13:34Sachant que François Bayrou n'a pas consenti
13:36à la suspension de cette réforme
13:38et qu'une grande partie de la gauche le perçoit,
13:40et je pense à raison, comme une tentative
13:42d'endormir la gauche en disant
13:44qu'on verra dans 9 mois, mais d'ici-là,
13:46il n'était pas complètement formel,
13:48il peut encore avancer.
13:50François Bayrou, là, c'était la suspension
13:52jusqu'à ce qu'un autre accord soit trouvé.
13:54Les socialistes demandent une conférence sociale.
13:56Est-ce qu'il y a,
13:58selon où on se pose,
14:00un risque ou une chance que François Bayrou
14:02renonce à cette réforme des retraites
14:04qui causerait quand même quelques difficultés
14:06au niveau des finances publiques ?
14:08Ça déplairait à deux gros poids,
14:10si on peut le dire comme ça.
14:12Un, même s'il ne représente que 8% de l'Assemblée,
14:14on voit dans le gouvernement et dans le soutien du gouvernement
14:16les Républicains. Les Républicains ne seraient pas
14:18tout à fait d'accord avec le fait qu'on abandonne
14:20cette réforme des retraites qui,
14:22de leur point de vue, arrange la situation
14:24budgétairement et financièrement parlant pour la France.
14:26Et puis surtout, Emmanuel Macron.
14:28La réforme des retraites, c'est LA réforme
14:30du président réformateur,
14:32qui n'a pas réformé grand-chose, si ce n'est justement
14:34les retraites. Ça a été
14:36le casus belli à chaque fois qu'il y a eu
14:38un problème dans la politique de ce pays
14:40depuis cette réforme, c'est à cause de la réforme des retraites.
14:42Emmanuel Macron ne voudra absolument pas
14:44qu'on lâche sa réforme et il fera tout.
14:46Et on sait qu'Emmanuel Macron n'est pas
14:48un homme qui reste reclus dans l'Elysée
14:50et qui se refuse à influer
14:52sur ses gouvernements. Emmanuel Macron
14:54ne laissera pas faire le détricotage de sa réforme
14:56des retraites, ce serait trop. Il ne laisserait
14:58aucun héritage politique si la réforme des retraites
15:00venait à s'effacer.
15:01Et imaginez qui plus est, l'humiliation pour celle qui a porté
15:03cette réforme des retraites dans la France.
15:05Elisabeth Borne, qui fait son grand retour
15:07avec un ministère
15:09régalien, à titre de
15:11ministre d'Etat, qui reprend l'éducation
15:13nationale avec un périmètre élargi.
15:15Numéro 2 manifestement du gouvernement.
15:17Numéro 2 du gouvernement.
15:19Peut-être que c'est aussi
15:21une indication,
15:23moi je trouve ça assez terrible pour l'éducation nationale,
15:25non pas le profil d'Elisabeth Borne,
15:27mais en l'espace d'un an, un an
15:29et demi, on est passé de Gabriel Attal
15:31en passant par Amélie Ouéda-Castera,
15:33Nicole Belloudet, Anne Jeuneté
15:35pendant deux mois et demi.
15:37C'était avant
15:39Gabriel Attal.
15:41Tout ça, alors même que l'on affiche
15:43des ambitions très fortes pour l'école,
15:45mais pas de...
15:47laisse augurer
15:49d'une fragilité
15:51et d'un manque de vision pour l'école.
15:53Et puis il y a un changement de ligne,
15:55clairement, avec Elisabeth Borne
15:57qui est plus à gauche.
15:59Qui est même l'une des figures
16:01de la gauche macronienne.
16:03Puis si on s'intéresse un petit peu
16:05à la politique politicienne, il y a quelque chose d'assez drôle,
16:07c'est qu'Elisabeth Borne fait le chemin inverse
16:09en termes de parcours de celui de Gabriel Attal,
16:11qui était ministre de l'éducation nationale,
16:13devenue premier ministre. Elle, c'est la première ministre qui s'abaisse
16:15à l'éducation nationale, après s'être fait rafler
16:17et la présidence du groupe, et la présidence du parti
16:19par ce même Gabriel Attal. Moi, j'y vois déjà
16:21une humiliation.
16:23Raphaël Stavis, je vous donne la parole dans quelques instants,
16:25juste après la pub, on revient évidemment sur
16:27ces commentaires, ces... vos analyses
16:29sur ce nouveau gouvernement. Restez avec nous.
