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"On n'est pas du tout des pongistes professionnels, hein ! Mais l'idée, c’était d'avoir un objectif aussi de sortir de ce marasme un peu."
En 2017, Rémy apprend qu’il est atteint de la maladie de Parkinson. Une maladie qui lui provoque des tremblements et des douleurs musculaires. Alors pour la combattre, il a découvert le ping parkinson. On l’a rencontré lors du championnat du monde avec ses collègues de l'ACBB Boulogne-Billancourt.

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Transcription
00:00Longtemps, je disais que chaque balle, c'était une balle contre Parkinson.
00:05C'est un message un peu collectif, inconscient, en fait, je trouve.
00:09Un !
00:09C'est drôle !
00:10Un !
00:10Mais qu'est-ce qu'il y a dans la balle ?
00:11Deux !
00:12Deux !
00:12On change de sens !
00:13Deux !
00:14Deux !
00:14Mon histoire de Parkinson, en fait, ça démarre en 2017,
00:19parce que je travaille mon instrument, comme tous les instrumentistes,
00:23et puis j'arrive sur ce genre d'exercice, quoi.
00:30...
00:35Puis à un moment donné, je sens que le doigt se bloque ici.
00:38...
00:41Je n'y arrivais pas, ça bloquait.
00:43Et donc je vais voir le médecin, qui me guide vers un neurologue,
00:46et en dix minutes, il me diagnostique Parkinson.
00:49Et donc j'ai reparti avec mes petits médicaments,
00:51on m'a expliqué que j'avais la maladie depuis dix ans,
00:54je me suis rendu compte que pourquoi je boitais un peu,
00:58et puis j'avais des douleurs dans le dos, etc.
01:00Donc on se demande d'où ça vient et en fait ça venait de là.
01:03Sinon mes symptômes c'est, voilà, il y a des douleurs,
01:06il y a des raideurs et de la lenteur.
01:08Mais c'est assez désagréable.
01:11Et puis aussi des confusions,
01:12quand on a deux choses à faire en même temps,
01:14ou l'une après l'autre, fin.
01:15Voilà, c'est pour ça que le ping-pong c'est quand même très bon,
01:18parce que ça oblige à s'organiser, à organiser ses gestes, etc.
01:24Moi je sens beaucoup plus de facilité dans mon corps
01:29quand je joue au ping-pong.
01:31Pendant deux mois j'ai été en vacances,
01:34j'ai pas fait de ping-pong,
01:35j'avais du mal à écrire de nouveau,
01:37du mal à articuler,
01:40parce que j'avais pas eu de pire, parce qu'on est un peu addicts.
01:43Mais surtout d'abord on se relâche,
01:45on prépare le saut.
01:48C'est un combat contre la raideur.
01:52Ils sont raides, ils ont un handicap qui est physique avant tout.
01:56Après, plus la maladie avance, plus il y a un côté psychique qui vient,
02:00parce qu'en fait le côté physique se dégrade, les deux sont liés.
02:03Donc on va essayer de remettre en place
02:05les connexions nerveuses entre le cerveau, la moelle épinière et les membres
02:09qui ont été perdues.
02:11Parce que la maladie de Parkinson, c'est une maladie qui ronge ses connexions
02:15entre le cerveau et la moelle épinière,
02:17et donc qui enlève le fait que j'attrape une balle quand elle arrive ici,
02:21ou je m'écarte quand elle vient sur moi.
02:22Je dis que le ping-pong, par contre, il a une dimension psychologique,
02:25la notion d'effet, la notion de trajectoire, la notion de déplacement.
02:29Il y a énormément de travail pour le cerveau.
02:31C'est un sport très complet,
02:33qui est pas non seulement physique, mais aussi cérébral,
02:37va permettre de progresser et de combattre la maladie au mieux.
02:42Chaque matin, je mets une demi-heure, trois quarts d'heure
02:45pour retrouver le coup droit.
02:47Je jouais pas au tennis de table.
02:49Un jour, j'ai vu une petite affiche, une petite publicité.
02:52En tout cas, c'était bon pour la maladie de Parkinson de jouer au tennis de table.
02:56Je m'étais un peu terré, j'avoue que je m'étais un peu caché de cette maladie.
03:02Je voulais pas que ça se sache, sûrement pas.
