Jusqu'au 16 décembre, les avocats de la défense vont se succéder devant la barre du tribunal judiciaire d'Avignon pour une séance de plaidoiries. Beatrice Zavarro, avocate de Dominique Pelicot ouvre les plaidoiries ce mercredi 27 novembre. Justine Chevalier, journaliste police justice BFMTV et Guillaume Richaud, journaliste BFM2 reviennent sur cette affaire
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00:00Tout l'essence de ce dossier. Vous avez à un moment donné un maître en neuropsychiatrie qui vient vous dire que si l'enfant a une mauvaise enfance et qu'il n'est pas derrière choyé, il pourrait être résilient et que là, franchement, il ne l'a pas été.
00:18Et qu'à partir de là, la perversité, la perversion a commencé à naître et qu'elle s'est développée à sa retraite, au déménagement Amazon en 2011, 2013, pardon, et que sa femme a fait tout pour le réconcilier avec son passé et que l'ennui de la retraite a fait que tout est remonté, qu'il n'a jamais été guéri de son passé. Voilà ce que c'est Dominique Pellicot. Jamais guéri de son passé.
00:44Pourquoi avoir souhaité de large passage sur l'autobiographie ?
00:49De large passage sur l'autobiographie parce qu'encore une fois, ça explique beaucoup de choses. J'ai voulu rendre hommage à cette femme d'abord. J'ai voulu rendre hommage à cette femme parce que je crois qu'elle le mérite avant tout. Je crois qu'elle a une qualité de partie civile qu'elle n'a pas choisie, surtout à son âge, que cette qualité de partie civile lui a été imposée par Dominique Pellicot.
01:10Mais je crois que si nous étions restés sur le Dominique Pellicot que je connais, en tout cas celui qui n'est pas né le 2 novembre 2020, il n'y aurait pas eu de dossier. Et qu'à un moment donné, à partir du 2 novembre, on a cette autre Dominique qui vient faire ce qu'on sait. Et ça, elle ne l'a pas choisie.
01:28Donc il était important qu'elle sache que malgré le combat que je mène à ses côtés à lui, à un moment donné, il fallait qu'elle soit compensée dans sa douleur et dans la trahison qu'elle a subie. Donc même si je m'y plaide un combat, même si je mène un combat pour lui, je n'en oublie pas son combat à elle et je la respecte profondément.
01:48Allez, on vous laisse tranquille. Merci. Merci. Merci.
02:18Il n'est pas très fort.
02:20C'est qui qui m'a assommé là ?
02:24Et on se retrouve en direct sur BFM2. On vient d'entendre à l'instant Béatrice Davaro, l'avocate de Dominique Pellicot. En ce moment même, en fait, se tiennent les plaidoiries, le début des plaidoiries.
02:53Nous sommes avec Justine Chevalier, journaliste police-justice chez BFMTV. Concrètement, comment un petit peu s'est déroulée la stratégie de l'avocate de Dominique Pellicot depuis ce début d'audience ?
03:04Alors, l'idée de Béatrice Davaro n'était évidemment pas de dire que son client est innocent et qu'il faut la quitter. Dominique Pellicot, il a reconnu les faits. Il a reconnu les faits dès son interpellation en septembre 2020.
03:16L'idée pour elle, ce qu'elle nous avait confié dans sa plaidoirie, c'était de présenter l'autre visage de Dominique Pellicot, celle que ses proches ont connue jusqu'en 2020, quand il était interpellé, l'homme bienveillant, attentionné, comme l'a décrit Gisèle Pellicot.
03:35Donc l'idée, c'était vraiment de montrer qu'il y a deux Dominique Pellicot, que c'est une personnalité clivée, c'est les psychiatres qui le disent, les experts. Mais l'idée était vraiment de dire que certes, il y a ce Dominique Pellicot pervers, qui est passé à l'acte, qui a commis ses crimes.
03:58Mais elle le demande en toute fin de plaidoirie, je la cite, elle dit, gardez mesdames, Gisèle, Caroline, elle parle là de la fille du couple, gardez en tête ce premier Dominique.
