"C'est à partir de ce moment où j'ai pris connaissance de la grande dimension qui était l'inégalité homme femme dans le sport." À l'occasion de l'Azur Freestyle Show d'Antibes, le 6 et 7 décembre 2024, nous avons rencontré deux athlètes féminines de roller freestyle. Carla Pasquinelli et Armelle Tisler, 7ᵉ et 5ᵉ mondiale en 2024, nous ont confié leur vision d’une discipline encore très marquée par une culture masculine, évoquant les défis auxquels elles font face, l’évolution des mentalités, et la fierté de voir de plus en plus de femmes prendre leur envol dans le monde du freestyle.
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00:00Il y a eu beaucoup de fois où j'allais au skatepark et je voyais jamais de filles.
00:06Le fait que je sois une fille et qu'ils fassent un sport comme ça de garçons,
00:09je ressentais énormément de jugement par rapport à ça.
00:13Quand j'ai commencé la compétition, j'ai vu qu'on était très très minoritaire
00:16et que c'était très dur de se faire une place.
00:20Prendre des risques pour gagner 50 euros, non.
00:23Prendre des risques pour gagner 2500, 3000 euros comme des garçons, peut-être.
00:29J'ai commencé le roller, j'avais 3 ans.
00:30C'est ma grand-mère qui m'a acheté une paire de rollers à Lidl, en plastique pourrie.
00:34Mon père m'a emmené essayer.
00:36Pendant une semaine, j'ai testé.
00:37Quand il a vu que ça me plaisait, il s'est acheté une paire de rollers aussi.
00:40On a commencé comme ça ensemble.
00:41Maintenant, ça fait 20 ans qu'on ride.
00:42Quand je vais rentrer dans Thibs, je vais aller rider avec mon père.
00:46C'est une histoire rigolote.
00:48J'avais 6 ans, je me rappelle.
00:51A cette époque, ma mère me cherchait un sport.
00:53Tout bêtement, on était en train de se balader en bord de mer à Marseille.
00:56Là-bas, il y a un énorme bol.
00:58J'ai vu des gens faire du roller.
01:00J'avais l'impression qu'ils volaient.
01:01Je trouvais ça trop beau.
01:02J'ai dit « Maman, je veux faire ça ! »
01:05Le lendemain, elle m'a acheté des rollers.
01:07J'en faisais sur l'avenue du Prado avec elle et mon frère.
01:11Ils continuent à me soutenir à l'heure d'aujourd'hui.
01:13Ils ont toujours été à fond derrière moi.
01:16C'est ça, ouais.
01:18Lénie, mets-le en bas et rentre dans Thibs.
01:22Il y a eu beaucoup de fois où j'allais au skatepark et je ne voyais jamais de filles.
01:26Pour moi, j'étais un garçon aussi.
01:28Du coup, j'étais au skatepark, je m'en voyais comme eux, je faisais les mêmes tricks qu'eux.
01:31Je ne me suis pas tellement sentie différente.
01:34Je ne l'ai jamais vécu en pensant qu'on était minoritaire dans ce sport.
01:38C'est vrai que par contre, quand j'ai commencé la compétition,
01:40j'ai vu qu'on était très minoritaire.
01:43Et que c'était très dur de se faire une place
01:45parce qu'on passait toujours le matin très tôt avant les hommes.
01:47On ne gagnait pas le même argent.
01:49On n'avait pas les mêmes sponsors.
01:51C'est vrai que c'est à partir de ce moment-là que j'ai pris connaissance
01:54de la grande dimension qu'était l'inégalité homme-femme dans le sport.
02:01Je me rappelle quand j'ai commencé à aller au lycée,
02:04même au début au collège,
02:06le fait que je sois une fille et qu'ils fassent un sport comme ça de garçons,
02:09les gens de l'extérieur, en fait,
02:11je ressentais énormément de jugement par rapport à ça.
02:23J'ai connu franchement tous les changements possibles
02:25parce que j'ai commencé la compétition à 7 ans, donc très jeune.
02:28A cette époque-là, il n'y avait même pas de catégorie fille.
02:31Puis après, ça a commencé à évoluer.
02:33Il y a eu des catégories.
02:35Il a commencé à y avoir des « price money » aussi
02:37où on ne gagnait rien.
02:39Des chaussettes, des lots, des T-shirts trop grands.
02:41Prendre des risques pour gagner 50 euros ?
02:43Non.
02:44Prendre des risques pour gagner 2500-3000 euros comme des garçons ?
02:48Peut-être.
02:49Et là franchement, ça fait 3-4 ans
02:52qu'il y a des filles de plus en plus jeunes qui se mettent au roller,
02:56qui ont un niveau de fou furieux.
02:59Du coup, on ressent vraiment un réel engouement.
03:02Les filles sont ultra motivées à participer à toutes les compétitions.
03:06Elles s'accueillent chez les unes, chez les autres.
03:08Il y a vraiment un soutien général
03:10qui fait qu'il y a de plus en plus de filles qui pratiquent ce sport.
03:14C'est trop cool.
03:24Ce qui m'a permis de persévérer à fond,
03:27c'est que je voulais vraiment que le sport évolue
03:29pour qu'il y ait d'autres filles comme moi qui fassent de la compétition.
03:31J'ai toujours tout donné, je me suis toujours battue.
03:34J'ai toujours été à toutes les compétitions pour représenter les filles.
03:36Et c'est ce qui s'est passé.
03:37Pas que grâce à moi évidemment,
03:39parce qu'il y avait d'autres filles aussi qui faisaient ça
03:41et qui se sont battues à mes côtés et même avant moi.
03:44Et l'évolution qu'on peut voir la plus flagrante
03:46et aux yeux de tous,
03:48c'est vraiment qu'on met un pied dans un skatepark,
03:50il y a beaucoup plus de femmes,
03:51il y a beaucoup plus de filles,
03:52il y a beaucoup plus de mamans qui sont là,
03:54il y a beaucoup plus de grand-mères.
03:55Et c'est vraiment devenu assez mixte.
03:57Moi quand je regarde ça, je me dis
03:59le travail a été fait, le chemin est encore long
04:01mais on est en bonne voie.