• l’année dernière
Plus d'un adulte sur deux jouerait avec l'argent et le hasard au moins une fois par an. Alors si chaque jour est une chance pour la Française des Jeux, c'est bel et bien grâce à ses 27 millions de joueurs en 2023. La FDJ, qui a le monopole du grattage et du tirage, n'a qu'un concurrent au comptoir : le PMU et ses paris hippiques. Héritière de la loterie créée en 1933, la Française des jeux est aujourd'hui cotée en bourse et s'est diversifiée chez les buralistes et en ligne avec le récent rachat du géant suédois des casinos en ligne Kindred.

Le versant du jeu, encore plus lorsqu'il est en ligne, c'est son addiction dite "sans substance" et ses dommages socio-sanitaires qui n'épargnent personne. Malgré l'inflation, les français continuent-ils à parier ou préfèrent-ils la prudence ? La PDG de la Française des Jeux Stéphane Pallez est l'invitée d'Alexandra Bensaid ce samedi.

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Transcription
00:00Et pour poursuivre la réflexion, la PDG de la Française des Jeux est mon invitée.
00:04Bonjour Stéphane Palaise.
00:05Bonjour.
00:06Alors l'AFDJ, c'est l'héritière de la loterie créée en 1933, aujourd'hui vous
00:11êtes coté en bourse, l'Etat a encore 20% du capital et vous venez, on va en parler
00:16un peu plus tard, de changer de dimension, vous avez avalé un géant suédois qui s'appelle
00:20Kindred.
00:21Mais d'abord bien sûr, pour réagir au reportage Stéphane Palaise, les casinos en ligne, vous
00:25avez expliqué que c'était un modèle de jeu beaucoup plus addictif, vous allez réagir.
00:30Est-ce que maintenant que vous avez avalé un champion des jeux en ligne, et qui fait
00:34notamment des casinos en ligne, vous avez changé d'avis ? Est-ce qu'il faut légaliser
00:38ou pas cette offre en France ?
00:39Alors, d'abord, je crois que le sujet c'est bien le marché français.
00:46Et toute la complexité du sujet, elle a bien été résumée dans votre reportage.
00:51Donc, ce sont des jeux les plus addictifs, ça c'est factuellement vrai et reconnu partout.
00:59Et ce serait clairement l'ouverture d'un secteur supplémentaire, dont on peut discuter
01:09de la taille, mais qui aurait un impact sur l'ensemble des opérateurs, à commencer
01:15par les casinos physiques.
01:17Il faut savoir, je ne vais pas parler pour eux, que la France est le pays qui a le plus
01:21de casinos physiques en Europe, on en a plus de 200, on est vraiment très fort sur ce
01:26sujet.
01:27On peut aussi se demander si ça n'aurait pas un impact sur d'autres opérateurs, par
01:32exemple sur la loterie dans les points de vente, qui est vendue sur le territoire par
01:3629 000 buralistes et marchands de presse notamment.
01:40Et là, vous avez le monopole, c'est le monopole de la FDJ ?
01:42C'est le monopole de la FDJ, donc je pense que ce qu'on peut dire sur ce sujet, c'est
01:47que c'est tout à fait normal qu'on ait ce débat, puisqu'effectivement, quand on
01:50a un marché illégal, on se dit « qu'est-ce qu'on peut faire pour le réduire ? ».
01:54Ce qu'on voit dans d'autres pays, c'est que ça n'assèche pas l'offre illégale,
02:03donc ça ne marche pas automatiquement, sans par ailleurs avoir un niveau de répression
02:09beaucoup plus élevé sur les sites illégaux.
02:11Dans votre reportage, on entendait très bien la situation, qui est qu'en fait, il
02:17faut être beaucoup plus répressif qu'on ne l'est aujourd'hui, parce que quand on
02:20va sur Google aujourd'hui, effectivement, il est assez facile de jouer aux casinos en
02:25ligne illégales.
02:26Alors comment on peut faire ?
02:27Ce n'est pas parce qu'il y a une offre légale que l'offre légale va disparaître,
02:31surtout qu'elle vient plutôt d'acteurs qui ne veulent pas payer d'impôts, qui sont
02:35des paradis fiscaux, etc.
02:37Donc nous, on n'est pas dogmatique sur ce sujet, on considère qu'il faut regarder
02:43l'ensemble des impacts et voir si on est capable de mettre en place à la fois une
02:47régulation quand même assez stricte, une répression…
02:50Il faudrait faire quoi ? Vous parlez de répression, on peut l'empêcher totalement ?
02:54En général, ce qui est le plus efficace quand on regarde autour de nous, c'est de
03:00passer par, d'abord, de responsabiliser les grandes plateformes, donc que Google propose
03:05du casino illégal, c'est peut-être quand même un sujet, premièrement.
