• il y a 5 jours
GRAND DÉBAT / Mayotte : où en sont les secours ?

« Le récap » par Bruno Donnet

Le cyclone Chido qui a ravagé Mayotte le samedi 14 décembre 2024 est la tempête la plus dévastatrice qu'a connue l'île mahoraise depuis quatre-vingt-dix ans. Le bilan officiel provisoire s'élève à 22 morts mais « 70% des habitants ont été gravement touchés », a précisé le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Bruno Retailleau. Une grave crise humanitaire frappe le territoire insulaire. Le Président de la République martèle que « nos compatriotes vivent le pire à quelques milliers de kilomètres ». Il se rend sur l'île mahoraise le jeudi 19 décembre 2024. Alors qu'un couvre-feu a été instauré, l'aide d'urgence se consolide. L'Etat est épaulé par les organisations non gouvernementales (ONG) qui rencontrent elles-mêmes des difficultés dans la gestion des opérations. Quelle est la stratégie de l'Etat pour endiguer les ravages et apporter une aide optimale aux habitants ?

Invités :
- Davy Rimane, député « gauche démocrate et républicaine » de Guyane
- Séline Soula, journaliste au pôle Outre-mer de France Télévisions
- Louis-Clément Kraimps, directeur adjoint aux affaires générales de la Fédération nationale de Protection civile
- Cyrille Hanappe, architecte spécialiste des risques majeurs
- En duplex (depuis Mamoudzou) : Estelle Youssouffa, députée LIOT de Mayotte

INTERVIEW FRANC-PARLER / François Asselin : patrons et syndicats, le coup de semonce aux politiques

En janvier 2025, François Asselin quittera son poste de Président de la Confédération des petites et moyennes entreprises qu'il occupe depuis 2015. Il partage son inquiétude quant au devenir de la France déchirée par une crise politique qui ne cesse de s'amplifier. La dissolution de l'Assemblée et la censure du gouvernement alimentent cette préoccupation. Dans une interview au « Dauphiné Libéré », il se dit « inquiet, et même en colère ». Le déficit de la France exacerbe la détérioration de la vie politique : « on vit dans le déni d'un déficit abyssal, on sait que l'hôpital est suradministré, on sait qu'il y a 100 000 fonctionnaires de plus en 10 ans dans les collectivités territoriales sans transfert de compétences de l'État... ». Le nouveau Premier ministre parviendra-t-il à agréger les forces politiques dans l'optique de faire face au déficit public ?

Grand invité : François Asselin, Président de la Confédération des petites et moyennes entreprises

LA QUESTION QUI FÂCHE / La proportionnelle, une issue à la crise politique ?
Invités :
- Benjamin Morel, constitutionnaliste, maître de conférences en droit public à l'université Panthéon-Assas

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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News
Transcription
00:00Générique
00:02...
00:05Bonsoir et bienvenue dans
00:07ça vous regarde, très heureuse de vous retrouver.
00:10Au sommaire ce soir, l'urgence absolue à Mayotte.
00:14Après une 1re nuit sous couvre-feu,
00:16la situation reste très difficile dans l'archipel.
00:19Les habitants manquent de tout,
00:21l'acheminement de l'aide est encore trop lent.
00:24Faut-il un renfort international ?
00:26C'est l'une des questions de notre grand débat ce soir.
00:30Notre invité, Franck Parley,
00:31ce soir lance une initiative inédite.
00:34Patronat et syndicats s'unissent
00:37pour réclamer de la stabilité politique.
00:40C'est l'avenir des entreprises et des salariés
00:42qui est en jeu, dit-il.
00:44François Asselin, le patron de la CPME,
00:46sera avec nous dans la 2e partie.
00:48Enfin, la question qui fâche ce soir
00:50est si la proportionnelle nous sortait
00:53de la crise politique.
00:55L'idée chère à François Bayron fait son chemin
00:57à l'Assemblée, face à face
00:59entre deux constitutionnalistes ce soir,
01:01Jean-Philippe de Rosier et Benjamin Morel.
01:04Voilà pour le sommaire, installez-vous, ça vous regarde.
01:07C'est parti.
01:08Musique rythmée
01:10...
01:19La solidarité s'organise à Mayotte.
01:21Un double pont aérien et maritime s'est mis en place,
01:25mais la situation reste toujours très difficile.
01:28Quatre jours après le ravage, les ravages du cyclone Shido,
01:32les autorités redoutent plusieurs centaines,
01:34voire plusieurs milliers de morts, des pénuries d'eau,
01:37de nourriture et le retour des épidémies.
01:40C'est donc dans ce décor apocalyptique
01:42qu'Emmanuel Macron, le chef de l'Etat,
01:44arrive demain sur place.
01:46On va faire ce soir le point sur la situation humanitaire
01:49et sanitaire avec nos invités. Bonsoir, David Riman.
01:52Bienvenue.
01:53Vous êtes député gauche démocrate et républicaine de Guyane
01:56et vous présidez ici, à l'Assemblée nationale,
01:59la délégation aux Outre-mer.
02:01Bonsoir, Céline Soulard.
02:02Ravie de vous avoir sur ce plateau.
02:04Vous êtes journaliste au pôle Outre-mer à France Télévisions.
02:08Vous êtes née à Mayotte où une partie de votre famille
02:11est sur place.
02:12Bonsoir, Louis-Clément Krems.
02:14Bienvenue à vous.
02:16Vous êtes directeur adjoint aux Affaires générales
02:18de la Fédération nationale de la protection civile.
02:21Vous êtes aussi directeur
02:23des associations de bénévoles, des médecins, des infirmiers,
02:26des humanitaires, qui s'apprêtent, depuis la Réunion,
02:29à acheminer de l'aide à Mayotte.
02:31Enfin, bonsoir, Cyril Hanap.
02:33Bienvenue.
02:34Architecte, spécialiste des risques majeurs,
02:36vous avez travaillé, vous travaillez depuis 10 ans à Mayotte
02:40sur l'habitat insalubre.
02:41Avant de vous entendre dans le détail sur la situation,
02:45est-ce qu'on peut commencer à imaginer un peu plus d'espoir
02:48pour l'avenir de Mayotte, ce soir ?
02:50On va faire le point sur les questions qui se posent.
02:53Elles sont politiques.
02:55C'est dans le récap de Bruno Donnet.
02:57Générique
02:59...
03:06Bonsoir, Bruno.
03:08Bonsoir, Myriam. Bonsoir à tous.
03:10Alors, l'Etat est-il au niveau ?
03:11Alors, 4 jours après les ravages du terrible cyclone
03:16qui a ravagé Mayotte, une polémique est en train de naître
03:19et c'est un ancien ministre de l'Intérieur
03:22qui l'a mis en mot hier après-midi à l'Assemblée nationale.
03:25Nous nous interrogeons.
03:27Nous nous interrogeons sur la capacité qu'a notre pays
03:31à aider une population, manifestement,
03:35pleine de souffrances et de difficultés.
03:39Sommes-nous capables de porter assistance à Mayotte ?
03:43Pour l'heure, les images qui nous parviennent
03:45sont celles d'un théâtre de désolation absolue,
03:48où 120 tonnes de nourriture ont été distribuées aujourd'hui,
03:51mais il n'y a plus d'électricité sur la majeure partie du territoire.
03:55Seules deux usines d'eau sur six ont été réparées.
03:58L'eau potable n'arrive plus.
04:00Et là où il y en a, le pack de 6 bouteilles se vend
04:03jusqu'à 18 euros.
04:05Rien n'avance donc et les critiques commencent à pleuvoir.
04:09Je ne comprends pas pourquoi on ne va pas plus vite.
04:13On dit que chaque heure compte,
04:15mais on entend aussi que les secours arrivent
04:18au compte-gouttes.
04:19Au coeur de critiques, un homme, le nouveau Premier ministre.
04:23François Bayrou, à peine nommé, est déjà dans l'oeil du cyclone.
04:26La faute a une série de maladresses.
04:29La première, il l'a commise ici même, hier après-midi.
04:32Il n'est pas d'usage que le Premier ministre
04:35et le président de la République
04:37quittent en même temps le territoire national.
04:39Oups, grosse sortie de route,
04:42car le département de Mayotte fait, c'est pas de bol,
04:45partie du territoire national.
04:48Mais c'est pas tout.
04:49Invité hier soir
04:50de la grande opération caritative organisée par France 2,
04:53François Bayrou a également essuyé la question faussement naïve
04:58de l'animateur de la soirée.
05:00Dans ce genre de situation, qui agit ?
05:02Qui est sur le terrain ?
05:03Qui a les commandes de ce qui se passe au niveau de l'Etat ?
05:06Très bonne question.
05:08Sous-entendu, comment se fait-il
05:10qu'on ne vous ait pas encore vus à Mayotte,
05:13monsieur le Premier ministre ?
05:14La réponse est simple.
05:16François Bayrou a totalement délégué
05:18la représentation de l'Etat à Bruno Retailleau.
05:21Si on veut que les choses fonctionnent bien,
05:23on va mettre le paquet.
05:24On mobilisera tout ce qu'on peut mobiliser
05:27en termes de moyens civils, en termes de moyens militaires.
