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Imaginez que dans les eaux très froides du Groenland, se cache un prédateur peut-être aussi vieux que Napoléon. Mais comment est-ce possible et quel est son secret ? C'est ce que Lucas a voulu savoir pour ce nouvel épisode des docs nature.

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Animaux
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00:00Imaginez que dans ces eaux très froides se cache peut-être à quelques centaines de mètres un prédateur bien plus vieux que vous.
00:05Un prédateur si vieux qu'il a non seulement traversé les deux guerres mondiales, mais qu'il aurait aussi pu connaître Napoléon,
00:10voire Louis XIV, ou même des figures historiques bien plus vieilles.
00:12Alors, quel est son secret ?
00:14Salut et bienvenue dans ce nouvel épisode des Doc Nature.
00:16Il y a quelques temps, on me transfère ce court mail.
00:18Dedans, son auteur dit vouloir lancer une expédition de plongée polaire, ce qui est déjà assez peu commun,
00:23mais surtout ce serait à la recherche du requin du Groenland.
00:26Ce requin, très peu de personnes ont pu le voir évoluer librement dans son milieu naturel.
00:30C'est un animal à part et mystérieux qui me fascine depuis que j'ai le découvert il y a quelques années.
00:34Vous verrez, il pourrait vivre plus de 500 ans, soit environ 4 fois plus longtemps que l'être humain qui a vécu le plus longtemps, Jeanne Calment.
00:39C'est le requin qui vit le plus longtemps sur Terre, et même en comparaison à d'autres espèces autres que le requin, c'est considérable.
00:46Cette expédition, elle m'a donné envie de creuser.
00:48Comment fait ce mystérieux requin pour vivre beaucoup plus longtemps que nous ?
00:51Pourquoi cette résistance aux années pourrait se retourner contre lui ? Je vous explique.
00:56On est sur le point de réaliser des plongées polaires et on va espérer donc de voir le requin du Groenland.
01:03Cette expédition sur les traces de cet incroyable prédateur, elle commence au Groenland et plus précisément ici sur les côtes glacées d'Illoulissat.
01:12L'objectif de ces plongeurs, c'est de redescendre le territoire de ce requin qui peut sembler insupportable.
01:17Dans ce milieu extrême, ils veulent plonger pour tenter de capturer des images du requin qui évolue librement, ce qui est très très rare.
01:22Et c'est des environnements où très peu de personnes ont pu s'aventurer, ne serait-ce qu'en surface, alors en profondeur, c'est encore moins le cas.
01:28Cette expédition, je vais vous la faire vivre à travers des images que je trouve magnifiques.
01:31Alors je ne vais pas maintenir un faux suspense, ils n'ont pas vu le requin.
01:34Mais plusieurs étapes de cette expédition ont permis de creuser le requin.
01:37La première étape, c'est d'aller à l'intérieur du requin.
01:39C'est là qu'on va voir le requin.
01:42Alors je ne vais pas maintenir un faux suspense, ils n'ont pas vu le requin.
01:45Mais plusieurs étapes de cette expédition ont permis de creuser plusieurs de ses secrets.
01:48Qu'est-ce qui lui permet de vivre aussi longtemps, et pourquoi malgré ça, il ne serait pas si invincible que ça.
01:52Pour comprendre à quel point cet animal fascine, il faut déjà se plonger dans sa résistance au temps absolument hors du commun.
01:59Ça va faire à peu près une semaine qu'on est en tente et en packraft.
02:04On a exploré une partie de la baie.
02:07Laissant un temps à avancer l'expédition pour se concentrer sur ses images.
02:11Voici le requin du Groenland.
02:13Il a une physique assez particulière avec des sortes de petites tâches
02:17qui donnent déjà un aspect un peu vieux.
02:19On peut voir sur certaines images qu'il n'a pas beaucoup de poids.
02:22C'est particulier avec des sortes de petites tâches qui donnent déjà un aspect un peu vieux.
02:27On peut voir sur certaines images qu'il a une sorte de filament qui sort de l'oeil en fait.
