Le village de Pont-Salomon, situé aux confins de la Loire et de la Haute-Loire, doit son existence à l’implantation d’une usine de faux située sur les bords de la rivière Semène et créée au XIXe siècle par un personnage singulier : Pierre Frédéric Dorian.
Ce maître de forges originaire de Montbéliard fit construire plusieurs ateliers sur le cours de la rivière, dont le plus important fut baptisé l’Alliance.
Ce maître de forges originaire de Montbéliard fit construire plusieurs ateliers sur le cours de la rivière, dont le plus important fut baptisé l’Alliance.
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00:30Lorsqu'on arrive à Pont-Salomon, on ne peut s'empêcher d'éprouver une étrange sensation car on a du mal à définir où se trouve le centre du village.
00:45Face à une église en briques, c'est une esplanade dépourvue de tout commerce.
00:53Il y a bien un peu en retrait, la mairie, l'école et un monument aux morts.
01:01Mais rien qui puisse évoquer un lieu de vie tel qu'il en existe dans la majorité des villages.
01:08On doit se rendre à l'évidence.
01:12Pont-Salomon n'a pas de centre.
01:16Le centre n'est pas forcément géographique, à mon sens.
01:22Le centre peut être un centre d'intérêt, une convergence.
01:35Il existait des moulins, une papeterie sur le site et il y a ces faits autour de ces moulins.
01:44D'où la notion de Pont-Salomon qui n'a pas de centre, d'une commune éclatée, étalée le long de la rivière.
01:54On perçoit en contrebas la présence d'une rivière.
01:58Mais si on ne prend pas la peine de descendre sur ses rives et d'en explorer les méandres,
02:04on passe à côté du lieu où bâtit et où bat peut-être encore le cœur de Pont-Salomon.
02:14Pont-Salomon
02:22Ce n'est pas sous les voûtes d'une église romane,
02:26mais dans les murs en briques d'une usine qu'on devra mener sa quête pour trouver l'âme des lieux.
02:37On découvrira alors, sur les bords de la rivière Semaine,
02:42les bâtiments endormis d'une ancienne fabrique de faux portant le nom emblématique d'Alliance.
03:12C'est ici que, tapis derrière les apparences,
03:17se cache le lien secret qui, au-delà du temps, rend Pont-Salomon si particulier.
03:42Pont-Salomon
03:58Le moindre objet présent dans le grand site de l'Alliance est porteur d'une histoire.
04:04Celle des hommes et des femmes qui ont œuvré à la fabrication d'un outil à la symbolique ambivalente.
04:12La faux.
04:34Pont-Salomon
05:05L'utilisation de la faux remonte au moins à 2000 ans.
05:10Elle fut longtemps réservée à la coupe du fourrage pour les animaux.
05:16C'est seulement au XVIe siècle qu'elle se voit attribuer deux nouveaux usages,
05:22celui de la récolte des moissons et celui du combat en tant qu'arme de guerre.
05:30Elle est souvent associée à la mort.
05:35Mais c'est aussi grâce à elle qu'est récoltée la nourriture indispensable à la vie.
05:42Le jour où j'ai découvert Pont-Salomon, que je ne connaissais pas du tout,
05:48ça a été le coup de cœur.
05:52La visite, l'aventure, l'expérience,
05:56ça a été une plongée dans Zola, deux siècles en arrière.
06:02Et en tant que forgeron, bien sûr, j'ai été complètement séduit et ému par ces lieux,
06:11complètement emprunts encore de l'activité, de l'odeur du feu de charbon,
06:19l'eau qui coule dans les ateliers, c'est extraordinaire.
06:24En 1967, je suis arrivée en France avec mes parents.
06:29J'avais douze ans et demi, et pour moi, Pont-Salomon, c'était tout nouveau.
06:35Je venais de l'Andalousie, à côté de Séville.
06:39J'ai été à l'école avant, et il y a quinze ans et demi, j'ai été travailler chez Pont-Salomon.
06:45J'ai été à l'école avant, et il y a quinze ans et demi, j'ai été travailler chez Dorian.
06:50Arriver là, au Vieux-Moulin, de voir de l'eau, même si c'était froid,
06:56au robinet et une ampoule au plafond,
07:00pour nous, avec mes yeux de gosse, c'était du luxe.
07:06Alors ce village, il y a deux aspects pour mon rapport avec cette entreprise,
07:11cette commune, tout du moins.
07:13Les premiers rapports sont très lointains,
07:16puisque mes grands-parents avaient une résidence secondaire à Haute-Loire, près de Saint-Jo.
07:22Et à l'époque, il n'existait pas la déviation, l'autoroute,
07:25la deux fois de voie que l'on connaît actuellement,
07:28et on passait effectivement au-dessus des usines.
07:31Et de ces usines, jaillissaient des flammes énormes,
07:34qui étaient liées, bien sûr, à la fabrication des fours dans la vallée.
