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00:00Et l'invité du Grand Entretien, ce matin au lendemain de l'allocution solennelle
00:09du Président de la République et en pleine crise inédite sous la Ve République, il
00:15est ancien neurodéputé, ancien député modem, il a présidé la Commission des Affaires
00:20étrangères de l'Assemblée Nationale jusqu'il y a peu de temps, il est aussi essayiste
00:26et c'est un observateur avisé de la vie politique.
00:30Bonjour Jean-Louis Bourlange.
00:31Bonjour Alivadou.
00:32Et bienvenue.
00:33Les auditeurs d'Inter pourront dialoguer, intervenir au 01 45 24 7000 ou sur l'application
00:39France Inter, je disais que vous étiez député modem, ça n'est pas anodin par les temps
00:46qui courent.
00:47Hier soir, Emmanuel Macron s'adressait aux Français, Jean-Louis Bourlange, dans une
00:52allocution télévisée et il est revenu sur la dissolution qualifiée d'inéluctable,
00:57il assure qu'il exercera son mandat jusqu'à son terme.
01:01Qu'est-ce que vous avez retenu de ces dix minutes de parole présidentielle ?
01:05Je crois que c'était un discours qui était très opportun, il a fait preuve d'une relative
01:16humilité sur la dissolution, dont je crois que chacun doit convenir, et lui aussi, que
01:22c'était une erreur stratégique de première grandeur.
01:24Il dit qu'elle n'a pas été comprise.
01:26Oui, mais elle n'a pas été comprise parce qu'elle était vraiment incompréhensible.
01:29Mais je pense qu'il faut faire une distinction, et c'est là où je suis assez alarmé quand
01:34je vois des appels à la démission, il faut faire une distinction entre ce qui est une
01:39erreur stratégique, une erreur de manœuvre politique, et une faute morale.
01:43Je crois que c'est assez extravagant de reprocher comme une sorte de manquement à sa fonction
01:51au chef de l'État, et ça il l'a rappelé, d'avoir consulté le peuple français.
01:55On dit vous êtes Jupiter, vous êtes vertical, vous écoutez rien.
02:00Il a dit, écoutez, je donne la parole au peuple français.
02:03Alors il l'a donné au mauvais moment, dans de mauvaises conditions, et le résultat a
02:08été très pénible, parce qu'il a fait apparaître le dissensus.
02:12Double défaite aux législatives, maintenant la motion de censure, est-ce que le roi est
02:16nu Jean-Louis Broulange ?
02:17Non, je ne parlerai pas de double défaite aux législatives, je pense que nous sommes
02:22rentrés, et sans doute le Président de la République n'en a pas tenu suffisamment
02:26compte en 2022, nous sommes rentrés dans une nouvelle phase de l'équilibre entre
02:32le Parlement et le Président de la République.
02:35On a eu deux phases avant, on a eu la concordance, majorité présidentielle, majorité parlementaire,
02:41ça a roulé.
02:42Ensuite, on a eu l'opposition à plusieurs reprises, entre une majorité de droite et
02:46un président de gauche, ou l'inverse, et on a inventé la cohabitation, c'est-à-dire
02:51une sorte de paix armée entre les deux factions, et ça n'a pas trop mal marché.
02:56Et là, nous sommes, depuis 2022, nous sommes, et ça s'est aggravé en 2024, dans une situation
03:02différente, où il y a une majorité relative, donc on ne peut pas dire que le Président
03:08doit contester, c'est lui qui a la majorité relative, et même le Bloc central, globalement,
03:14ça représente à peu près ça, et des contestations, et je pense que l'erreur du Président de
03:22la République en 2022, je l'avais d'ailleurs demandé qu'il fasse ainsi, c'était de ne
03:28pas comprendre que ça impliquait un retour à un pouvoir beaucoup plus autonome du Premier
03:34ministre, qui devait être en charge de construire lui-même une majorité parlementaire, et
03:40pas simplement de dire, venez chez moi, vous êtes dans l'opposition, mais vous serez
03:44bienvenue chez nous.
03:45Retrouvez la lettre de la Constitution !