02:31C'est un copépode qui fait de l'ordre de quelques dizaines de millimètres.
02:35Et ce paradis va en fait s'accrocher à son oeil, ce qui va le rendre partiellement voire totalement aveugle.
02:40Ces mystérieux requins, ils semblent à part par rapport aux nombreuses autres espèces de requins.
02:44Alors ils ont bien des ailes rondes et des rangs de dents très tranchantes,
02:47mais ils se distinguent déjà par leur taille.
02:49Ils sont généralement entre 3 et 5 mètres et peuvent atteindre près de 7 mètres.
02:52Ça veut dire mesurer jusqu'à 3 ou 4 fois ma taille.
02:54Et l'autre aspect absolument fascinant, c'est bien sûr leur longévité exceptionnelle.
02:58En 2016, un scientifique danois tente d'estimer l'âge de plusieurs requins morts à l'aide de la datation au carbone 14.
03:04Résultat, selon ces mesures, la plus grande des femelles aurait entre 272 et 512 ans.
03:09Comparons à l'être humain qui a vécu le plus longtemps, Jeanne Calment, morte en août 1997 à l'âge de 122 ans.
03:16Ce requin aurait donc vécu entre 2 et 5 fois plus longtemps qu'elle.
03:19C'est bien plus que les 177 ans atteints en captivité des tortues géantes des Kalapakos,
03:23mais aussi que les 200 ans que peut atteindre la baleine boréale.
03:26Au-delà des requins, c'est le vertébré qui a la plus longue espérance de vie.
03:29Au-delà de lui, il va y avoir uniquement des mollusques comme la palourde qui peut vivre jusqu'à 500 ans,
03:34ou certaines espèces de méduses par exemple, qui peuvent même être considérées comme immortelles,
03:38mais ce ne sont que des suppositions.
03:40On va prendre un dernier exemple que je trouve assez fascinant pour se rendre compte ce que ça veut dire réellement.
03:44Imaginons un requin qu'on croiserait aujourd'hui.
03:46Si on prend la fourchette d'âge haute, plus incertaine,
03:48ça voudrait dire qu'il naît en 1512, quand les Européens commencent à peine à coloniser l'Amérique.
03:52Et même si on prend la fourchette basse, donc un requin d'un peu moins de 300 ans,
03:56ça veut dire qu'il serait né vers 1750.
03:58Et donc il connaît de nombreux événements historiques qui me paraissent super lointains,
04:01comme la Commune de Paris, l'abolition de l'esclavage, le sac de Napoléon, la Révolution Française,
04:06et même l'époque où la France était encore un royaume.
04:08Bon, quand je dis connu, on est d'accord, ça veut pas dire que Napoléon lui a serré l'aileron,
04:11ça veut dire qu'il vivait à la même époque.
04:13Il a vu, entre guillemets, de certaines inventions aussi.
04:15Les ampoules, les premières voitures...
04:17Cette longévité, ça veut aussi dire que si l'on en croise un,
04:20il a non seulement probablement déjà vécu beaucoup plus que nous,
04:23mais qu'il pourrait aussi encore vivre plusieurs siècles après.
04:25Je trouve ça assez incroyable.
04:26Alors, quel est son secret ?
04:27Pendant très longtemps, on a su très très peu sur ces animaux,
04:29difficiles à observer dans leur milieu naturel.
04:31Revenons donc à l'expédition.
04:33Elle s'appelle Ananta 2, elle se compose de deux plongeurs et d'un biologiste marin.
04:38Sur place, ils ont recueilli beaucoup d'images de cet environnement
04:41et aussi plein d'informations sur ces requins.
04:43Alors, essayons de creuser, comment fait-il pour vivre aussi longtemps
04:46et est-ce que ça peut nous servir à nous, les humains ?
04:52Ça, c'est en gros la zone où on pense que vivent les requins du Groenland
04:55à partir des observations qui ont pu être faites jusqu'à aujourd'hui.
04:57On retrouve une petite partie des côtes nord-américaines et européennes
05:00et puis tout le contour du Groenland.