07:37Lorsque je suis revenu à Pont-Salomon pour exercer en tant que médecin,
07:42ma première préoccupation, c'était d'aller effectivement au centre de Fête-Vallée
07:46pour savoir d'où jaillissaient ces flammes que j'avais notées,
07:50que j'avais vues dans mon enfance.
07:52Hormis cette première sensation, je dirais, enfantine,
07:56après que lorsque j'ai exercé à Pont-Salomon,
07:58c'est cette humanité des travailleurs de Pont-Salomon
08:01qui existait encore, qui m'a marqué.
08:08Pont-Salomon
08:12Avant l'implantation des usines de faux,
08:15le pont Salamon n'est qu'un hameau de quelques maisons
08:19sur la route royale Lyon-Toulouse.
08:28Le nom de Salamon fait probablement allusion à un relais de poste
08:32où était perçu un impôt sur le sel.
08:38Situé aux confins de la Loire et de la Haute-Loire,
08:41le village ne fut érigé en commune qu'en 1865.
09:01Mais il faut remonter à l'été 1833
09:05et se rendre à Condé-sur-Vègre, près de la forêt de Rambouillet,
09:10pour assister à une rencontre
09:12qui allait jouer un rôle décisif dans le destin de Pont-Salomon.
09:18C'est là que fut tentée la création d'une colonie
09:21censée être le siège d'une société idéale
09:24telle que l'avait imaginé le philosophe Charles Fourier.
09:30Une amitié indéfectible allait s'y nouer.
09:34Celle de Pierre Frédéric d'Orient,
09:37fils d'un maître de forge de la ville de Montbéliard
09:41et de Victor Considérant,
09:43de six ans son aîné,
09:45principal disciple de Fourier.
09:50Sans cette rencontre,
09:52le village de Pont-Salomon
09:54n'aurait peut-être simplement pas existé.
09:59Sous l'influence de son ami Considérant,
10:02les idées de Charles Fourier
10:04vont profondément marquer le jeune Pierre Frédéric d'Orient.
10:10Des années plus tard,
10:12il mettra en pratique dans ses usines de Pont-Salomon
10:15certains des principes imaginés par ce précurseur du socialisme.
10:22Fourier, Considérant et d'Orient
10:25sont tous trois originaires de Franche-Comté.
10:29Pierre Frédéric naquit le 24 janvier 1814
10:33à Montbéliard dans le Doubs.
10:36Issu d'une famille de protestants
10:39dont les ancêtres avaient fui les Cévennes
10:41après la révocation de l'édie de Nantes,
10:44le jeune d'Orient fut très tôt bercé par le bruit des marteaux
10:48car son père possédait une petite forge
10:51qui produisait des outils pour l'agriculture.
10:55En 1831,
10:57il fait un séjour d'un an à l'école des Mines de Saint-Étienne
11:01d'où il est renvoyé pour mauvaise conduite.
11:05Et à 20 ans, sa mère lui achète une usine de forge
11:09au lieu dit Les Balaires,
11:11dans la vallée de Rochetaillé, près de Saint-Étienne.
11:15L'histoire de l'Antiquité
11:23Depuis l'Antiquité,
11:25l'homme a rêvé d'établir une société idéale.
11:30Elle prendra le nom d'Utopie
11:33sous la plume du théologien anglais Thomas More
11:37qui créa le mot en 1516
11:40pour qualifier une île imaginaire
11:42où régnerait une société parfaite.
11:46Paradoxalement,
11:48le mot Utopie vient du latin Atopos
11:52qui signifie lieu de nulle part
11:55ou lieu qui n'existe pas.
12:01A l'avènement de l'ère industrielle,
12:04les conditions de vie des ouvriers sont déplorables.
12:08Ils travaillent 12 heures par jour,
12:106 jours sur 7
12:12et occupent des logements insalubres.
12:17Face à cette situation,
12:19des penseurs tels que Saint-Simon,
12:22Robert Owen, Étienne Cabey,
12:25Charles Fourier ou Victor Considérant
12:28imaginent une société égalitaire
12:31où chaque individu trouvera son épanouissement
12:34tout en contribuant au bien-être collectif.
12:41Fourier souhaitait valoriser le travail
12:44qui devait être attractif et non une corvée.
12:49Il misait sur les attractions passionnées
12:52ou affinités naturelles existantes entre les êtres
12:56et qui permettraient d'atteindre l'harmonie.
13:02Il prônait une liberté sexuelle
13:05et fut un précurseur du féminisme
13:08et du socialisme.
13:13Il imagina des colonies autogérées
13:16qu'il nomma phalanstères
13:18pouvant abriter 400 familles
13:21et occupant un domaine de 2300 hectares.
13:26Situées à la campagne,
13:28elles comprendraient des habitations,
13:31des ateliers, des cuisines
13:33et offriraient un large éventail d'activités
13:36permettant à chacun de trouver sa vocation.