04:09D'accord. On vient de l'entendre, à l'instant, l'avocate a quand même tenu à dire quelques mots à Gisèle Pellicot. Ça c'est quelque chose qu'on voit souvent dans ce genre d'affaires, même si elle reste quand même assez exceptionnelle, pour le coup, ou pas ?
04:25Oui, Béatrice Zavarro, elle l'a rendue hommage à Gisèle Pellicot. C'est même ses premiers, presque ses premiers mots, elle les a pour Gisèle Pellicot, pour la fille du couple, Caroline Darian, pour les belles filles qui sont, elles aussi, partie civile dans le procès.
04:43Dans ces procès aux assises, devant les assises, oui, c'est assez récurrent que la défense rende hommage aux victimes. Là, c'est difficile, en plus, de faire autrement. On a les preuves filmées, les viols ont été filmés, donc c'est difficile de dire que Gisèle Pellicot n'était pas victime.
05:09Après, Béatrice Zavarro, tout au long de l'audience, a été vraiment digne dans sa défense. Elle n'a pas essayé d'accuser Gisèle Pellicot, elle n'a pas essayé de montrer une autre personnalité de Gisèle Pellicot qui aurait pu, finalement, être un peu l'élément déclencheur du passage à l'acte de son mari.
05:30Non, elle est toujours restée très digne dans sa défense, contrairement peut-être à d'autres avocats de la défense, des accusés, des co-accusés de Dominique Pellicot qui, là, ont demandé à Gisèle Pellicot si elle n'était pas finalement un peu alcoolique, si elle n'était pas exhibitionniste. Et Béatrice Zavarro, elle n'est jamais allée sur ce terrain-là.
05:52En plaidant, du coup, le double visage de Dominique Pellicot, le fait qu'il fallait retenir le fait que ce soit un homme commun, est-ce que, là, elle ne donne pas une indication à suivre aux autres avocats, du coup, qui vont donc défendre les 50 autres accusés ?
06:08Béatrice Zavarro, elle est seule dans ce procès. Elle le dit dès le départ, dans sa plaidoirie, elle s'est retrouvée toute seule. Elle est complètement isolée des autres avocats de la défense qui veulent défendre les co-accusés qui mettent en cause Dominique Pellicot, qui disent qu'il nous a manipulés, qu'on a été piégés. Certains disent même qu'ils ont été drogués par Dominique Pellicot.
06:32Et donc, Béatrice Zavarro, elle n'est pas du tout sur la même ligne de défense. Son client, elle le sait coupable. Il reconnaît les faits, évidemment, qu'il va être condamné. Il n'y a aucun doute sur cette condamnation. En revanche, pour les autres, les 50 co-accusés, on sait qu'il y a des avocats qui vont plaider l'acquittement, qui vont dire non, mon client n'avait pas l'intention de violer Madame Pellicot.
07:00Ils ne sont pas venus pour ça. Ils sont venus pour avoir une relation sexuelle dans le cadre d'un jeu libertin. Donc non, ils vont aller sur d'autres terrains de défense, notamment celui de l'attération, du discernement.
07:14On va juste écouter l'avocate qui s'exprime en direct au micro. Et on revient juste dans un petit instant après avoir écouté ce qu'elle nous a dit.
07:23Il est dans Monique. Il pleurait beaucoup. Vous l'avez vu ?
07:31Alors on est un petit peu tard. Ce n'est pas grave, on réécoutera ça tout à l'heure. Autre question, Justine. En demandant cette peine maximale envers Dominique Pellicot, à savoir 20 ans de réclusion,
07:43est-ce qu'on peut imaginer un avant-après de la justice française sur la mise en application des peines, de ce genre de peine ? Un changement en tout cas. Parce qu'on sait qu'il y a un changement de mentalité qui s'opère. Est-ce que ça pourrait être le cas aussi au niveau de la justice ?