05:30Pour ce qui concerne l'incarnation de la nation,
05:33cette fois, c'est Emmanuel Macron qui s'en chargera tout seul.
05:38Nos compatriotes vivent le pire
05:42à quelques milliers de kilomètres.
05:44Je me rendrai à leur côté dans quelques heures à Mayotte.
05:47Bref, au moment où Mayotte appelle à l'aide,
05:50le Premier ministre est aux abonnés absents.
05:52Il a toutefois promis qu'il s'y rendrait après,
05:55après la formation de son gouvernement,
05:57où l'on comprend, Myriam,
05:59que la politique est aussi une affaire de priorité.
06:02Merci beaucoup, Bruno Donnet.
06:03On devait être en ligne avec la députée de Mayotte,
06:06Estelle Youssoupha,
06:07mais c'est pas si simple, en fait, Céline Soula.
06:10Les liaisons sont précaires.
06:12La communication est très compliquée,
06:14parce qu'il n'y a que vers Mamoudzou
06:17qu'on peut avoir un semblant de communication,
06:23et ça dépend encore de quel côté de Mamoudzou on se trouve.
06:26Vous avez mis du temps avant d'avoir les vôtres.
06:29J'ai mis beaucoup de temps.
06:30J'ai ma famille pour m'appeler,
06:33parce qu'on essaie de s'appeler
06:35quand on peut, de se déplacer.
06:37Ma sœur, par exemple, est allée mettre de l'essence,
06:40parce qu'il y a des problèmes de pénurie d'essence.
06:43Il y a la queue dans les stations-services.
06:45Elle a pu mettre de l'essence,
06:47donc elle a pu quitter un petit peu le village
06:50et brancher son téléphone dans la voiture,
06:53rouler et charger, en fait,
06:56parce que sinon, c'est impossible,
06:58et se rapprocher de Mamoudzou,
07:00parce que si elle est à Sada ou de notre village,
07:02un peu plus au sud, là, c'est plus compliqué.
07:05Il faut se déplacer ou trouver des points culminants
07:08où on espère avoir un peu de réseau.
07:10C'est très compliqué de communiquer en ce moment.
07:12On a encore un bilan provisoire.
07:15Les autorités redoutent qu'il soit beaucoup plus important.
07:19De quoi les habitants manquent le plus ?
07:21La pénurie d'eau.
07:23Quand l'eau courante vient à manquer,
07:25qu'est-ce qui se passe concrètement ?
07:27Il se passe que les gens essayent de se rabattre vers les rivières,
07:31s'il y en a,
07:33parce qu'avec toute la pluie, la boue,
07:35la...
07:38Tout ce que vous voyez, charrié par la pluie,
07:42va dans les rivières.
07:44Les rivières ne sont plus du tout...
07:46L'eau n'est pas bonne, c'est dangereux, etc.
07:50C'est très difficile,
07:51parce qu'on se retourne vers cette eau-là,
07:54sauf qu'elle n'est pas consommable.
07:56Il faut aller sur les points d'eau, les fontaines d'eau.
08:00Là, c'est pareil, il y a beaucoup de monde,
08:02il n'y en a pas partout, tout n'est pas en l'état,
08:05donc c'est très difficile.
08:07C'est une course pour avoir un verre d'eau,
08:09une petite bouteille d'eau.
08:11Quand il y en a dans les magasins, c'est hors de prix.
08:14Pour les habitants, c'est une catastrophe.
08:16Le manque d'électricité, aussi,
08:18qui fait qu'on ne peut plus tirer de l'argent.
08:21Les gens n'ont pas d'argent,
08:22ils ne peuvent pas aller dans les distributeurs,
08:25il n'y a pas de courant.
08:26Ils ne peuvent pas avoir de l'eau,
08:28il faut se déplacer parfois très loin pour avoir de l'eau.
08:31Quand vous allez quelque part, il y a beaucoup de monde.
08:34C'est vrai que les gens sont assez disciplinés.
08:37Il y a une espèce de...
08:40On a vu des files d'attente.
08:42Des files d'attente,
08:43et les gens sont désabusés.
08:45Ça ne sert plus à rien de se pousser, de se bousculer,
08:48on a que ça à faire,
08:50parce qu'on se dit que tout nous tombe sur la tête,
08:53c'est une catastrophe.
08:55Il y a la résignation, aussi,
08:56et puis, voilà, un grand désespoir, vraiment.
08:59-"Un grand désespoir", on va les entendre,
09:01les habitants de Mayotte, grâce aux équipes de l'AFP.
09:04Maïté Frémont, je vous donne la parole.
09:07Musique intrigante
09:09...
09:12Je suis quelqu'un de privilégiée,
09:14car j'habite une maison en Durham.
09:16Tout autour de nous, il y a énormément de bangas.
09:19-"Ces bangas, les voici,
09:21des centaines de cabanes en tôle de récupération,
09:25toutes détruites."
09:26Morgane vit à Mayotte depuis six mois.
09:29Elle est la principale de ce collège de 1 600 élèves,
09:32la plupart vivant dans ces bidonvilles.
09:35On est à ce stade de reconstruction.
09:38Pour l'instant, pas d'eau, pas d'électricité,
09:41donc on est à la bougie,
09:43et puis on récupère de l'eau comme on peut.
09:46On avait une certaine quantité de réserve,
09:49mais ça va commencer à devenir plus difficile.
09:52Coupée du monde, voilà le sentiment de Lara.
09:54Elle aussi est en attente de la distribution d'eau
09:57et de nourriture, avec la crainte, un peu plus chaque jour,
10:01d'un risque de pénurie.
10:03Là, on cherche de l'eau à boire.
10:05Les packs d'eau se font rares.
10:07On manque de sardines aussi, les produits en conserve, là.
10:11Tout ça se fait rare, donc on recherche.
10:13Depuis la réunion, 200 conteneurs sont attendus sur l'île,
10:17mais l'acheminement prend du temps,
10:19les communications avec l'archipel sont difficiles.
10:22On ne reçoit plus la radio, on n'a plus d'électricité,
10:25on ne sait même pas ce qui se passe de l'autre côté.
10:28On n'a même pas de nouvelles.
10:30Les secours s'activent pour remettre en état l'hôpital,
10:33en partie détruit.
10:38Il y a le toit qui s'effondre.
10:40On n'est pas très en sécurité, même moi qui suis là.
10:43Je ne me sens pas en sécurité,
10:45mais il faut faire le tout pour sauver ce qu'on pourra.
10:48Le territoire redoute désormais
10:51la propagation d'épidémies comme le choléra.
10:55Pour l'heure, pas de choléra.
10:58Pour l'heure, vous confirmez.
11:00Il y a eu une crainte il n'y a pas longtemps,
11:02il y a eu le choléra, et avec ce qui se passe,
11:05c'est la hantise, maintenant.
11:07Louis Clément-Crème, expliquez-nous comment les humanitaires
11:10travaillent, il y a une grosse difficulté d'accès
11:13à l'aéroport de Mamoudzou, à Mayotte,
11:16parce qu'il a été touché, lui aussi.
11:18Vous avez, vous-même, des denrées alimentaires
11:21à faire passer depuis la Réunion.
11:23Où en est-on ?
11:24En fait, il y a quatre axes majeurs aujourd'hui pour Mayotte.
11:27C'est la distribution de denrées alimentaires et d'eau potable.
11:31Vous l'avez dit, dans votre reportage,
11:33c'est des manques essentiels pour les populations.
11:36Il y a le déblayement des axes de communication,
11:39notamment le rétablissement de l'aéroport
11:41et des routes maritimes et de l'aéroport.
11:44Vous avez l'accompagnement,
11:47au niveau sanitaire, avec des médecins et des infirmiers.
11:51Il y a un hôpital provisoire de campagne
11:53qui doit être mis en place.
11:55Est-ce qu'on a des éléments là-dessus ?
11:57Pour l'instant, on n'en sait pas plus,
11:59car les équipes ont besoin de mettre en place
12:02un campement de base. C'est difficile d'intervenir
12:04sur une zone si on n'a pas l'assurance
12:07d'avoir de l'électricité, de l'eau,
12:09une ligne d'approvisionnement, qui est régulière,
12:12pour que les équipes qui vont intervenir
12:14et avec tous les besoins essentiels qui sont comblés.
12:17Il y a l'accompagnement médical,
12:19puisque l'hôpital est partiellement détruit,
12:22donc il ne peut plus couvrir la situation sanitaire à Mayotte.
12:25Enfin, il y a l'accompagnement psychologique,
12:27puisqu'on le néglige souvent, mais il y a des personnes
12:30qui ont perdu leurs proches, leurs habitations,
12:33et qui ne peuvent plus couvrir leurs besoins.
12:36Ils ont besoin d'un soutien psychologique.
12:384 jours après, ce soir, il y a encore des quartiers,
12:41des secteurs dans l'île,
12:42qui ne sont pas accessibles aux secours.
12:45Oui, tout à fait.
12:46Tout à fait, oui.
12:47C'est bien ça.
12:48C'est bien ça.
12:49À cause de quoi ?
12:50À cause des routes qui sont très mauvaises,
12:53à cause de tout ce qui est tombé, des tôles, des arbres arrachés ?
