Michel Barnier a indiqué ce jeudi renoncer à la hausse des taxes sur l'électricité. L'économiste Thierry Bros nous explique comment ce rétropédalage va se matérialiser sur nos factures.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Michel Barnier qui a fait un pas vers le Rassemblement national ou vers ses exigences hier en annonçant notamment
00:07qu'il reculait sur la hausse des taxes sur l'électricité. On a besoin de comprendre ce recul avec vous Thierry Brose, bonjour.
00:13Vous êtes professeur à Sciences Po et
00:16économiste en matière première. Vous allez nous aider à comprendre ce qui va se passer sur notre facture d'électricité à partir de février prochain.
00:21On écoute d'abord ce qu'a dit hier Michel Barnier.
00:26J'ai donc écouté tout le monde. J'ai décidé de ne pas augmenter les taxes sur l'électricité.
00:31Dans le projet de loi de finances de 2025, il n'y aura donc pas d'augmentation de ces taxes sur l'électricité, ce qui permettra
00:39concrètement une baisse des prix de l'électricité
00:42le 1er février de 14% au lieu des 9% qui étaient prévus initialement.
00:50Ne pas augmenter les taxes fait-il vraiment baisser les prix Thierry Brose ? D'abord pour qu'on comprenne bien, on parle d'un prix de
00:57l'électricité qui s'adresse à qui ? Ca concerne quel français ? Ca concerne à peu près l'essentiel des français, ceux qui sont au tarif
01:03régulier. Ca concerne aussi les petites entreprises.
01:06Alors sur votre facture, pour répondre à votre question sur votre facture d'électricité, comment ça se divise ? Vous avez une grosse moitié, ce qui est
01:13le prix de l'électricité, donc le prix de gros sur les marchés. Celui, je vous rappelle, qui a flambé dans les années 2022-2023.
01:20Vous avez un gros quart qui est le transport de l'électricité. Il faut des câbles pour l'amener chez vous et je vous rappelle que ça c'est la
01:27commission de régulation de l'électricité qui le décide et ça au 1er février, ça va augmenter. Et puis le dernier quart, ce sont les taxes.
01:35C'est là-dessus que le gouvernement a le pouvoir ? C'est là-dessus que le gouvernement a le pouvoir, puisque le marché
01:39c'est l'équilibre offre-demande. Vous en parlez tous les jours sur BFM. Le transport, c'est la régulation et donc c'est le dernier quart.
01:46Et donc ce que le gouvernement souhaitait faire, comme il est un peu aux abois et qui cherche quelques milliards d'euros,
01:53la façon la plus finalement indolore, c'était d'augmenter cette partie-là, puisque les prix de gros avaient fortement chuté. Je vous rappelle 2022,
02:02année du début de la guerre en Ukraine, mais aussi année où on a eu des problèmes dans nos centrales nucléaires.
02:07Aujourd'hui, tout cela est derrière nous. Pas la guerre, mais l'impact de la guerre sur les prix de l'électricité. Les prix ont fortement baissé.
02:15Et donc, puisqu'il y avait une forte baisse sur ces 50 % de votre facture, le gouvernement s'est dit finalement, je vais essayer d'augmenter
02:25cette assise sur l'électricité. Et puis comme ça, les Français ne verront pas de facture ni augmentée, ni baissée. Je vous rappelle que si vous êtes
02:33un gouvernement et que vous êtes aux abois, et que vous regardez dans l'énergie, vous n'avez pas beaucoup d'autres solutions.
02:38Oui, parce que les autres, l'électricité a baissé, mais le pétrole a monté, le gaz a monté. Si on tapait là-dessus, ça se serait vu.
02:43Alors le gaz a fortement augmenté, puisqu'effectivement, on est toujours dans une crise. Le pétrole, lui, il est resté à peu près stable, mais le pétrole
02:49est déjà taxé à 80 %. Donc le pétrole, toute taxe augmente, forcément le prix à la pompe. Et je vous rappelle que les Français sont un peu sensibles
02:57à ça, parce que vous le voyez à peu près partout, dans toutes les stations-services, où que vous soyez. Le prix de l'électricité, comme vous l'évoquiez,
03:03c'est beaucoup plus compliqué, parce que vous le voyez que quand vous recevez votre facture électrique.
03:06Donc, le Premier ministre annonce que les prix vont baisser de 14 % en février. Initialement, la baisse n'aurait dû être que de 9 %. On va le sentir à quel niveau
03:16sur notre facture ? Ça fait combien d'euros ?
03:19Écoutez, ça dépend de ce que vous consommez, mais c'est une dizaine d'euros. Mais ce qui est important ici, c'est le fait que, oui, vous aurez une facture en baisse.
03:27Alors, c'est même pas sûr qu'elle soit fortement en baisse, parce qu'une facture d'électricité, ça dépend du climat. Or, en octobre et en novembre, il a fait plus froid.
03:35Donc, vous voyez, c'est là où ça devient un petit peu compliqué, puisque on est thermosensible quand on est un résidentiel. Vous vous êtes chauffé cette année, en octobre,
03:4520, 30, 40 % de plus qu'en octobre l'année dernière. Donc, quand on vous dit que votre facture va baisser au 1er février, c'est toute chose égale par ailleurs.
03:53Or, dans la vie, toute chose n'est jamais égale par ailleurs.
03:56Vous l'avez dit, Thierry Bross, l'idée, c'était de retrouver quelques milliards. Il va en manquer combien, du coup ?
04:00Il va en manquer 3, 4 milliards sur ce...
04:03C'est pas rien.
04:04Non, c'est pas rien. Et c'est là la difficulté. Encore une fois, le système du RABO ou le système... A un moment, il va falloir réfléchir à comment est-ce qu'on fait complètement différemment.
04:15Il faut bien se rendre compte que, finalement, on est un des seuls pays au monde à taxer l'énergie que l'on produit nous-mêmes. En Arabie saoudite, le pétrole, vous ne taxez pas.
04:24Et nous, on taxe une énergie, l'électricité, qui est décarbonée et qui devrait être en croissance pour l'avenir.
04:30C'est-à-dire que si on pense à notre trajectoire climatique, il faut électrifier le maximum nos usages.
04:36Votre question sur combien ça va avoir d'impact sur votre facture, encore une fois, normalement, ce qu'on aurait aimé, c'est que les Français mettent des voitures électriques,
04:44remplacent leurs voitures thermiques par des voitures électriques. Donc, ils vont consommer plus d'électricité.
04:49Et ça va leur coûter plus cher.
04:51Ça va leur coûter plus cher.
04:52Merci pour cet éclairage, Thierry Bross. Merci d'avoir été avec nous ce matin. Tout de suite, c'est Nicolas Doze, La Doze d'Eco.