07:56La peine de 20 ans de réclusion criminelle pour viol aggravé, c'est la peine maximale. C'est celle qui est prévue dans le code pénal. On sait que les condamnations moyennes pour viol en France sont de 11 ans.
08:11Et finalement, la peine de Dominique Pellicot, ce n'est pas sur celle-ci qu'il faut s'attarder. C'est plutôt sur toutes les autres peines qui ont été requises. Je le rappelle, il y a eu des peines entre 4 ans et 18 ans de prison requise par les deux avocats généraux au terme d'un réquisitoire fleuve de plus de 11 heures.
08:374 ans, ça peut paraître peu, évidemment, mais on parle d'un homme qui, lui, était jugé pour agression sexuelle, qui n'était pas jugé pour viol. C'est par rapport aux faits, aux gestes qu'il a eus envers Gisèle Pellicot.
08:53Donc, lui, il est jugé pour agression sexuelle aggravée. Donc, lui, il en court 7 ans de prison. Les avocats généraux ont requis 4 ans. Ensuite, on a des peines qui montent tout de suite à 10 ans. On a du 10 ans, du 11 ans, beaucoup de 12-13 ans. Et jusqu'à 18 ans, évidemment, pour ces accusés qui sont allés plusieurs fois, jusqu'à 6 fois, chez les Pellicots.
09:21Donc, difficile, dans ce cas-là, de dire qu'il ne savait, qu'il ne savait pas, qu'il n'avait pas l'intention de violer Gisèle Pellicot.
09:27Mais, du coup, ce sont des peines qui sont anormalement élevées ? Parce que moi, je ne connais pas, du coup, cette échelle de peine. Comment est-ce que c'est habituellement ?
09:35Vu la gravité des faits, on parle quand même de faits qui s'étendent sur une période de 10 ans. Alors, chaque accusé, évidemment, est jugé pour les faits qui le concernent. Mais bon, pour quelqu'un qui est allé 6 fois, je pense à un accusé, un jeune accusé, le plus jeune, d'ailleurs, des accusés, lui, il est allé 6 fois sur une période de 5 ans de mémoire.
09:58Donc, lui, compliqué de requérir autre chose qu'une peine proche des 20 ans. Les 20 ans, évidemment, ils ont été requis pour Dominique Pellicot. Il est décrit, lui, comme la clé de voûte du système.
10:16Donc, les avocats généraux ne pouvaient pas requérir la même peine pour les autres accusés. Mais, en tout cas, des peines fortes, sévères. Après, le tribunal n'a pas encore tranché. On ne sait pas ce qui va être, finalement, décidé en toute fin de procès.
10:37Ce sera au cours, du coup, des 2 semaines, à l'issue de ces 2 semaines de défense, de plaidoiries, par exemple.
10:42Là, oui, on va avoir 2 semaines de plaidoiries, donc des avocats de la défense, une quarantaine d'avocats qui vont se succéder. Ensuite, on aura les derniers mots des accusés, le 16 décembre, normalement. Et la cour se retire, ce qu'on appelle, se retire pour délibérer. Et là, ils décident des peines pour chacun des 51 accusés. Et puis, le verdict, voilà, attendu en fin de semaine.
11:06Et, du coup, vis-à-vis de Béatrice Zavarro, elle doit reparler cet après-midi ?
11:09Non, c'est terminé. Béatrice Zavarro, elle a été la première à avoir la parole. Elle n'était pas forcément satisfaite, généralement, parce que la coutume fait que, normalement, ce sont les avocats des accusés pour qui la peine la plus élevée a été demandée qui plaident en dernier.
11:31Là, les avocats de la défense, eux, veulent plaider en dernier. Et notamment, ceux qui veulent plaider l'acquittement veulent avoir un peu le dernier mot, peut-être les mots qu'on retiendra de ces 2 semaines de plaidoiries de défense.
11:46Merci Justine pour toutes ces explications. Et on suivra forcément ce délibéré aux alentours du 16-17 décembre.
11:5219-20.
11:5319-20 décembre. On vous laisse sur ces images et on revient très vite pour un nouveau direct sur BFM2.