03:46Oui, la Constitution, telle qu'elle avait été conçue par Michel Debré, et effectivement,
03:52elle a dérivé depuis 62, c'est-à-dire depuis le moment où les Français ont décidé
03:57que le Président de la République serait élu au suffrage universel, elle a dérivé
04:02vers quelque chose de plus en plus présidentiel, or là, le système doit respirer, on doit
04:08avoir un gouvernement qui n'est ni contre le Président, ni simplement le relais, l'outil,
04:14le collaborateur du Président, mais une sorte, un équilibre à trouver entre les principes
04:21fondamentaux qui sont ceux du Président, et une vie parlementaire qui doit être diversifiée.
04:26Et c'est ça qu'on n'a pas retrouvé.
04:27Si le système politique français Jean-Louis Bourlange devienne parlementariste, est-ce
04:32que la France a cette culture politique-là ?
04:34Parlementarisme, comment on dirait ? Manantropo ! La 5ème République, la République telle
04:43que l'avait conçue Michel Debré, parce que c'est lui le grand, c'est un homme remarquable,
04:48j'ai reçu un désaccord rétrospectivement avec lui sur les choix européens, il était
04:54assez peu européen, mais je trouve qu'il a fait des choix absolument extraordinaires
04:58sur le plan institutionnel, qui étaient à mon avis ceux de la 3ème République, avec
05:03une différence.
05:04Expliquez-nous ça.
05:05Écoutez, la 3ème République, c'était des gens, Ferry, Gambetta, Valdez-Crousseau,
05:10qui croyaient à l'autorité du gouvernement, et qui croyaient que le Parlement devait être
05:15puissant, mais que le gouvernement devait être puissant.
05:18Puis il y a eu un problème qui s'est posé, c'est qu'à la faveur de la crise du 16
05:22mai 1877, on a écarté le droit de dissolution.
05:26Elle prévoyait initialement le droit de dissolution, or c'était l'élément central d'équilibre.
05:32Il y avait la responsabilité du gouvernement devant le Parlement, donc le Parlement tenait
05:37le gouvernement par la barbichette, et il y avait le droit de dissolution qui empêchait
05:43l'Assemblée de voter la censure à tout va.
05:47Si les parlementaires ont voté la censure, c'est parce qu'ils se sentent protégés
05:53par le fait que le Président ne peut pas dissoudre, sinon ils ont la trouille de la
05:57dissolution.
05:58Et cet équilibre-là, il faut le maintenir.
06:01– Cet équilibre-là, il faut le maintenir.
06:03Est-ce que vous avez compris deux choses ? D'abord, la référence d'Emmanuel Macron
06:09à ses 30 mois, 30 mois qui sont son horizon, le temps qui lui reste à l'Élysée, et
06:15la deuxième chose, cette métaphore ou cette comparaison de la vie politique française
06:20avec la réouverture de Notre-Dame de Paris ou l'organisation des Jeux Olympiques.
06:26Vous qui connaissez le sens des mots, est-ce que vous avez été surpris par ce parallèle ?
06:31– Oui, on a tendance à dire, avec Emmanuel Macron, une crise, une fête.
06:35On a la dissolution, les Jeux Olympiques, on a la censure, Notre-Dame de Paris.
06:41Je plaisante.
06:42Mais je crois que, sur le second point, c'est une métaphore de l'Union.
06:49Ce qui montre, c'est que la création, la renaissance de Notre-Dame de Paris a été
06:55l'expression d'un formidable consensus à la fois religieux, laïc, républicain,
07:01social, de tous les corps de métier.
07:03Et il appelle les Français à l'Union, et de ce point de vue-là, c'est quelque
07:09chose de très juste, parce que, alors c'est une métaphore, il faut aller beaucoup plus
07:14loin, mais le problème central, ce qu'on n'admet pas, ce qu'on ne reconnaît pas
07:18actuellement, c'est que le problème central, c'est la division des Français.
07:23C'est pas le Président de la République, c'est les parlementaires, ils n'arrivent
07:27pas à s'entendre, mais ils sont l'expression…
07:29– Donc, les responsables de la crise, vous reprenez quasiment les arguments du philosophe
07:33Pierre-Henri Tavoyau qui était à ce micro, il y a un ou deux jours, et qui disait qu'il
07:38y avait une véritable responsabilité des citoyens dans la crise politique.
07:42– Je ne fais pas une sorte de responsabilité collective, mais je crois que c'est un élément
07:49absolument central, et je réponds à votre question sur les 30 mois, je pense que ce
07:57qui nous manque actuellement dans l'analyse de cette crise, c'est de reconnaître sa
08:02profondeur et sa longueur.
