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00:00Bonjour Jérôme Guedge, bonjour Sadé Bayrou, et bienvenue à la grande interview sur CNews
00:06Européen.
00:07Vous êtes député socialiste de l'Essonne, également secrétaire nationale à la laïcité
00:11au PS.
00:12C'est aujourd'hui que devrait être nommé le Premier Ministre.
00:14Nous allons parler du fond, d'un éventuel accord, s'il peut y avoir un accord de non-censure
00:18mais tout d'abord dans la courte liste des candidats, Monsieur Guedge, la piste François
00:22Bayrou tient la corde, contrairement à la volonté d'ailleurs exprimée par votre parti,
00:27pour tenter d'y voir un peu plus clair ce matin pour nos auditeurs et téléspectateurs
00:30si c'est François Bayrou, le PS n'en veut pas, mais ça ne veut pas dire qu'il le censurera
00:35demain ou dans les prochains mois ?
00:36Je ne vais pas répondre à cette question.
00:38Ça commence bien.
00:39Mais pour une raison simple, d'abord jusqu'à ce que la nomination ait lieu, nous on continue
00:45à penser que la voie de la sagesse pour le pays, il ne s'agit pas de défendre tel ou
00:50tel intérêt partisan ou particulier, c'est de respecter autant que possible le sens du
00:56vote du 7 juillet et les deux messages de ce vote, on le dit depuis cette date, je le
01:00martèle depuis cette date, une préférence donnée à la gauche, ce qui ne veut pas dire
01:04une majorité, moi je ne suis pas de ceux qui martèlent tout le programme, rien que
01:08le programme, et le Front Républicain qui a fonctionné.
01:10Mais il faut tenir compte de cette préférence donnée à la gauche et donc c'est partir
01:16d'un Premier ministre venant de la gauche.
01:17Nous on a eu un communiqué très clair du Parti Socialiste.
01:19Très clair.
01:20Je vous rappelle que Bernard Cazeneuve était quand même soumis à censure de la part de
01:23certains socialistes, non François Hollande.
01:26Je demande à Emmanuel Macron de ne pas refaire la même erreur et d'une certaine manière
01:30le PS n'a pas refait la même erreur puisque le communiqué dit qu'il soutiendra un Premier
01:36ministre portant les valeurs de la gauche et partant des priorités du programme du
01:40Nouveau Front Populaire.
01:41Dans le genre, on cherche à rendre possible toutes les situations, cette double formulation
01:48elle est compatible avec bien des profils.
01:50Et donc pour répondre à votre question, parce que je ne veux pas l'éluder, donc à ce stade
01:53nous on continue à dire que c'est le chemin praticable, un Premier ministre partant de
01:57la gauche, venant de la gauche, mais construisant des compromis dans le cadre de cet accord
02:02de non-censure.
02:03Et si ça ne l'est pas, M.
02:04Guedj ?
02:05Si ça ne l'est pas, alors on nous proposera assurément à nouveau un accord de non-censure.
02:10Mais je veux bien qu'on entende dans la formulation les deux mots, accord de non-censure.
02:15Donc je ne vais pas vous dire, il y a une non-censure systématique avant même d'avoir
02:20commencé la discussion sur l'accord.
02:22Si dans la discussion sur l'accord, il n'y a aucun compromis, aucun pas qui est fait,
02:27alors il y aura censure.
02:28Mais donc, je n'agite ni le chiffon rouge d'une censure automatique, ni le tapis rouge,
02:35si j'ose dire, d'une non-censure automatique.
02:38Ça dépend de ce qu'il y a dans la brisace de cet accord de non-censure.
02:41Ça dépend de ce que nous aurions fait et de ce que nous ferions, parce que je continue
02:44à penser que c'est nécessaire, avec un Premier ministre venant de la gauche, rechercher le
02:48compromis parce qu'au bout du bout, et on va parler du fond, vous l'avez dit, c'est
02:52plus l'intérêt du pays que de construire ces compromis pour répondre aux aspirations
02:56de nos concitoyens sur les sujets qui les préoccupent.