05:03On est en train de se diriger dans les fjords
05:07et on peut voir un petit iceberg juste entre les deux îles.
05:11Pour trouver ce requin, les plongeurs de l'expédition Ananta 2
05:14se frayent d'abord un chemin dans ce type de kayak gonflable
05:16sur plusieurs dizaines de kilomètres.
05:18Puis, ils parcourent plus de 600 kilomètres en voilier,
05:20explorent certains fjords et descendent jusqu'à Nuuk, la capitale du Groenland.
05:24Le long de ce parcours, ils s'immergent à plusieurs reprises
05:26au cœur de ces eaux très particulières où peut vivre ce requin.
05:29Le requin du Groenland, il va privilégier des zones où l'eau est froide.
05:33Actuellement, elle est entre 3 et 4 degrés.
05:35Ça peut descendre jusqu'à moins 1,8 sur les périodes hivernales.
05:39Ce qui est facile, c'est d'être au milieu de nulle part
05:43et de se dire qu'à quelques centaines de mètres,
05:45il y a cette espèce qui est peut-être par là.
05:47On va faire une petite pause parce que peut-être qu'arrivés là,
05:49vous vous demandez à quel point ce requin est dangereux pour les humains.
05:52J'ai trouvé une base de données qui recense les incidents connus au Canada.
05:55Alors si on ne peut pas totalement écarter l'absence de risque,
05:58depuis plus d'un siècle, cette base ne recense que 4 incidents confirmés
06:01et aucun cas de blessure ou de mortalité.
06:04Alors reprenons.
06:05Ce que je trouve intéressant avec cette expédition,
06:07c'est qu'elle permet vraiment de visualiser le type d'environnement
06:09dans lequel peut vivre ce requin pendant plusieurs siècles.
06:13Ces plongées en milieu polaire, elles sont vraiment uniques.
06:16On a les icebergs qui sont souvent à côté de nous.
06:19On imagine des mastodontes en surface
06:22et on n'imagine pas finalement qu'en profondeur,
06:24c'est le double, le triple, parfois même le quadruple.
06:28Il y a beaucoup de plankton et il y a beaucoup de méduses aussi.
06:32Même si on est très bien habillé, on a des combinaisons étanches,
06:35mais il y a quand même un froid qui est constant
06:38et qui est vraiment réparti sur l'ensemble du corps
06:41et même si on est en forme, même si on est préparé, ça pique.
06:45Cet environnement justement serait un premier élément
06:47qui pourrait expliquer cette longévité incroyable.
06:49C'est une espèce qui est très lente
06:51et qui va être en adéquation avec le milieu froid.
06:54Donc il va avoir tout un métabolisme qui va être ralenti.
06:57Sa fréquence cardiaque est très lente
06:59et de nombreuses études tendraient à montrer
07:02que ce métabolisme lent aurait des effets sur sa longévité.
07:05Sa vitesse de croisière, ce serait un peu moins de 4 km heure,
07:08même si des vitesses plus élevées ont déjà été observées.
07:10En plus de ce métabolisme spécifique,
07:12son lieu de vie accueille peu de prédateurs.
07:14Le requin du Groenland, il peut remonter à quelques dizaines d'heures
07:17sous la surface, mais il passe aussi du temps
07:19à beaucoup plus grande profondeur,
07:21à plusieurs centaines de mètres, voire kilomètres sous la surface.
07:26C'est le morceau de foc qu'on a récupéré.
07:28C'est notre cher petit requin.
07:34Là, ça va surtout servir à diffuser,
07:36notamment le temps de la descente.
07:38Et le gros morceau servira vraiment à tirer une fois au fond.
07:42Nous avons décidé de mettre en place un dispositif
07:45qui s'appelle un BRUV.
07:47Donc ça permet de pouvoir l'appâter et l'observer
07:50sans pour autant avoir besoin de le pêcher.
07:52Et de pouvoir descendre à des profondeurs considérables
07:55sans avoir les risques de plonger non plus.
