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DAAN, chanteur, auteur, compositeur belge parle de l'élaboration de son nouvel album "Space" . Disponible en digital, lp, et cd .
Transcription
00:00C'est curieux, pour ma pochette, je voulais absolument des images complètement hors
00:18commun, d'un monde qui fait rêver ou qui est rêvé.
00:24Je n'avais pas l'intention d'utiliser l'intelligence artificielle, mais je voyais
00:34quelques exemples.
00:35J'ai invité un très bon ami, Martin Frank, qui lui est spécialiste, et les premières
00:43heures qu'on a travaillé ensemble, j'étais complètement bouche bée.
00:47Ça faisait 30 ans que j'avais encore découvert un nouveau médium qui m'excitait autant,
00:58et je voulais juste une pochette avec une baleine qui survole la ville.
01:03Et puis, après cinq minutes, j'avais l'image déjà gagnante.
01:08Alors je me suis dit, ok, si ça c'est possible, on va tout essayer.
01:13Donc je suis toujours un peu, c'est comme une nouvelle amoureuse, je suis dans le voyage
01:20de noces avec l'univers.
01:22Il y a beaucoup de contre pour ne pas l'utiliser, c'est une avalanche, une chose très dangereuse
01:30qui va nous tomber dessus, surtout nous, tous les créatifs, les photographes, les écrivains,
01:37les journalistes, les musiciens, les comédiens.
01:40Mais bon, si ça arrive, autant l'utiliser, le manipuler et en faire quelque chose de
01:47drôle ou surprenant, parce que ça donne beaucoup de possibilités aussi.
01:51C'est comme quand ils ont lancé la boîte à rythmes, on avait peur qu'il n'y aura
01:57plus de place pour les batteurs, mais le contraire est vrai, il y a plus de bons batteurs
02:04maintenant que jamais.
02:07Dystopie, c'est un mot que j'adore, c'est un peu le monde dans lequel on vit maintenant.
02:14Parlant de dystopie, à part mon affection pour tout ce qui est cassé, j'y vois beaucoup
02:25de beauté aussi.
02:27Puisque le monde est en train de se casser, autant trouver une certaine beauté là-dedans.
02:34Dans les années 70, je me rappelle, on faisait la marche pour tout ce qui était la bombe
02:42atomique mais c'était encore raisonnable à ce moment-là, maintenant ça l'est beaucoup
02:47moins.
02:48La blague n'est plus drôle en fait, mais bon, autant que les visuels soient beaux.
02:52C'est marrant, j'ai eu beaucoup de souvenirs de mon enfance dans les années 70, je me
03:02rappelle la fin du film « La planète des singes » où on voit la statue de libération
03:09en Amérique, incrustée dans le désert avec les rochers derrière, comme preuve de à
03:16quel point on est capable de tout casser.
03:19Et ça m'a donné envie de justement mettre plein d'images d'un monde qui, d'une façon
03:27glorieuse, presque s'autodétruit.
03:32Les années 70, je suis presque né dans les années 70, non je suis de 69, mais c'était
03:52mon enfance et c'était une période, tout comme l'enfance de beaucoup de gens, où
03:58j'étais extrêmement heureux et curieux et on croyait dans ce grand beau monde qui
04:04n'allait pas s'écrouler.
04:06Donc il y avait beaucoup de naïveté, beaucoup d'espoir et beaucoup de belle musique aussi.
04:13Donc pour cet album-ci, je me suis replongé, 40 ans plus tard, en me disant « c'était
04:21quoi en fait les années 70, est-ce que ça a vraiment existé ? ». Oui et non, c'était
04:27peut-être une illusion.
04:29Donc je refais ma version d'un homme de 55 ans qui refait ses années 70, autant dans
04:36le visuel que dans la musique, qui m'inspire pour le moment.
04:40Je falsifie un peu, comme on falsifie toujours ses mémoires, je triche, je fais un peu des
04:49fausses années 70, années 70 bis.
04:57Le soir, repensons notre quotidien.

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