02:58Ce que j'entends dans ma permanence, on parle pouvoir d'achat, services publics, on parle
03:02transport, logements, on parle sécurité aussi.
03:04Le prochain Premier ministre va devoir porter ses sujets, Jérôme Gage, si ce prochain
03:08Premier ministre, quel qu'il soit d'ailleurs, fait appel à des personnalités de gauche
03:12et de droite, comme M.
03:13Retailleau, que faites-vous dans ce cas-là ?
03:15Censure ou pas ?
03:16Avec M.
03:17Retailleau dans le gouvernement.
03:18Je redis, d'abord, si on veut avoir un accord de non-censure, on essaye de part et d'autre
03:25d'avoir des positions qui soient les moins clivantes, celles qui sont susceptibles d'incarner
03:35cet esprit de concorde qui devra présider à ce gouvernement.
03:38Donc, de la même manière que j'ai entendu qu'il y avait des irritants en disant qu'on
03:41ne voit pas tel ou tel dans un gouvernement de gauche, on peut comprendre qu'il y ait
03:45des voix qui s'expriment en disant que ça ne sert à rien de mettre de l'huile sur le feu.
03:49Est-ce que M.
03:50Retailleau est un irritant ou est-ce qu'on peut imaginer des personnalités de gauche
03:54avec un tel ministre dans le gouvernement ?
03:56Vous allez trouver que j'insiste dans ma voix, mais comme je continue à penser et
04:02j'espère que le Président de la République aura la sagesse de nommer un Premier ministre
04:06venant de la gauche, j'ai du mal à imaginer, j'ai entendu la parole de Laurent Wauquiez,
04:11que Bruno Retailleau vienne participer dans un gouvernement de gauche.
04:15Pardonne-moi un raisonnement par l'absurde, moi je vous pose une question claire.
04:18On est obligé d'avoir ce type de raisonnement pour montrer que...
04:22Pour citer une socialiste quand il y a un loup.
04:24Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup.
04:26Vous connaissez mieux vos classiques que moi.
04:28Très clairement, Jérôme Guedj et Bruno Retailleau dans un même gouvernement, faisable ou totalement impensable ?
04:33J'ai du mal à l'imaginer, très sincèrement.
04:36Non, j'ai du mal à l'imaginer, mais moi je vais vous dire, allez, je vais peut-être
04:39me faire taper sur les doigts, mais si dans l'accord de non-censure, avec un Premier ministre
04:44de gauche, on a des avancées significatives sur l'augmentation du SMIC, on a le financement
04:50des services publics, par exemple en maintenant les postes d'enseignants ou en dégageant
04:53des ressources pour l'hôpital, on a enfin quelque chose qui nous mène sur le chemin
05:00de l'abrogation de la réforme des retraites en trouvant un compromis pour que ce soit
05:03acceptable.
05:04Si sur ces différents points on obtient ces avancées, moi au bout du bout c'est l'intérêt
05:08des Français.
05:09Et toutes les avancées que je peux prendre, toutes les victoires qu'on peut ramener à
05:11la maison, je les prends à ce moment-là, c'est la vision, dans ce contexte particulier,
05:16de responsabilité que je porte avec la gauche républicaine que je souhaite incarner.
05:20Donc, même si Bruno Retailleau est dans un gouvernement, si vous avez obtenu des avancées
05:22importantes que vous estimez nécessaires pour les Français, c'est bon d'y aller.
05:25Mais on ne va pas se mentir, Bruno Retailleau, il a eu des paroles.
05:27J'entendais Laurent Wauquiez qui disait « on ne peut pas être dans un gouvernement
05:33avec des gens dont on ne partage pas les valeurs ». Je ne vais pas vous mentir que j'ai
05:36des débats républicains évidemment, mais de divergence de valeurs avec Bruno Retailleau
05:44et je pense que ça doit être la même chose avec moi.