03:04À peine mes proches l'ont su pendant trois ans.
03:07Parce qu'on redoute complètement le regard de l'autre.
03:10On se sent déformé, on commence à boiter,
03:13on commence à avoir du mal.
03:16C'est pas évident. Encore aujourd'hui, c'est pas évident.
03:20Tu rentres chez toi et t'es pas bien.
03:22T'as toute ta famille qui est là et t'as pas envie de montrer.
03:26T'as pas envie de montrer, tu t'affaiblis en fait.
03:29C'est dur de montrer ses faiblesses.
03:31On n'est pas du tout des épongistes professionnels.
03:35Mais l'idée, c'était d'avoir un objectif,
03:38aussi de sortir de ce marasme un peu.
03:41Tu rentres dans une espèce de monde.
03:44Tu sais pas ce qui va t'arriver.
03:46Tu sais pas si le lendemain, tu vas pouvoir marcher.
03:48Donc moi, je me bats comme ça, avec le tennis de table.
03:51Et en plus, je suis quelqu'un d'assez passionné à la base.
03:54Donc ça m'a permis de transposer ma passion de la musique,
04:01faire le tennis de table.
04:04C'est un grand gamin. C'est un grand enfant.
04:07Il adore jouer. C'est un joueur.
04:09Lui, il veut du jeu. Il veut sentir que ça l'amuse.
04:12Il veut voir les résultats tout, tout de suite.
04:14Entre nous, on n'a pas besoin d'ice-breaking.
04:17C'est-à-dire qu'on sait tout à fait ce qui nous arrive.
04:19Donc les gens qui connaissent pas, ils osent pas trop poser de questions non plus.
04:22Par pudeur aussi, je sais pas.
04:24On le cache moins, et puis on a du mal à le cacher.
04:27Quand t'es dans les magasins, tu commences à déposer ton caddie.
04:31Puis la caissière te dit, est-ce que vous voulez que je vous aide ?
04:35C'est juste un signe, quoi. C'est juste un signe.
04:38C'est juste un signe.
04:43Dans le métro, plus je tremble, plus je tiens la barre fort pour pas trembler.
04:47À un moment donné, je me dis, va falloir que je la lâche quand même.
04:51C'est rigolo parce que n'importe quelle fille de 12 ans de n'importe quel club nous bat
04:55et on va au championnat du monde.
04:57Il y a un décalage énorme.
04:59Non, mais c'est pour rencontrer des gens du monde entier.
05:01C'est ça qui est sympa.
05:03Et puis voir, échanger et se prendre au jeu.
05:09Allez, vas-y !
05:11Alors aujourd'hui, on est à Mézières-les-Messes
05:13pour le championnat du monde de ping-pong de Parkinson
05:16et pour regarder Rémi.
05:18C'est un peu son moyen de contrer la maladie et de se battre fort.
05:22Alors c'est important d'aller l'encourager, le soutenir dans son combat.
05:26C'est vrai qu'il y avait toute une phase de déni dans laquelle il a été plutôt passif.
05:30Et quand il a commencé à vouloir jouer, c'est quand il s'est rendu compte
05:34que ça lui a permis de s'exprimer.
05:36Et vis-à-vis des autres, forcément, c'était public.
05:39Donc la maladie est devenue officielle.
05:41Et ça lui a permis aussi de mieux l'assumer, de mieux s'assumer.
05:44Il est vachement fier.
05:46Alors, c'était comment ?
05:48Alors là, je ne suis pas bien du tout.
05:50Mais bon, ça va passer quand même.
05:52Là, c'est l'heure. Je dois prendre ma dose.
05:54En fait, je me drogue.
05:56Et ça, je dois le faire 4 à 5 fois par jour.
06:00Donc là, c'est le moment magique.
06:02En général, je ne rate pas.
06:04Là, je reste tendu.
06:06Et voilà, c'est un peu...
06:08Je me bagarre plus avec moi-même qu'avec l'adversaire, finalement.
06:11Je suis crispé. Il faut que je me détende.
06:14Il faut que je libère mon jeu.
06:16Ça, c'est difficile à dire. T'aurais une idée ? Tu vois pourquoi ?
06:19Parce qu'il a un titre.
06:21L'année dernière, c'était un challenger.
06:24Cette année, il y a qu'un titre.
06:26Mon petit père.

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