12:56Il faut juste comprendre que toutes les routes de Mayotte,
13:00lorsqu'on les change avec les collègues,
13:02toutes les routes de Mayotte ont été encombrées,
13:05obturées de différents matériaux issus du cyclone.
13:08Donc, ils ont d'abord dégagé les voies principales,
13:11qui permettent d'accéder aux gros feuilles de population,
13:14mais les routes secondaires et les pistes
13:17qui permettent d'accéder à différents quartiers,
13:19ça prend plus de temps et c'est plus compliqué.
13:22Il y a des gens qui sont coincés ?
13:24Oui, tout à fait.
13:25On a une idée de combien de personnes,
13:27de mesurer l'ampleur de ces gens qui sont encore prisonniers
13:31de Chidô ?
13:32C'est vrai que c'est difficile, c'est difficile à donner,
13:35c'est difficile pour donner un chiffre,
13:37parce que, justement, déjà,
13:39ce sont des endroits très difficilement accessibles,
13:41et ce qui est très curieux, c'est qu'on voit personne.
13:44C'est très curieux.
13:46Sur les images, c'est la désolation.
13:48C'est terrible. Ils sont où, ces gens ?
13:50Sont-ils sous les gravats ? Sont-ils sous les amatoles ?
13:53Ils sont où ? Ca, c'est vraiment un problème,
13:55parce qu'on ne sait pas combien il y a de morts,
13:58combien il y a de blessés,
13:59et on se dit, mais ils ne se sont pas volatilisés.
14:03Donc, on craint que ça soit vraiment terrible.
14:07On s'intéresse énormément aux bidonvilles,
14:10on va en parler, les bangas.
14:12Est-ce que c'est tous les Mahorais qui sont touchés ?
14:15Toutes les habitations sont touchées ?
14:17Tous les Mahorais sont touchés.
14:19Là-dessus, malheureusement, c'est absolument ça.
14:23Que ce soit dans les bidonvilles,
14:25que ce soit dans les maisons dures,
14:28que ce soit dans tous les villages,
14:30c'est vraiment Mayotte qui est...
14:32C'est...
14:33C'est...
14:34C'est apocalyptique pour tout le monde.
14:37Il n'y a pas de zone...
14:38Quelle que soit la situation de la personne,
14:41quelle que soit la maison...
14:43J'ai de la famille qui me dit que le toit s'est envolé
14:46chez le voisin.
14:47Là, tout est tombé, il n'y a plus rien.
14:50C'est la saison des pluies.
14:52C'est la saison des pluies, etc.
14:54C'est vraiment tout le monde.
14:55Là-dessus, malheureusement, personne n'a été épargné.
14:58Ne plus avoir accès aux soins, c'est un problème
15:01pour des personnes qui ne sont pas blessées par la catastrophe.
15:04Par exemple, elles ont besoin d'un accès aux soins.
15:07Si les hôpitaux ne fonctionnent plus,
15:09elles ne peuvent plus compter là-dessus.
15:11Les personnes évacuées se comptent sur les doigts d'une main ?
15:15Ils en ont parlé de 50.
15:16Une cinquantaine ?
15:17Le risque d'épidémie, au-delà du choléra,
15:20l'insalubrité, ça aussi, ça plane.
15:22Oui, voilà.
15:23Le nombre connu aujourd'hui,
15:25le peu de personnes connues aujourd'hui blessées
15:27ou décédées, c'est seulement à l'hôpital.
15:30En dehors de l'hôpital, on n'a pas encore de chiffres exacts.
15:35Est-ce que l'Etat est au rendez-vous ?
15:37700 personnels de sécurité civile,
15:391 600 policiers et gendarmes,
15:415 avions, dont un gros porteur A400M,
15:44qui fait la rotation, il y a 1 000 km,
15:46entre la Réunion et Mayotte,
15:49depuis trois jours, il y a 20 tonnes de fret.
15:51Les pouvoirs publics se donnent les moyens ?
15:54Aujourd'hui, l'Etat fait ce qu'il peut faire à l'instant T,
15:57mais pour nous, qui connaissons nos territoires
16:00et leur réalité, l'Etat est loin, vraiment,
16:03de prendre la mesure de la situation.
16:05Déjà, Mayotte était en très grande difficulté avant le cyclone.
16:09Le cyclone, en gros, aujourd'hui, a carrément mis Mayotte à l'arrêt.
16:13Il faut juste se dire que tout Mayotte est à l'arrêt aujourd'hui.
16:15Il faut tout redémarrer.
16:17Les moyens qui sont plus ou moins envoyés au fur et à mesure sur Mayotte
16:21prennent du temps, ne sont pas conséquents.
16:23C'est bien pour ça que nous,
16:24lorsqu'on s'est réunis lundi avec la délégation d'Outre-mer,
16:27on a tous dit qu'il faut faire appel à l'aide internationale
16:30parce que plus il y aura des moyens mis en œuvre
16:32de façon massive tout de suite,
16:34ça permettra de faire baisser la tension au niveau de la population.
16:38Qu'est-ce que ça veut dire, l'aide internationale ?
16:40La Croix-Rouge est sur place.
16:42Il y a un certain nombre de personnels de cet ONG
16:44qui n'est pas... Voilà, qui est porté absent.
16:47Vous réclamez l'intervention des Nations unies ?
16:51Vous réclamez l'intervention d'autres Etats, des Etats-Unis ?
16:54Tous les pays qui sont en mesure de nous aider aujourd'hui
16:57par rapport à ce que vit Mayotte doivent pouvoir le faire.
17:00Et si la France ne le fait pas,
17:01si la diplomatie française ne le demande pas...
17:04Aujourd'hui, oui.
17:05Pour ceux qui connaissent un peu Mayotte,
17:08lorsqu'on sait qu'un cyclone est passé et a tout balayé sur son chemin,
17:12il faut dire qu'un cyclone de cette puissance-là,
17:14Mayotte, c'est une petite île, en fait, une petite archipelle.
17:19Lorsque le cyclone passe dessus et balaye tout,
17:22il faut tout recommencer.
17:23Et même les maisons endures ont été touchées.
17:26Il y a un ami qui a envoyé une vidéo,
17:29un chef d'entreprise dans l'héterogénie industrielle.
17:32Tout son entrepôt, des grosses poutous, est parti.
17:35Il reste plus rien. Les gens ont tout perdu.
17:37On va parler de l'habitat.
17:38À partir de ce moment-là, il faut déblayer,
17:41il faut commencer à évacuer les voies d'accès
17:43et à apporter assistance aux personnes.
17:46Il faut des moyens conséquents.
17:47Prendre la Réunion juste comme base arrière
17:50pour le mettre en place, ce n'est pas suffisant.
17:53D'accord avec ça, Céline Soula ?
17:54C'est vrai que tout est très long.
17:56C'est vrai qu'il y a cette halte, d'abord à la Réunion,
17:59ensuite à Mayotte.
18:01C'est vrai qu'il n'y a peut-être pas des directs,
18:03parce qu'il faut faire une halte, il faut charger et décharger.
18:07Logistiquement, c'est peut-être difficile,
18:09mais c'est vrai que le fait qu'il y ait déjà un arrêt,
18:12ensuite repartir, recharger, ça complique.
18:14On se demande pourquoi il n'y a pas un Paris-Zaouzi tout de suite.
18:18On comprend déjà ce que certains élus attendent
18:20du chef de l'Etat demain, aide internationale.
18:23Sur l'urgence absolue, j'entends monter
18:25l'état d'urgence, est-ce que c'est ce que vous réclamez aussi ?
18:28Ça changerait quoi ?
18:29Il y a le couvre-feu déjà.
18:31Est-ce que ça a évité les pillages ?
18:33Le couvre-feu permet de contrôler les mouvements le soir
18:36pour éviter les pillages et les agressions.
18:38Mais l'état d'urgence doit être déclaré tout de suite.
18:41Je ne comprends pas que plusieurs jours après,
18:44quatre jours après, on en est encore là à tourner...
18:47Il faut déclarer l'état d'urgence à Mayotte, je suis désolé,
18:50et il faut déclarer l'état de catastrophe naturelle
18:53tout de suite derrière, ou en même temps,
18:55pour que toutes les choses administratives
18:58puissent se déclencher parce que les gens ont tout perdu.
19:01Clément Krems, sur l'aide internationale,
19:03c'est impressionnant de voir qu'à Mayotte,
19:06on a l'impression que très vite, on a demandé,
19:08les autorités et l'Etat ont demandé le coup de main
19:11des populations de la métropole.
19:13On l'a vu sur les réseaux sociaux pour retrouver les familles,
19:17on le voit dans l'appel aux dons.
19:19Est-ce que cette solidarité-là suffit
19:21ou est-ce qu'il faut l'intervention d'autres humanitaires,
19:24d'autres pays, peut-être ?
19:25Il y a une très grande solidarité en France,
19:28on l'a démontré à plein d'occasions ces dernières années,
19:31notamment pour l'invasion de l'Ukraine,
19:33mais là, c'est un véritable défi logistique
19:36d'acheminer des personnels et du matériel.
19:38En exemple, à la Protection civile,
19:40on envoie un détachement de 50 personnes,
19:42il faut les disséminer dans six avions commerciaux
19:45pour arriver à la Réunion.