05:47Et donc, moi je ne souhaite pas qu'on donne l'impression d'un gouvernement de brique
05:51et de broc, où c'est le casting qui importe plus que le contenu des mesures au service
05:58des Français.
05:59Imaginez le Premier ministre ce soir qui tente de trouver ce fameux accord de non-censure.
06:02Et vous, il faut vous reconnaître cela M.
06:04Guedj, depuis un certain temps, vous avez dit sur la réforme des retraites, il peut
06:07y avoir une porte ouverte, il peut y avoir une forme de consensus.
06:12Est-ce que si dans cet accord, la gauche renonce, en tous les cas on gèle la réforme des retraites
06:18petit à petit, et la droite dit l'immigration, pas tout de suite, pas tout de suite une nouvelle
06:23loi, cet accord, vous dites banco, vous signez ?
06:25Il faudra que tout le monde se sublime et se transcende.
06:28Je redis, ça ne peut pas être tout le programme, rien que le programme.
06:31Ceux qui ont dit ça ont rendu impossible le chemin du compromis et d'une certaine
06:35manière, on en a payé le prix, mais ça ne peut pas être en face des gens qui nous
06:39disent tout le bilan, rien que le bilan d'Emmanuel Macron et on ne touche à rien à ce qui a
06:44été fait.
06:45Donc, dans un moment de recherche de compromis, on voit un petit peu ceux qui sont capables
06:49de hausser le niveau de jeu, comme on dit au foot, et à ce moment-là, on cherchera
06:56encore et toujours à servir l'intérêt du pays.
06:58Et donc, sur la question de la réforme des retraites, moi, je suis clair, depuis le
07:04fin août, début septembre, j'ai identifié que c'était évidemment une question de compromis.
07:09Je suis et je demeure attaché à la bourgation de la réforme des retraites.
07:12Je considère que les 64 ans, c'est une mesure injuste.
07:15J'ai fait campagne sur cette question-là et dans l'hémicycle, au moment de l'adoption
07:19de cette réforme, je n'ai pas ménagé mes efforts pour m'opposer à celle-ci.
07:24Sauf qu'il n'y a pas la possibilité d'avoir un accord de gouvernement qui ne traite pas
07:31de cette question-là.
07:32Il y a peut-être une majorité à l'Assemblée nationale pour voter une abrogation de la
07:35réforme des retraites, mais si ça ne se fait pas dans le cadre de cet accord global
07:39de non-censure, alors il y aura des déséquilibres manifestes.
07:42Donc, je cherche un chemin, celui que j'ai suggéré, mais encore une fois, il faudra
07:46regarder au cas par cas.
07:48Attendez, vous avez dit pour hausser le niveau de jeu.
07:51Les Insoumis vous reprochent, pour parler de jeu, de tirer contre votre camp.
07:56Pour être très clair, en juin, vous n'avez pas été investi par le Nouveau Front Populaire,
08:02vous vous êtes mis de côté.
08:03Non, mais Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis ont souhaité ma défaite, donc moi, l'émancipation
08:07par rapport à eux, elle a déjà été faite.
08:09Je constate dans la période...
08:10Vous le dites, c'est tacté de votre côté.
08:11Oui, il est tacté, mais je distingue la direction de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon,
08:16et ceux des électeurs que moi je rencontre, des militants sincères de la France Insoumise
08:20qui, eux, aspirent à un certain nombre de propositions, mais simplement qui cherchent
08:24le chemin de l'efficacité, et qui voient à un moment donné qu'à force de vitupérer,
08:28à force de plastroner, à la fin, on n'obtient pas les objectifs poursuivis.
08:32Et j'imagine qu'ils veulent de la cohérence.
08:33Vous êtes quand même un élément clé du dispositif socialiste.