07:57C'est un milieu qui va être très sombre
07:59et c'est des environnements où très peu de personnes
08:02ont pu s'aventurer.
08:03Cette méthode d'observation, j'ai vu qu'elle était utilisée
08:05par plusieurs scientifiques à travers le monde
08:07et qu'elle est considérée comme non-invasive
08:09dans ce document co-rédigé par l'Office français de la biodiversité.
08:12Alors certains autres animaux des profondeurs,
08:14comme ce poisson, le sébaste, peuvent dépasser les 100 ans.
08:17Mais ce n'est pas le cas de tous les animaux
08:18qui vivent dans ces environnements
08:20et rares sont ceux qui atteignent une longévité aussi hors-norme
08:22que celle du requin du Groenland.
08:24Ça, ça veut dire que l'environnement n'explique pas tout.
08:26Ce requin ultra vieux, quelques autres plongeurs
08:28ont eu la chance de l'observer
08:29et de plus en plus de scientifiques tentent de percer
08:31les autres secrets qui pourraient expliquer sa longévité.
08:34En s'intéressant par exemple aux cellules de son cœur,
08:36aux enzymes de ses muscles,
08:37ou encore aux gènes de son ADN ou à son ARN.
08:40J'avoue que ce sont des études très techniques.
08:42En gros, ce que j'en retiens, c'est que les cellules du cœur,
08:44tout comme les enzymes des muscles,
08:45semblent beaucoup plus résistantes au vieillissement
08:47que de nombreuses espèces, dont l'humain.
08:49Et du côté de ces gènes, le requin du Groenland
08:51pourrait notamment compter sur ses protections contre les tumeurs,
08:54plus développées que chez d'autres espèces de requins comme celle-ci.
08:57Mais aussi d'autres mécanismes qui permettraient en quelque sorte
08:59de réparer des dommages de l'ADN.
09:00C'est ce que suggèrent les premiers résultats
09:02de cette étude de 2024, encore non publiée.
09:05Ça semble multifactoriel et pour le coup,
09:07on n'a pas encore toutes les réponses
09:09à toutes les questions sur cette longévité.
09:11C'est là aussi qu'il y a un intérêt d'étude sur cette espèce.
09:14Aucun cancer n'a été découvert chez cette espèce.
09:17Et donc des études sont menées pour créer des traitements chez l'homme.
09:21Mais à titre personnel, une part de moi est fasciné
09:24par ses avancées, par ses études.
09:27Mais ça reste un point difficile à mesurer.
09:30Essayer de ne pas franchir cette limite
09:32d'exploiter l'espèce pour, une fois de plus,
09:35l'intérêt de l'homme.
09:36Vivre aussi longtemps, ça paraît comme une incroyable force,
09:38mais ça peut aussi se retourner contre lui.
09:46Il est très important de récolter
09:48le plus d'informations possible sur ces populations,
09:50car c'est une espèce qui est vulnérable
09:52de par sa longévité.
09:54Sur la liste rouge de l'Union pour la conservation de la nature,
09:57ce requin est classé comme vulnérable.
09:59Je me suis demandé pourquoi un animal qui est un super prédateur,
10:02qui vit dans un endroit qui paraît si peu accessible
10:04et qui résiste si bien au vieillissement,
10:06peut être considéré comme vulnérable.
10:18C'est une variété particulière au Groenland,
10:20ça varie de 50, 60 à 500 kg.
10:24Aujourd'hui encore, il existe certains cas
10:26où ce requin est utilisé pour nourrir des chiens
10:28ou des humains, comme en Islande par exemple.
10:30Mais c'est loin d'être massif et c'est pas du tout
10:32la menace principale sur cette espèce.
10:34Pour en comprendre, revenons à l'expédition à Nantade.
10:36Durant ce périple, ces membres recueillent aussi
10:38le témoignage de pêcheurs groenlandais.
10:40On a eu des pêcheurs qui nous ont
10:42renseigné sur le fait qu'ils aient vu et pêché
10:44des requins. De leur témoignage, c'est des prises
10:46dites accessoires.
