En 20 ans, les méthaniseurs se sont multipliés en Normandie. Notre région en compte désormais 211 et ce développement devraient se poursuivre. Des opposants saisissent parfois la justice pour faire annuler des projets.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Merci d'être avec nous sur France Bleu et France 3 Normandie, ici matin 7h45, Didier Cherpin, bonjour !
00:06Bonjour François, bonjour à tous !
00:07Notre invité ce matin, Alexis Peulson, conseiller énergie pour la chambre agriculture de la région Normandie,
00:14pour évoquer le développement de la méthanisation en Normandie.
00:17Bonjour Alexis Peulson, des rencontres régionales de la méthanisation ont été organisées hier à Caen,
00:23le développement est rapide on peut le dire dans notre région,
00:26plus de 200 unités, 211 me semble-t-il, essentiellement agricoles,
00:31c'est vraiment quelque chose qui attire beaucoup d'agriculteurs ?
00:34C'est ça exactement, on est à 211 en effet aujourd'hui d'unités de méthanisation,
00:37donc qui produisent deux types d'énergie, soit de l'électricité, soit du gaz qui est injecté dans le réseau GRDF,
00:42le gaz de ville qu'on connaît bien, et donc en effet essentiellement agricoles,
00:45donc les deux tiers des unités aujourd'hui sont portées par des agriculteurs,
00:48soit de manière individuelle sur une ferme, soit dans un collectif d'agriculteurs qui peut être plus ou moins gros.
00:52Quel est l'intérêt pour eux, un complément de revenu ?
00:54Oui alors l'intérêt pour eux c'est à la fois de traiter des effluents d'élevage en fait,
00:58donc c'est-à-dire des lisiers, des fumiers, donc les déjections des animaux,
01:01et puis des déchets du milieu agricole, et donc un complément en effet,
01:05un complément de revenu qui ne vient pas se substituer à une activité agricole,
01:08ça c'est important de le préciser, un agriculteur ne peut pas abandonner sa production agricole
01:13pour devenir un énergéticien, puisque je l'ai dit, il a besoin de ces matières agricoles
01:16pour faire tomber son méthaniseur.
01:17Il y a des règles à respecter d'ailleurs, pas plus de 15% des matières mises dans le méthaniseur,
01:23pas plus de 15% par rapport à la production globale ?
01:26C'est ça, donc en effet c'est une règle spécifiquement française en fait,
01:29c'est pas quelque chose qui a été fait au niveau de l'Union Européenne,
01:31donc c'est la France qui a voulu créer une sorte de garde-fou pour faire en sorte
01:34que les agriculteurs ne soient pas tentés de mettre que des matières végétales on va dire,
01:38donc la limite c'est bien 15%, et ce 15% il est respecté on va dire en Normandie,
01:44puisque du coup il y a des plans d'approvisionnement qui sont remontés,
01:46et nous on est plutôt autour de 5% en Normandie,
01:48pourquoi ? Parce qu'en Normandie on a plus d'effluents d'élevage que nos autres régions voisines,
01:51donc on a une moyenne qui est un peu plus faible.
01:54La méthanisation, c'est la dégradation de matière organique qui produit un mélange gazeux,
01:59je me permets de donner la définition, parce qu'on parle de mélange gazeux,
02:02des riverains parfois s'inquiètent, honnêtement, est-ce qu'il y a des risques d'explosion ?
02:06Est-ce qu'un jour un méthaniseur peut exploser ?
02:08Non non, alors il faut savoir que le risque d'explosion il est faible,
02:11il est faible parce qu'il faut réunir des conditions très spécifiques de quantité, de méthane, de pression,
02:16et donc la bulle n'étant pas sous pression comme on peut avoir dans une bouteille de gaz,
02:20il n'y a pas de risque d'explosion comme on pourrait avoir sur une bouteille de gaz.
02:23Il faut savoir que sur un site de méthanisation il y a autant de risques d'explosion en termes de quantité de gaz,
02:28que vous si vous avez une bouteille de gaz chez vous à votre domicile.
02:32Donc le risque est le même que si on avait notre bouteille de gaz,
02:34donc il n'y a pas de risque supplémentaire.
02:37Alexis Peul, son conseiller énergie pour l'agent de l'agriculture de la région Normandie.
02:41Alors pourquoi des riverains se plaignent ?
02:43On prend l'exemple du Perche, le tribunal administratif de Caen a été récemment saisi de plusieurs recours,
02:50ils ont tort de se plaindre ? C'est vraiment sans danger ?