08:36On a vu que M.
08:37Faure, hier, a pris vraiment ses distances avec Jean-Luc Mélenchon.
08:39Je m'en félicite.
08:40Mais est-ce que c'est la politique des petits pas, ou est-ce que le PS, ce matin, va rompre
08:45définitivement quoi qu'il en coûte électoralement ?
08:48En tous les cas, moi, c'était prévisible, ça a été inéluctable, notamment au lendemain
08:55du 7 octobre, et au regard des choix, par exemple, de se focaliser sur la question de
09:03la destitution, puis de la démission du président de la République, nous, on n'a pas cette
09:07priorité-là au lendemain de la motion de censure.
09:10Un sens des responsabilités consiste à dire qu'il faut offrir de la stabilité au pays,
09:15à tenir compte, ce qu'en avait pas fait Emmanuel Macron, de cette tripartition, et
09:19essayer de trouver un chemin qui est respectueux, je le redis, à cette préférence donnée
09:22à la gauche, mais aussi du Front républicain qui a fonctionné, plutôt que d'être dans
09:27cette obsession de renverser Emmanuel Macron.
09:30Il y aura des élections présidentielles en 2027, et rendez-vous à ce moment-là plutôt
09:34que dans l'accélération du calendrier.
09:37Moi, je ne suis pas de ceux qui souhaitent ajouter du chaos à la crise.
09:41Vous avez dit que le Front républicain a fonctionné, et il a tellement fonctionné
09:44que si on en croit les sondages, encore, je le dis à l'instant T, il y a un sondage
09:48très commenté, Marine Le Pen est gagnante dans sa stratégie de censurer.
09:51Est-ce que ça ne confirme pas quand même que ce sont les partis qui ne se sont pas
09:54mêlés à ces consultations avec l'Elysée, M.
09:57Goetz, qui est en sorte renforcée ?
09:58Je ne sais pas.
10:00Moi, je regarde avec lucidité les sondages et puis le niveau de popularité de Marine
10:08Le Pen, mais c'est la raison pour laquelle, moi, je préfère avoir une confrontation
10:11sur le terrain des idées et de savoir exactement quels sont ceux qui sont cohérents.
10:15On peut se battre pour les services publics, mais il faut assumer de dégager des ressources
10:19et des financements.
10:20Moi, j'étais sur le budget de la Sécurité sociale, celui qui a fait chuter Michel Barnier,
10:25et jusqu'au bout, j'étais interloqué par le fait que l'ERN pouvait avoir des positions
10:30convergentes avec celles qu'on défendait, mais dès qu'il était question de dégager
10:33des ressources, il disait, non, on ne touche surtout pas.
10:36Ça ne marche pas comme ça.
10:37Si vous voulez préserver le pouvoir d'achat des retraités, si vous voulez éviter les
10:41remboursements des médicaments, à un moment donné, il faut avoir des ressources à dégager
10:45en justice et en partage des richesses plus efficaces.
10:48Ça, c'est la confrontation des idées.
10:49Oui.
10:50Mais est-ce que vous trouvez normal qu'on exclue, d'ailleurs, côté LFI comme côté
10:53ERN, tant de millions d'électeurs, des discussions de ce qui va advenir ?
10:56Moi, j'avais compris que la réunion, elle portait sur ceux qui avaient participé au
11:01Front républicain.
11:02LFI a été invité, il a d'ailleurs fallu qu'Olivier Faure et les dirigeants du Parti
11:07socialiste disent que c'était un peu anormal de ne pas les inviter.
11:09C'est nous qui, les premiers, avions demandé au président Macron d'organiser ce type de
11:13consultation.
11:14Et ils n'ont décidé de ne pas y aller, ils se sont auto-exclus.
11:18C'est leur problème, c'est la divergence de stratégie que nous avons avec eux.
11:22Et du côté du RN ?