19:47Pareil pour le fret, il a fallu trouver des places
19:49pour trouver un matériel dans les avions,
19:52et ça, c'est très dur à faire dans les premiers jours
19:55après la catastrophe.
19:56Aujourd'hui, le deuxième défi, qui est aussi logistique,
19:59c'est d'aller sur l'île de Mayotte
20:01et d'établir une base sécurisée
20:03pour ensuite aller dans toutes les zones
20:06qu'on ne peut pas visiter.
20:07La sécurité, la crainte des pillages,
20:09c'est quelque chose qui menace les humanitaires ?
20:12Au-delà de la sécurité, c'est avoir un campement de base,
20:15puisque l'île est loin de la Réunion.
20:17Il faut se dire qu'en cas de problème,
20:19on a besoin d'avoir une ligne d'approvisionnement
20:22qui vient régulièrement de la Réunion
20:24ou de toute autre zone qui peut accueillir une base arrière.
20:27On sera en capacité d'aller dans les zones
20:30qu'on ne peut pas visiter.
20:31C'est ça qui est important.
20:33On va parler de l'habitat.
20:34Cyril Hénap n'a pas encore parlé.
20:36C'est la spécificité de Mayotte.
20:38Un tiers de l'habitat est précaire.
20:40Il y a des quartiers entiers qui se sont écroulés,
20:43et on sait aujourd'hui qu'il y a plus de 100 000 personnes
20:46dans ces habitations-là, dont beaucoup ne sont pas recensées,
20:50souvent sans papier, venues des commores.
20:52On apprend aussi que certains auraient pu partir,
20:55mais par peur des expulsions et des arrestations,
20:58sont restés.
20:59Depuis quand c'est comme ça à Mayotte ?
21:02Il y a une chose très importante à préciser sur Mayotte,
21:05c'est que dans les quartiers spontanés
21:08ou les bidonvilles,
21:09il y a deux tiers des habitants qui ont un statut légal.
21:13C'est quelque chose qu'on retrouve.
21:15Ca fait 10 ans qu'on travaille dans différents bidonvilles de Mayotte.
21:18C'est un chiffre qu'on retrouve systématiquement.
21:21Vous avez un tiers de Français, un tiers d'étrangers
21:24qui ont des papiers et un tiers de sans-papiers.
21:27Il n'y a pas de logements sociaux à Mayotte.
21:29Il y a des logements pour les classes moyennes,
21:32les classes moyennes supérieures,
21:34mais pour les classes populaires, il n'y a aucun logement social.
21:38Il n'y a pas eu de politique de logement social.
21:41Ca peut être un département français,
21:43mais il n'y a pas eu de politique de logement social.
21:46Il y en a eu une, d'ailleurs, qui a existé entre 1980 et 2000,
21:49les casse-cimes.
21:50C'était un truc très intéressant et très innovant,
21:53mais qui a été arrêté.
21:54C'est soit le bidonville, soit quoi ?
21:57Soit rien.
21:58Soit rien.
21:59Donc, ceux qui appellent à la destruction des bidonvilles,
22:03ils appellent donc à la mise à la rue
22:06de centaines de milliers de personnes.
22:10Il n'y a jamais eu de début, de plan, de relogement ?
22:14Je sais que cette question migratoire est en jeu,
22:17même si c'est pas la majorité.
22:19Le rapport de l'INSEE n'est pas sur ces chiffres-là.
22:22Ils disent qu'il y a plus.
22:23Quand on a voulu reloger, c'était pour expulser,
22:26très clairement,
22:27ou est-ce qu'il y a eu un accompagnement
22:29pour essayer d'aller vers de l'habitation plus dure ?
22:32Il y a toujours une distinction subtile,
22:34notamment la Fondation Abbé Pierre la rappelle,
22:37entre l'hébergement et le logement.
22:39C'est-à-dire qu'effectivement,
22:41on peut proposer parfois une place d'hébergement,
22:44mais la place d'hébergement, c'est au maximum six mois,
22:47parfois prolongeable à un an,
22:49mais vous n'avez pas un logement.
22:51Donc, vous, moi, tout le monde,
22:55on a des enfants qu'on inscrit à l'école,
22:57on a un réseau professionnel,
22:59on veut pas être trop loin de où on travaille,
23:01parfois, on peut avoir une basse-cour
23:04ou avoir une petite culture.
23:06Donc, en fait, il y a la moitié de la population de Mayotte
23:10qui n'a que des logements en taule.
23:13Alors, on leur propose pas mieux.
23:16Personne ne leur propose mieux.
23:18Comment vous, l'architecte, avez fait sur cet habitat-là ?
23:22Même si c'est bien trop tôt pour dire le mot de reconstruction,
23:25il faudra l'envisager.
23:27Alors, il y a, sur ces zones-là,
23:29ce qui se passe, déjà, c'est que les gens...
23:31On voyait des vidéos tout à l'heure sur une chaîne concurrente.
23:35Les gens ont commencé à reconstruire leur maison.
23:38C'est très engagé.
23:39Vous voyez les gens, les structures sont déjà là,
23:42ils ont récupéré les taules, les maisons se reconstruisent.
23:45Le problème, c'est que, bien évidemment,
23:47la situation est encore pire que la situation précédente
23:51et c'est là qu'il faudrait agir rapidement.
23:53Nous, on avait été missionnés par la ville de Mamounzou
23:56pour travailler sur la sécurisation d'un quartier.
23:59C'est un projet qui est en cours.
24:00J'ai eu des nouvelles tout à l'heure,
24:02le chantier peut reprendre,
24:04mais sur la mise en place, non seulement de cheminement,
24:07la mise en place de réseaux, de sanitation,
24:10d'électricité, et surtout la mise en place d'abris.
24:13Alors, ces abris, c'est des politiques,
24:15c'est reprendre des politiques qui sont déjà en cours
24:18en Amérique latine, par exemple, en Colombie, au Brésil,
24:21où on va s'appuyer sur les gens
24:25pour aller vers l'amélioration et la sécurisation des personnes.
24:30En Alabama, tout le monde sait qu'il y a des typhons qui passent
24:33et que quand vous avez un typhon, les maisons seront détruites,
24:37mais tout le monde sait qu'il y a un abri
24:39dans lequel ils peuvent aller et se réfugier.
24:42Il y a eu des alertes très nombreuses
24:44sur la question de l'habitat, à la fois précaire,
24:47mais pas seulement, parce qu'on l'a vu avec ce cyclone,
24:50200 km heure, ce sont aussi des habitats en dur
24:53qui ont été soufflés.
24:54Comment expliquer que rien ou presque n'ait été fait avant ?
24:58Il y a des rapports parlementaires qui disaient,
25:01en cas de cyclone, députés, ici même,
25:03que ce serait la catastrophe absolue.
25:06On a attendu qu'elle arrive.
25:07Mais c'est toujours pareil.
25:09Oui, mais... Oui, oui.
25:10Ce que je voulais souligner, une chose,
25:14c'est que c'est vrai que, jusqu'à maintenant,
25:17alors, monsieur pourra peut-être me confirmer
25:22ou contredire,
25:23jusqu'à maintenant, il y a eu des constructions,
25:26je parle même des gens de maillot,
25:28pas forcément des gens qui...
25:30C'est vrai que c'est bien de souligner
25:33qu'il y a des gens, il y a des maoris aisés,
25:35il y a des gens qui sont...
25:37Qui sont...
25:39Qui sont des gens qui ne sont pas de maillot,
25:41mais qui sont là depuis très longtemps,
25:44qui sont régularisés.
25:45Il y a les gens qui arrivent à la situation régulière.
25:48Il y a ces trois, même plus, catégories de personnes.
25:52Ce qui se passe, c'est que, souvent, en maillot,
25:55on a construit sans permis.
25:57Pendant des années, il y a eu des gens qui ont construit.
26:00Je suis du village de Sada, je sais que Sada s'est construit
26:04un peu rapidement.
26:06Les gens s'accaparaient des terrains,
26:08parce que c'est à ma sœur, c'est à mon frère, etc.
26:11Bon, il faut qu'on soit ensemble,
26:13et on construisait sans forcément les permis de construire.
26:16Donc, du coup, ça, c'est un gros problème.
26:19Sans normes, évidemment, de construction.
26:21C'était pas réglementaire.
26:24Il ne faut pas s'étonner aujourd'hui,
26:27parce que ce ne sont pas des bâtisseurs.
26:29Les gens construisent souvent par eux-mêmes.
26:31Toute la famille construit, vous faites les briques,
26:34moi, je mets le toit, etc.
26:37Je pense que, voilà, vous...
26:38Donc, il y a aussi ce problème-là.
26:40Quand les gens ont commencé à construire,
26:43maintenant, depuis très peu, il y a des normes.
26:45On va avoir un architecte,
26:47on va faire ça de manière réglementaire, etc.
26:49Mais avant ça, ça fait quoi ?
26:51Peut-être 15 ans, peut-être 10 ans,
26:53on commence à avoir un permis de construire.
26:55Vous voyez ce que je veux dire ?
26:57Donc, vous vous imaginez bien,
26:59dans ce cas-là, que même si ce sont des maisons en dur,
27:03mais comme elles ne sont pas construites aux normes,
27:07elles sont aussi fragiles.
27:08Et ça expliquerait pourquoi les maisons en dur aussi
27:11ne tiennent pas.