16:37Et nous sommes toujours en compagnie de Victor Hérault,
16:39journaliste politique à Valeurs Actuelles, Raphaël Stainville,
16:41directeur adjoint de la rédaction du JDD,
16:43Raphaël Stainville.
16:45Avant la pause, vous nous parliez donc de
16:47cette ligne sur l'éducation nationale
16:49qui risque fortement de changer
16:51avec Elisabeth Borne.
16:53Oui, ce qui est intéressant, c'est que
16:55dans cette dernière grande interview
16:57qu'il a accordée au journal du dimanche,
16:59Bruno Tailliau avait posé
17:01un certain nombre de lignes rouges, et obtenu des garanties
17:03visiblement, du premier ministre
17:05pour finalement faire son entrée
17:07et se maintenir place Beaufort.
17:09Et parmi ces lignes rouges, au-delà de la loi
17:11immigration dont il dit qu'il a obtenu
17:13des garanties, il y avait précisément
17:15cette question de la théorie du genre,
17:17des programmes d'éducation sexuelle à l'école,
17:19et il disait que
17:21le premier ministre l'avait rassuré
17:23sur le fait de ne pas introduire la théorie du genre
17:25à l'école. Donc ça sera intéressant
17:27dans les prochains jours, lorsque Elisabeth Borne
17:29sera interrogée, si c'est sa position,
17:31si elle a obtenu...
17:33si elle
17:35va devoir peut-être
17:37taire un certain nombre de
17:39velléités, parce qu'on la sait très progressiste
17:41sur ces questions, ou si
17:43Bruno Tailliau l'aura
17:45finalement emporté dans
17:47ce prochain bras de fer avec
17:49peut-être la ministre de l'éducation.
17:51Alors les premières
17:53réactions qu'on attend, très
17:55importantes, celles de Marine
17:57Tondelier, par exemple, qu'elle
17:59dénonce l'indignité de Bayrou,
18:01qui se remet, selon elle, entre les mains
18:03de l'extrême droite. Le
18:05Rassemblement National, lui, par la voix de
18:07Jordan Bardella, accuse Bayrou d'avoir réuni
18:09la coalition de l'échec.
18:11C'est pas bien engagé, cette affaire,
18:13Victor Hérault. Ça veut dire
18:15qu'à gauche comme à droite, on n'est pas
18:17forcément ravis, en tout cas.
18:19Que les oppositions s'opposent, c'est pas une grande surprise.
18:21Maintenant...
18:23On aurait pu attendre un accueil peut-être plus
18:25bienveillant de Jordan Bardella, par exemple.
18:27Je suis d'accord avec vous.
18:29Maintenant, la réaction
18:31de Mme Tondelier me paraît lunaire.
18:33C'est la gauche qui place
18:35le gouvernement entre les mains du Rassemblement National.
18:37C'est pas le gouvernement lui-même. Le gouvernement n'a pas choisi
18:39évidemment de se retrouver
18:41à l'échafaud avec le Rassemblement National
18:43comme bureau. C'est
18:45la gauche qui, refusant de participer à ce
18:47gouvernement, et qui disant
18:49si, vraisemblablement,
18:51il va falloir que nous
18:53vous censurions parce que vous n'êtes pas suffisamment de gauche pour nous,
18:55qui donc
18:57devient la constante
18:59et laisse le Rassemblement National devenir la variable.
19:01C'est la variable qui choisit, in fine,
19:03c'est logique, si le gouvernement tombe ou pas.
19:05Je trouve ça assez lunaire d'accuser le gouvernement
19:07alors que c'est elle-même qui s'est mise dans cette posture-là.
19:09Raphaël Astinville ?
19:11Ce qui est vrai, c'est que les ambitions
19:13de François Bayrou ont dû être
19:15revues à la baisse. Ils promettaient
19:17un gouvernement du non-national
19:19d'intérêt général.
19:21Avec 30%
19:23de ministres socialistes
19:25venus de LR
19:27et puis le bloc central macroniste.
19:29Et on voit que finalement,
19:31on assiste plutôt à un rétrécissement
19:33national avec
19:35d'anciens macronistes
19:37sur le retour.
19:39Qu'est-ce qui s'est passé ? Il a été surpris lui-même.
19:41Je pense qu'il y avait une forme d'impréparation.
19:43Non, je pense que ce n'est pas une question d'impréparation.