08:04C'est pas une crise de personnes, c'est pas une crise de partis, c'est une crise
08:09de vocation pour la société française, c'est une crise de longue durée et qui
08:15peut se terminer très mal.
08:18Je suis très inquiet, la fin ce sera évidemment l'élection présidentielle, et je crains
08:25que nous nous remettions en cause à travers ces péripéties, et le fait de faire confiance
08:31à deux partis, aux deux extrêmes, qui sont des partis qui sont en rupture profonde avec
08:38les choix qui ont été ceux de la société française depuis la libération, depuis en
08:42tout cas 47, c'est-à-dire le choix de la démocratie représentative, de la solidarité
08:49européenne, de la solidarité occidentale, de la résistance au stalinisme et maintenant
08:55au poutinisme, d'une économie à la fois dynamique, ouverte et débouchante permettant
09:02le partage des richesses.
09:03Vous n'avez cessé de soutenir, alors ça n'a pas duré très longtemps, trois mois,
09:06Michel Barnier, lui-même demandait qu'on respecte, par exemple, les 11 millions d'électeurs
09:11du Rassemblement National, et vous avez l'air de ne pas du tout être sur cette même ligne.
09:17Ah si, je crois, écoutez, je suis vraiment très clair, quand j'ai été président
09:23de la Commission des Affaires Étrangères, j'ai maintenu un strict respect à l'égard
09:28de toutes les formations, y compris LFI et y compris le Rassemblement National, et quand
09:34il s'est produit à un moment, il y a eu un petit élément, on a dû remplacer un secrétaire
09:38du bureau de la Commission, il y a eu l'idée, est-ce qu'on remet un Rassemblement National,
09:43j'ai imposé le respect, le respect de la règle du Parlement, qui était la règle
09:49proportionnelle, et je suis, comme le MoDem d'ailleurs, nous avons été très hostiles
09:54à l'idée d'évincer du bureau de l'Assemblée Nationale les membres du Rassemblement National.
10:00Donc, mais en revanche, sur les options fondamentales de Madame Le Pen et de M. Bardella, oui, je
10:06suis très, très inquiet, car je crois que c'est un basculement géopolitique, si je
10:14peux dire.
10:15Rien de moins géopolitique !
10:16Écoutez, je crois que c'est vraiment ça l'enjeu dans lequel nous sommes.
10:20Nous avons une Europe qui est actuellement très, très travaillée, notamment bi-polarisée
10:27entre les Baltes, enfin le Nord et le Sud.
10:30Nous avons une Europe balkanique qui est très travaillée et centrale, très travaillée
10:36par les éléments poutiniens, la Hongrie, la Slovaquie, la Roumanie, la Moldavie qui
10:43a été la Géorgie, bien sûr, un peu plus loin, la Géorgie, la Bulgarie, tout un ensemble
10:50de pays qui sont très travaillés par la tentation de la soumission à Poutine.
10:55Nous avons au Nord...
10:56Et ça, ça travaille les certains partis politiques français.
10:59Quand on a dit la Roumanie, c'est très grave, moi je dis la prochaine, la vraie Roumanie,
11:05c'est nous.
11:06Est-ce qu'on va basculer dans ce camp ? Et au Nord, on a en revanche des pays, la Pologne,
11:12les pays baltes, la Finlande, la Suède, le Danemark, et puis derrière, bien qu'elle
11:18soit en dehors de l'Union Européenne, le Royaume-Uni, qui disent « il faut résister »
11:21et nous, nous sommes au milieu.
11:23Et si nous basculons dans le camp de la complaisance à Poutine et du refus de l'approfondissement
11:30européen, c'est l'équilibre géopolitique du continent européen qui bascule.
11:36Je crois que là, il y a un enjeu très, très essentiel.
11:39On va y revenir, on va filer au standard, Jean-Louis Bourlange, où de nombreux auditeurs
11:43veulent vous interroger d'un mot, puisque vous êtes membre du même parti.
11:48François Bayrou a été reçu deux fois hier par le Président de la République, alors
11:55il est temps de nous livrer le scoop, sera-t-il le prochain Premier ministre de la France ?
11:59Je me suis gardé d'appeler François Bayrou au téléphone, parce que je sais qu'il est
12:05très, très désireux, dans ces cas-là, de garder la confidentialité de ses entretiens
12:11avec le Président de la République, et je ne suis pas là pour l'embarrasser.