27:13La parole du député.
27:14Les alertes étaient toutes là.
27:16David Rieman.
27:17Il faut toujours qu'il y ait une catastrophe ou une crise
27:20pour que l'Etat agisse correctement
27:22dans nos territoires respectifs.
27:24Ce n'est pas la première fois.
27:26Malheureusement, ce ne sera pas la dernière fois.
27:29J'espère que Mayotte pourra se relever, grandit.
27:31On va y veiller au niveau du Parlement,
27:34avec un taxe budgétaire dédié à Mayotte
27:36pour sa reconstruction et faire tout ce qu'il y a à faire.
27:39Juste un exemple.
27:40Une délégation interministérielle, vous réclamez.
27:43C'est-à-dire qu'il y a un travail...
27:45Ils vont nommer une délégation interministérielle,
27:48mais derrière, il faut savoir sur quelle ligne budgétaire
27:51il va être pris de l'argent pour reconstruire Mayotte.
27:54Il va falloir l'évaluer et le financer.
27:57C'est dans nos territoires, d'autres miens,
27:59qu'il y a le plus de logements insalubres.
28:01C'est dans nos territoires.
28:03Paradoxalement, c'est dans ces mêmes territoires
28:06où l'argent prévu pour l'hérarchie,
28:08réservation d'habitats insalubres,
28:10est le moins fléché dans la politique publique.
28:13Il y a une dichotomie entre ce que l'on constate
28:15sur nos territoires et ce qui est fait par les politiques publiques.
28:19Ce que connaît Mayotte en matière de bidonvilles,
28:21je connais la même chose en Guyane.
28:23Les bidonvilles grossissent car les gens ont besoin de se loger.
28:27La différence qu'il y a par rapport à Mayotte,
28:29c'est que la Guyane, c'est 80 000 km2.
28:32Il y a de la place partout, mais on est confrontés au même problème
28:35car les politiques publiques ne sont pas adaptées
28:38à nos réalités dans nos territoires.
28:40Il y a quand même une politique de logement social
28:43qui avait été engagée aussi en Guyane et à Mayotte.
28:46Il y a eu un concours avec des architectes
28:48qui ont été désignés lauréats,
28:50un concours organisé par le ministère de l'Outre-mer
28:53et le ministère du Logement.
28:55Tout d'un coup, il y a des architectes alliés
28:57à des promoteurs et des entreprises ont été désignés
29:00et, tout d'un coup, ces maisons n'ont pas pu être construites
29:04car, tout d'un coup, on demandait une assurance dommage d'ouvrage,
29:07sauf qu'aucun assureur ne veut assurer
29:10le dommage d'ouvrage à Mayotte.
29:12Donc, on avait un programme
29:13qui s'appelait le logement locatif très social adapté
29:17qui est bloqué depuis deux ans
29:19parce que l'EDEAL, c'est-à-dire les ex-DEDE locales,
29:24réclament une assurance dommage d'ouvrage
29:26qui n'existe pas à Mayotte.
29:28Les assureurs ne prennent pas le risque
29:30avec les catastrophes potentielles.
29:33Donc, on n'a aucune politique.
29:34C'est le statu quo. On verra ce qu'il en est.
29:37Question.
29:38Était-il hors sujet, le ministre de l'Intérieur démissionnaire,
29:42Bruno Retailleau, lorsqu'il évoque la question migratoire ?
29:45La gauche estime que c'est une faute,
29:47comme l'explique Clément Perreault.
29:50Musique sombre
29:52-"À l'heure où Mayotte est encore sous le choc des dévastations,
29:55le ministre de l'Intérieur démissionnaire,
29:58Bruno Retailleau, qui s'est rendu sur place lundi,
30:01n'a pas attendu pour mettre sur le devant de la scène
30:04un sujet central dans l'archipel, l'immigration."
30:07On a laissé les Mahorais seuls devant leur malheur
30:11avec cette immigration totalement incontrôlée.
30:14On pense qu'il y a autour de 100 000 clandestins
30:17en situation irrégulière qui vivent dans cette très grande précarité.
30:21-"Les logements précaires dévastés dans les bidonvilles
30:24de l'archipel sont pour beaucoup occupés par des sans-papiers.
30:28Le ministre fait donc le lien
30:31entre l'immigration clandestine
30:33et la vulnérabilité des habitations face aux cyclones",
30:36réponse cinglante du communiste Fabien Roussel.
30:39On ne peut pas commencer aujourd'hui à dire
30:42que c'est de la faute des immigrés,
30:44qu'il faudra reconstruire que pour les Français,
30:47et les autres, dehors, c'est le même peuple.
30:49Ce sont des cousins, des cousines, des frères et des sœurs.
30:53Mais ils connaissent rien au sujet.
30:55-"Alors est-il pertinent de faire le lien
30:57entre l'immigration clandestine et cette tragédie ?
31:00Le sujet est très sensible."
31:02On va terminer ce débat.
31:04Je vais vous donner la parole, Céline Soulas,
31:07et vous conclurez, monsieur le député.
31:10Cette question-là, en parler, juste après la dévastation,
31:14est-ce que c'était opportun ou pas ?
31:16Je pense que le débat, c'était avant l'histoire de l'immigration.
31:21Là, les choses se sont anonymées au fil des ans.
31:26C'est ça, le problème.
31:28Et là, c'est sûr que...
31:29Amener le débat tout de suite,
31:31je pense que c'est un peu prématuré,
31:34parce que la question ne se pose pas tout de suite.
31:37Elle va se poser, elle se pose, bien sûr,
31:39mais les conditions, là, maintenant,
31:41c'est l'urgence, sauver les gens, trouver ces personnes
31:44qu'on ne sait pas où elles sont,
31:46si elles sont mortes, blessées, on n'en sait rien,
31:49et effectivement, réfléchir à comment on va construire demain,
31:53programmer, s'organiser.
31:54Oui, je pourrais dire que c'est peut-être maladroit,
31:58effectivement, dans un moment de désarroi absolu,
32:01mais ce débat-là, bien sûr, il ne faut pas l'occulter.
32:05Il existe, et d'ailleurs, il a fait l'objet de campagnes électorales
32:09avec les résultats qu'on connaît à Mayotte,
32:11le mot de la fin sur ce lien que fait immédiatement Bruno Retailleau.
32:15On a bien compris que Bruno Retailleau
32:17est un coup de fête, et la question migratoire,
32:20c'est une obsession dans son esprit,
32:22il va falloir trouver une solution.
32:24Pour autant, ce n'est pas le moment de venir parler de ça
32:27au moment où, vu ce qui traverse Mayotte,
32:30sur la question migratoire, au départ,
32:32c'est une question aussi en Guyane,
32:34je ne l'aborde pas comme eux l'abordent,
32:37il faut juste dire que lorsqu'on laisse une immigration se faire,
32:40c'est pas l'immigration elle-même qui a un souci,
32:43c'est sa non-gestion.
32:44Le problème, c'est que l'État ne s'est pas occupé.
32:47C'est comment on accueille les gens dignement,
32:50comment on régule, comment on organise la question migratoire.
32:53Mais le fait de dire qu'il y a trop de migrants,
32:56il faut les faire partir, c'est complètement désuet et obsolète.
32:59– Merci, on va s'arrêter là,
33:01évidemment, on va suivre ce qui se passe à Mayotte
33:04et on espère que la protection civile pourra acheminer son aide
33:08très rapidement, merci à vous.
33:10Bonsoir François Asselin, vous êtes mon invité franc-parler,
33:14ce soir, dans un instant, pour évoquer cet appel inédit,
33:177 des 8 organisations patronales et syndicales s'unissent
33:20pour réclamer au gouvernement et aux députés
33:23de la stabilité politique l'avenir de nos entreprises
33:26et de nos salariés en dépendant.
33:28Explication, Baptiste Garguichartier, interview, juste après.
33:34– Si on vous invite ce soir, François Asselin,
33:37c'est parce que vous lancez un message d'alerte
33:39sur la situation économique de la France,
33:41vous tirez la sonnette d'alarme.
33:43– Le risque, c'est un pays qui va continuer à s'affaiblir,
33:46c'est un pays qui, au niveau économique,
33:48va être dans une situation de plus en plus compliquée
33:50et du coup, qui aura de plus en plus de difficultés à remondir,
33:53donc bien évidemment, il va falloir s'attendre à voir le chômage augmenter.
33:57– Alors, est-ce votre expérience qui parle ?
33:59Sans doute, car vous êtes entrepreneur du bâtiment,
34:02chef d'entreprise et président de la Confédération
34:04des petites et moyennes entreprises.
34:07Deux mandats successifs, le premier en 2015,
34:10le suivant, il y a quatre ans à peine,
34:12élu avec 90 % des voix.
34:16Alors qu'un gouvernement se fait toujours attendre,
34:18vous plaider pour réagir, et vite, avec les autres branches patronales,
34:22ce communiqué publié hier en témoigne.
34:26L'instabilité dans laquelle a basculé notre pays
34:29fait peser sur nous le risque d'une crise économique
34:32aux conséquences sociales dramatiques.
34:34Plus de 60 000 entreprises en danger, dites-vous,
34:37alors que le pays compte déjà 35 000 chômeurs supplémentaires
34:40depuis le trimestre dernier, selon l'INSEE.