19:45Je pense que la réalité du paysage politique,
19:47malgré les grands rêves de François Bayrou
19:49et d'Emmanuel Macron, rend impossible
19:51cette
19:53possibilité d'élargir le
19:55bloc central. Lorsque vous décidez
19:57d'exclure de facto
19:59quasiment la moitié de la représentation
20:01nationale,
20:03lorsque vous invitez tout le monde sauf
20:05le RN et
20:07LFI, vous vous privez de la
20:09possibilité de pouvoir parler avec
20:11tout le monde. D'autant plus que le PS
20:13est encore très largement sous l'emprise
20:15de Jean-Luc Mélenchon.
20:17Je crois quand même un peu
20:19à l'impréparation de François Bayrou.
20:21François Bayrou est un homme politique
20:23expérimenté, mais les trois
20:25quarts, si ce n'est plus de son expérience,
20:27c'est de l'expérience d'opposition.
20:29C'est le reproche qu'on fait d'ailleurs souvent que
20:31les oppositions au RN font souvent.
20:33C'est facile de critiquer, vous êtes dans l'opposition,
20:35mais une fois aux affaires, vous n'y arriverez pas.
20:37Bayrou s'est trouvé exactement dans cette situation-là.
20:39C'est-à-dire qu'il n'a pas su composer. Il a dit
20:41« je le veux, je le veux », et puis une fois qu'il y est, il n'arrive pas
20:43à composer son gouvernement. Il se trouve que la tâche
20:45était quand même franchement difficile. Il ne faut pas non plus
20:47s'accabler. C'est quasiment impossible, c'est la quadrature du cercle.
20:49Et je reviens sur ce que vous disiez
20:51tout à l'heure, Jordan Bardella, qui disait
20:53à propos de ce gouvernement, c'est la coalition
20:55des échecs.
20:57Je vous répète, effectivement,
20:59la réunie, la coalition de l'échec.
21:01La coalition de l'échec. C'est vrai que là, il y a un paradoxe
21:03si on y voit en termes de
21:05métapolitique. C'est un gouvernement
21:07qui est censé rétablir
21:09tous les torts des 40 dernières années
21:11de tous les gouvernements qui ont échoué avant,
21:13qui nous ont menés jusqu'à ce mur-là.
21:15Et dans ce gouvernement, Manuel Valls,
21:17les anciens macronistes,
21:19quasiment que des anciens ministres,
21:21des anciens premiers ministres, tous les responsables
21:23quelque part qui nous ont menés jusqu'ici.
21:25Il y a là un message. Je comprends que François Bayrou
21:27n'a pas eu, il n'y a pas eu pléthore non plus de candidats
21:29et que plein de gens se sont dit, oh là là, le bateau est en train de couler,
21:31on n'a pas envie d'y aller. Il faut un gouvernement de compromis qui vote un budget
21:33sur tout. Exactement. C'est-à-dire que là,
21:35effectivement, il y a un côté
21:37le nouveau, la symphonie
21:39du nouveau monde, c'est simplement
21:41reprendre tous ceux qui nous ont menés jusqu'ici
21:43et les réunir dans un gouvernement. On en parlait,
21:45ils voulaient des stars, ils voulaient des...
21:47Oui, alors ça, c'est quelque chose...
21:49D'ailleurs, François Bayrou, ce soir, se dit
21:51fier d'un gouvernement d'expérience
21:53pour réconcilier et renouer la confiance
21:55avec tous les Français. Alors ça, c'est
21:57ce qui retient l'attention par rapport
21:59au gouvernement Barnier où vous aurez qu'il y avait
22:01beaucoup d'inconnus. Là, bon, il est allé
22:03chercher des poids lourds. Ça, ça dit
22:05quelque chose aussi. Ce qui est certain, c'est que
22:07contrairement à bien
22:09d'autres gouvernements ces dernières années,
22:11on a un gouvernement qui est constitué
22:13de figures politiques
22:15qui ont un poids,
22:17une expérience, c'est indéniable.
22:19Ce qui fait dire, et à Jordan Bardella,
22:21et je notais également la réaction de
22:23Yaddo qui parlait de voiture ballée,
22:25de looser opportuniste, c'est qu'on peut
22:27tous leur reprocher, finalement,
22:29des échecs, des renoncements,
22:31et donc
22:33un bilan qui, pour beaucoup, est assez catastrophique.
22:35C'est ce qui fragilise l'Est
22:37d'ores et déjà,
22:39ce gouvernement de François Bayrou.
22:41Ce sont des poids lourds, c'est certain, mais plus les poids sont lourds,
22:43plus on coule vite.