12:14Envoyez-lui un SMS ce matin, et on le gardera entre nous.
12:18Je crois deux choses.
12:19Je ne sais rien, mais je dis tout, comme dirait, comme on dit dans Madame Sangène,
12:25du ministre de l'Intérieur, qui succède à Fouché, vous savez, Fouché dit « moi
12:29je sais tout et je dis rien », et c'est mon successeur, il sait rien et il dit tout.
12:32Alors là, je ne sais pas si je dirais tout, mais je dis rien.
12:35Mais je crois qu'il y a deux choses qui sont très importantes, c'est d'une part, je pense
12:39que François Bayrou a été mis sur le côté par la procédure judiciaire pendant des années,
12:46il en est sorti le front haut de cette procédure judiciaire, et maintenant je crois qu'il
12:51est vraiment très désireux de donner sa mesure, et deuxièmement je crois qu'il est
12:57très bien situé, que le modem et lui-même sont très bien situés pour créer cet équilibre,
13:03parce que ce que je ne vous ai pas dit, mais qui est essentiel pour moi, mais que vous
13:06avez développé tout à l'heure, c'est le fait que la variable essentielle, c'est les
13:12socialistes.
13:13Il faut que les socialistes fassent le bon choix, dans ce grand ensemble géopolitique,
13:19il faut qu'ils fassent le bon choix, ils l'ont fait, ils l'ont fait dans le passé,
13:23n'oublions pas que c'est eux qui ont chassé les staliniens du pouvoir, c'est eux qui
13:27ont signé le traité de Rome, l'acte unique européen, le traité de Maastricht, ils ont
13:34été tout à fait solidaires de l'Occident, notamment dans l'affaire des Pershing, ils
13:40ont tendance aujourd'hui à oublier pour une partie d'entre eux, et à basculer dans
13:44des choix qui ne sont absolument pas les leurs, qui sont ceux de l'FI, or cette variable
13:49est essentielle.
13:50Si les socialistes tombent du mauvais côté, nous tomberons tous, nous autres français
13:54et européens, du mauvais côté.
13:56Et là, je crois que François Bayrou est effectivement le modem, mais il n'est pas
14:01le seul, je ne dis pas du tout, mais il est exactement au point d'équilibre où il peut
14:05nouer des relations étroites, et avec le… il a été très fidèle à Barnier, très
14:11très fidèle, et a dénoué avec le parti présidentiel et avec les socialistes.
14:15Bonjour Frédéric, et bienvenue sur France Inter.
14:19Vous aviez une question à poser à notre invité Jean-Louis Bourlange.
14:22Oui, bonjour France Inter.
14:24J'avais une idée justement à vous proposer.
14:27En imaginant que de l'extrême gauche à l'extrême droite, il n'y ait pas de méchants
14:33en fait, il y ait juste des gens avec des priorités qui leur sont propres et différentes.
14:39Est-ce qu'on pourrait imaginer qu'une coalition avec les sujets de la justice sociale,
14:47la lutte contre le blanchiment et l'écologie, gérée par des personnalités de gauche,
14:56le libéralisme et l'économie libérale plutôt droit et centre-droit, et puis des
15:04questions de sécurité et d'immigration sur une aile un peu plus à droite ?
15:08Merci pour votre question Frédéric.
15:10Bonne idée Jean-Louis Bourlange ?
15:12Voilà un interlocuteur, un auditeur qui fabrique le consensus.
15:16Je crois qu'il faut en rendre hommage à cet effort.
15:20Je pense que le grand problème de la société française depuis la dissolution, c'est
15:27que nous n'avons pas posé les problèmes de fond.
15:30Nous sommes dans une situation extrêmement grave où il y a un décrochage économique.
15:36Regardez le destin de l'industrie automobile française et européenne.
15:43Mais c'est colossal.
15:44La menace qui pèse sur ce secteur, ça atteint le centre de l'économie européenne.
15:50Or, on n'évoque pas directement cela.
15:53On a les ensembles, les réalités géopolitiques liées à l'Ukraine et à l'arrivée de
15:59Donald Trump, c'est également évacué du débat public.
16:03Donc je pense que là, il y a la nécessité de reposer à côté des grands enjeux.