03:09Deuxièmement, c'est également d'agir par les opérateurs de paiement, parce qu'évidemment,
03:16si on bloque les transactions, c'est en général assez efficace et ça, ça n'existe
03:20pas aujourd'hui.
03:21Google, les banques, tout ce monde-là, si on veut que l'offre illégale disparaisse,
03:25c'est possible ?
03:26Il faut le mettre en place.
03:27Si on voulait mettre en place une offre légale et que ça réduise le marché illégal, il
03:31faut aussi faire ça, sinon ça ne marche pas, c'est très important.
03:34Dans le reportage Stéphane Pallès, vous avez entendu aussi tout le sujet de l'addiction,
03:38sujet énorme, le sociologue parle d'un coût social jusqu'à 15 milliards.
03:41À la FDJ, on le sait, vous êtes aussi mis sur ce qui déclenche plus d'addiction, tout
03:46ce qui est en ligne.
03:47Que mettez-vous en place pour lutter contre cette addiction qui, en plus, touche plus
03:53les jeunes ? Dès que c'est en ligne, c'est plus séduisant.
03:55Alors, d'abord, en ce qui concerne l'addiction, on va avoir bientôt une étude qui va sortir
04:01sur les chiffres sur le marché français, donc ça sera intéressant, c'est une étude
04:03qui sort tous les 4-5 ans, à peu près, qui, évidemment, est faite par un organisme indépendant
04:08et qui nous dira où est-ce qu'on en est.
04:09Ce qu'on suppose que cette étude va montrer, c'est que les jeux de loterie sont des jeux
04:16extrêmement peu addictifs, ce n'est pas nouveau, mais je pense que…
04:19Ça, c'est le grattage, le tirage, c'est le loto…
04:22Ce sont des jeux récréatifs, comme on le dit, dans lesquels la majorité des joueurs
04:25ont des comportements qui ne posent pas de problème, et en revanche, il faut effectivement
04:29surveiller ceux qui sont une minorité, donc on dit peut-être 2% de joueurs qui ont des
04:38problèmes sur le marché français, des problèmes excessifs…
04:41400 000 personnes, c'est ça ?
04:42400 000 personnes ?
04:43C'est les ordres de grandeur.
04:44Encore une fois, on va voir la dernière étude qui va sortir.
04:45Ça, c'était la dernière.
04:46C'était celle de 2019.
04:47Voilà.
04:48Je n'ai pas les derniers chiffres, puisqu'elle n'est pas encore sortie, et 5% de joueurs
04:53qui ont des comportements qui peuvent être à risque et qu'il faut surveiller.
04:57Ça, c'est sur la totalité du marché.
04:58Donc, nous, on est majoritairement une entreprise de loterie, et sur les paris en ligne, qui
05:04sont effectivement des jeux plus intenses, encore moins intenses que le casino, mais
05:10plus intenses, nous avons une politique très forte qui est mise en place.
05:16D'abord, en termes de communication, c'est-à-dire que nous consacrons volontairement 10% de
05:21notre budget publicitaire, qui par ailleurs est contrôlé par le régulateur des jeux
05:26et restreint.
05:28C'est très important.
05:29Pour dire à partir de quel moment on doit être alerté.
05:32Est-ce que ça suffit ?
05:33Et ensuite, comme effectivement, ce sont des jeux qui se pratiquent notamment en ligne,
05:38nous avons des systèmes dans lesquels les gens, quand ils s'enregistrent, sont obligés
05:43de déterminer le montant qu'ils comptent dépenser, dans lequel on peut leur envoyer
05:47des alertes pour leur dire qu'ils s'approchent de ce montant, voire on peut les bloquer.
05:52Vous supposez qu'ils sont responsables ?
05:53Non, on ne suppose pas, on les aide à être responsables et nous d'ailleurs, nous appelons
05:58de manière proactive, nous repérons des gens qui ont des comportements excessifs
06:02et on les appelle.
06:03On passe 3000 appels par an à des joueurs qui ont des comportements excessifs.
06:06Donc nous sommes une entreprise qui est investie de manière très concrète au quotidien sur
06:10l'addiction.
06:11Bon, Stéphane Palaise, est-ce que dans l'incertitude actuelle, vous pensez que vendredi prochain
06:15ce sera le vendredi 13, normalement il y a des joueurs au loto, est-ce que les Français
06:20vont avoir l'esprit à plus jouer ou au contraire, ils vont être prudents sur la
06:23consommation de loisirs, de jeux dans leur budget ?
06:27Alors, ce qu'on observe depuis d'ailleurs plusieurs années et ce qu'on continue d'observer,
06:33c'est que le comportement des Français en matière de jeux est assez peu lié à la
06:39conjoncture.