34:44François Asselin vous appelait à la responsabilité des politiques,
34:47alors pensez-vous que vous parviendrez à être entendu ?
34:52Et bienvenue sur ce plateau, François Asselin.
34:55Merci d'être là.
34:57Les syndicats et le patronat prennent leur responsabilité
35:00quand les élus ne sont pas à la hauteur.
35:03Est-ce que c'est aussi ça, le sens de votre appel commun ?
35:06Le sens de cet appel commun, c'est que, finalement,
35:10l'angoisse des uns est l'angoisse des autres dans une entreprise,
35:13surtout dans les entreprises à taille humaine, les PME.
35:16Lorsque l'atelier ne se remplit plus,
35:18lorsque le carnet de commandes baisse,
35:20les salariés sont inquiets, et le chef d'entreprise aussi.
35:24Et finalement, ce courrier commun que nous avons fait
35:27entre organisation syndicale et organisation patronale...
35:31A l'initiative de qui ?
35:32C'est à l'initiative de tous ceux qui ont été signataires.
35:36Eh bien, c'est pour dire cela.
35:38Ressaisissez-vous, parce que si vous faites tomber
35:42un gouvernement, si la France n'a pas de budget,
35:45en attendant, les conséquences sont directes, réelles,
35:48très claires, dans le champ économique,
35:51dans le champ du secteur privé, du secteur marchand,
35:53dans les entreprises, l'activité, qui n'est pas très bonne,
35:57finit par s'arrêter. C'est un poison lent.
35:59On va y venir, mais il n'y a pas la CGT.
36:01Vous le regrettez ? C'est les seuls qui ne l'ont pas signée.
36:04Oui, on le regrette.
36:06Pourquoi, d'ailleurs ?
36:07La CGT, vous savez, c'est pas nouveau.
36:09Elle signe rarement des courriers communs,
36:12elle signe rarement un accord.
36:14Quand une entreprise est en difficulté,
36:16la position de la CGT, c'est de dire qu'il faut interdire
36:19de licencier. Si on interdisait de licencier,
36:21l'embauche ne se passerait pas.
36:23D'autre part, il faudrait nationaliser
36:25toutes les entreprises de France.
36:27Venons-en aux conséquences.
36:29Vous nous dites que cette instabilité a des conséquences
36:32très concrètes dans l'économie réelle.
36:35Ca veut dire quoi ? Ca veut dire qu'aujourd'hui,
36:37un patron de PME que vous représentez,
36:39il lève le pied, il n'investit plus,
36:42il ne prend plus aucun risque ?
36:44Alors, cela a commencé dès la dissolution
36:48de l'Assemblée nationale, où là, d'un seul coup,
36:50on a vu le monde économique se mettre en mode pause.
36:54Il y a une chose très importante qu'il faut comprendre
36:57en matière économique, c'est que vous avez une main visible
37:00qui s'appelle la confiance.
37:02La confiance, ça repose sur la stabilité,
37:04la visibilité et la lisibilité.
37:07Vous perdez une Assemblée nationale,
37:09vous perdez un gouvernement, vous êtes dans un monde instable.
37:12Et puis bien, lorsque les propositions
37:17des uns et des autres font que ça peut terroriser
37:20les entreprises, là, tout le monde se met en mode pause.
37:23D'ailleurs, les Français ne s'y trompent pas.
37:25On voit l'épargne des Français qui n'a jamais été aussi haute.
37:29Ca veut dire que le sentiment d'inquiétude
37:31n'est pas qu'un simple sentiment, c'est une réalité.
37:34C'est pourquoi nous appelons à sortir de cette situation
37:37pour nous donner des perspectives.
37:39Nous ne recherchons pas des subventions.
37:41C'est le sujet. Nous demandons
37:43à avoir un environnement stable.
37:45Et pourtant, sans budget, François Asselin,
37:48vous avez échappé à la baisse des aides de l'Etat,
37:51notamment pour les PME que vous représentez.
37:53Les grands groupes ont échappé à de nouveaux impôts.
37:57Mais le budget de Michel Barnier n'était pas, entre guillemets,
38:00quelque chose qui nous plaisait dans toutes ces dimensions.
38:03Il était perfectible.
38:05En revanche, nous avions, sur le coût du travail,
38:07obtenu un arbitrage qui était très favorable au PME
38:10puisqu'on ne touchait plus aux allègements de charges
38:13jusqu'à 2,5 SMIC.
38:14Ca concernait l'immense majorité des PME.
38:16Vous étiez d'accord avec le compromis.
38:19On était au moins, sur ce côté-là du budget,
38:21plutôt satisfaits.
38:22Nous, nous attendions de passer dans un autre mode,
38:25perspective, parce que lorsqu'il n'y a pas de budget,
38:28dans le milieu agricole, tout s'arrête.
38:31Tous ceux qui ont dit à l'Assemblée nationale
38:33que les Insoumis, comme le RN,
38:35n'auraient pas de catastrophe économique, ont menti.
38:38Mais c'est un poison lent.
38:40Nous ne sommes pas dans une crise systémique
38:42où tout va exploser, mais c'est un poison lent.
38:45Nous ne sommes pas dans un pays à l'américaine, fédéral.
38:48Lorsqu'une collectivité territoriale investit,
38:51vous avez des conventions signées entre la collectivité territoriale,
38:55ça peut être une agglomération, une région et l'Etat,
38:57et neuf fois sur dix, ce sont des conventions bi ou tripartites,
39:01qui fait qu'aujourd'hui, si le budget est déroulé par douzième,
39:05avec la loi spéciale,
39:06eh bien, vous allez avoir les investissements en cours
39:09qui vont se réaliser,
39:11mais toutes les nouvelles opérations, jamais,
39:13ne vont se réaliser,
39:14si bien que nous, nous risquons le shutdown
39:17au niveau économique.
39:18Il y a une véritable crainte, voire de souffrance économique.
39:22Les fonctionnaires ne seront pas payés,
39:24on ne veut pas de mal aux fonctionnaires,
39:26mais nous allons petit à petit crever.
39:29La crise politique, elle a aussi un effet
39:32sur les défaillances d'entreprises,
39:34ou là, c'est différent ?
39:36On parle des faillites, on sait qu'il y en a eu en un an 66 000,
39:39et que c'est un record, ça ne va pas s'arrêter,
39:42le chômage va augmenter.
39:43Est-ce que c'est directement lié,
39:45ou là, il faut quand même faire un peu le distinguo
39:48entre l'instabilité et les plans sociaux ?
39:52Alors, nous avons déjà dépassé
39:55l'impact de la crise après Covid.
39:58C'est-à-dire que lorsqu'on a dépassé
40:00les 60 000 défaillances d'entreprises,
40:02en 2019, nous étions en dessous de 60 000,
40:05là, l'analyse, elle est claire,
40:07c'est-à-dire que l'effet rattrapage,
40:09il est absorbé, et là, nous sommes beaucoup plus
40:11dans une crise autre, qui fait que tout simplement,
40:14il y a un manque d'activité dans un tas de filières professionnelles,
40:18dans les services, le commerce, l'industrie,
40:20et nous ne parlons pas du bâtiment, où c'est la catastrophe.
40:24Donc, l'effet Covid, ça y est, il est pratiquement avalé.
40:27Nous restons, sommes toutes,
40:29avec des endettements importants,
40:31rappelez-vous, les fameuses aides
40:32qu'ont eu les entreprises, ce sont des aides d'endettement,
40:36mais ce sont des prêts.
40:37Et après, ça se rembourse.
40:39Et maintenant, nous les remboursons.
40:41Alors, ce qui est intéressant dans cet appel,
40:43c'est son côté très inédit, ça, c'est vrai que c'est très rare.
40:47On a un peu envie de vous dire, alors, on vous prend au mot,
40:50pourquoi vous dites que vous êtes plus responsable
40:53que nos élus, que nos députés,
40:55quand sur les retraites, par exemple,
40:57le dossier explosif par excellence,
40:59vous n'arrivez pas au compromis ?
41:01Vous avez raison, on ne peut pas s'attribuer
41:03des étoiles, des épaulettes que nous n'avons pas,
41:06nos partenaires sociaux.
41:07Il faut reconnaître la réalité,
41:09quand il s'agit de traiter des choses compliquées,
41:12parfois, on a besoin de l'arbitrage de l'Etat,
41:15parce que sinon, ça n'avance pas.
41:17Vous faites référence, effectivement,
41:19à cette fameuse réforme des retraites.
41:21Rendez-vous compte, six mois de bazar dans le pays,
41:24pourquoi l'arriver ? Pour découvrir
41:26que notre système de répartition, par l'évolution démographique,
41:29est en danger. Pourquoi n'attendons-nous,
41:32partenaires sociaux, de se saisir, par exemple,
41:34de la mise en place de capitalisations collectives,
41:37gérées entre partenaires sociaux ?
41:39Nous le demandons.
41:40Vous avez l'approbation de l'opinion ?
41:43Sauf que, si vous voulez, c'est un principe de réalité,
41:46et on ne peut plus s'affranchir de la réalité.
