Le président de la République visite ce vendredi 29 novembre pour la dernière fois le chantier de Notre-Dame de Paris. Plus de 1.300 artisans, pompiers et autres acteurs de la reconstruction des lieux seront présents. La réouverture de la cathédrale aura lieu le 7 décembre prochain.
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00:00— Bonjour, M. le Président. — Jean-Louis Bidet, charpentier. — Merci d'être là et surtout d'avoir tant oeuvré. Comment allez-vous ?
00:08— M. le Président, très bien. — Vous allez bien ? — Très heureux, très honoré. — Heureux de vous retrouver.
00:11— Très ému de pouvoir vous accueillir ici, madame. — Évidemment.
00:15— René Fon, l'architecte en chef des Mouvements historiques, qui a été en charge de cette charpente et qui, en plus, a une histoire personnelle
00:21avec cette charpente, donc il va nous dire quelques mots. — Vous aviez travaillé avant dessus.
00:24— Exactement. Je suis très très ému aujourd'hui, parce que je retrouve les sensations dans cette charpente que j'avais eues il y a 10 ans,
00:32quand j'avais fait les relevés avec Cédric Transo de l'ensemble des charpentes médiévales de la cathédrale.
00:37— C'était un travail de recherche ? — Un travail qu'on avait fait dans le cadre de l'école de Chaillot,
00:41qui est une école de spécialisation qu'on fait après le diplôme d'architecte. Ça dure 2 ans. C'est une formation qui est assez complète.
00:46Et on avait proposé de faire les relevés de ces charpentes dans le cadre de l'école de Chaillot,
00:50parce qu'à cette époque, il n'existait pas de relevés exhaustifs complets des charpentes de la cathédrale.
00:55— Donc vous, vous aviez les plans. — Et donc on a dessiné à la main l'ensemble des charpentes gothiques de la cathédrale.
01:00Et c'est grâce à ce document qu'on a pu restituer les charpentes à l'identique.
01:04— Un clin d'œil de la Providence. Quelques années avant... — Et donc vous avez des cahiers entiers ?
01:09— Alors c'est pas tant que ça. C'est des feuillets format A3. C'est grand comme ça, à peu près. Il y a une trentaine de pages,
01:15une quarantaine de pages. Et c'est ça qui décrit... Ça suffit, en fait, à décrire toutes ces charpentes qu'on a dessinées pendant un an, à peu près.
01:21C'est un an de travail, une journée par semaine. Alors des jours comme aujourd'hui, il fait très froid.
01:25Des jours l'été, il fait très chaud. Et comme ça, bon... — Et c'est une forêt véritable.
01:30— C'est une véritable forêt, exactement. Et là, on sent à la fois le bois, la nature. On a besoin de la forêt pour obtenir ces bois.
01:37On a discuté tout à l'heure avec Jean-Louis. C'est qu'au départ, tout part d'un simple gland, d'une petite graine.
01:43Ça donne un chêne immense qui permet d'obtenir ces charpentes. Et si on n'a pas le savoir-faire des forestiers... Pour la Flèche, par exemple,
01:51il faut 13 générations de forestiers pour obtenir les bois dont on a besoin pour Notre-Dame-de-Paris.
01:55Si on n'a pas le savoir-faire des forestiers, des charpentiers, des taillandiers, on ne peut pas restaurer cette charpente.
02:00Donc la connaissance que les architectes en ont par les relevés est complémentaire de tous ces savoir-faire.
02:05Donc aujourd'hui, on a une charpente qui est... On estime, nous, qu'elle est authentique, puisque c'est la charpente du XIIIe siècle,
02:13reconstruite avec les mêmes méthodes, avec les mêmes outils. Et Jean-Louis va vous en parler. Et on a exactement les mêmes formes, les mêmes techniques.
02:23— On a combien de pièces de bois ? — On a à peu près 2 000 pièces de bois, à peu près, dans la charpente.
02:28— À peu près 1 000 chaînes, à peu près 2 000 pièces de bois. Il a fallu chosir les chaînes un par un pour ces grandes pièces de bois qui sont d'un seul tenant.
02:36— Ils viennent de la France entière. — Ils viennent de la France entière. On a eu beaucoup de donateurs qui nous ont donné des chaînes.
02:42— C'est une signature, ça. — Alors ce sont des marques d'établissement des pièces de charpente. On appelle ça la plumette des verres.
