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L'annonce du nouveau gouvernement a pris du retard, la faute à plusieurs points de blocage pour le ministère de l'Économie, celui des Affaires étrangères ou de la Justice. François Bayrou pourrait dévoiler la composition de son équipe de ministres ce lundi 23, jour de deuil national en hommage aux victimes du cyclone à Mayotte, ou ce mardi 24 décembre.

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00:00Avec nous Mathieu Croissando et Laurent Neumann, et Loïc Besson en direct de l'Elysée, on attend donc
00:06d'une minute à l'autre, d'une heure à l'autre, d'une journée à l'autre, on ne sait plus quels sont les délais,
00:11la seule chose qui est sûre, la promesse, c'était un gouvernement avant Noël.
00:15Est-ce que ce sera aujourd'hui ? Il y a déjà un premier problème avec la date d'aujourd'hui,
00:19parce qu'aujourd'hui est un jour de deuil national en solidarité pour les victimes du cyclone Shido à Mayotte,
00:24il y a une minute de silence, de recueillement qui sera respectée à 11h,
00:29et l'annonce d'un nouveau gouvernement en cette journée pose problème,
00:33notamment, vous allez l'entendre à la députée de Mayotte, Estelle Youssoupha, écoutez-la.
00:37On voit même le premier ministre, qui semble visiblement envisager de faire un remaniement,
00:42un jour de deuil national, monsieur qui avait un conseil municipal à peau,
00:47qui n'est toujours pas venu à Mayotte, et qui maintenant envisage d'annoncer son nouveau gouvernement,
00:51un jour de deuil national. Je ne suis pas seulement bouleversée,
00:57je trouve que c'est tellement méprisant, tellement grave, tellement médiocre, qu'on n'a plus les mots.
01:05Elle a des trémolos dans la voix, Estelle Youssoupha, bien sûr qu'elle a raison.
01:10Ce serait une faute d'annoncer le gouvernement aujourd'hui, Laurent ?
01:13Oui, sans doute, c'est doublement une faute, après ce qui s'est passé, la séquence du conseil municipal à peau,
01:20mais au-delà de l'instabilité, au-delà du sentiment d'amateurisme,
01:24pardon de poser la question comme ça, mais il est où l'intérêt général ?
01:27Il est où le sens du bien commun ?
01:31Ça fait neuf jours, on nous disait que François Bayrou était prêt,
01:35et on est très gentil de dire qu'il y a un problème avec Xavier Bertrand, avec Bercy...
01:39Mais vous avez bien compris que c'était une question de personne, Laurent.
01:41Mais pas seulement, c'est surtout une question de relation entre le Premier ministre et le Président de la République.
01:46Si tout ça était fluide, mais tout ça aurait été une formalité,
01:50honnêtement, le problème pour ce gouvernement, c'est pas de savoir quel ministre va occuper quel poste,
01:55c'est de savoir si dans trois semaines, il y aura censure ou pas à l'Assemblée.
01:59La répartition des postes, honnêtement, c'est un mini-sujet.
02:03Or, ça devient un sujet absolument majeur.
02:05Neuf jours, peut-être aujourd'hui, peut-être demain.
02:08Sérieusement, le spectacle que ça donne, je pense que les Français doivent être assez dépités de ce qu'ils sont en train de voir.
02:14Qu'est-ce qu'on sait du calendrier précis, Loïc Besson ?
02:20Parce que j'ai l'impression qu'il y a eu un ultime rendez-vous physique, j'allais dire,
02:26entre le Premier ministre et le Président de la République hier soir, assez tard, à l'Élysée,
02:30qui n'était pas nécessairement prévu et qui a surpris les observateurs.
02:33Je vous pose cette question parce qu'on se souvient que lorsqu'il a été nommé,
02:37lorsqu'il est arrivé le matin de sa nomination à l'Élysée, François Bayrou, il ne l'était pas.
02:43Il y a eu une explication assez houleuse avec le Président de la République.
02:46Est-ce qu'on peut imaginer que pour les ultimes nominations,
02:50il y ait eu également, hier soir, une explication houleuse entre les deux hommes ?
02:56En tout cas, ce qui est sûr, c'est que ça coince.
02:59En effet, hier, au niveau de la communication, on a eu des indications, des contre-indications.
03:04Ils vont s'entretenir dans l'après-midi, puis finalement, c'est annulé.
03:07On nous dit qu'ils se sont entretenus en début de soirée pour la troisième fois de la journée par téléphone
03:10et que ça suffisait pour aujourd'hui.
03:12Et puis finalement, quelques minutes plus tard, on voit ici arriver François Bayrou,
03:15il était 21h pour une réunion qui a duré, en effet, près de 2h jusqu'à 23h tard, hier soir.
03:21Alors, rien n'a filtré sur ce qui s'est dit entre les deux hommes.
03:25Ce qui est sûr, c'est qu'il y a évidemment de la communication là-dedans.
03:27L'entourage de François Bayrou nous disait, hier après-midi,
03:30oui, ils s'entretiennent par téléphone sur la composition du gouvernement
03:33et tout cela se passe très bien.
03:35Rien que le fait d'avoir besoin de le préciser, c'était déjà un indice.
03:38En effet, comme vient de le dire Laurent, si tout se passait très bien,
03:40la France aurait enfin un nouveau gouvernement.
03:43Ça coince, ça coince sur des noms, ça coince sur la ligne,
03:45ça coince aussi sur le calendrier.
03:48Bref, tout ça est très compliqué, tout ça est très flou.