13:41Comme tous les utopistes,
13:43Victor Considérant fut souvent moqué
13:46par les conservateurs de l'époque.
13:48Mais ses critiques ne semblent pas avoir entamé
13:51l'amitié qui le liait à Pierre Frédéric Dorian.
13:56Victor Considérant vouait un véritable culte à Fourier.
14:01Il écrira à son ami Dorian
14:04« Dieu est Dieu, et Fourier est son prophète ».
14:10Infatigable propagandiste des idées de Fourier,
14:14Victor Considérant crée en 1836
14:17le journal La Phalange.
14:21Il pourra compter sur la générosité
14:23de son ami Dorian
14:25qui participera au financement de la publication
14:28à hauteur de 2500 francs.
14:34Et lorsque Considérant se présentera
14:36à la députation en 1839,
14:39c'est à son jeune ami Dorian
14:41qu'il confiera la fonction d'agent électoral.
14:53Mais revenons à Pont-Salomon.
14:57Jusqu'à une date récente,
14:59les agriculteurs de la région
15:01forgeaient des clous à la main
15:03afin de compléter leurs revenus.
15:13Parce que tous les foyers, tous les paysans,
15:15avaient leur forge.
15:19Dès qu'ils avaient fini leurs travaux dehors,
15:21l'hiver par exemple,
15:23ils forgeaient une partie de l'hiver.
15:28Mon père a eu forgé,
15:30avec un de ses collègues,
15:327 tonnes de ferraille dans l'hiver.
15:45Au bien moyen,
15:47j'avais 14 ans quand j'ai commencé
15:49de faire des clous.
15:51J'allais à l'école.
15:53Alors il y a un moment, j'ai 68 ans,
15:55alors vous voyez,
15:58eh bien ça a commencé
16:00à disparaître.
16:02Quand les usines ont commencé à marcher
16:04dans la Loire, à Piermini,
16:06les gens sont partis.
16:08Et puis les clous, je vous dis bien,
16:10ça avait tombé.
16:12Ça ne marchait plus, les machines
16:14avaient remplacé l'homme.
16:16On ne faisait plus les clous de souiller
16:18à la main, c'était tout qu'à la machine.
16:20Et les clous de vache, les clous de chevaux,
16:22c'était à la machine.
16:30Les clous de chevaux
16:32Les clous de chevaux
16:34Les clous de chevaux
16:36Les clous de chevaux
17:00L'histoire de Dorian
17:02L'histoire du Dorian
17:04L'histoire de Dorian
17:06Dorian avait été précédé
17:08à Pont-Salomon
17:10par un autre maître de forge,
17:12Alexis Massenais,
17:14dont le fils Jules
17:16allait connaître la célébrité
17:18en tant que compositeur.
17:20En association
17:22avec Jean-Baptiste David
17:24puis les frères Jackson,
17:26Alexis fonda d'abord
17:28de Faux, près de Saint-Etienne, au lieu d'y la terrasse puis acheta trois ateliers sur la semaine
17:34où il employait 100 forgerons, dont huit Allemands et six Autrichiens. C'est en 1863 que la famille
17:48Geraint cède ses parts à Pierre Frédéric Dorian et à son beau-père Jacob Holzer.
17:53La constitution de la société Dorian-Holzer-Jackson et compagnie entraîne à Pont-Salomon la
18:01construction d'une nouvelle fabrique sur les bords de la semaine. Achevée en 1858,
18:07plusieurs fois agrandie, elle sera baptisée l'Alliance et assure vers 1862 la moitié de
18:17la production nationale de faux et de faussilles dont un cinquième est destiné à l'exportation.
18:53L'œuvre de ces capitaines d'industrie aurait été vaine sans le savoir-faire de ceux qui, jour
19:17après jour, exécutaient les tâches les plus pénibles mais aussi les plus nobles.
19:47L'élaboration des lames de faux s'effectuait au moyen d'une machine appelée Martinet.
20:16Ce gros marteau à bascule était utilisé depuis le Moyen-Âge comme foulon pour la
20:24fabrication du papier, du battage du cuivre et la forge des métaux.
20:29L'énergie provenait d'une chute d'eau qui faisait tourner une roue à ogé, entraînant une roue à
20:41cames qui soulevait un lourd manche en bois équipé d'outils à son extrémité.
20:46L'usage de ce mécanisme nécessitait l'action de trois personnes parfaitement coordonnées qui
20:55communiquaient par gestes tant le bruit était assourdissant.
20:58Le platineur était le seigneur de l'atelier. C'est à lui qu'incombait la tâche la plus
21:08difficile de la mise en forme des lames de faux.
21:12Le Martinet, c'était le nom du Martinet qui était le seigneur.
21:32On a attribué le seigneur, le platineur, non c'était le Martinet qui avait ce nom-là.