22:45Vous parliez de l'Alliance,
22:47PS-Jean-Luc Mélenchon,
22:49est-ce que, justement, ce gouvernement
22:51avec ses choix à l'aile gauche
22:53sont de nature un petit peu
22:55à faire revenir les socialistes à la maison,
22:57comme disait l'autre ? Je crois qu'on l'a déjà dit,
22:59François Bayrou
23:01peut se satisfaire d'avoir pu
23:03attirer des noms
23:05venus de la gauche,
23:07d'une gauche, il y a bien des années.
23:09Dès lors que
23:11le NFP ne les désigne pas
23:13comme faisant partie de cet arc
23:15de gauche,
23:17ils sont, finalement, presque des poids morts.
23:19En tout cas, leur plus-value pour élargir...
23:21Ils ne voulaient pas rentrer au gouvernement, les socialistes.
23:23Leur plus-value pour élargir
23:27ce bloc minoritaire
23:29et espérer une majorité
23:31relative est presque
23:33nulle. Mais possible dissolution
23:35en 2025, municipale en
23:372026, présidentielle en 2027,
23:39si elle n'est pas avancée
23:41plutôt par la démission d'Emmanuel Macron.
23:43Les socialistes ne pensent qu'à ça, mais comme tous les partis
23:45d'ailleurs, ce ne sont pas les seuls. Ils voient ces échéances
23:47politiques arriver, ils ne veulent pas se mouiller avec le macronisme,
23:49c'est tout à fait logique. Pour aller où,
23:51Raphaël Stainville ? Parce que là, on est en crise
23:53de régime.
23:55Ils cherchent quoi exactement ?
23:57Pour certains, et c'est la stratégie
23:59portée par Jean-Luc Mélenchon,
24:01cette stratégie du chaos,
24:03c'est précipiter ce rendez-vous
24:05présidentiel, faire en sorte
24:07que François Bayrou, qui lui-même s'est
24:09présenté...
24:11Mais François Bayrou
24:13s'est présenté auprès
24:15d'Emmanuel Macron pour justement
24:17justifier qu'il le nomme à Matignon
24:19comme son dernier et seul rempart.
24:21Donc si François Bayrou
24:23devait échouer
24:25et son gouvernement devait être
24:27renversé dans les jours ou semaines à venir,
24:29effectivement, cette question
24:31de la présidentielle,
24:33de la démission
24:35d'Emmanuel Macron, se poserait
24:37avec une acuité immense.
24:39Le calendrier prochain, c'est évidemment le budget
24:41en février, puis avant cela, le 14
24:43janvier, le discours de politique
24:45générale.
24:47Là, on a du mal à savoir
24:49aujourd'hui à quoi on doit s'attendre,
24:51parce qu'il n'y a pas vraiment de ligne.
24:53Pour l'instant, il n'y a pas eu...
24:55Il n'y en a aucune. Alors, il y a la couleur de ce gouvernement,
24:57on le dit, plutôt de centre droit,
24:59la pandémie justice intérieure
25:01qui fait pencher tout cela à droite
25:03au niveau du régalien. Maintenant,
25:05le discours de politique générale
25:07arrive bien après la nomination du gouvernement,
25:09et puis il y a une période de temps mort politique
25:11comme vont être les fêtes de Noël.
25:13C'est vrai qu'il n'y a pas d'urgence
25:15en bon temps, il n'y a pas de budget.
25:17On peut prendre trois semaines de repos.
25:19C'est François Bayrou qui a décidé de déclarer sa politique générale
25:21aussi tard. Mais nous arrivons donc le 14,
25:23les députés vont découvrir
25:25quelle est donc la politique que souhaite
25:27François Bayrou.
25:29On sent trop s'avancer, on pense que ça va être
25:31une sorte de microniste,
25:33on ne sait pas trop, un coup à droite, un coup à gauche,
25:35il ne va pas y avoir de barre très claire.
25:37Jean-Luc Mélenchon, on lui dit, dès le 16,
25:39deux jours après, censure.
25:41Ça, je n'y crois pas trop.
25:43Il déposera sa motion, il la votera,
25:45ça c'est certain. Je ne pense pas que le Rassemblement
25:47national la vote aussi vite. Je pense
25:49qu'en réalité, je suis peut-être très optimiste
25:51pour François Bayrou, mais je pense que son gouvernement durera
25:53attention c'est long, jusqu'au mois suivant,
25:55en février,
25:57mi-février, budget, même cause,
25:59même effets. Il faut aussi dire que
26:01tous les conseillers techniques
26:03de Michel Barnier ont été reconduits
26:05sous François Bayrou. En réalité,
26:07même conseiller technique, même projet, même vision,
26:09donc même effets, même censure.

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