41:48Lorsqu'on dit que la dette, c'est pas grave,
41:51ça peut attendre, lorsqu'on voit l'évolution démographique
41:54qui fait que notre régime peut être en danger,
41:56se dire qu'il n'est pas urgent d'attendre...
41:59Vous êtes d'accord ?
42:00C'est là où on commence à faire des bêtises.
42:02Nous, partenaires sociaux, on peut faire de belles choses.
42:06On a signé un accord sur les seniors,
42:08sur l'assurance chômage.
42:09C'est pas rien, mais c'est vrai que pour aller plus loin,
42:13il faudrait nous aussi se ressaisir.
42:15Signer un accord sur les retraites,
42:17c'est dans l'air du temps, cette idée d'une conférence sociale
42:20qui pourrait, à le temps de suspendre cette réforme,
42:23trouver des moyens de l'améliorer.
42:25Vous vous sentez capables, patronat et syndicat ?
42:27Franchement, difficile.
42:29Ca va être compliqué, parce que d'abord,
42:31il n'y a pas d'argent, pas le moindre fifrelin
42:34pour élargir l'assiette des pensions de retraite.
42:37En revanche, il y a un sujet sur lequel on pourrait travailler,
42:40c'est sur les métiers qui sont physiquement exposés.
42:43Là, je pense qu'entre partenaires sociaux,
42:45nous pourrions faire des choses intéressantes.
42:48C'est un peu technique, je vais être simple,
42:50mais avec les caisses accident du travail et assurance maladie,
42:54nous avons des excédents tous les ans
42:56pour accompagner ces salariés
42:58qui ont des métiers plus physiques que d'autres.
43:00Vous avez très bien travaillé avec Astrid Panosian-Bouvet.
43:04Vous souhaitez qu'elle soit maintenue au ministère du Travail ?
43:07Elle n'a pas fait un mauvais travail,
43:09donc si elle reste, ça sera une bonne nouvelle.
43:12Et si François Bayrou était lui aussi censuré à son tour,
43:15est-ce qu'un Laurent Berger, dont le nom peut circuler ici ou là,
43:18l'ancien patron de la CFDT,
43:20serait la bonne personne au bon moment ?
43:23Très honnêtement, il ne s'agit pas d'une question de casting.
43:26Il s'agit maintenant de faire,
43:28c'est-à-dire que si jamais,
43:30eh bien, M. Bayrou était, si je puis dire, destitué,
43:33nous perdrions encore des semaines très importantes,
43:37et là, ça serait encore plus catastrophique
43:40pour la vie de tous les jours de nos entreprises et de nos salariés.
43:43Enfin, c'est l'heure du bilan pour vous, François Asselin,
43:47puisque vous passez la main fin janvier,
43:49dix ans à la tête de la Confédération
43:51des petites et moyennes entreprises.
43:54Aucun regret ?
43:55Oh, j'ai... Mais franchement, j'ai tellement aimé ce que j'ai fait,
43:59c'est pas fini, je le savoure, jusqu'au 21 janvier prochain.
44:02Oui, j'ai tellement aimé, parce que d'abord,
44:05j'ai défendu ma propre vie, je suis entrepreneur de province,
44:08et j'ai essayé de défendre celle de tous ceux qui me ressemblent,
44:12ces entrepreneurs.
44:13Il y a plus d'un million d'entreprises en France
44:15qui ont au moins un salarié.
44:17C'est une colonne vertébrale du pays.
44:19Il faut les soutenir.
44:20Nous ne demandons pas d'argent, nous demandons du travail.
44:23Des Français qui ont envie de travailler,
44:26nous aimons le travail, appuyons-nous sur ces belles valeurs.
44:29C'est un bien fou pour notre pays.
44:31Pour la jeunesse, on parle autrement du travail.
44:33Comment voulez-vous donner envie à un jeune de notre pays
44:37d'entrer dans la vie active, quand on parle du travail ?
44:40Dans nos entreprises, nous connaissons plus de jeunes
44:42en mode projet qu'en mode rejet.
44:44C'est ça, la France.
44:46Merci beaucoup, François Asselin, d'être venu sur le plateau d'LCP.
44:50On va terminer avec notre duel du soir, tout de suite.
44:53C'est la question qui fâche.
45:05Tirs croisés entre deux constitutionnalistes ce soir.
45:09Jean-Philippe Derosier, bonsoir.
45:11Professeur de droit public à l'Université de Lille
45:14et Benjamin Duhamel.
45:16Benjamin Borrel ! Pardonnez-moi.
45:18Bonsoir.
45:19Maître de conférences à l'Université Panthéon,
45:22à Sass.
45:23Et si c'était la solution pour sortir de la crise
45:26de François Bayrou à Marine Le Pen ?
45:29En passant par Jean-Luc Mélenchon,
45:31l'idée de la proportionnelle revient en force,
45:33comme nous l'explique cette question qui fâche.
45:36Signez Clément Perreault, pardonnez-moi.
45:39Duel de constitutionnalistes, juste après.
45:41La question qui fâche concerne aujourd'hui
45:44un vieux cheval de bataille du nouveau Premier ministre,
45:48la proportionnelle.
45:50En septembre, alors que la France se cherchait déjà
45:52un nouveau gouvernement,
45:54voilà ce qu'il en disait à notre micro.
45:56-"On a besoin d'avoir une loi électorale
45:59qui soit juste et qui permette à chacun
46:01d'exprimer sa personnalité.
46:03On appelle ça la proportionnelle."
46:05Il n'y est pas sûr.
46:06Alors, maintenant, aux affaires, va-t-il traduire sa pensée en actes ?
46:10Elle a voté.
46:11L'élection à la proportionnelle
46:13consiste à présenter des listes de candidats
46:16et à répartir les sièges de députés
46:18en fonction du score obtenu par la liste.
46:20Proportionnelle intégrale, partielle, à petite dose,
46:23chacun sa recette.
46:24Pour les uns, ce serait une plus juste représentation.
46:27Pour d'autres, cela favoriserait un esprit de coalition.
46:31L'idée, en tout cas, séduit plusieurs parties
46:33et notamment le Rassemblement national.
46:36Reçue à Matignon lundi, Marine Le Pen
46:38a déjà mis un premier coup de pression.
46:40-"Nous avons, bien entendu, évoqué les modes de scrutin.
46:43Je sais que le Premier ministre est attaché
46:46à la proportionnelle.
46:47C'est un chantier, comme je lui ai dit,
46:50qui devrait être, juste après le budget,
46:52une priorité pour permettre que l'ensemble des Français
46:55puissent être représentés."
46:57-"La proportionnelle serait avantageuse
46:59pour le Rassemblement national,
47:01mais aussi pour le Parti socialiste."
47:04François Hollande l'a d'ailleurs souligné.
47:06-"Si le Parti socialiste avait été candidat
47:09avec un tel mode de scrutin, il aurait été le premier à gauche."
47:12-"Alors, à l'heure où tout le monde a déjà en tête
47:15une possible dissolution en 2025,
47:17la proportionnelle, bonne ou mauvaise idée ?"
47:20-"Jean-Philippe de Rosier,
47:22déjà, vous avez fait des projections.
47:24Vous êtes un des rares constitutionnalistes
47:27à vous demander ce qui se passerait en cas de proportionnelle.
47:30Est-ce que l'Assemblée nationale actuelle
47:33aura un autre visage ?
47:34-"Non, pas véritablement.
47:36Selon la projection que j'ai faite,
47:38qui doit être relativisée, comme tout le monde,
47:40doit être relativisée comme toute projection
47:43et qui s'appuie sur des choix subjectifs,
47:46qui peuvent être remis en cause, et on peut en faire d'autres.
47:50Selon la projection que j'ai faite,
47:52je suis parti du résultat aux élections européennes,
47:55de juin 2024,
47:57et j'ai appliqué le résultat
47:59aux élections législatives,
48:01j'ai projeté sur les élections législatives,
48:04donc sur 577 députés,
48:07sur une base régionale,
48:08donc en fonction du nombre de députés élus par région,
48:12en reprenant le scrutin européen, les résultats dans chaque région.
48:16La configuration, c'est à peu près ce qui a été dit
48:19par la présentation.
48:20Le Rassemblement national aurait eu plus de sièges,
48:23Reconquête serait entré au Parlement,
48:25puisqu'ils étaient présents aux élections européennes,
48:28les petits partis auraient eu, vraisemblablement,
48:32moins de sièges, Horizon, Modem,
48:35Parti communiste n'aurait pas eu de sièges,
48:37parce que j'ai appliqué un seuil à 5 %
48:39et ils n'ont pas franchi le seuil des 5 %
48:42dans aucune des régions.
48:43Les Verts, on aurait eu moitié moins.
48:45LFI, ce serait maintenu,
48:47et le Parti socialiste...
48:48Ca ne milite pas
48:49pour un changement de mode de scrutin ?
48:52Ca ne milite pas pour un changement de mode de scrutin,
48:55pour des raisons, mais cette projection confirme
48:57qu'il n'y a pas beaucoup de différences.
49:00Nous avons la proportionnelle sans la proportionnelle,
49:03les effets de la proportionnelle,
49:05sans le scrutin proportionnel,
49:08et ça ne permet pas d'émanciper
49:10les formations politiques les unes par rapport aux autres,
49:13qui est souvent un argument mis en avant aujourd'hui.