21:42Le Martinet c'était le seigneur de la vallée, c'était le Martinet, la machine.
21:46C'était la machine.
21:50C'est pas alors après bien sûr ça a dérivé, c'est le seigneur, c'est le platineur.
21:55Non c'est pas le platineur, c'était le Martinet.
22:00Ah oui, c'est clair.
22:04Avant il y avait plusieurs platineurs, dix, même douze.
22:07Rien que du platineur, il y avait cinq, d'où là, d'où là, ça faisait cinq.
22:11Et maintenant il y a le manoir qui travaille.
22:14Alors mon père a commencé, quand il était en vacances, il était pas en vacances, soit
22:35il était à la ferme, parce que mes grands-parents tenaient une petite ferme de trois ou quatre
22:39vaches avec quelques chèvres.
22:41Et bien sûr mon grand-père, il travaillait à l'usine et l'été quand il n'y avait plus
22:47d'eau, il travaillait donc à la ferme, puisqu'il y avait sécheresse et tout ça.
22:53Et mon père, à partir de 13 ans, pendant les vacances, ou des temps libres, mais il
22:59n'y avait pas de temps libre, il allait tirer l'eau.
23:01Donc il a bien commencé à 13 ans tout en préparant le certificat d'études qui passait
23:08donc à 14 ans, je crois, quelque chose comme ça, et voilà.
23:12Et donc après, à partir de 14 ans, il a travaillé, il a tiré l'eau au départ, apprenti, et
23:19puis après il s'est formé platineur.
23:21Mon papa, il était chauffeur.
23:24Et quand on dit chauffeur, c'est pas un chauffeur de voiture.
23:28Il venait le matin de bonne heure pour allumer le four, pour faire chauffer les pièces, pour
23:34quand le platineur arrivait, que ces pièces soient chaudes.
23:48Moi je me sens comme un amateur face à ces gens qui ont forgé des milliers, des centaines
23:58de milliers d'outils qui sont des outils très très compliqués à forger, à fabriquer.
24:04Et voilà, je me sens en même temps un peu frustré dans la mesure où, voilà, il y
24:14avait des dizaines, des centaines d'ouvriers, et je suis un petit peu seul.
24:24J'ai l'impression d'être une petite braise restante d'un grand foyer.
24:32Tout le monde se connaissait, tout le monde.
24:34Ils avaient d'abord tous des surnoms, tous des surnoms.
24:37A l'usine, il y avait l'oignon, il y avait la pêche, on ne s'en plaît même pas par
24:42nos noms.
24:43Il y avait un peu de concurrence, mais pas mortel quoi.
24:48Quand il y en avait un qui avait un problème, on était derrière, on disait « Attends,
24:53on va faire ça, on va faire ça ». Moi, je me rappelle quand j'ai travaillé au
24:57relevois, j'ai remplacé un monsieur qui s'appelait Régussi, avec un surnom, bien
25:01sûr, Barbino, parce que c'était un Italien.
25:03Et bien, même quand il a été à la retraite, un jour je me suis trouvé que je ne pouvais
25:07pas régler la machine.
25:08Déjà parce qu'il y avait trop de jeux, et bien il est venu régler la machine, même
25:14après en étant à la retraite.
25:15Donc c'est vrai qu'il n'y avait pratiquement pas de concurrence.
25:20Il y avait un mélange de tout, il y avait de toutes les populations.
25:25Et même les gens entre eux, on s'entendait bien, dès qu'on avait besoin d'aide, les
25:32gens ils venaient, que ce soit les Français, les Espagnols, les Portugais, les Italiens,
25:37il y avait aussi des Marocains.
25:39C'est une bonne ambiance, moi j'ai travaillé avec plusieurs, il y avait plusieurs, comment
25:44j'expliquerais ça, plusieurs émigrés, il y avait des Polonais, il y avait des Italiens,
25:49il y avait des Tchèques, il y avait des Algériens, des Marocains, ça se passait
25:53très bien, on avait une ambiance formidable.
25:56Marqué par ses expériences utopistes de jeunesse, Pierre-Frédéric Dorian mit en
26:02place, au sein de son entreprise de Pont-Salomon, une série d'innovations sociales.
26:08Pour ce faire, il créa une caisse de secours, un cabinet médical, une école gratuite,
26:16d'abord religieuse, puis laïque, une bibliothèque, une chapelle et des logements sociaux gratifiés
26:23de surnoms tels que la caserne, la gendarmerie ou la préfecture.
26:29Même si Dorian fut influencé par les idées des utopistes, il fut toutefois moins radical
26:43qu'eux.
26:44Beaucoup plus pragmatique, il ne fit jamais de son projet industriel un véritable phalanstère,
26:52lieu où régnerait l'harmonie universelle.
