• il y a 2 ans
"C'est des climats qui sont possibles dans une trentaine d'années en France métropolitaine…"

Ces climats extrêmes, ce sont ceux que l'on trouve actuellement en Laponie… et dans le désert saoudien. C'est là que notre journaliste Mina Soundiram a suivi l'expédition Deep Climate.

Merci aux membres de l'expédition de recherche scientifique, conçue et dirigée par Christian Clot et le Human Adaptation Institute, de nous avoir permis de les suivre.

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Transcription
00:00Il faut accepter d'avoir chaud, il faut accepter d'avoir froid.
00:05À ces températures-là, c'est un vrai sauna.
00:09Au niveau des efforts physiques aussi, c'est quand même assez dur.
00:12C'est un peu le niveau au-dessus, quoi.
00:16J'ai suivi l'expédition Deep Climate.
00:18C'est mené par le chercheur-explorateur Christian Clot.
00:21Il a emmené avec lui 20 climatonautes
00:23qui ont accepté de participer à une expérience dans des climats extrêmes.
00:27Quand on voit le mur de sable arriver au loin,
00:29on se dit qu'on n'a que 5 minutes, voire 10 minutes pour réagir,
00:32mais pas beaucoup plus.
00:33Il y a eu trois expéditions de 40 jours.
00:35La première, c'était en forêt équatoriale, en Guyane.
00:38La seconde, c'était en Laponie septentrionale.
00:41Et la troisième, c'est ici, dans le désert du Nefo, en Arabie Saoudite,
00:44sous une chaleur caniculaire.
00:46Il est 15h et il fait 45 degrés.
00:48Les climats qu'on a choisis,
00:49ce sont des climats qui sont potentiellement possibles dans le futur,
00:52dans une trentaine d'années, en France métropolitaine.
00:54Surtout, ce qu'on va vivre, c'est plus de changements rapides,
00:57plus d'ouragans, plus de tempêtes.
00:59Et ça, c'est ce qu'on expérimente aussi
01:00en ayant une succession de milieux dans lesquels on travaille.
01:02Pourquoi 40 jours ?
01:0440 jours, c'est un cycle de transformation.
01:06On pense qu'il faut 36, 37 jours à un humain
01:08pour transformer son concept mental et physiologique,
01:12pour s'adapter finalement à des nouvelles conditions.
01:15La progression, c'était environ 5h, 5h30,
01:19jusqu'à 9h, 10h, grand grand max.
01:23Et le 10h, en fait, on s'arrête parce qu'il fait trop chaud.
01:26Donc, on commence à monter les tartes.
01:28Et tu sais que de 9h30 jusqu'à 17h,
01:31tu ne bouges plus parce qu'il fait trop chaud.
01:34Tu montes le camp, il est 19h30,
01:37tu manges et puis tu vas te coucher.
01:39T'as des tests scientifiques à faire aussi dans ta tente.
01:42Tu fais un brin de toilette aussi.
01:44Exactement.
01:45Voilà, parce que c'est toujours à grâce de structures.
01:48Il y avait des soirs où on avait vraiment pas mal de protocoles scientifiques.
01:51On pouvait en avoir 2, 3, 4.
01:53Et du coup, ça prend vite du temps et il faut quand même mettre un peu à l'aise
01:56pour vraiment les faire correctement.
01:57Et après, une fois tous les 4 ou 5 jours,
01:59on a ce que disaient Tiffany les journées sciences
02:01où là, on fait la science du matin.
02:03Donc, c'est la glycémie, l'oxymètre, la tension.
02:07Si oui ou non, il y a des effets par rapport au milieu.
02:10En fait, on n'a aucune idée aujourd'hui du réel impact d'un climat sur l'humain
02:14en termes physiologiques, mais plus encore en termes mentaux, cognitifs.
02:19Quelle est la transformation du cerveau ?
02:21Quelle est la perception sensorielle et émotionnelle d'un nouveau climat ?
02:24Et donc là, on voulait travailler vraiment en ayant des protocoles identiques
02:28dans chaque milieu pour essayer de répondre à cette question.
02:30Finalement, y a-t-il vraiment un type de climat plus facile ou moins facile
02:34pour l'humain de manière générale à s'adapter ?
02:36On a tous cette idée que moi, je supporte mieux le froid.
02:39Moi, je supporte mieux le chaud.
02:40Mais est-ce que c'est une réalité physiologique et cognitive
02:42ou est-ce que c'est une perception de l'humain ?
02:45Là, c'est de la nourriture qui est toute dure en fait.
02:48C'est des petites pâtes pas cuites encore.
02:51Et de la petite poudre qui va être en fait ce fromage qui va fondre.
02:55Ok, donc mac and cheese.
02:59Là, comme ça, ça donne pas envie.
03:07Ça va ?
03:08Ça passe.
03:10On avait des petites soupes, on avait de la semoule.
03:12On avait les Yum Yum.
03:13Les Yum Yum, c'est la valeur marchande assez élevée dans l'expédition.
03:16Parce qu'il y a du troc aussi qui se crée au fur et à mesure de l'expédition.
03:18C'est vrai ?
03:19Ouais.
03:20Par exemple, quand on a pris des sneakers, on se rend compte que finalement
03:22le sneaker dans le désert, c'est pas la meilleure idée du monde.
03:24Mais que d'autres, eux, adorent.