02:48Dans le lexique des charpentiers, il y a des noms en nombre, franc, le contre-marque, qui permet d'identifier chaque pièce.
02:54Aucune n'est interchangeable avec une autre. Donc chaque pièce est unique. Chaque pièce est faite dans un arbre.
03:00Un arbre produit une seule pièce dans sa section. Vous avez le cœur de l'arbre que vous retrouvez dans le cœur de la pièce de charpente.
03:06Vous avez une marque ici sous les yeux. C'est un établissement. Vous avez d'autres marques qui sont gravées et qui resteront pendant toute la vie de la charpente, en fait.
03:13— Et alors vous, vous avez travaillé de quand à quand ? — De l'automne, il y a 2 ans, à récolter les arbres, à l'issue des plans et toutes les études qui ont pu être menées.
03:21Les études qui permettent, à travers l'intervention des bureaux d'études, de confirmer la tenue de l'ouvrage, qui a vécu plus de 800 ans,
03:27mais telle qui a été reconstruite en bois vert aujourd'hui, telle qu'elle sera plus tard au fil de son séchage, comment est-ce qu'elle va se comporter.
03:35Tout fonctionne bien. Quelques petits ajustements très discrets qui ont été faits, mais sur des assemblages en bois.
03:40Cette charpente est assemblée essentiellement avec des assemblages bois sur bois et fixés avec des chevilles. Et notamment, vous avez une cheville comme ça.
03:48Il y en a 3 000 dans la charpente, que vous voyez juste ici. Ces 3 000 chevilles, en fait, elles sont faites à la main par...
03:54En l'occurrence, c'est un charpentier qui a passé 4 mois avec des pièces de chaîne qui est la même chaîne que la charpente que vous avez sous les yeux,
04:01une à une, pour avoir un diamètre et une correspondance pour assembler. Ici, c'est un tenon dans une mortaille. Vous avez la même chose.
04:09Avant tout ça, en fait, ces arbres, la charpente commence le gland bien avant. Mais l'arbre récolté il y a 2 ans, un peu plus de 1 000 arbres, en fait, 1 300 arbres.
04:18Et chaque arbre a été transformé en pièce de charpente avec cet outil qui a parcouru les siècles, qui est donc la hache que vous connaissez.
04:26Nous étions allés il y a quelques temps. Jean-Louis Georgelin lui offrait une hache qui nous avait conduit vers vous avec ce même outil.
04:34Vous l'avez aussi. Donc, en fait, alors ce nettoy-protège parce qu'un charpentier protège son outil.
04:39La hache est son étui en cuir et qui a permis, en fait, d'avoir les traces que vous voyez sur les pièces de bois qui ont ces traces, en fait, produites par l'outil,
04:48mais d'abord un savoir-faire qui a parcouru le temps et qui a été transmis, conservé et de nouveau redéveloppé quelque part parce que Notre-Dame a rendu visible,
04:56en fait, tout le métier de charpentier qui est bien présent dans notre société sur le patrimoine encore plus aujourd'hui.
05:03En fait, rendre visible ce qu'il n'était pas forcément et en nombre.
05:07Beaucoup de jeunes charpentiers se sont investis dans nos équipes en Anjou, en Normandie pour les charpentes médiévales.
05:14Et aujourd'hui, certains ont ce savoir-faire, vont l'entretenir, le faire perdurer.
05:19Alors des chantiers suivront, espérons-le, pour en fait mettre en action tout ça.
05:24Et nous avons besoin pour l'exercice de nos métiers, la transmission des savoir-faire.
05:29Et c'est un élément clé parce que s'investir dans un métier, charpentier notamment, c'est donner un sens à sa vie et qui nous conduit un jour peut-être,
05:39en l'occurrence, refaire les charpentes médiévales de la cathédrale.
05:43Il faut combien de temps pour former un bon charpentier, avoir le geste, savoir faire ça ?
05:48Une vie, en fait, parce que le tout début, le tout début, les prémices, on hésite pas à pas.
05:54Après, on tâtonne un peu, on est accompagné, on se forme, on s'investit, on travaille.
05:58Beaucoup de travail, on peut développer des facultés.
06:01Mais il faut beaucoup d'investissement personnel, le partager, écouter et puis transmettre.
06:07Parce que les générations suivantes auront aussi donc 5 ans, 7 ans pour être à l'aise au départ.