11:23Et du côté du RN, par définition, ils ne font pas partie du Front républicain qui
11:27s'est exercé.
11:28Que le président de la République se rappelle de cet événement majeur a posteriori, c'est
11:33une bonne nouvelle.
11:34Je regrette qu'entre-temps, il y ait eu le passage par Michel Barnier et cette idée
11:38qu'il scelle le sort du gouvernement du bon vouloir de Marine Le Pen.
11:42Et je le redis, je ne comprendrai toujours pas pourquoi Michel Barnier s'est entêté
11:47à d'abord essayer de consolider son propre socle commun, ça lui a pris beaucoup de temps
11:53parce qu'il n'était pas aidé en son sein, et en plus après à essayer uniquement d'avoir
11:58les bonnes grâces de Marine Le Pen en oubliant qu'il y avait aussi d'autres forces politiques
12:04qui étaient prêtes à discuter.
12:05Pourquoi les socialistes, tout de suite, avant même qu'il arrive, c'était la censure ?
12:08J'entends cet argument, mais je le redis, à ce moment-là, ce qui était sanctionné,
12:11c'était le non-respect du sens du vote.
12:14C'était quand même très paradoxal d'avoir un Premier ministre qui, un, ne venait pas
12:17de la gauche, mais en plus, n'avait pas participé au Front républicain.
12:21Donc il se mettait lui-même dans quelque chose de prévisible.
12:23La censure qu'on portait à l'époque, c'était une sorte de lanceur d'alerte en
12:28disant que ça ne peut pas marcher et tôt ou tard, ça va se fracasser.
12:31Plus on avance dans la journée, plus on se demande ce que sera ce mouton à cinq pattes
12:35qui peut finalement répondre à toutes les revendications des uns et des autres
12:39pour l'intérêt général.
12:40Si Emmanuel Macron voulait vraiment revenir à ses fondements originaux et être disruptif,
12:46je n'aime pas l'expression, mais lui, il a beaucoup utilisé, eh bien, il prendrait,
12:50j'ai failli dire, ce risque, parce qu'en réalité, nommer un Premier ministre de gauche,
12:55c'est confier les clés d'un camion qui n'est pas en très bon état et c'est souvent
12:58le cas, c'est quand ça ne va pas qu'on demande à la gauche de venir en responsabilité.
13:01Nous, nous sommes prêts à gouverner, nous sommes prêts à prendre avec un premier ministre
13:05de gauche.
13:06Écoutez, vous savez, la dernière fois qu'il y a eu un premier ministre de gauche dans
13:08ce pays, les finances publiques étaient rendues en bon état.
13:12Je vous prends l'exemple à nouveau, en 2017, il n'y avait plus de déficit de la sécurité
13:16sociale.
13:17J'ai ce souvenir-là.
13:18Autre époque.
13:19Question aussi aux responsables en charge de la laïcité PS que vous êtes, une question
13:24rapide, puisqu'on a appris que la lycéenne poursuivie, vous savez, pour avoir menacé
13:28et frappé en octobre une enseignante qui lui demandait de retirer son voile dans l'enceinte
13:32du lycée, a été condamnée à quatre mois d'emprisonnement avec sursis.
13:34Est-ce que vous considérez que notre pays, avec l'affaire Paty, c'est suffisant ?
13:38Jérôme Guedj.
13:39Moi, je...
13:40D'abord, que la justice passe dans les moments où il y a des voix de fée, de la violence,
13:45de l'agression.
13:46C'est normal et il faut que les choses se fassent clairement.
13:50Moi, je me bats et je continue à me battre sur quelque chose qui ne fonctionne pas, qui
13:55est que les atteintes à la laïcité, avant même de donner lieu à des agressions, à
14:00de la violence, à des insultes, c'est en soi un délit pénal.
14:03Et là, on l'a trop oublié.
14:05C'est...