10:48Donc ils sont pas volontaires, souvent dans la pêche
10:50à la crevette par exemple, mais ils sont
10:52remontés généralement morts.
10:54On a eu aussi également des témoignages
10:56de pêcheurs, nous informons
10:58que même s'ils étaient pas morts, ils les tuaient.
11:00Parce que c'était des espèces qui leur
11:02cassaient les filets.
11:04En 2019, environ 3500
11:06requins sont ainsi pris chaque année dans des filets
11:08de pêcheurs qui cherchent d'autres poissons
11:10selon l'union pour la conservation de la nature.
11:12Mais le nombre de requins pêchés, il a déjà été
11:14beaucoup plus élevé, petit retour
11:16dans le passé. Nous sommes dans les années 1800
11:18et de plus en plus de lampes à huile sont
11:20utilisées pour éclairer les villes qui se développent.
11:22Le Groenland, la Norvège et d'autres pays
11:24se mettent alors à pêcher de plus en plus massivement
11:26le requin du Groenland pour récupérer
11:28son huile de foie. Selon ce graphique,
11:30le nombre de requins capturés pour leur huile
11:32augmenterait fortement jusqu'à atteindre un pic
11:34estimé à 58 000 individus pêchés
11:36par an autour de 1948.
11:38Avec l'abandon de ces lampes notamment,
11:40le nombre de captures de requins a fini par baisser
11:42drastiquement et ce sont aujourd'hui principalement
11:44ces prises accessoires dont on a parlé.
11:46Retour en 2024. L'importante pêche
11:48historique, elle pourrait n'avoir qu'un impact limité
11:50sur une espèce qui par exemple se reproduirait
11:52vite. Mais chez le requin du Groenland, le fait de pouvoir
11:54vivre très vieux est associé à une croissance
11:56très longue. Il grandirait de moins d'un
11:58centimètre par an et pourrait se reproduire
12:00qu'une fois atteint un âge assez avancé.
12:02Pour une femelle, il faudra attendre environ 150 ans
12:04pour qu'elle puisse se reproduire selon ses études.
12:06Ok, mais comment ça, ça peut impacter la
12:08survie de l'espèce ? C'est-à-dire que
12:10un pêcheur qui va pêcher
12:12un requin, il a
12:14potentiellement de grandes chances
12:16qu'il n'ait pas encore 150 ans. Et si c'est
12:18pas le cas, ça veut dire qu'il n'aura pas pu se reproduire.
12:20Le fait de vivre longtemps, ça ne
12:22lui permet pas d'avoir une dégénération
12:24régulière. Cette estimation montre
12:26qu'avec des générations de 150 ans,
12:28l'espèce pourrait être proche de l'extinction.
12:30Mais si on fait le même calcul avec
12:32un nombre de petits par femelle plus élevé ou
12:34une durée de génération plus faible ou plus grande,
12:36on peut trouver des résultats très différents.
12:38Plusieurs hypothèses conduisent à des déclins,
12:40mais il est très difficile de savoir précisément
12:42combien il en reste aujourd'hui. Et ça, ça veut dire
12:44qu'on ne peut pas savoir non plus combien on peut en tuer chaque
12:46année sans menacer l'espèce de disparition
12:48totale. Et c'est un problème qui récurre
12:50chez tous les élastombranches et
12:52également chez les raies. L'idéal,
12:54ça serait de ne pas pêcher d'individus
12:56qui n'ont pas eu le temps de renouveler leur
12:58population. Ce requin, comme de nombreux autres,
13:00il pourrait avoir un rôle important dans la bonne
13:02santé des écosystèmes marins. Et pour
13:04ce prédateur habitué depuis des centaines d'années à ses
13:06eaux froides, une autre menace se profile,
13:08le réchauffement climatique. L'expédition
13:10Anonta 2 a notamment pu constater certains
13:12symptômes de ce réchauffement, par exemple
13:14ici. J'ai posé mon camp
13:16juste face du glacier où on a été
13:18cet après-midi et
13:20on entend vraiment le bruit de
13:22la glace s'écrouler dans la mer.