06:12Et puis après, au fil des chantiers, des rencontres entre les architectes, des savoirs partagés.
06:19Le patrimoine est tellement divers et riche à travers les siècles
06:22que Notre-Dame, ici, a permis, en fait, cette charpente médiévale, les relever, en fait.
06:29On a reproduit les mêmes techniques.
06:32On a les mêmes pièces de bois dans l'aspect rendu, mais on a surtout la même exécution des travaux.
06:37C'est-à-dire tailler les assemblages, avec des outils qui existent à l'époque,
06:41quelques nouveaux aujourd'hui, mais l'aspect visible, en tout cas, c'est la même chose.
06:46En fait, c'est un savoir-faire.
06:49On dit quelquefois, Rémi, dans l'échange, elles sont humaines, ces charpentes.
06:53Parce qu'en fait, nos charpentiers, le dernier jeune charpentier qui a posé le bouquet au sommet,
06:59le 12 janvier, là-haut, il fait partie de ceux qui ont choisi les arbres en forêt, il y a 2 ans.
07:05C'est un des très beaux moments du chantier, le bouquet des charpentiers.
07:08Il y a un bouquet du charpentier pour cette charpente du cœur, un autre pour la neige.
07:14Toute la cathédrale, en fait, porte la main de l'homme, ce qui est très beau.
07:17Et on le voit notamment dans les traces d'outils.
07:20On a beaucoup tenu à conserver les carissages manuels pour qu'on voit aussi, justement, la trace de la main de l'homme.
07:26La densité humaine.
07:27Mais aussi pour des raisons techniques.
07:30En fait, la charpente au 13e, elle est produite dans un contexte très particulier.
07:35Et la meilleure garantie pour qu'elle sèche et qu'elle se comporte le mieux d'entre elle,
07:40c'est justement pour la carisse à la main.
07:42Donc c'est pour ça aussi que les charpentes portent la trace de l'outil.
07:46Ce n'est pas juste parce que c'est magnifique, parce qu'on voit la trace de travail des compagnons,
07:50mais aussi parce que techniquement, c'est ce qu'il y a de mieux pour ces charpentes.
07:53Et c'est ça qui forme un tout qui est absolument indissociable.
07:56Et Jean-Louis disait tout à l'heure qu'il faut une vie pour se former.
08:01En fait, on apprend tous les jours au contact les uns les autres.
08:05La cathédrale, en fait, pour moi, c'est ça.
08:07C'est une cathédrale de savoir et de rencontre humaine.
08:10Sans ça, en fait, il n'y a pas de cathédrale.
08:13Et je trouve que moi, c'est ça qui m'émeut le plus, en fait, dans un chantier comme celui-ci,
08:17et entre d'autres, en particulier, c'est qu'on a un élan qu'on a tous constaté sur ce chantier.
08:23Que les compagnons, c'est extraordinaire.
08:25Le sourire des compagnons à chaque fois qu'on est allé à l'atelier.
08:28C'est des conditions difficiles de travail.
08:30Vous nous avez imposé un délai qui était le bon délai, on s'en rend compte aujourd'hui,
08:34pour reconstruire cette cathédrale.
08:35On n'a pas sacrifié la qualité.
08:37Et malgré le délai, malgré la pression, on a fait un travail, je pense, de très, très haute qualité.
08:42Et les charpentiers, pour tous ceux que j'ai pu voir, à chaque fois qu'on les a vus, ils avaient le sourire.
08:45Ça, c'est extraordinaire.
08:46Parce qu'il y avait, je pense, la certitude de faire les choses bien.
08:51Combien de compagnons avez-vous formés ?
08:54Ici, alors, sur notre propre métier, vous pouvez compter une trentaine de personnes.
08:59Voilà, sur un effectif global qui a pu intervenir sur ces charpentes,
09:03peut-être 50, 60, enfin, des formations régulières.
09:06Et qui vont construire le métier un des ingénieurs.
09:08Absolument magnifique qu'on découvre en direct sur BFM TV ce matin,
09:12cette forêt qui a demandé un travail absolument colossal.
09:16Jérémy, on le disait il y a un instant, ce qui avait été peut-être le plus endommagé,
09:21c'est la plaie, c'est le trou qui restait et qui nous avait tous marqué.
09:24Là, on a sécurisé au maximum cette nouvelle charpente.