03:26On peut dire, bah ouais, des sneakers contre des biscottes.
03:28Pour moi, le repas, c'est vraiment sacré.
03:29Je viens d'avoir ma bulle.
03:30Et là, de jamais être dans le confort basique pour le repas,
03:33moi, c'est tout ce que j'attends.
03:34Le milieu influence énormément sur le fonctionnement d'un groupe
03:38et sur sa capacité à fonctionner ensemble.
03:40Si on prend simplement deux différences entre la Laponie, très froid,
03:43ou ici, l'Arabie, très chaud.
03:45La Laponie, finalement, demande d'être ensemble.
03:48Parce qu'il fait froid, et quelque part, le fait d'être ensemble,
03:51de bouger ensemble, permet de mieux résister à la température.
03:54Et le moment où on arrive ici, c'est un peu le contraire.
03:56La chaleur écrase.
03:57C'est un peu le contraire.
03:58C'est un peu le contraire.
03:59C'est un peu le contraire.
04:00C'est un peu le contraire.
04:01C'est un peu le contraire.
04:02C'est un peu le contraire.
04:03La chaleur écrase.
04:04Elle est étouffante.
04:05Être trop près l'un de l'autre, c'est augmenter la chaleur.
04:08Donc, on a plutôt tendance à avoir besoin d'un peu d'espace.
04:15Là, il est 22h30.
04:16Il fait encore 33 degrés.
04:18C'est plutôt supportable, parce qu'en fait, le soleil s'est couché.
04:20Mais là, je me trouve dans une toute petite tente, très exiguë.
04:23Et vraiment, je meurs de chaud.
04:24Il fait très, très, très, très chaud.
04:27Tout le monde est couché, parce que demain, c'est la dernière journée de Deep Climate.
04:30Et tous les climatonautes ont rendez-vous à 7h pour le reste des expériences scientifiques et des protocoles.
04:45Là, il est 5h30 du matin.
04:46Il fait à peu près 28 degrés.
04:48Ça va, c'est encore supportable à cette heure de la journée.
04:51C'est le dernier jour pour les climatonautes.
04:52Ils ont encore quelques protocoles scientifiques à réaliser.
04:55Et ensuite, ils pourront retrouver la vie normale.
05:00T'as bien dormi ?
05:01Pas dingue.
05:03C'est la fin, je pense que c'est l'excitation aussi.
05:0540 jours qu'on est là.
05:06C'était génial, c'était super.
05:07Mais à un moment, c'est chouette quand ça s'arrête aussi.
05:11Déjà, marcher dans le sable en temps normal, c'est pas évident.
05:15Marcher dans le sable par 40 degrés, ça l'est encore moins.
05:19Et en tirant une charge de 100, 120 kilos, c'est un peu le niveau au-dessus.
05:25T'es fière de ce que t'as fait ?
05:27Ouais, franchement, ouais.
05:29J'ai vu qu'au niveau mental, je tenais la route.
05:32Et au niveau des efforts physiques aussi, c'est quand même assez dur
05:34parce qu'on fait des longues progressions.
05:39Mais ouais, j'ai vu que j'ai tenu la route physiquement.
05:41Et ça, j'en suis très content.
05:42J'ai vu mon corps et mon esprit s'adapter à ces milieux.
05:47Être rapidement résilient.
05:49Encore une fois, c'est des milieux qu'il faut accepter.
05:52Il faut accepter d'avoir chaud, il faut accepter d'avoir froid.
05:54Il faut accepter la pluie, l'humidité en Amazonie.
05:57Et plus vite on le fait, mieux on se porte par la suite.
06:00Il y a un mot qui est la clé de la base adaptative, c'est ce mot acceptation.
06:05Si j'arrive à projeter un futur, alors je commence à m'adapter.
06:08Tant que je reste focalisé sur cet instant qui me fait souffrir,
06:11alors je suis juste en réaction permanente.
06:13Une fois que les gens comprennent ce que ça peut représenter pour eux,
06:15alors peut-être qu'ils peuvent entamer ce processus.
06:17Mais pour ça, il faut qu'on les aide.
06:18C'est trop facile de dire, vous n'avez qu'à changer.
06:20Parce qu'on ne sait pas pourquoi et vers quoi.
06:23Là, c'est la fin de l'expédition.
06:25Comment vous le vivez, le groupe ?
06:32Ce n'est pas seulement la fin de l'expédition Arabie,
06:35c'est la fin de l'ensemble du projet du climat en termes de terrain.
06:38Moi, ça fait maintenant presque dix ans que je suis sur ce travail spécifique.
06:42Il y a eu beaucoup d'expéditions déjà,
06:44mais celle-ci a focalisé notre attention depuis pas mal d'années.
06:47Aujourd'hui, j'ai juste l'impression qu'on a déjà réussi quelque chose d'assez fabuleux,
06:54que d'amener une vingtaine de personnes relativement novices pour la plupart,
06:58dans trois milieux climatiques extrêmement différents, extrêmement complexes tous les trois,
07:02de manière successive, avec tout ce que ça représente,
07:05d'arriver au bout avec toutes les personnes, en bonne santé.
07:08Je crois assez heureuse d'avoir vécu l'expérience.
07:11Ça veut dire qu'on peut faire face à des conditions extrêmement complexes
07:15sans forcément avoir de compétences initiales,
07:18si la coopération se met en place.
07:24Sous-titrage Société Radio-Canada

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