16:12Je réponds à l'interlocuteur, je crois que la base du consensus, c'est de reconnaître
16:17la légitimité des revendications catégorielles de toutes les catégories, mais de voir que
16:22la priorité, ce sont les enjeux de puissance, de croissance, d'alliance.
16:27Et pourtant, Jean-Louis Bourlange, on a l'impression que dans ce qui se dessine pour former une
16:31coalition, c'est davantage la non-censure.
16:35Mots étranges, néologisme qui s'impose, on compose avec ceux qui s'engagent à ne
16:42pas censurer, à ne pas utiliser le 49-3.
16:45Qu'est-ce que vous en pensez ? C'est le plus petit dénominateur commun ou c'est
16:49vraiment la faillite de la politique ou de toute ambition politique ?
16:52Je penserais, pour paraphraser Jean-Paul Hollande, je dirais progrès en compromis assez lent.
16:58Je pense que les socialistes ont inventé ce concept qui est effectivement assez peu
17:05mobilisateur, il faut le reconnaître, parce que c'est l'expression de leur profond désarroi
17:13et de leur profonde division.
17:15Je pense qu'il faut, au sein du Parti Socialiste ou à la périphérie du Parti Socialiste,
17:21il y a des gens qui ont pris la mesure au gouvernement, il y a M. Migaud par exemple
17:26qui a tout à fait pris la mesure et qui a gardé le bon rapport avec les socialistes.
17:31On a M. Glucksmann qui a arraché le Parti Socialiste à sa non-existence électorale
17:40quand on voit le score présidentiel de Mme Hidalgo et le score européen de M. Glucksmann.
17:45Il y a donc des gens qui sont prêts, résolus, à faire quelque chose, mais il y a une espèce
17:55d'incapacité très structurelle au sein du Parti Socialiste à faire clairement ce choix.
18:01Mais c'était, vous savez, en 1947, c'était la même chose.
18:03Mais c'est curieux Jean-Louis Bolland d'entendre un membre du modem, comment on dit, un centriste,
18:09démocrate chrétien, c'est une tradition.
18:11Oui, je suis démocrate et chrétien, mais je manque le trait d'union.
18:14Quelque chose qui est frappant, c'est que vous insistez sur le rôle fondateur pivot
18:20de, j'allais employer une métaphore qui serait celle de la construction d'une cathédrale,
18:26mais le rôle essentiel du Parti Socialiste aujourd'hui dans la situation dans laquelle
18:32nous sommes.
18:33Pour vous, le salut viendra de là ?
18:34Je crois que non, mais c'est l'acteur qui manque.
18:37La France de l'après-guerre a été faite par trois grandes forces.
18:42Elle a été faite par les centristes, démocrate chrétien et MRP qui ont porté notamment
18:47le projet européen.
18:48Elle a été faite par les socialistes qui ont cautionné ce choix qui n'était pas
18:53évident pour eux.
18:54Ça a été la grande conversion de Léon Blum après la guerre, qui a été l'homme
18:58de la relation occidentale-américaine, l'homme de la défense de la démocratie face au stalinisme,
19:07l'homme de l'engagement européen.
19:09Et troisièmement, les gaullistes qui ont été les gens de la mise en œuvre de ces
19:14grands choix avec des compliqués.
19:16Mais ces catégories n'existent plus Jean-Louis Bourlangère.
19:18Ceux qui existent à Libédu, ce sont les choix fondamentaux qui sont les nôtres.
19:23Est-ce que nous croyons ou pas à la pérennité de la démocratie représentative, libérale
19:29et de l'État de droit ?
19:30Moi j'y crois.
19:31Est-ce que nous croyons au dynamisme d'une économie ouverte, contrôlée, régulée
19:36et débouchant sur une politique d'État-providence ?
19:39Moi j'y crois.
19:40Est-ce que nous croyons que la France va s'en tirer toute seule ou elle va s'en tirer
19:45dans l'Union Européenne ?
19:46Moi je crois à l'Union Européenne.
19:47Est-ce que nous devons renoncer aux solidarités occidentales ?
19:50Et à fortiori si les Américains font défaut, moi je crois à la solidarité des puissances
19:56européennes sur le plan militaire.
19:57Ces choix-là, ils sont aujourd'hui comme hier les choix déterminants pour l'avenir
20:03de nos enfants.
20:05Et les socialistes, ils doivent faire ce choix, c'est eux qui manquent.