03:51Et aujourd'hui, au sein même des conseillers,
03:54que ce soit du Premier ministre ou du Président de la République,
03:55eux-mêmes, en réalité, ne savent pas si la nomination du gouvernement aura lieu aujourd'hui.
04:00Alors, parmi les noms qui posent problème, semble-t-il,
04:02celui de Xavier Bertrand, pressenti à la justice ou à l'économie.
04:07Bon, le problème, c'est que son nom donne des boutons au Rassemblement national.
04:10Ça veut dire que François Bayrou, il est encore en train de faire son gouvernement
04:14avec un pistolet sur la tempe tenu par Marine Le Pen ?
04:16Oui, et je vais vous dire pourquoi.
04:17C'est parce qu'en fait, ce gouvernement, il est composé de personnalités
04:21pesées au trébuchet pour envoyer des signaux aux Français,
04:23mais il ne repose pas sur un accord politique.
04:25C'est-à-dire qu'il y avait une consigne qui avait été fixée par le Président de la République,
04:29c'était de ne plus dépendre du Rassemblement national.
04:31Et donc, pour ne plus dépendre du Rassemblement national,
04:33il fallait rallier les socialistes d'une certaine façon
04:35et s'assurer que les Républicains seraient bien dans le même bateau.
04:38Or, François Bayrou n'a fourni ni aux uns ni aux autres une plateforme politique,
04:43comme ça se passe dans d'autres démocraties.
04:45C'est-à-dire un accord où on écrit noir sur blanc.
04:46Mais on disait encore la semaine dernière que ça devait commencer par là.
04:49Ça devait commencer par là.
04:50Les Républicains attendent ce matin une espèce de trace écrite de la part de Matignon
04:55pour savoir à quoi le Premier ministre s'engage.
04:57Les socialistes ont fait des propositions.
04:59Pour l'instant, elles sont restées lettres mortes.
05:01Donc voilà, on pèse.
05:02Et alors, je suis d'accord avec Laurent, les Français se fichent bien de savoir
05:05si Jean-Noël Barrault va rester au quai d'Orsay.
05:07Ce n'est pas le sujet.
05:08Le sujet, c'est d'avoir un gouvernement qui tienne la route.
05:11Alors oui, il faut des personnalités et plutôt des profils chevronnés
05:13parce que la situation est difficile.
05:14Mais il faut surtout les conditions d'un accord politique
05:17pour que ce gouvernement dure les mois qui viennent.
05:20Et j'espère ne pas être le seul choqué par le fait que Marine Le Pen puisse mettre
05:24le pouce en bas sur le nom du futur ministre de la Justice
05:27alors qu'elle-même attend le verdict dans son propre procès à la fin du mois de mars.
05:32Mais c'est quelle vision on donne de l'indépendance de la Justice ?
05:35Donc une responsable politique qui a maillé à partir avec la Justice pourrait dire
05:38« Ah ben non, ce ministre de la Justice, là, ça ne me convient pas ».
05:41Mais attendez, vraiment, qu'on appelle à la responsabilité de chacun,
05:45c'est un signal quand même absolument terrible.
05:47Et puis le nom de Xavier Bertrand, il ne gêne pas que le Rassemblement national.
05:51Ça gêne à gauche aussi parce que ça voudrait dire que le tandem
05:54ministre de l'Intérieur, ministre de la Justice appartiendrait au LR.
05:57Jusqu'à présent, il y avait une sorte de balancier entre la droite et la gauche.
06:02Retailleau, Didier Migaud, on pouvait imaginer quelque chose de nuancé.
06:06Là, tout à coup, si ces deux postes-là sont confiés au LR,
06:09imaginez l'impact que ça aura avec la gauche, avec laquelle, par ailleurs,
06:13François Bayrou veut négocier jusqu'au 14 janvier.
06:15Sauf que tous les noms à gauche qui ont circulé ce week-end ont dit non.
06:18Donc il y a un côté courage-fuyon quand même à gauche.
06:21Et que Didier Migaud pourrait sortir.
06:23Oui, mais la gauche a toujours dit…
06:24Alors Didier Migaud, c'est un cas à part, effectivement.
06:26Si Xavier Bertrand prend le poste, il pourrait sortir.
06:29Mais la vérité, c'est que tout le monde sait depuis le début
06:31que la gauche ne rentrera pas au gouvernement.
06:33Le sujet n'est pas là, je le répète.
06:35Le sujet, c'est comment convaincre la gauche de ne pas censurer dès le 16 janvier.
06:39C'est ça, le sujet de France Insoumise.
06:41Mais la gauche a transmis un document.
06:42Les cinq points évoqués tout à l'heure sur notre antenne.
06:44Alors, je peux vous révéler un petit secret.
06:47Tous les responsables du Parti socialiste ont dans la poche de leur veston
06:50un petit fascicule de cinq pages à quatre qui s'appelle « Pacte pour une non-censure »,
06:56avec toute une liste de sujets qui concernent
06:58et le budget de la Sécurité sociale et le budget de la nation.
07:02Je peux vous donner quelques exemples.
07:03Suspension de la réforme des retraites.
07:05Une conférence sociale pour augmenter le SMIC sur la question des salaires.
07:08Fin du déremboursement des médicaments.
07:11On ne supprime plus 4000 postes dans l'éducation.
07:13Et donc, la gauche, Parti socialiste,
07:15attend que François Bayrou coche ses cases, tout simplement.
07:18C'est pas sûr qu'il y ait beaucoup d'économie là-dedans.

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