Il a commencé la radio en 1984 et on lui a demandé de relever un exercice assez difficile : nous parler des 4 interviews qui ont marqué sa carrière. De Christiane Taubira à Magic System, Claudy Siar est de retour sur Brut pour nous partager les histoires derrière ces rencontres.
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00:00On met le CD de Premier Gaou et lorsque j'entends cette chanson,
00:04je dis mais je suis mais émerveillé et je chante tout de suite quoi.
00:07Tout le monde me demande mais mais quel est ce groupe ?
00:10Est-ce qu'on peut les rencontrer ?
00:12La suite, vous la connaissez.
00:13Il signe en France et voilà.
00:15Hello, c'est Claudiciard, Afro-Caribéen de la Guadeloupe.
00:19Je suis sur Brut pour vous parler des quatre interviews
00:23qui ont marqué ma carrière.
00:24C'est pas bien ce que Brut fait de me demander les quatre interviews
00:32qui ont marqué ma carrière, parce que c'est très compliqué.
00:36Lorsque vous avez commencé la radio en janvier 1984,
00:40que Couleurs Tropicales existe depuis 1995, qu'à la télévision.
00:45J'ai commencé le 30 octobre 88 sur la 3, puis sur M6.
00:49Je suis passé par TF1, par France 2.
00:52C'est très compliqué de parler des interviews marquantes.
00:56Il y en a, évidemment.
01:02Il y a deux femmes extraordinaires pour moi,
01:04Christiane Taubira, Angélique Kidjo.
01:07Et ces femmes-là m'ont marqué par leur énergie extraordinaire.
01:11Elles m'ont nourri.
01:12Il m'arrivait même, je vais vous faire un aveu, lorsqu'elles me parlent,
01:17c'est à dire que je capte presque plus l'énergie que ce qu'elles me disent.
01:21Et je dois me reconcentrer pour ne pas oublier les mots,
01:25les derniers mots prononcés pour que je puisse rebondir.
01:27Voilà. Mais ce sont des femmes qui me nourrissent encore aujourd'hui, évidemment.
01:30Et ce sont pour moi des grandes sœurs.
01:37Il y a Kassav.
01:38J'étais très attaché à Jacob Desvarieux.
01:41Tout le monde le sait, c'était vraiment mon grand frère.
01:43J'étais très attaché à tous les membres de Kassav, très attaché à Jocelyne Berroir,
01:47qui est une femme qui, encore aujourd'hui,
01:50valorise tellement nos identités antillaises.
01:53Ces identités métissées et résolument ancrées dans la terre caribéenne
01:58et avec tous les apports, l'africanité, l'indianité, l'européanité.
02:02C'est une femme sublime, sublime, sublime.
02:04Et les textes des membres de Kassav m'ont toujours nourri
02:07parce que ce ne sont pas des textes sirupeux, comme on entend souvent dans le zouk love.
02:11Mais ce sont des textes qui viennent vous raconter la vie,
02:15raconter l'existence de ces peuples, Guadeloupe, Martinique, mais pas seulement,
02:20puisque ce sont n'importe quel individu à travers la planète
02:24peut s'identifier aux chansons de Kassav.
02:27Donc pour moi, Kassav, c'est toujours et c'est même parfois difficile
02:30d'interviewer les gens de Kassav,
02:31justement parce que mon émotion, mon émotion est une émotion particulière.
02:36Le premier concert de Kassav aux élites de Paris en 86.
02:41Moi, je pleure comme un enfant parce que l'émotion est trop forte.
02:45Il y a des gens qui sont en train de sublimer l'identité
02:47à laquelle j'appartiens, cette identité afro-caribéenne.
02:53Je pense à un homme qui n'est pas du tout de ma génération
02:57et qui n'est pas du tout de votre génération.
02:59C'est Cab Calloway, qui a été un des grands
03:01messieurs du Cotton Club à l'époque de la ségrégation aux États-Unis
03:04dans les années 30.
03:05Et un jour, en 87, j'ai la possibilité d'interviewer Cab Calloway.