49:16On dit souvent qu'avec un tour,
49:18les électeurs favorisent le compromis
49:21et qu'une fois élus,
49:22les partis s'entendent, qu'il y a une forme de contrat.
49:25Avec la proportionnelle ? Peut-être.
49:28Il y a quand même deux réserves fondamentales à cela.
49:31C'est que, premièrement, nous sommes un pays
49:35à la culture politique et démocratique
49:37qui n'est pas propice au compromis.
49:39La France est le pays qui a inventé le clivage gauche-droite.
49:42Ce n'est pas le pays de la culture du compromis.
49:45Même en changeant le mode de scrutin ?
49:47Je ne pense pas que le changement du mode de scrutin
49:50ferait bouger les choses, notamment parce que la proportionnelle
49:54est antidémocratique.
49:55La proportionnelle est antidémocratique.
49:58Ca favorise les compromis, mais ils ont lieu à quel moment ?
50:01Ils ont lieu après le scrutin,
50:03sans être soumis à l'avis des électeurs.
50:05Lors des élections avec le scrutin majoritaire à deux tours,
50:08il y a eu des compromis.
50:10Le NFP, c'est un compromis.
50:11La coalition présidentielle, c'est un compromis,
50:14mais les électeurs ont pu se prononcer sur ce compromis.
50:17Certains, à gauche, n'ont pas voulu voter NFP
50:20parce qu'il y avait LFI.
50:21Certains, à gauche, ont accepté de voter PS
50:24parce que...
50:25Mauvaise idée, car antidémocratique,
50:27le procès est lourd, est chargé.
50:29Benjamin Morel ?
50:30Ca voudrait dire qu'à part la France et la Grande-Bretagne,
50:33tous les pays européens sont antidémocratiques.
50:36Tous les pays européens sont à la proportionnelle.
50:39Quand on prend les études en sciences politiques,
50:42on voit qu'il y a un meilleur sentiment de représentation
50:45des électeurs.
50:46Les électeurs se sentent moins représentés.
50:48Si je votais pour un parti écologiste,
50:51le parti écologiste, à la fin, se retrouve dans une coalition,
50:54il fait valoir ses priorités.
50:56Les priorités du parti écologiste sont là,
50:58les priorités de la France, en Allemagne, sont là.
51:01L'électeur se dit que ce n'est pas tout ou rien,
51:04mais les priorités qui sont les miennes sont représentées.
51:07C'est la principale vertu de la proportionnelle ?
51:10Dans une proportionnelle,
51:11vous avez environ un électeur sur deux qui soutient
51:14et qui a voté pour l'un des partis au pouvoir.
51:17En revanche, prenez les élections de 2017.
51:20Les élections de 2017,
51:21Emmanuel Macron a 60 % des députés.
51:23Ca s'appuie sur 34 % des votants, 17 % des inscrits.
51:26Vous pouvez gouverner avec moins de deux électeurs sur dix.
51:29Ca crée beaucoup de frustration.
51:31Pendant longtemps, le scrutin majoritaire
51:33a donné le sentiment d'une représentation.
51:36On avait une bipolarisation de la vie politique.
51:39Si je suis un électeur communiste et que François Mitterrand
51:42arrive au pouvoir, c'est la gauche face à la droite.
51:45Si je suis un électeur gaulliste et que Valéry Giscard d'Estaing
51:48est au pouvoir, c'est la droite face à la gauche.
51:51On avait une bipolarisation de la politique
51:53qui faisait qu'il y avait un sentiment de représentation.
51:56Sur la question de quel parti vous vous sentez le plus proche,
52:00la moitié des électeurs ne répondent pas.
52:02Ca, ça ne fonctionne plus.
52:03Ensuite, sur la question du sentiment de représentation
52:07et, je dirais, de la capacité qu'on aurait
52:09à construire des majorités.
52:11On dit que le scrutin majoritaire a deux tours,
52:14ça produit des majorités.
52:15C'est pas vrai.
52:16Ca n'en a jamais produit avant 1962.
52:18Ca en produit dans des conditions très particulières,
52:21des conditions de bipolarisation de la vie politique.
52:24Preuve en est dans l'Assemblée qu'on a.
52:27Et donc, en la matière,
52:28la notion de culture politique,
52:30je sais pas ce que c'est, la culture politique.
52:32Ca existe pas.
52:33Quand vous regardez des articles de la Quatrième République,
52:37on disait quoi, aux gaullistes ?
52:39On disait, vous plaisantez, le présidentialisme.
52:41C'est pas dans notre culture politique.
52:44Un mode de scrutin peut changer une culture politique ?
52:47Regardez la culture des compromis,
52:49on en a eu sous la Troisième République,
52:51sous la Quatrième République,
52:53en fait, la culture du compromis s'impose,
52:56mais encore faut-il en être libre.
52:58On a un point de désaccord,
52:59le mode de scrutin proportionnel permet plus facilement
53:02les compromis, car les partis, dans un camp politique,
53:05ne se tiennent pas par la barbichette.
53:07C'est la grande vertu de la proportionnelle ?
53:10Non, absolument pas.
53:11Je rejoins régime moral dans ces débats,
53:14mais là, il commet des erreurs.
53:15Premièrement, les partis tiennent par la barbichette les élus
53:19à partir du moment où il y a la proportionnelle.
53:21Pour les candidatures.
53:23Ce sont les partis, donc c'est renforcer
53:25l'autoritarisme des partis politiques,
53:27la proportionnelle.
53:29Premier élément, un électeur sur deux se sent représenté.
53:32La seule façon d'avoir un électeur sur deux
53:34c'est la bipolarisation, le bipartisme.
53:37Justement, le scrutin majoritaire...
53:39On a trois partis, ça va pas s'arrêter demain.
53:41Si on veut créer ce sentiment-là, on adopte le système britannique,
53:45avec le système majoritaire à un tour.
53:47C'est la meilleure façon d'avoir ce sentiment
53:50d'un électeur sur deux qui se sent représenté.
53:52En Allemagne ou en Italie, on n'a pas un électeur sur deux.
53:55C'est ce que montre les études de sciences politiques.
53:58D'accord, mais quand on voit la configuration politique
54:01en Italie, il n'y a pas un électeur sur deux qui se sent représenté.
54:05Et donc, ce n'est pas...
54:07Mais ce sont des démocraties, malgré tout.
54:09Oui, ce sont des démocraties.
54:11Vous dites que ça favorise les populismes
54:13qui, à force de rester à l'écart, finissent par l'emporter.
54:16Ce n'est pas ça, ce n'est pas le scrutin
54:18qui favorise le populisme.
54:20Ce qui le favorise, c'est quand on fait disparaître
54:23les clivages, et notamment la grande coalition en Allemagne
54:26qui a fait disparaître le clivage entre le SPD et la CDU,
54:31c'est-à-dire les sociodémocrates, la gauche,
54:33et les chrétiens-démocrates, les conservateurs, la droite,
54:36par cette grande coalition, les clivages ont rené ailleurs.
54:40On fait monter l'AFD, y compris la gauche radicale.
54:44On a la même chose en France.
54:46Depuis Emmanuel Macron, LFI et l'extrême droite
54:48progressent, parce qu'estomper le clivage gauche-droite
54:52a permis de les renforcer aux extrêmes.
54:55Avec une culture d'avantage de coalition,
54:58le risque, c'est que la coalition contre un parti
55:01fasse monter et favorise les extrêmes.
55:04Ce n'est pas une affaire de mode de scrutin.
55:07Prenez le mode de scrutin majoritaire à deux tours,
55:10ça ne produit pas des majorités absolues,
55:12ça n'en produisait pas sous les républiques précédentes.
55:15Je dirais que ce que l'on subit aujourd'hui,
55:18c'est une tripolarisation structurelle
55:20de l'ensemble du monde occidental.
55:22Si on ne change pas la sociologie électorale,
55:24le mode de scrutin ne permet pas à la gauche d'avoir une majorité,
55:28au centre d'avoir une majorité.
55:30Le seul parti qui a une configuration sociologique
55:33qui lui permettrait d'envisager une majorité absolue,
55:36c'est le Rassemblement national.
55:37Pour l'instant, on est parti pour une tripolarisation structurelle.
55:41Si je suis un député socialiste et que je veux tendre la main
55:45la prochaine fois, je me retrouve avec un insoumis
55:47face à moi en cas de dissolution.
55:49On sait que la porosité dans l'électorat de gauche
55:52est très forte. En revanche, il y a de mauvais reports
55:55du centre sur la gauche. Pour les deux tiers du groupe socialiste,
55:59je suis mort. Ce faisant, je ne peux pas tendre la main
56:02et j'ai une rigidification de mon système d'alliance
56:05qui ne favorise pas la stabilité.
56:07J'espère que chacun sera à son opinion,
56:09contre ou pour la proportionnelle.
56:11En tout cas, elle fait son chemin.
56:13C'est encore complètement mûr
56:15pour être mis à l'agenda parlementaire.
56:17Merci, messieurs. C'est la fin de cette émission.
56:20Merci de l'avoir suivie.
56:21Désormais, un podcast sur toutes les bonnes plateformes de streaming.
56:25A très vite. C'est demain, même mieux, même mal.
56:28SOUS-TITRAGE ST' 501

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