12:16Oui, mais après, j'étais juste devant, donc ça va.
12:29Si on peut la refaire.
12:31Moi, je vais essayer de la refaire.
12:32Oui, oui.
12:33Ça te va ?
12:34Oui, avec plaisir.
12:35C'est vrai qu'il y a quelque chose.
12:36C'est vrai qu'il y a quelque chose.
12:38C'est vrai qu'il y a quelque chose.
12:43Juste 2 minutes pour répondre aux questions.
12:46Merci beaucoup.
12:47On était tous un peu battus, en fait, et il y avait beaucoup de monde.
12:51Oui, avec plaisir, bien sûr.
12:53C'est bon, donc ?
12:54Oui, tout à fait.
12:55Merci.
12:58Plaidoiries, Assens, qu'est-ce que vous avez dit aujourd'hui à la barre ?
13:04J'ai voulu dire à Mme Bellicourt que l'homme qu'elle a épousé, ce n'est pas celui qu'il a souillé.
13:08C'est-à-dire qu'on a un homme qui se réconcilie avec son passé quand il épouse cette femme,
13:15qui, selon Boris Cyrulnik, ne peut pas être résilient parce qu'il n'a pas eu un terreau familial constant,
13:23et surtout riche en affection, et qu'à partir du moment où tous ses fantasmes remontent à la surface,
13:31il la souille, il la trahit, il l'humilie.
13:36Comment on comprend un homme comme Dominique Bellicourt ?
13:39Avec un travail de fond terrible sur plusieurs mois, voire années.
13:46On se conditionne tous les deux en se disant qu'on est seul au monde, et après il faut y aller.
13:54Vous avez entendu parler de Dominique Bellicourt, mais vous avez aussi entendu parler des autres accusés ?
14:00Sans les nommer.
14:03C'était volontaire de les inclure dans la pédoirie ?
14:07Oui, parce que je pense très sincèrement que ces hommes ont magnifié Dominique Bellicourt.
14:12Ils ont magnifié Dominique Bellicourt dans sa perversion.
14:15Ils ont fait que cet homme-là puisse continuer à exister et qu'il puisse œuvrer maléfiquement,
14:24mais œuvrer contre Mme Bellicourt.
14:28Votre relation avec M. Bellicourt, vous connaissez bien.
14:33Comment votre relation a-t-elle évolué au cours du procès ?
14:37Au cours du procès ? Pas plus que ce qu'elle existait avant les débats.
14:43J'ai toujours échangé très limpidement avec lui.
14:50Je n'ai pas découvert de nouvelles choses depuis le 2 septembre.
14:54Je pense que ce n'est pas un homme qui, vis-à-vis de moi, a évolué.
14:58C'est un homme qui, en revanche, a évolué intellectuellement parlant,
15:02pour essayer, justement, par l'introspection, d'avancer sur le terrain.
15:10Le fait que vous soyez une femme et pas un homme,
15:14qui, à l'époque, avait beaucoup d'influences féministes ces derniers jours,
15:20ça n'a jamais soulevé les questions ?
15:24Bien sûr que ça en a soulevé.
15:26Pourquoi une femme défendrait un homme pareil ? Bien évidemment.
15:29Et je réponds à chaque fois qu'un avocat n'est pas genré.
15:31Donc un avocat reste un avocat.
15:33Et que si je m'interdis de défendre un homme qui est coupable de violences sexuelles sur une femme,
15:37je m'interdis de défendre d'une femme un infanticide ou autre infraction
15:42qui sont purement féminines.
15:44L'infanticide, en définition, en général, ce n'est pas forcément un homme,
15:47c'est plus une femme.
15:49Je ne peux pas m'interdire d'aller dans cette défense-là,
15:54parce que je suis une femme.
16:06Je suis l'avocat d'un homme qu'on peut surnommer être un monstre ou un diable,
16:09mais pour autant, je reste l'avocat d'un homme.
16:14Merci.
16:17Merci.