06:40Parce que ce sont des sommes qui représentent des sommes très faibles dans leur budget.
06:45On parle d'une dépense nette de, c'est-à-dire moyennant dépenses moins les gains de 5 euros
06:53par semaine.
06:54Donc on est sur des petits montants et je pense que c'est ce qui fait que même dans
06:58des situations d'incertitude, dans les situations dans lesquelles on peut se demander effectivement
07:05quel est l'avenir économique, les gens maintiennent en général cette partie parce que ça fait
07:10partie de leurs habitudes, de leur quotidien.
07:13Ils vont effectivement dans leur point de vente et du divertissement et puis d'une
07:18forme de, j'allais dire, je ne sais pas si c'est de l'espoir mais quelque chose qui
07:24fait partie des choses qui leur donnent de l'optimisme.
07:28Et vous dans cette incertitude, est-ce que vous faites partie, on discutait avec les
07:31débatteurs tout à l'heure, des gagnants et des perdants, le secteur des jeux d'argent
07:35et de hasard, il devait y avoir une surtaxe de l'impôt sur les sociétés pour les entreprises
07:41comme la vôtre qui gagnent au-delà d'un milliard de chiffres d'affaires et qui font
07:43au-delà d'un milliard de chiffres d'affaires, il devait y avoir une taxe sur la loterie
07:46justement, une taxation supplémentaire.
07:49Vous, vous trouvez que vous êtes plutôt gagnante ?
07:51Alors, je voudrais juste commencer par rappeler que nous sommes un secteur très taxé.
07:56Déjà, j'allais dire comme tout le monde, donc nous ne pensons pas que ce soit une très
08:02bonne idée d'augmenter encore ce niveau de taxes et en matière de taxes sur les jeux
08:06d'argent.
08:07Donc, Francesc Desjeux va verser cette année plus de 4,5 milliards d'euros à l'État.
08:13Donc, nous sommes en fait un secteur déjà très taxé plus que dans la moyenne européenne,
08:18comme dans d'autres secteurs, et au sein du secteur de l'entreprise, il contribue
08:21le plus.
08:22Donc, on va voir ce qu'il se passe du côté de la loi de finances et du PLFSS, il est
08:29clair que nous pensons que ce n'est pas une bonne idée que de déstabiliser un système
08:34qui fonctionne très bien pour l'État, puisque le principal bénéficiaire de la croissance
08:38de la France et des jeux, ça a été l'État depuis la privatisation.
08:41Stéphane Palaise, je l'ai dit, vous venez d'avaler le géant suédois Kindred, à quel
08:46point ça vous fait changer de dimension ?
08:48Ça nous fait changer de dimension en taille, puisque en gros, 30% de plus, c'est à peu
08:57près ça le chiffre magique.
09:00Nous allons être une entreprise qui, non seulement va être plus importante, mais surtout
09:05va changer de dimension européenne.
09:08Nous devenons avec Kindred un acteur, un des leaders européens du secteur, dans le top
09:143 des leaders européens, dans un secteur dans lequel ce qu'on voit, c'est un secteur
09:20qui se consolide, dans lequel il y a de plus en plus de grands acteurs.
09:23Donc, si on veut jouer dans la cour des grands, être compétitif, notamment dans le secteur
09:28des paris en ligne, qui est un secteur dans lequel il faut investir dans des plateformes
09:33technologiques, des services clients, tout le business model du jeu en ligne, il faut
09:40être grand.
09:41Il faut avoir cette capacité de jouer à l'échelle avec les autres.
09:46Nous sommes aujourd'hui présents sur 7 des 10 principaux marchés européens.
09:53Nous sommes une entreprise internationale, 30% de notre chiffre est international, 30%
09:58en ligne, et c'est un changement majeur.
10:00Dernière question, ce soir vous serez à Notre-Dame, n'est-ce pas, à la cérémonie
10:05pour la réouverture.
10:06La FDJ a donné 1,8 millions d'euros pour la reconstruction.
10:11En quelques secondes.
10:12Nous, on est une entreprise qui est très liée à la cause du patrimoine.
10:19Donc effectivement, quand Notre-Dame a brûlé devant nos yeux, au-delà de l'émotion personnelle
10:25que chacun peut ressentir, on s'est dit qu'on devait faire quelque chose.
10:29Et donc on a donné ce que l'entreprise a gagné sur le loto de Pâques, qui suivait
10:36l'incendie de Notre-Dame, pour la reconstruction de Notre-Dame.
10:39Ce sont ses 1,8 millions et on en est très fiers.
10:42Stéphane Palaise, la PDG de la FDJ, merci d'avoir accepté l'invitation d'En Arrête
10:47Pas l'Écho.
10:48Merci beaucoup.

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