20:08Il y a l'égoliste, il y a le bloc central, ils sont pas bons, ils se sont comportés
20:14de façon très irresponsable pendant le gouvernement Barnier.
20:17Vous êtes centriste, mais vous n'êtes pas bloc central.
20:18Comment ?
20:19C'est subtil la politique, mais Jean-Louis Bourlange, vous êtes centriste et pas bloc
20:22central.
20:23Bon, le Modem est un parti qui se réclame du centre, le bloc central c'est plus vaste.
20:30Mais le bloc central c'est ce qu'on appelait sous la 4ème République la 3ème force.
20:34Plus l'égoliste et les socialistes doivent en faire partie.
20:38Nous ne gagnerons la partie, nous ne gagnerons cette grande partie de la solidarité européenne,
20:43de la défense de la laïcité et de la démocratie, d'une économie prospère, nous ne gagnerons
20:49que si les socialistes sont à bord.
20:51Mais ils ne sont pas les seuls, heureusement.
20:53Bonjour Marc et bienvenue sur Inter, vous avez une question à poser à Jean-Louis Bourlange.
20:58Merci de bien vouloir prendre la question, bonjour à tous.
21:02Le Président hier a parlé de « gouvernement d'intérêt général », alors je m'interroge
21:07sur la signification de ce mot, est-ce que c'est un gouvernement d'union nationale,
21:11et j'en profite pour dire quand même aussi une chose, c'est qu'avec cette censure,
21:17le Parlement a été quand même quelque part totalement décrédibilisé, et on pourrait
21:23penser aussi que le gouvernement fasse appel à une convention nationale qui permette
21:29aux Français de s'exprimer, et aux jeunes surtout, parce qu'on a vraiment l'impression
21:35que tout cela est une question de vieux.
21:37Alors une question de vieux, je ne sais pas Marc, mais réponse Jean-Louis Bourlange,
21:41en tout cas d'Emmanuel Macron qui parlait d'un gouvernement d'intérêt général,
21:46et Marc qui avoue sa perplexité, et Patrick Cohen tout à l'heure qui disait heureusement
21:51que ce n'est pas un gouvernement.
21:52L'invité de France Inter ce matin est assurément un vieux, ça je peux être coupable, mais
21:57je crois qu'il y a un léger paradoxe, je comprends très bien ce que vous dites, vous
22:01dites qu'il faut faire appel au peuple, à la convention, et le grand reproche qu'on
22:04fait à Emmanuel Macron, c'est d'avoir prononcé la dissolution.
22:08Moi je crois, et pour reprendre votre interrogation sur l'intérêt général, je crois que ce
22:14qui a manqué, ce qui manque encore, c'est de donner un contenu, c'est ce que j'ai essayé
22:20de faire ce matin, en disant qu'il y a un contenu fondamental aux luttes politiques
22:26actuelles, et que l'intérêt général, et c'est je pense pour ça que le président
22:30Macron en excluait en réalité le LFI et le Rassemblement National, parce qu'il considère
22:37qu'ils sont sur d'autres bases idéologiques que celles qui peuvent former un gouvernement
22:42conforme à ce qu'ils souhaitent, et ce que personnellement je souhaite, il faut poser
22:48les problèmes au fond, c'est ça la question, les problèmes au fond, j'ai essayé de les
22:52poser, et c'est sur ces bases qu'on peut s'entendre et qu'on peut sortir de cette
22:57querelle qui n'en finit pas sur les personnes, les partis, les choses, non, il faut un grand
23:02front.
23:03Jean-Louis Bourlange, ce grand front mené par François Bayrou, donc ça c'est fait ?
23:07Ecoutez, ne me faites pas dire, je serais très heureux que François Bayrou soit nommé
23:13Premier ministre, mais si c'était quelqu'un d'autre, si c'était Bernard Cazeneuve, si
23:18c'était Sébastien Lecornu, si c'était… Je crois que les personnes sont importantes,
23:24je crois que Bayrou présente les caractéristiques requises, à la fois de positionnement politique,
23:28d'ouverture aux compromis et de réflexion sur les grands enjeux de la société, il
23:33n'est pas le seul, mais le problème fondamental c'est celui des structures, comment peut-on
23:37réconcilier les Français sur un projet qui soit à la hauteur du défi historique auquel
23:43nous sommes confrontés ?
23:44Merci infiniment Jean-Louis Bourlange d'avoir été l'invité de France Inter.

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