26:55On a parlé d'un phalanstère à l'horizontale, de la même manière qu'à Guise il existe
27:05un phalanstère au Faministère qui est bien connu, à Pont-Salomon on peut parler effectivement
27:10d'un phalanstère à l'horizontale, puisque hormis les logements ouvriers qui sont nombreux
27:15à Pont-Salomon, il y a effectivement la coopérative qui était au Fouthier, il y a eu un théâtre
27:22qu'on appelle maintenant la Salle Massenet, il y a eu les jardins ouvriers bien sûr.
27:28A Paris, Considérant avait participé à la manifestation du 13 juin 1849 contre Louis
27:43Napoléon Bonaparte qui, à ses yeux, avait violé la constitution.
27:47Suite à l'échec de la manifestation, Considérant se voit contraint à la clandestinité.
27:55Il rejoint la Belgique, puis les Etats-Unis où, en compagnie du fourriériste américain
28:02Albert Brisbane, il se lance dans le projet fou de créer un état socialiste dans l'Ouest.
28:09A l'issue d'une épopée à cheval de 300 km en territoire indien, épuisé, en proie à la fièvre,
28:17les deux hommes parviennent dans le bassin supérieur de la Red River, non loin de la
28:23ville de Dallas, alors peuplée d'à peine 500 habitants. Face à la beauté du paysage,
28:30décharmé par la douceur du climat, Considérant croit avoir trouvé le paradis sur terre.
28:37Il vit cette expérience comme une véritable révélation religieuse qu'il exprime en ses
28:45termes dans une lettre à ses amis. « En vérité, j'ai reçu la lumière. »
28:58Il rentre en Belgique et crée plein d'enthousiasme la Société européenne de colonisation du Texas.
29:05Il obtient pour cela l'appui de plusieurs financiers, dont l'industriel Jean-Baptiste
29:13Godin et son ami Pierre-Frédéric Dorian. La Société achète des terres et un groupe
29:21envoyé en éclaireur construit à la hâte quelques bâtisses. Le lieu est baptisé Réunion.
29:28Ce nom inspira-t-il à Dorian, celui d'Alliance à Pont-Salomon.
29:44A l'annonce de ce projet, des centaines d'émigrants se mettent en marche pour cet Eldorado
29:51texan. Au terme d'un voyage épuisant, ils finissent par arriver sur la terre promise,
29:57mais ils n'y trouvent aucune infrastructure prête à les accueillir. Considérant s'avère être
30:06incapable d'assurer la direction des opérations, ce qui provoque des dissensions internes.
30:11Le faible nombre d'agriculteurs au sein du contingent, une série d'aléas climatiques,
30:18une invasion de souterelles, verront l'expérience virée au fiasco.
30:23Godin y perdra le tiers de sa fortune.
30:27En proie à une terrible dépression, considérant quitte en secret la colonie,
30:35il se réfugie à San Antonio où il se voit contraint de vivre d'expédient.
30:41Ce n'est que dix ans plus tard qu'il retrouvera le sol européen.
30:46En 1861, la guerre de sécession déchire les Etats-Unis. Pour survivre, Victor
31:01considérant se voit obligé de produire sa propre nourriture et de vendre des
31:05fleurs et des légumes au marché de San Antonio.
31:07Pendant qu'il se morfond au fond du Texas, son ami Dorian se fait construire un château
31:16à quelques kilomètres de Pont Salomon, sur la commune de Fresse.
31:20En 1858, Considérant obtient la nationalité américaine,
31:30ce qui lui permet de revenir en France après vingt ans d'exil.
31:34Mais la foi en les utopies fourriéristes est retombée,
31:39et Considérant sombre à nouveau dans la mélancolie.
31:43Il trouve un peu de réconfort dans l'appartement parisien du couple Dorian,
31:49dont il est le fidèle invité.
32:04Le mariage de Dorian avec la fille de l'industriel Jacob Holzer lui a permis,
32:29à la mort de celui-ci, de se trouver à la tête d'un petit empire industriel.
32:34Parallèlement à ses activités de chef d'entreprise,
32:40il occupe des responsabilités politiques en tant que maire du nieux,
32:45puis de conseiller général de la Loire.
32:48L'acier fondu d'excellente qualité fabriqué par le beau père de Dorian, Jacob Holzer,
33:01fournit la matière première à l'élaboration des faux et faussilles.
33:06Mais pour parvenir à l'excellence,
33:09il est indispensable de disposer d'une main-d'oeuvre qualifiée.
33:13Absente de Pont-Salomon, on ira donc la chercher là où elle se trouve.
33:20Alors concernant la main-d'oeuvre, là aussi c'est une histoire bien singulière,
33:25puisque il y a eu plusieurs vagues d'immigration.
33:28La première immigration, c'est l'immigration autrichienne,
33:31puisque la fabrication de la faux en France est liée à un maréchal d'empire,
33:36qui était le maréchal Soult, qui avait été mandaté par Napoléon Ier
33:41pour s'affranchir de la tutelle prusse, autrichienne,
33:45donc maintenant, de la fabrication de la faux,
33:48puisque c'est lui qui avait le savoir-faire de la faux.
