Le passage dévastateur du cyclone Chido sur l'île de Mayotte a fait au moins 14 morts et 250 blessés selon un dernier bilan très provisoire. Le préfet du département craint "plusieurs centaines, voire quelques milliers" de morts. Des renforts sont envoyés sur place et le ministre de l'Intérieur est attendu lundi. Au micro de BFMTV, Ambdilwahedou Soumaila, le maire de Mamoudzou, dépeint une "situation extrêmement difficile".
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00:00Le maire de Mamoudzou, M. Soumaïla, merci d'être avec nous ce soir.
00:04Une première question sur ces déclarations du préfet, certainement plusieurs centaines de morts.
00:10Quelle est la situation ce soir dans la ville que vous dirigez à Mamoudzou ?
00:15Situation extrêmement difficile, extraordinairement difficile,
00:21parce que c'est une situation que nous n'avions jamais connue.
00:25Nous sommes face à des drames.
00:29Le préfet l'a souligné tout à l'heure, comme vous l'avez dit.
00:33Nous craignons qu'il y ait plusieurs dizaines, voire centaines de morts dans les décombres
00:40que nous devons aller avec les renforts qui viennent d'arriver sur le territoire,
00:46notamment dans les hauteurs, dans les bidonvilles.
00:49Comme nous l'avons toujours souligné,
00:51les bidonvilles restent des dangers pour les personnes qui habitent.
00:55Aujourd'hui, malheureusement, nous l'avons vécu en direct.
01:00Le fait que toutes les bidonvilles soient terrassées dans ces espaces,
01:06forcément, on ne peut que s'attendre à avoir des victimes supplémentaires.
01:11Oui, alors que vous parlez, M. le maire, on voit ces images de la sécurité civile,
01:15ces images de dévastation, effectivement, les bidonvilles qui sont tout à fait ravagées.
01:20On est passé d'un bilan qui était évidemment très provisoire,
01:2414 morts à ces déclarations du préfet.
01:27Cela veut dire qu'en réalité, au moment où les secours vont réussir à accéder aux bidonvilles,
01:33c'est à ce moment-là qu'on verra à quel point la catastrophe est terrible,
01:36qu'on prendra la mesure de ce drame, sans doute l'un des pires drames
01:40qu'a jamais connu la France depuis plusieurs dizaines d'années.
01:44Oui, vous avez raison.
01:46Aujourd'hui, les accès sont très difficiles, ne serait-ce que sur Mamoudou.
01:50Je ne parle même pas des autres territoires, des autres villes de Mayotte.
01:56Pour rejoindre le sud de Mamoudou, c'est extrêmement compliqué.
02:00Nos services techniques sont mobilisés depuis hier, après la levée de l'alerte violette.
02:05Les secours ont pu aller là où les endroits étaient accessibles
02:11pour essayer de récupérer, parce que nous avons eu beaucoup d'appels au secours,
02:16donc essayer d'apporter secours et assistance.
02:20Mais nous savons que dès que nous arriverons à arriver dans les bidonvilles,
02:24ou là où nous craignons qu'il y ait beaucoup de drames,
02:28forcément, ça peut se compter en centaines de milliers de personnes victimes.
02:34Alors que je le disais, monsieur le maire, un premier avion de secours a atterri aujourd'hui.
02:39Il faut parler de la situation.
02:41La tour de contrôle de l'aéroport de Mayotte s'est effondrée,
02:45mais les pistes sont praticables.
02:47Concrètement, désormais, vous attendez une mobilisation absolue des services de l'État.
02:52C'est aussi ce qui va vous aider dans les jours qui viennent à aller secourir
02:57ceux qui peuvent encore être secourus, notamment auprès de ces bidonvilles ?
03:01Nous espérons naturellement encore trouver des survivants dans cette décombre,
03:07dans ces milliers, ces centaines de décombres sur l'ensemble des bidonvilles du territoire.
03:13Oui, les renforts qui vont arriver, qui sont sur le terrain,
03:18pour certains qui ont déjà commencé à œuvrer pour libérer les accès,
03:24parce qu'il faut, quand les secours vont arriver,
03:26il va falloir qu'il y ait des accès dans ces zones reculées.
03:31Donc c'est important, ces renforts,
03:34qui vont forcément, ne serait-ce que déjà soulager les centaines d'agents de la ville
03:40qui sont mobilisés depuis 48 heures en continu maintenant.
03:45Un mot, M. le maire, sur le principal bidonville de la ville que vous dirigez,
03:49le bidonville de Kaueni, dans votre ville de Mamoudzou.
03:53Est-ce que, pour ceux qui nous regardent, vous pouvez nous dire dans quel état
03:57il est intégralement détruit ?
04:01Le plus grand bidonville de France, à Kaueni,
04:04qui compte à peu près 5 000 personnes qui habitent,
04:09c'est le plus grand village, comme on l'appelle, de Mamoudzou.
04:13Oui, totalement dévasté, totalement déconstruit.
