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🇸🇳 Il y a 80 ans, des tirailleurs africains, réclamant justice pour leurs arriérés de soldes, étaient massacrés à Thiaroye par l'armée coloniale française. Une tragédie que le président Macron a reconnu dans une lettre adressée au Sénégal. Brut revient sur cette page sombre de l'histoire coloniale.

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Transcription
00:00On est le 1er décembre 1944, dans le camp militaire de Chahoy, proche de Dakar.
00:04Des tirs éclatent.
00:06Au petit matin, un lourd silence enveloppe le camp Chahoy.
00:09Le bilan de l'armée française fait état de 35 morts,
00:12mais plusieurs historiens, ainsi que des descendants de tirailleurs,
00:14s'accordent sur un bilan bien plus lourd.
00:16300 hommes auraient été tués cette nuit-là.
00:19Au Sénégal, le camp Chahoy est vu comme le théâtre d'une injustice
00:22dont les autorités réclament toujours les réparations.
00:25Mais comment en est-on arrivés là ?
00:26En novembre 1944, ces tirailleurs sénégalais,
00:29qui sont des soldats recrutés dans les colonies d'Afrique de l'Ouest
00:32pour servir l'armée française,
00:34reviennent du front européen où ils ont combattu.
00:36Alors arrivés au Sénégal, ils ne sont pas immédiatement démobilisés.
00:39Ils sont parqués au camp Chahoy,
00:41un lieu qui sert de transit en attendant le paiement de leurs soldes.
00:43Il sont plus de 1000 soldats africains dans le camp
00:46à attendre le paiement de leurs soldes.
00:48Mais l'armée française rechigne.
00:49Selon des témoignages, quelques semaines plus tard,
00:51les tirailleurs commencent à manifester,
00:53refusant de quitter le camp
00:55tant que leurs soldes ne leur sont pas versés.
00:56Dans la soirée du 30 novembre, le général Marcel Dagnan,
00:59le commandant de la division sénégale mauritanie,
01:01envoie un télégramme au ministère de la Guerre à Paris
01:04dans lequel il informe son intention de rétablir,
01:07si besoin par la force, l'autorité dans le camp.
01:10Dans les heures qui suivent,
01:11des chars et des véhicules blindés sont envoyés au camp Chahoy.
01:14Cette nuit-là, des tirs retentissent.
01:16Les tirailleurs sont exécutés.
01:17La version officielle actée par l'armée française
01:19évoque une mutinerie réprimée et en fait 35 morts.
01:22Cependant, d'autres récits non officiels
01:24parlent de victimes enterrées à la hâte
01:26pour minimiser l'impact médiatique.
01:2870 ans plus tard, en 2014,
01:30François Hollande avait rendu hommage
01:31à ses soldats africains à Dakar
01:33et avait reconnu la mort de 70 tirailleurs.
01:36Le 1er décembre 1944,
01:39au matin, 35 tirailleurs trouvèrent la mort
01:43d'après les rapports officiels de l'époque.
01:47Si on ajoute les victimes décédées de leurs blessures,
01:52immédiatement après les faits,
01:54ils furent sans doute plus de 70.
01:58Le 28 juillet 2024,
01:59le gouvernement français a donc reconnu
02:01mort pour la France à titre posthume 6 tirailleurs,
02:044 Sénégalais, un Ivoirien et un Burkinabé.
02:06L'actuel Premier ministre sénégalais,
02:08Ousmane Sonko, avait aussitôt réagi à cette décision.
02:10Je tiens à rappeler à la France
02:11qu'elle ne pourra plus ni faire ni compter seule
02:14ce bout d'histoire tragique.
02:15Ce n'est pas à elle de fixer unilatéralement
02:18le nombre d'Africains trahis et assassinés
02:21après qu'ils ont contribué à la sauver.
02:23Aujourd'hui, 80 ans après les faits,
02:25le massacre de Karoui reste une page sombre de l'histoire
02:27qui lie l'Afrique à la France.
02:28Mais depuis quelques années,
02:29des historiens, des activistes et des artistes
02:32continuent de mener des combats pour briser le merta.
02:34Ils exhument des documents, recueillent des témoignages
02:37et questionnent les récits officiels.

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