33:50Donc il a débauché les ouvriers d'Autriche, d'une région du Tyrol,
33:57à Jeannebart, je crois la commune de Jeannebart,
34:00pour faire venir effectivement les ouvriers.
34:02Et c'est intéressant, parce que ces ouvriers autrichiens
34:04ont fait tout le parcours de Toulouse, Alubi, Saint-Étienne, et finalement Pont-Salomon,
34:10et on retrouve encore actuellement des noms à consonance autrichienne.
34:13On parlait toutes les langues à Pont-Salomon, sauf le français.
34:17En restant le principal actionnaire de la société,
34:25mais occupé par ses responsabilités politiques,
34:29Dorian confie la direction de ses usines à son principal collaborateur, Fleury Binachon.
34:36Sous l'administration de ce fervent catholique,
34:41l'esprit fourriériste qui animait Dorian va se muer en un paternalisme assumé.
34:48C'est sous sa direction que sera créé un cercle des ouvriers aux règlements très strictes,
34:54ainsi qu'une fanfare dont la notoriété dépassera le simple cadre local.
35:00Instrument de propagande au service de l'usine,
35:05elle portera les couleurs de la société à travers la France.
35:08La population de Pont-Salomon n'a cessé d'augmenter.
35:16Elle s'élève en 1860 à plus de 1000 habitants,
35:20dont le tiers habite l'immense caserne construite pour héberger les ouvriers.
35:25Face à cette démographie galopante, Fleury Binachon et Dorian
35:33vont faire jouer leurs influences auprès du préfet de la Haute-Loire
35:36pour que Pont-Salomon devienne une commune à part entière.
35:39Pour cela, on amputera les villages de Saint-Féréol-d'Aurore,
35:44Saint-Didier-en-Velay et Aurex-sur-Loire d'une partie de leur territoire.
35:50Le 12 juillet 1865, la commune de Pont-Salomon est officiellement créée.
35:58C'est l'usine qui financera en grande partie
36:02la construction du cimetière, de l'église et du presbytère.
36:07Fleury Binachon va alors se livrer à un acte insolite.
36:11Persuadé qu'il agit pour le bien commun et faisant fi du péché d'orgueil,
36:17il va s'autosanctifier en se faisant représenter sur un vitrail du cœur
36:22sous les traits d'un évêque nommé Saint-Fleury.
36:26De 1871 à 1944, tous les maires de la commune appartiendront à la dynastie Binachon.
36:37En ce début de XXIe siècle, la faujoui d'un regain d'intérêt.
36:50Chaque été, des stages d'initiation à son usage sont organisés à Pont-Salomon.
37:07En 1944, les maires de la commune appartiendront à la dynastie Binachon.
37:14En 1945, les maires de la commune appartiendront à la dynastie Binachon.
37:22En 1946, les maires de la commune appartiendront à la dynastie Binachon.
37:30Le geste, quand je vois les gens le faire, ça me donne envie de le faire en fait.
37:47On a l'impression qu'ils sont tranquilles, une sorte de sérénité, je ne sais pas.
37:52J'ai entendu dire que le fauchage pour la biodiversité, pour la vie de tous,
37:59tout ce qui est dans l'herbe, dans la terre, etc. était bien mieux
38:05parce que ça n'utilise pas d'énergie électricité fossile ou autre,
38:10que ça ne fait pas de bruit, que c'est lent.
38:14Moi, j'aime bien les choses lentes.
38:17Moi, c'est l'outil qui me plaît.
38:21Le côté, on fait ça de manière totalement manuelle,
38:25sans dépendre du côté mécanique d'un moteur, etc.
38:30C'est surtout ça qui me plaît.
38:32Du moment qu'on a pris le coup de main à la foue, on s'y passionne dessus,
38:35on ne peut plus lâcher une foue.
39:21Le 19 juillet 1870,
39:49l'Empire français déclare la guerre à la Prusse.
39:53Mais suite à une série de défaites, dont celle de Sedan,
39:57l'empereur se voit obligé à capituler.
40:03Le 4 septembre, la République est proclamée
40:07et un gouvernement provisoire est nommé.
40:12Dorian avait été élu trois fois député de la Loire,
40:15très populaire auprès de l'extrême-gauche
40:18et en tant qu'opposant à la politique de Napoléon III,
40:22il devient ministre des travaux publics.
40:27Quelques jours plus tard,
40:29Paris est assiégée par l'armée prussienne.
40:34La capitale subit rapidement les rigueurs d'un hiver particulièrement froid.
40:40La famine s'installe.
40:43On mange du rat, du chat, des chevaux.
40:48Et jusqu'aux animaux du jardin d'acclimatation.