09:28Absolument, parce qu'il y a ce qu'on voit, ces poutres magnifiques de chênes pour certains centenaires.
09:35Et il y a tout ce qu'on a prévu pour protéger la cathédrale du risque d'incendie à venir.
09:41C'est-à-dire que sur ces poutres ont été installées des brumisateurs
09:45qui disperseraient de fines gouttelettes d'eau automatiquement
09:48si un incendie venait à se déclarer dans cette forêt,
09:52puisque c'est comme ça qu'on appelle la charpente de Notre-Dame.
09:54Il y a également des caméras thermiques qui permettraient évidemment d'alerter,
09:58des systèmes d'alerte de détection de fumée.
10:02Et puis, on a aussi permis à la cathédrale d'être approvisionnée en eau jusqu'en haut,
10:06avec davantage d'eau qu'auparavant, pour faire face à ces nouveaux risques.
10:10Et donc, tous ces éléments conjugués, mis en musique,
10:15permettront évidemment aux ingénieurs, aux architectes et à toutes les personnes
10:19qui travaillent au quotidien et qui veillent au quotidien sur Notre-Dame
10:22de la protéger de ce risque d'incendie.
10:25Cette charpente, l'histoire Jean-Marie Gainoy nous était rappelée là, elle est quand même fantastique.
10:29C'est-à-dire que s'il n'y avait pas eu ces relevés faits par des étudiants en 2014,
10:34on n'aurait peut-être pas réussi à la refaire tout à fait à l'identique.
10:37C'est le coup de chance pour certains ou la providence pour d'autres.
10:40Je crois que la personne qui l'a fait a parlé de providence.
10:44Effectivement, qui pouvait penser que ce modeste étudiant en architecture,
10:48il y a dix ans, avec ses feuillets à trois, comme il vient de décrire,
10:51ses relevés manuels, pour rien, pour un examen,
10:56aurait servi aujourd'hui à cette renaissance, ce relèvement, cette restauration de la forêt.
11:04Ce n'est pas la forêt tropicale, c'est la forêt cathédrale qui est absolument magnifique.
11:08Et voilà, cette histoire du relèvement de Notre-Dame,
11:12c'est une succession aussi de petites et très belles histoires de ce genre.
11:18Mais une chose qui me frappe en voyant ces images, on en parle à l'instant,
11:21c'était la question de l'odeur.
11:23C'est-à-dire qu'on ne peut pas la voir évidemment en télévision,
11:25mais ça doit être fantastique de sentir ce bois neuf, ce bois de chêne qui est très particulier
11:31et qui est aussi une façon d'être de cette nature, de ce bois, c'est quelque chose...
11:38Philippe Belaval, vous y êtes allé une fois terminé, cette odeur, vous l'avez ennée ?
11:44Oui, je préfère parler de parfum.
11:47Vous êtes plus poète que moi, souvenez-vous que je vous dise, vous êtes un poète.
11:52Non, ça fait partie effectivement de l'ambiance,
11:55mais je pense que tous les sens sont en réalité sollicités dans la cathédrale,
12:00tour à tour, la vue, l'ouïe, on verra l'orgue tout à l'heure,
12:06donc l'odorat, le toucher des matières, voilà, c'est un geste complet.
12:13On est là en train de se diriger, je parle sous votre contrôle, vers la flèche.
12:17Oui, exactement, on est au pied de la flèche en fait.
12:21Je pense que vous êtes pile au-dessus de la croisée des transeptes,
12:24donc vous avez les transeptes nord et sud,
12:27et la charpente de l'ânef et du coeur qui se rejoignent pile à cet endroit-là,
12:34et donc voilà, ce qu'on appelle le poinçon, juste à côté du président de la République.
12:39Bernadette Sauvaget, cette forêt, c'était, on le disait, peut-être le symbole le plus marquant
12:45pour beaucoup de Français de cette cathédrale brûlée.
12:49C'est vrai que c'est très émouvant de la revoir totalement neuve, totalement refaite.
12:53Oui, je trouve que cet entrelac de poutres, de tout ça, la lumière, c'est très très émouvant.
13:03Alors là, en plus, on va partir sur la flèche qui a été,
13:08c'est pareil, Philippe Bélaval me confortera ou pas,
13:12mais c'était le moment le plus compliqué, le plus technique de la reconstruction,
13:19en l'occurrence, puisque tout ça avait disparu.