03:10J'ai ce géant en face de moi.
03:12Je lui pose des questions,
03:14mais je suis un peu impétueux, c'est-à-dire que c'est Cab Calloway,
03:19mais je me rends compte que c'est Cab Calloway.
03:22Mais je lui pose des questions comme si j'interviewais une autre personnalité
03:27avec, évidemment, des questions qui correspondent à son histoire quand même.
03:31Mais c'est plus tard, plus tard dans ma carrière, je me dis
03:35j'ai interviewé Cab Calloway et la famille.
03:39Vous ne vous rendez pas compte.
03:43Et puis, il y a un homme que j'aime comme mon frère, c'est Assalfo.
03:52L'interview avec les magiciens est toujours une interview intéressante.
03:55Toi-même, tu sais, celui qui parle lorsqu'on fait l'interview
03:58des magiciens, c'est Assalfo.
04:00Et vous connaissez probablement mon histoire avec Magic System.
04:04Je les ai rencontrés en 99.
04:06On organisait au Centre culturel français d'Abidjan
04:09un spectacle de zouk avec les stars du zouk.
04:13Et au sortir d'une interview à la RTI,
04:16j'ai Assalfo qui vient me voir en me disant grand frère, on t'écoute à la radio.
04:20Je viens de te voir à la télévision.
04:22Donc, je suis arrivé précipitamment.
04:24On vient de sortir notre cassette, notre CD.
04:28On ne nous connaît pas dans le pays.
04:30Et si toi, tu diffuses notre musique à la radio, ça peut vraiment nous aider.
04:35J'ai dit bon, d'accord, je prends le CD, je vais écouter.
04:37Et il me dit, on aimerait bien passer en première partie du spectacle de zouk.
04:42Je lui dis oui, mais que faites vous comme musique ?
04:43Il me dit, nous, on fait du zouk lou.
04:45Je lui dis oui, mais là, c'est du zouk.
04:47Je lui dis bon, je vais voir.
04:48Et dans la voiture, avec l'organisateur local des Irecuadio,
04:53on met le CD de Premier Gaou.
04:55Et lorsque j'entends cette chanson, je dis, mais je suis émerveillé.
04:59Et je chante tout de suite, quoi.
05:01Je me dis, mais cette chanson est un tube.
05:03Avec l'organisateur, on se décide à leur proposer de faire la première partie.
05:09Ils sont en première partie.
05:10Le public les découvre et leur demande de bisser la chanson Premier Gaou.
05:14Lorsque je rentre à Paris, je diffuse la chanson tous les jours.
05:18Nous sommes en 99 et j'ai des appels du monde entier.
05:22Tout le monde me demande, mais quel est ce groupe ?
05:26Est ce qu'on peut les rencontrer ?
05:27Et des professionnels également à qui je donne les coordonnées d'Assalfo.
05:31La suite, vous la connaissez.
05:32Ils signent en France et voilà.
05:34C'est toujours gratifiant lorsque des artistes viennent vous voir et vous disent
05:38grâce à toi, grâce au fait que tu aies diffusé mes musiques,
05:41grâce au fait que tu m'aies reçu à la télévision.
05:44Ça a changé ma vie.
05:45En tout cas, ça a boosté ma carrière.
05:48Ça me touche, ça me fait plaisir.
05:50Mais mais voilà, je n'en tire pas plus de gloire que cela.
05:55Je leur dis toujours moi, j'ai fait mon métier lorsque certains me disent
05:59mais sans toi, ma chanson n'aurait jamais connu un tel succès.
06:04Et je dis toujours aux artistes, ce n'est pas vrai
06:06parce que je ne suis pas le compositeur de ta chanson.
06:08Je ne suis pas l'auteur du texte, donc non.
06:11Mais c'est Duke Ellington qui disait rencontrer les gens qu'il faut
06:14au moment où il le faut.
06:16Et je réponds toujours, on s'est rencontrés juste au bon moment.
06:19J'ai été déclencheur de quelque chose.
06:21Mais la chanson, c'est c'est toi qui l'as écrite.