04:20Donc, raison pour laquelle nous craignons qu'il y ait beaucoup de personnes
04:24encore assurées sur ces mâts de tol, de débris,
04:29et les accès qui sont aujourd'hui extrêmement difficiles.
04:33M. le maire, je voudrais qu'on dise un mot aussi de la situation sanitaire
04:35et de la situation à l'hôpital de Mamoudzou.
04:38Qu'avez-vous vu et qu'en est-il dans cet hôpital ?
04:43On sait bien évidemment le risque sanitaire, en plus, bien évidemment,
04:47de ce bilan, de ce risque de bilan qui a été évoqué par le préfet.
04:51Je le rappelle, certainement plusieurs centaines de morts
04:53peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers.
04:56Voilà ce qu'a dit le préfet de Mayotte.
04:58Qu'en est-il à l'hôpital de Mamoudzou ?
05:01Vous pouvez répéter la question, s'il vous plaît ?
05:03Non, je vais vous demander, M. le maire de Mamoudzou,
05:05ce qu'il en était de la situation à l'hôpital de votre ville.
05:09Oui, à l'hôpital, il y a eu un certain nombre de services
05:12qui ont été aussi touchés, dégradés, comme finalement l'ensemble,
05:18beaucoup d'équipements publics sur le territoire de la ville,
05:22des maisons d'habitation, les toits sont complètement partis.
05:27Là, en mode dégradé, les services du centre hospitalier de Mayotte
05:32commencent à se faire.
05:38Donc, oui, les services de secours sont mobilisés.
05:42Le centre hospitalier travaille même en mode dégradé,
05:45mais continue à porter secours parce que les victimes continuent d'arriver.
05:50Nous décomptions tout à l'heure plus de 250 personnes blessées,
05:55certains d'entre eux gravement, avec, comme vous l'avez déjà annoncé,
06:00la quinzaine de blessés.
06:03Donc, la mobilisation est là et je profite de l'occasion
06:07pour encore une fois remercier l'ensemble des services de secours
06:11pour leur travail formidable et nous savons que c'est que maintenant
06:15que le travail va commencer.
06:17Un dernier mot avec vous, M. le maire.
06:19Je le disais tout à l'heure, le ministre de l'Intérieur,
06:21Bruno Retailleau, sera sur place à Mayotte demain.
06:24Qu'est-ce que vous attendez désormais dans les prochains jours ?
06:27De quoi avez-vous le plus besoin pour faire face à cette situation
06:31tout à fait inédite ?
06:33Comme depuis vendredi, le ministre de l'Intérieur est en permanence
06:38en contact avec la cellule de crise de la ville de Mamoudou.
06:42Nous avons eu l'occasion de lui faire part de nos demandes,
06:46on va dire les plus pressantes, les plus urgentes,
06:49à savoir permettre à ce qui est de l'eau,
06:55à ce qui est de la nourriture pour les milliers de personnes
06:59qui sont aujourd'hui dans nos 27 centres qui sont ouverts
07:03en termes de logements d'urgence.
07:05Ça, c'est important, voir sécuriser, parce que comme vous le savez,
07:09il n'y a toujours pas d'électricité sur l'ensemble du territoire,
07:13pour pouvoir sécuriser, raison pour laquelle il nous a dit
07:17qu'il va y avoir plus de 2600 policiers et gendarmes
07:20qui vont sillonner l'ensemble du territoire de Mayotte,
07:23c'est important, parce qu'il faut éviter de raconter de la crise à la crise.
07:28Rassurer nos concitoyens, c'est important, ils vivent des moments difficiles,
07:32il faut les rassurer, éviter qu'il y ait des pillages
07:35qui se fassent notamment dans les magasins,
07:39permettre à ce que, dès que le président de lever l'alerte rouge,
07:43permettre à ce que les gens puissent aller s'approvisionner
07:46et pouvoir commencer la reconstruction.
07:48Oui, un tout dernier mot avec vous, monsieur le maire,
07:50sur ce sujet que vous évoquiez il y a un instant,
07:52le risque de pillage, ça aussi c'est quelque chose que vous craignez
07:55dans les jours qui viennent ?
07:57Oui, nous l'avons toujours vu, à chaque fois qu'il y a des phénomènes
08:01comme ce que nous avons vécu hier, il y a toujours des gens
08:06qui profitent pour aller piller et il faut absolument,
08:10en plus du fait qu'il n'y ait pas d'électricité sur le territoire,
08:14il faut absolument que nous puissions apporter de la sécurité
08:20aux biens et aux personnes.
08:22Donc oui, nous craignons cet aspect-là,
08:24mais le fait que le ministre ait décidé d'envoyer des renforts
08:28sur le terrain, c'est important, ça rassure les gens
08:30et ça permet aux gens de continuer à se concentrer,
08:34notamment le service technique, sur les missions qui sont les leurs.
08:39Merci infiniment monsieur le maire, monsieur Soumaï,
08:41le maire de Mamoudzou, d'avoir été avec nous
08:43et bien évidemment, bon courage pour les jours qui viennent
08:46face à cette situation absolument épouvantable.