02:53Alors il y a souvent des recours, il faut être honnête,
02:56alors ça dépend des lieux localement, géographiquement,
02:59il y a des recours plus fréquents, notamment en Haute-Normandie,
03:01et donc la plupart de ces recours n'aboutissent pas,
03:04c'est-à-dire que le projet voit le jour,
03:06alors en effet on comprend, c'est légitime d'avoir peur,
03:08quand on voit une unité de méthanisation qui monte,
03:10c'est quelque chose d'une infrastructure qui peut être importante,
03:12qui peut avoir une place dans un paysage,
03:14qui peut faire peur, parce que le mot gaz fait peur,
03:17et donc non, la plupart des risques sont contrôlés,
03:21on ne va pas dire que c'est sans risque,
03:22mais aujourd'hui il y a des réglementations qui tournent autour de tout ça,
03:24qui permettent d'avoir une garantie sur la qualité du gaz,
03:27et sur les risques sanitaires, les risques d'explosion comme je vous ai cité.
03:31Les opposants dénoncent des rejets de CO2,
03:33qui font partie du processus chimique.
03:35Alors en effet, on pourrait se dire,
03:37tiens, on va participer au réchauffement climatique,
03:39donc vous l'avez dit, c'est un procès de dégradation de la matière,
03:41on a deux molécules de gaz qui sont produites,
03:43le CH4, le métal, donc c'est ça qui nous intéresse,
03:45qui va dans le conduit, et qui contient de l'énergie,
03:47et puis à 40%, c'est du CO2,
03:49donc ce CO2, aujourd'hui il est relargué dans la plupart des unités de méthanisation dans l'air,
03:53attention ce CO2, il faut savoir que c'est un cycle court,
03:56c'est-à-dire qu'il a été capté par des végétaux,
03:58il a été dégradé, et on le ramène dans l'atmosphère,
04:00donc en fait on a pris du CO2 qui était déjà dans l'atmosphère,
04:02on le relargue, on a fait une opération nulle,
04:04qu'on peut opposer à des énergies fossiles,
04:06où le CO2, on l'a cherché dans le sol, et on l'a ajouté dans l'atmosphère.
04:09Donc là, on ne participe pas du tout au réchauffement climatique avec ce type de CO2.
04:12On peut parler d'une ressource énergétique d'avenir,
04:15est-ce qu'il y aura encore d'autres projets qui vont voir le jour,
04:18d'ici 50, d'ici 10 ans ?
04:20Oui, aujourd'hui, à l'échelle de la France,
04:22à l'échelle des gaziers, à l'échelle de l'Union Européenne,
04:25il y a une forte volonté de développer le gaz vert,
04:27parce qu'aujourd'hui on n'a que 3% de notre gaz qui est vert,
04:30l'objectif c'est de se verdir d'ici 2050,
04:32d'avoir la neutralité au niveau de cette production d'énergie.
04:35Donc l'objectif c'est de faire x3, x6, x10,
04:37donc il va falloir activer des nouveaux leviers,
04:39comme les cultures intermédiaires,
04:41qui vont venir s'intercaler entre deux cultures principales,
04:43comme ça on ne va pas faire de concurrence aux cultures alimentaires actuelles,
04:46les filières qui existent déjà, mais on va rajouter de la biomasse,
04:49et donc on va pouvoir avoir cette quantité d'énergie nécessaire
04:51pour faire notre transition et ne plus dépendre
04:53des autres pays chez lesquels on importe du gaz.
04:55211 unités en Normandie, 60 dans l'Ande, 60 dans la Manche,
04:59ces deux départements représentent les deux tiers du parc,
05:01est-ce qu'à un moment donné il faudra dire stop,
05:03c'est trop dans un territoire donné ?
05:05Alors aujourd'hui les projections qui sont faites
05:07font qu'on arrive avec, de se dire,
05:10on pourrait arriver à 100% de gaz vert,
05:12principalement en activant ce levier d'interculture,
05:15il y a encore des effluents à traiter,
05:17aujourd'hui on a toujours des projets dans les cartons,
05:19la filière n'est pas en baisse notable,
05:22donc il va falloir continuer à développer ça,
05:24ça va dépendre aussi des zones géographiques,
05:26vous l'avez dit, la Manche et l'Ande sont devant, pourquoi ?
05:28Parce que c'est nos deux départements où on a un maximum
05:30d'élevage sur notre territoire,
05:32les trois autres départements représentent un peu moins d'un tiers
05:34parce qu'il y a moins d'effluents.
05:35Donc on retrouve ce fait qu'il y a des effluents toujours à traiter,
05:37et puis aussi on favorise les effluents d'élevage,
05:40donc le lisier fumier, au détriment des cultures végétales.
05:43Et donc ça va se développer dans les années à venir.
05:46Alexis Peulson, conseiller énergie pour la Chambre d'agriculture de la région Normandie.
05:50Merci d'être venu nous expliquer tous les enjeux
05:52de l'installation de méthaniseurs en Normandie.
05:56Merci messieurs, pour en savoir plus sur la méthanisation
05:58normandie.chambre-agriculture.fr