A Nîmes, dans le quartier Pissevin, une médiathèque rénovée il y a quatre ans va être détruite car le bâtiment est squatté par des dealers. Pour l’avocat pénaliste Randall Schwerdorffer, il faut des «juridictions spécialisées» pour lutter contre le trafic de drogue.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Le problème, c'est la volonté politique. Très clairement, ça fait 20 ans qu'il n'y en a pas
00:04pour mettre les moyens sur la lutte contre le narcotrafic.
00:07Il y a 164 tribunaux judiciaires en France.
00:10Il n'y a pas de juridiction spécialisée pour la lutte contre les stupéfiants.
00:14On pourrait créer sans aucune difficulté un juge d'instruction, des juges d'instruction
00:18dédiés, ad hoc, spécialement, exclusivement pour la lutte contre le trafic de stupéfiants.
00:23On a créé les JIRS, juridiction interrégionale spécialisée,
00:27qui luttent contre toute la délinquance interrégionale et organisée.
00:30Mais on n'a pas créé une juridiction qui ne lutte que contre, et spécialement contre,
00:35les trafics de stupéfiants avec des policiers dédiés, avec des procureurs substituts du procureur dédié.
00:41Et ça, ça demande des moyens.
00:43Donc, on a un budget de la justice qui est très faible en France par rapport à nos voisins européens.
00:49Il est à peu près entre 8 et 10 milliards.
00:51Il manque des postes de magistrats, c'est une évidence.
00:54Et tant que vous n'aurez pas des professionnels qui ne feront que ça,
00:57comme les trafiquants de stupéfiants ne font que ça...
00:59Mais ils ne risquent pas d'être menacés, ces professionnels.
01:01Parce qu'on nous parle de mexicanisation au Mexique.
01:04Les juges sont sous la menace, sont sous protection.
01:07Bien sûr, évidemment.
01:08Mais vous croyez quoi ? Ils vont lutter contre le grand banditisme, le banditisme.
01:12Je vous rappelle que le juge Falcone, on a fait sauter 100 mètres d'autoroute, à l'époque, en Italie,
01:16pour se débarrasser de ce type qui luttait contre la mafia.
01:18Mais ce n'est pas pour autant que les Italiens ont baissé les bras et ont arrêté.
01:22Quand vous choisissez d'être magistrat, policier,
01:24dans les métiers qu'on fait, moi aussi, mais t'es arrivé d'être menacé,
01:27ça fait partie des choix que vous faites.
01:29Le magistrat, c'est un choix courageux.
01:30Magistrat, c'est un métier difficile et c'est la lutte pour le pénal,
01:33contre le banditisme, le grand banditisme.
01:35Donc ça implique des moyens.
01:37La police municipale aussi doit être associée à cette lutte.
01:40L'armement de la police municipale n'en déplaise aux esprits faibles de la République.
01:44Bien sûr qu'il faut armer les polices municipales.
01:46Bien sûr qu'il faut associer la police municipale, et notamment dans des villes comme Nîmes,
01:49mais je vois aussi dans des villes tranquilles pour l'instant,
01:52ou paisibles pour l'instant, qui ne le seront plus bientôt.
01:54Nous, on voit à Besançon, il y a une évolution de la délinquance et de la violence,
01:58avec une augmentation très nette de la violence, liée au narcotrafic.
02:02Donc je pense que tant qu'on ne créera pas, au niveau politique,
02:05des juridictions spécialisées,
02:07tant qu'il n'y aura pas un vrai travail fait et des moyens mis,
02:10il a raison, 250 millions d'euros,
02:12vous voyez ce que vous financez comme nombre de magistrats,
02:15d'équipes de policiers et de substituts sur place dans des cellules spécialisées.
02:18Juste une petite chose.
02:19Quand on travaille, par exemple, sur des affaires criminelles très importantes,
02:22on crée des cellules.
02:24L'INA, on a créé une cellule, on travaille que sur l'INA,
02:27jusqu'à ce qu'on ait résolu l'enquête.
02:28Si on ne crée pas des cellules spécialisées,
02:31vous savez le problème des juges d'instruction, je les vois,
02:33c'est qu'ils vont traiter des viols,
02:34ils vont traiter des meurtres,
02:36ils vont traiter des violences,
02:38ils vont traiter des problèmes financiers,
02:40dans des sociétés, des abus de confiance et autres,
02:43et puis, des trafics de stupéfiants.
02:45Et donc, ils vont se retrouver, certains, avec, sur un gros trafic de stupéfiants,
02:4912 heures à consacrer à leur dossier d'instruction sur toute l'année.
02:52Ce n'est pas efficace.
02:53Donc, il faut repenser efficace,
02:54et surtout, il faut repenser plus souple,
02:56et il faut jumeler les systèmes pénaux qui existent
02:59entre l'enquête préliminaire et l'enquête de flagrance,
03:01pour améliorer l'efficacité de l'action des policiers.