13:22Donc refaire la flèche, il fallait accorder et harmoniser
13:29un certain nombre de choses très très compliquées,
13:32le montage de l'échafaudage, le refermer la voûte,
13:38faire travailler les charpentiers et les couvreurs alternativement,
13:43c'était, Philippe Villeneuve l'a tout de suite expliqué,
13:47que c'était la chose la plus compliquée, la plus difficile, la plus technique.
13:53Ça avait déjà été le moment le plus difficile pour violer le Duc lui-même,
13:57parce que cette flèche est beaucoup plus haute et beaucoup plus lourde
14:01que la flèche médiévale qui avait disparu au moment de la Révolution
14:06et le fait d'avoir réussi à la caler était déjà un exploit.
14:12Allez, on va retourner sur place et on continue à décrypter cette visite.
14:15Cet ouvrage, je vous l'offre.
14:19Et ça, c'est comme ça qu'on a...
14:22Alors, il sert à marquer les ronds de pièces de charpente
14:25pour justement effectuer le tracé des assemblages.
14:30Il est aussi symbole de la verticalité, comme la verticalité de la flèche.
14:35Il y a beaucoup de symboliques dans cet objet.
14:40La flèche, il y a un an, on terminait la charpente, on posait la croix,
14:44quasiment il y a un an, jour pour jour.
14:46C'est dire le défi qui s'avançait devant nous encore.
14:49En un an, il fallait la parer de plomb, de ses ornements,
14:53déposer l'emmaillotage, l'échafaudage qu'il a couvré,
14:58puis laisser la main à nos collègues tailleurs de pierre pour reconstruire la voûte
15:02que vous avez vu précédemment, les décors, puis démonter les échafaudages.
15:07Si on est là aujourd'hui, à l'aube de la réouverture,
15:11c'est qu'il y a des centaines d'artisans, chacun dans leur corps de métier,
15:15avec leur passion et leur énergie, qui auront réalisé un exploit.
15:18Mais cet exploit seul, il n'aurait pu suffire à rouvrir la cathédrale dans les temps
15:24s'il n'y avait pas eu des chefs d'orchestre, des gens qui travaillent dans l'ombre,
15:28des dessinateurs, des logisticiens, des ingénieurs,
15:31la maîtrise d'oeuvre, bien évidemment, pour orchestrer tout ça,
15:34avec Philippe Villeneuve à la tête, et l'établissement public.
15:38L'établissement public créé également de personnes qui ne se connaissaient pour très peu
15:43avant l'incendie et qui ont su, derrière le général, puis derrière Philippe Just,
15:50mener avec une dynamique certaine ce chantier.
15:54Mais encore une fois, l'exploit, il ne peut exister que s'il y a un challenge qui est donné.
15:59Et le challenge, c'est vous qui l'avez donné.
16:01Et on s'est tous battus pour redorer l'image de la France,
16:06la fierté et la passion des savoir-faire de la restauration du patrimoine.
16:11Vous avez été rendez-vous à la hauteur.
16:14C'est moi qui vous suis infiniment reconnaissant.
16:17Parce que je sais que vous avez mis du cœur, du temps, de l'énergie,
16:21et je l'ai vu, je l'ai mesuré à chaque visite.
16:25Et c'est une fierté immense pour nous tous de voir ça.
16:28Combien de collaborateurs, de compagnons ?
16:32Sur l'ensemble des métiers, c'est énormément.
16:35Mais quelques chiffres, c'est 20 000 heures d'études, de conception de cette charpente.
16:39C'est 100 000 heures de taille dans les ateliers.
16:42Parce qu'on a tous travaillé dans un atelier commun, dans nos ateliers en Lorraine, à Brié.
16:46Et c'est 40 000 heures de pause pour la charpente.
16:51Et derrière, c'est vrai qu'il y a le sacrifice, l'énergie des compagnons.
16:54Mais il y a également toute leur famille autour.
16:56Parce que nos métiers de passion, on ne les fait pas si on n'est pas soutenu.
17:01Ça demande des sacrifices et il faut être soutenu.
17:05Et forcément, on pense également aux compagnes et aux compagnons de l'ensemble des intervenants.
17:13On est vraiment dans le lieu névralgique de la maîtrise de ce chantier, de ce calendrier.