14:06On rentre dans le 120e anniversaire de la loi de 1905, le 9 décembre dernier, je suis
14:10allé fleurir la tombe d'Aristide Briand au cimetière d'Oulbecq-Cocherelle, dans l'heure,
14:15parce que c'est une figure essentielle.
14:16Et dans la loi de 1905, il y a un article 31 et à chaque fois, j'en parlerai.
14:20Une atteinte à la laïcité, il faut donc qu'il y ait une politique publique de la laïcité
14:24qui sanctionne...
14:25On ne peut plus fleurir d'autres tombes que celles de Monsieur Paty et des professeurs
14:27d'autres pays.
14:28Est-ce qu'on laisse un jugement aussi faible, en tous les cas, du sursis passer dans ce
14:32pays ou...
14:33Excusez-moi de le dire directement, la tête d'un professeur a roulé.
14:35Moi, je ne vais pas apprécier, déjà, que ça aille jusqu'à la plainte, que les professeurs
14:40soient soutenus par l'éducation nationale.
14:42Et moi, je mesure tous les changements qui ont pu s'opérer dans l'éducation nationale
14:47entre ce qu'a vécu Dominique Paty, ce qu'a vécu Samuel Paty, je pensais aussi, évidemment,
14:52à Dominique Bernard, mais ce qu'a vécu Samuel Paty entre le 5 octobre et le 16 octobre,
14:56où l'appareil administratif de l'éducation nationale n'a pas pris la mesure exactement
15:00de ce qui se passait, aujourd'hui, j'ai le sentiment, et que les enseignants sont immédiatement
15:06beaucoup plus et mieux soutenus, donc ça, je m'en félicite, mais reste qu'il manque
15:11une véritable politique publique de la laïcité pour la formation, la sensibilisation, et
15:16je le dis aussi, la sanction des atteintes à la laïcité, parce que la laïcité, c'est
15:19une loi de protection et d'émancipation pour celui qui croit et celui qui ne croit
15:22pas, pour qu'ils puissent le faire sans pression.
15:24Monsieur Gage, on parle de soutien, votre soutien est entier, plein, sans nuances, sans
15:28ombres, à Boulalem-Sensal ?
15:29Sans aucune hésitation, on ne fait pas taire une voie libre, quelle qu'elle soit, par
15:35principe, ça c'est la culture voltairienne, c'est la culture française.
15:38Sandrine Rousseau affirme que les propos de Boulalem-Sensal relèvent de l'extrême-droite
15:40du suprématisme, ce n'est pas un ange, ce n'est pas un ange, même s'il n'a pas
15:44à être en prison.
15:45Ça vous révolte ?
15:46On n'a pas besoin de mettre des oui-mais, mais à la limite, je peux comprendre un point
15:51de vue où je pourrais avoir les pires des désaccords avec Boulalem-Sensal, ce qui n'est
15:54pas le cas, parce que je pense par ailleurs que c'est une voie précieuse, utile, d'interpellation
15:59sur l'expérience de ce qu'a été l'islamisme et sur le lanceur d'alerte, ce que ça signifie
16:04face à celui-ci, mais même, vous voyez, je vais trouver des circonstances atténuantes
16:08à Sandrine Rousseau, parce que ce qui m'intéresse le plus, c'est qu'elle dise, même si j'estime
16:12que c'est quelqu'un infréquentable, c'est son droit de le penser, voilà, au bout du
16:17bout, elle dit qu'on ne peut pas l'emprisonner.
16:19Elle dit surtout que ce n'est pas un ange, elle dit qu'il est responsable d'idées
16:22par sa masse.
16:23Non, mais c'est pour ça que ça donne...
16:25C'est plein et entier.
16:26Ah ben, c'est un soutien plein et entier, sur la forme et sur le fond, évidemment.
16:29Voilà.
16:30Merci Jérôme Gage.
16:31C'était votre grande interview, je vous dis à bientôt.
16:32A bientôt.