40:52Dorian prend en main la défense de Paris.
40:56Il se rend sur les lieux des bombardements, dans les usines.
41:01Il centralise et dirige les travaux
41:03et réussit à armer les défenseurs de la capitale
41:06en faisant fondre des canons.
41:10Cette action lui confère une immense popularité.
41:14Considérant témoigne ainsi de l'admiration qu'il vaut à son ami Dorian.
41:20Ton nom est le seul qui inspirera en ce moment
41:23confiance quasi universelle.
41:34Mais c'est lors de la proclamation de la commune de Paris,
41:37en mars 1871,
41:40que l'amitié qui lie Dorian et Considérant
41:43se voit mise à l'épreuve.
41:46En rupture avec son credo de jeunesse,
41:49Dorian ne soutient pas activement la commune
41:52par crainte des conséquences potentielles
41:55d'un soulèvement populaire.
41:59Contrairement à lui,
42:01Considérant voit en l'insurrection
42:03la possibilité de réaliser certains des principes socialistes
42:07qu'il défend depuis toujours.
42:11Les supplications qu'il adresse à Dorian
42:13restent lettres mortes
42:16et celui-ci reste campé sur ses positions.
42:21Il avouera plus tard
42:23qu'il avait plus peur des parisiens
42:25que des prussiens.
42:27L'année suivante,
42:29Dorian redevient député de la Loire.
42:32Mais il n'exercera ses fonctions que deux ans
42:35car il mourra à Paris le 14 avril 1873
42:39à l'âge de 59 ans.
42:43Trois ans plus tard,
42:45hommage lui sera rendu par la ville de Saint-Étienne
42:48en débaptisant la place du marché
42:51qui deviendra la place Dorian.
43:05Toute activité de forge n'a pas disparu à Pont-Salomon
43:09puisqu'un forgeron coutelier
43:11s'est installé dans les locaux
43:13de l'ancien cercle des ouvriers.
43:15Le forgeron ne peut pas être diverti, excité.
43:19On doit être centré dans l'ouvrage
43:22parce que sinon ça ne fonctionne pas.
43:28On peut dire que le forgeron
43:30n'est pas un ouvrier.
43:32Il n'est pas un ouvrier.
43:34Il n'est pas un ouvrier.
43:36Il n'est pas un ouvrier.
43:38Il n'est pas un ouvrier.
43:40Il n'est pas un ouvrier.
43:42Il n'est pas un ouvrier.
43:44On peut dire effectivement
43:47que cette pratique
43:50relie à soi-même,
43:53relie aux autres.
44:15En 1885,
44:17la mise en service
44:19de la ligne de chemin de fer
44:21Firminie à Nonnais
44:23stimulera le développement économique
44:25de Pont-Salomon.
44:27Suivrons l'installation du télégraphe,
44:30du téléphone,
44:32puis d'une nouvelle ligne
44:34de chemin de fer
44:36à Montréal,
44:38à Montréal.
44:40Suivrons l'installation du télégraphe,
44:42du téléphone,
44:44puis dès 1902,
44:46d'une usine électrique
44:48dont la production alimentera
44:50non seulement l'usine,
44:52mais aussi les foyers du village.
44:54Le chemin de fer a considérablement
44:56changé la façon
44:58de voir les choses.
45:10La mort de Pierre Frédéric
45:12ne marquera pas la fin
45:14de la relation qui le liait
45:16à Victor Considérant,
45:18puisque ce dernier
45:20maintiendra toute sa vie
45:22une fidèle et solide amitié
45:24avec la veuve
45:26et la fille de Dorian.
45:28En témoigne
45:30l'abondante et affectueuse
45:32correspondance
45:34qu'il entretient
45:36entre les deux hommes.
45:38Une lettre datée
45:40du 12 mai 1892
45:42rend bien compte
45:44du sentiment qui le liait
45:46à Dorian et sa famille.
45:48Il écrit
45:50« Je revois Dorian,
45:52cœur d'or entre tous,
45:54si dévoué,
45:56si sûr,
45:58et en même temps si aimable
46:00et si gai,
46:02si gentil,
46:04si gentil,
46:06et si gai.
46:08C'était lui le prince charmant
46:10de la jeunesse.
46:12Il termina ainsi
46:14« Je vous embrasse
46:16bien tendrement,
46:18à fond de cœur,
46:20votre vieux concit. »
46:24Aline Ménard-Dorian
46:26hérita de son père le culte
46:28de la liberté.
46:30Le salon qu'elle tiendra,
46:32rue de la Faisanderie à Paris,
46:34deviendra le lieu de rencontres
46:36littéraires, artistiques
46:38et politiques de la capitale.
46:40S'y croisèrent
46:42entre autres
46:44les frères Goncourt,
46:46Émile Zola, Édouard Manet,
46:48Éric Satie,
46:50Anatole France,
46:52Georges Clémenceau
46:54et bien sûr Victor Considérant.