13:24Ça nous rappelle aussi que les glaciers,
13:26ils reculent de plus en plus chaque année.
13:28On voit vraiment la démarcation
13:30du recul
13:32du glacier qui était présent
13:34peut-être un kilomètre plus
13:36en avance dans le fjord.
13:38Donc c'est assez impressionnant
13:40de voir ça aussi directement.
13:46Le changement climatique
13:48qui réchauffe l'eau va avoir
13:50potentiellement un très gros impact sur cette espèce
13:52qui ne pourra pas nécessairement migrer
13:54vers d'autres endroits
13:56car les zones où elle se trouve
13:58sont déjà des zones à
14:00très faible température d'eau.
14:02D'où l'intérêt de continuer à étudier cette espèce
14:04pour la comprendre
14:06et essayer de la préserver au maximum.
14:08Plusieurs chercheurs et l'Union pour la conservation de la nature
14:10demandent des mesures pour le protéger
14:12notamment en tentant de réduire les captures
14:14accessoires de la pêche, mais aussi en continuant
14:16les recherches pour tenter de mieux connaître ce requin
14:18et l'état actuel de ses populations.
14:20Après cette expédition test, ces plongeurs veulent
14:22continuer à développer leur technique d'observation
14:24mais aussi une autre méthode, l'analyse d'ADN environnementale.
14:26C'est une expédition
14:28où on va tester notre matériel
14:30et les limites de notre matériel
14:32pour pouvoir derrière faire évoluer
14:34les protocoles qu'on va mettre en place
14:36dans les prochaines années.
14:38Le fait de ne pas l'observer ne nous dit pas
14:40qu'il n'est pas là
14:42et ne nous dit pas non plus qu'il ne remonte pas en surface
14:44dans ces zones là.
14:46Donc au moment T, il n'était pas présent.
14:48Mais c'est là aussi que rentrerait en jeu
14:50l'ADN environnemental.
14:52C'est une technique
14:54qui permet d'affirmer
14:56que l'espèce s'est passée
14:58du moins dans la zone, parce que
15:00les traces d'ADN restent
15:02une certaine durée
15:04dans l'environnement,
15:06surtout dans le froid.
15:08Notre objectif est d'avoir
15:10le moins d'impact possible, que ce soit
15:12environnemental ou pour l'espèce,
15:14tout en récoltant le maximum d'informations.
15:16Mais ça reste un travail
15:18de longue haleine.
15:20J'espère que cet épisode sur les requins
15:22vous aura intéressé. N'hésitez pas
15:24à ajouter des informations ou à dire ce que vous avez
15:26pensé de la vidéo dans les commentaires.
15:28Selon cet article du Monde, pêcher ses requins pour les étudier
15:30peut poser des questions éthiques
15:32selon la technique utilisée. Je vous mets le lien
15:34sur la vidéo YouTube pour en savoir plus.
15:36Même si mieux les connaître peut aussi permettre de mieux les conserver.
15:38En complément, voici autre chose que j'ai appris
15:40sur l'expédition. Ça reste une pratique extrême
15:42que tout le monde
15:44ne peut pas effectuer.
15:46Il faut être préparé aussi bien
15:48à la plongée en elle-même
15:50qu'au froid,
15:52qu'à la quête
15:54de potentielles rencontres.
15:56Le but c'est d'avoir un comportement
15:58adéquat qui
16:00va limiter les risques
16:02pour le requin
16:04et pour le plongeur.
16:06Même si ce n'est pas une espèce qui va
16:08avoir tendance à être agressive,
16:10elle peut avoir un comportement
16:12de défense si elle se sent menacée.
16:14Merci aux participants de l'expédition Ananta 2
16:16pour les images qu'ils nous ont fournies.
16:18Et merci à toutes les personnes de Brut qui ont participé à cette vidéo.
16:20Et nous on se retrouve dimanche prochain dès 10h
16:22pour un nouvel épisode des Doc Nature.

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