17:21Avec cette colonne vertébrale, la flèche au-dessus de nos têtes, qui culmine à 96 mètres.
17:26La voûte de la croisée avec l'Oculus et la Vierge sur son décor peint, qui est juste sous cette poutre.
17:34Et l'autel qu'on a vu tout à l'heure en bronze, qui est à la croisée du transept.
17:40C'est un système de force et de matière. C'est incroyable.
17:44Et une planification millimétrée, qui a été tenue avec même quelques semaines d'avance.
17:50Et on a su, au printemps dernier, que là, vraiment, on était bon.
17:57Et donc, on a eu des entreprises extraordinaires, de tous côtés, dans toutes les composantes du chantier.
18:03Mais notamment dans ce point clé. Vraiment, on a tenu bon.
18:09Et la fatigue, la lassitude, qui ont été sensibles parfois, ont toujours été vaincues par l'engagement.
18:16Point central. On est au départ de la flèche, mais dans l'alignement que vient de nous décrire Philippe Josse.
18:21Qui est, effectivement, le moment où on se dit, tout ce qu'on a fait depuis des mois et des mois,
18:25et le bon, on est dans le bon alignement. C'est ça qui est quand même assez fascinant.
18:29Ça vous faisait réagir ?
18:31Oui, non, je voulais juste rendre hommage à quelqu'un qui compte beaucoup dans ce chantier.
18:36C'est ce que j'appelle, moi, le maître échafaudeur de Notre-Dame, Didier Cuiset.
18:41Qui a pensé, élaboré, tous ces échafaudages, qui sont techniquement très compliqués, très difficiles.
18:50Et en plus, tout le monde le dit, y compris la conservatrice de Notre-Dame, Marie-Hélène Didier,
18:56il fait des beaux échafaudages. Et il dit, il faut qu'ils soient utiles, mais il faut qu'ils soient beaux.
19:02On a vécu cinq ans avec, alors...
19:05Comment ?
19:07Non, je dis, on a vécu cinq ans avec, donc on les admire, ces échafaudages.
19:10C'est le Figaro qui l'a qualifié d'artiste éphémère.
19:15Et vraiment, ceux qui ont vu les échafaudages, ceux qui peuvent les voir de l'extérieur, voient ces très beaux échafaudages.
19:22C'est-à-dire, à la fois, une technicité absolument extraordinaire et vraiment de la beauté.
19:26C'est vrai, c'est une prouesse en soi.
19:28Ce qui me frappe, c'est qu'effectivement, il y a l'échafaudage qui est maintenant l'échafaudage de bois définitif.
19:34Mais c'est à la fois, on a vu les doloirs, ces haches, ces poutres qui ont quand même un diamètre important.
19:45Et puis, ce travail d'orfèvre, quasiment d'horlogerie, pour le réglage au millimètre de cet édifice.
19:54Et il y a les deux, on a quelque chose de massif et quelque chose d'une extrême finesse.
19:59Et là, on est à l'endroit, effectivement, de ce miracle entre les deux.
20:03Une énorme colonne vertébrale et puis, un peu comme, je ne dirais pas, pour prendre un exemple religieux, c'est un peu mon domaine,
20:10mais c'est un peu l'âme, la spiritualité, quelque chose de très fin, imperceptible, et qui fait que tout ça tient ensemble.
20:18C'est vrai, juste pour en dire un mot également sur l'échafaudage, c'était une prouesse en soi.
20:23Moi, j'ai pu monter au sommet de cet échafaudage qui culminait à 96 mètres au-dessus de la capitale.
20:29En fait, cet échafaudage qui permettait aux compagnons de dériger la flèche, puis de la couvrir de plomb, ne devait pas s'appuyer sur cette flèche.
20:36Donc, à mesure qu'il montait, il entourait la flèche.
20:40C'était un corset de métal autour de la flèche, sans jamais qu'il ne fasse poser son poids sur la flèche.
20:46Donc, c'était déjà, effectivement, une prouesse technique.
20:50Évidemment, de tout là-haut, on avait cette vue incroyable sur tout Paris.
20:54Et donc, là, voilà, ils sont juste en dessous.
20:56Et puis, on voit là ces entrelacs de bois.
20:59Il faut dire quelque chose, ces entrelacs de bois ne comportent quasiment pas de métal.
21:04C'est un travail, en fait, d'assemblage.