47:00Dreyfusarde,
47:02une cléricale
47:04militante des droits de l'homme,
47:06c'est elle qui inspira à Marcel Proust
47:08la figure de Madame Verdurin
47:10dans son roman
47:12« Du côté de chez Swan ».
47:14À son invitation,
47:16en 1900,
47:18Émile Zola effectuera
47:20un séjour au Château d'Orient à Fresse
47:22afin de se documenter
47:24pour l'écriture de son dernier roman
47:26« Travaille ».
47:29Il faudra attendre 1905
47:31pour que la ville de Saint-Étienne
47:33décide d'ériger un monument
47:35à Pierre Frédéric d'Orient,
47:37avenu Président Fort.
47:41Mais la statue sera fondue
47:43par les Allemands
47:45pendant la Seconde Guerre mondiale.
47:59A la fin du XIXème siècle,
48:01la ville de Saint-Étienne
48:03a été rénovée
48:05par les Allemands
48:07et les Allemands
48:09se sont réunis
48:11pour construire
48:13la ville de Saint-Étienne.
48:17La ville de Saint-Étienne
48:19a été rénovée
48:21par les Allemands
48:23et les Allemands
48:25se sont réunis
48:28pour construire
48:30la ville de Saint-Étienne.
48:47Quand on franchit la porte,
48:49il y a quelque chose
48:51qui s'empare de soi.
48:53C'est inéluctable,
48:55on ne peut pas le dire autrement.
48:57Ce sont des sentiments
48:59qui sont difficilement descriptibles
49:01avec des mots,
49:03mais on sent effectivement
49:05une ambiance,
49:07oui,
49:09il se passe quelque chose.
49:13Je n'ai pas envie de dire
49:15que les murs sont hantés,
49:17mais je crois que
49:19l'information de toute la vie
49:21qui s'est déroulée
49:23dans ces lieux,
49:25les murs
49:27en sont encore imprégnés.
49:29Des fois, j'avais l'impression
49:31de voir mon papa,
49:33de voir deux ou trois personnes
49:35qui travaillaient
49:37et à chaque fois,
49:39ça me donnait l'achat de poules.
49:41C'est comme une fois,
49:43on était en train
49:45de faire une visite
49:47et puis il y a eu
49:49un reflet de lumière
49:51alors qu'il n'y avait
49:53pratiquement pas de soleil,
49:55comme un projecteur
49:57qui m'éclairait.
49:59J'ai ressenti ça comme ça.
50:01Il y a une âme,
50:03il y a une âme dans cette usine.
50:05Je dirais qu'à l'Alliance,
50:07on ressent qu'il y a une âme.
50:09J'en veux pour preuve
50:11que lorsqu'on pénètre dans ce grand atelier
50:13qu'on appelle la Fabrique,
50:15j'ai toujours noté
50:17que lorsque les gens pénètrent
50:19dans cette salle,
50:21le silence se fait un peu de la même manière
50:23que lorsqu'on rentre dans une église
50:25que l'on soit croyant ou non,
50:27on baisse d'un ton.
50:31Cette dimension religieuse,
50:33mystique ou spirituelle,
50:35effectivement, on la ressent.
50:37Alors qu'il y a des ateliers
50:39où c'est froid,
50:41mais là-bas,
50:43il y a une chaleur qui vous pénètre
50:45qui fait que vous vous sentez déjà bien
50:47et vous êtes en harmonie
50:49avec tout ce qu'il y a autour.
50:51Donc avec tous ces vieux marteaux,
50:53tous ces vieilles,
50:55même l'étoile d'araignée, tout ça.
50:59Je me dis, si ces vieilles pierres
51:01pouvaient parler,
51:03qu'est-ce qu'elles pourraient nous raconter ?
51:17C'est ce qu'on appelle
51:19l'esprit de l'âme.
51:21C'est ce qu'on appelle
51:23l'esprit de l'âme.
51:25C'est ce qu'on appelle
51:27l'esprit de l'âme.
51:29C'est ce qu'on appelle
51:31l'esprit de l'âme.
51:33C'est ce qu'on appelle
51:35l'esprit de l'âme.
51:37C'est ce qu'on appelle
51:39l'esprit de l'âme.
51:41C'est ce qu'on appelle
51:43l'esprit de l'âme.
51:45C'est ce qu'on appelle
51:47l'esprit de l'âme.
51:49C'est ce qu'on appelle
51:51l'esprit de l'âme.
51:53C'est ce qu'on appelle
51:55l'esprit de l'âme.
51:57C'est ce qu'on appelle
51:59l'esprit de l'âme.
52:01C'est ce qu'on appelle
52:03l'esprit de l'âme.
52:05C'est ce qu'on appelle
52:07l'esprit de l'âme.
52:09C'est ce qu'on appelle
52:11l'esprit de l'âme.
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