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Jeudi 21 novembre 2024, DEALMAKERS SHOW reçoit Bertrand Rambaud (Président, France Invest) , Claire Chabrier (Managing Partner, AMUNDI PRIVATE EQUITY) , Emmanuel Denoulet (Investisseur, BPIFRANCE) et Jean Raby (Partner, Head of Business Development and Client Engagement, ASTORG)

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00:00Bonjour à tous et bienvenue sur Bsmart4Change pour cette émission hors série dédiée au
00:18Private Equity. Nous recevons autour de la table des leaders qui quotidiennement investissent
00:24dans des entreprises pour les développer. C'est le métier du capital investissement
00:27et j'ai le plaisir d'accueillir sur le plateau 4 investisseurs qui vont nous parler un petit
00:31peu de leur quotidien. Tout d'abord à ma droite Bertrand Rambeaux, vous êtes président de France
00:36Invest et président du groupe Ciparex, merci infiniment d'être avec nous. Claire Chabrier,
00:40vous êtes managing partner au sein d'Amundi Private Equity, vous avez également été présidente de
00:44France Invest donc on est ravi de vous avoir également avec nous. Amago Jean Rabhi, partner
00:49head of business development au sein d'Astorg et Emmanuel Denoulais, vous êtes investisseur spécialisé
00:54en accompagnement des entreprises familiales au sein de BPI France, banque publique d'investissement
00:59avec son modèle dont on a fêté les dix ans il y a un an déjà. Merci infiniment d'être avec nous.
01:05Alors peut-être pour commencer on va vous parler du Private Equity. On a la chance d'avoir Bertrand
01:11Rambeaux, le président de l'association qui réunit les sociétés de gestion françaises au sein de ce
01:16segment alternatif. Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu de quelques chiffres sur
01:21l'impact de toute cette industrie de l'investissement dans l'économie réelle en France ?
01:26Vous avez l'ancienne présidente et le président actuel donc c'est une belle tablée. D'abord je
01:33voudrais dire en fait nos premiers chiffres que j'ai donné c'est qu'on fête nos 40 ans cette année
01:36donc c'est un bon c'est un bel âge c'est un beau chiffre et ça montre quand même tout le
01:41développement et l'existence de cette profession en France qui fait qu'aujourd'hui notre pays est le
01:48premier pays du Private Equity en Europe continentale et de loin par rapport à nos voisins
01:54européens donc c'est quelque chose qui est très important et très fort. Je vais pas vous noyer
01:58de chiffres, je vais vous en donner trois. Le premier c'est qu'on injecte collectivement 50 milliards
02:04d'euros par an dans l'économie française. Voilà donc ça devient ça fait de nous un acteur très
02:09significatif et on est parti de quelques millions d'euros il n'y a pas si longtemps que ça donc
02:14c'est une progression absolument considérable et c'est un rayonnement qui est assez exceptionnel
02:18dans le monde des PME et des ETI puisque c'est le marché auquel on s'adresse. 80% des entreprises
02:24dans lesquelles on investit sont des PME, 20% des ETI. L'autre chiffre que je voudrais donner c'est
02:29qu'on accompagne en France 8000 entreprises. Alors peu mieux faire, peu mieux faire c'est un enjeu
02:34pour nous d'aller plus loin et puis le dernier chiffre que je donnerai c'est évidemment l'emploi,
02:39l'emploi c'est essentiel aujourd'hui c'est plus de 2 millions de français qui travaillent dans
02:44des entreprises qui sont accompagnés par le segment du prix éthique ou courant. 2 millions
02:484 ? 2 millions 2. 2 millions 2, c'est presque 10% de la population active. Donc c'est voilà tout à
02:54fait significatif et dans des boîtes qui sont en croissance, on le dit aussi peut-être pas
02:59toujours assez, les entreprises que nous accompagnons ont en moyenne un taux de croissance
03:02deux fois supérieur au taux de croissance de l'économie sans le capital investissement. Donc
03:08vous voyez le booster de performance que nous apportons dans les entreprises que nous finançons.
03:13L'alignement des intérêts pourrait pas être plus clair de toute façon entre un fonds et une
03:16société en portefeuille. On a retrouvé le chiffre c'était 140 millions investis en 1984 donc entre
03:21140 millions et 50 milliards il y a eu une belle croissance de toute cette industrie. Merci Bertrand
03:27pour ces propos introductifs. Jean Rabhi pour vous, vous nous en parliez en préparant cette
03:31émission, la force du Private Equity c'est que les fonds sont des actionnaires professionnels
03:36au service de la performance et qui sont uniquement concentrés là dessus. Oui merci de la question
03:42bon je viens avec mon bagage historique ayant été à la fois dirigeant d'une société cotée,
03:50ayant moi-même siégé au conseil d'administration de société cotée et maintenant du côté du monde
03:56alternatif. Je pense que la grande différence et la grande création de valeur qui vient du
04:01Private Equity c'est l'exercice du contrôle. Dans les sociétés cotées ce contrôle il est diffus,
04:08il est parfois englué dans des processus réglementaires longs, fastidieux. D'ailleurs
04:15j'en veux pour preuve la majorité voire la totalité des conseils d'administration sur
04:22lesquels j'ai siégé de société cotée, un des critères qui revenait toujours c'est qu'on passe
04:28pas assez de temps sur la stratégie sur l'évaluation des hommes. Par rapport à du
04:33reporting, des sujets de compliance, des sujets réglementaires qu'on doit aborder, les points de
04:40passage obligés. C'est très rythmé, c'est très cadré. Dans le Private Equity c'est l'exercice
04:45du contrôle. On n'est pas des managers mais on engage des managers professionnels et on
04:50exerce le contrôle sur eux et sur la stratégie et on ne le fait pas quotidiennement mais on le
04:56fait de façon très soutenue. Et je dirais aussi qu'on a le bénéfice d'avoir moins la tyrannie du
05:04trimestre que les sociétés cotées ont. Vous savez c'est quand même incongru. Le marché coté demande
05:10aux managers d'avoir une vision à long terme mais demande une feuille de route, demande un scorecard
05:16à tous les trimestres. Et les managers de sociétés cotées sont jugés à tous les trimestres par la
05:22publication des résultats du trimestre. C'est totalement stupide. Alors que le Private Equity, à
05:27certains égards, a le bénéfice un peu plus du long terme, d'être capable de voir à 3 à 5 ans et de
05:34donner des objectifs stratégiques à moyen terme au management. C'est ça l'essence du Private Equity
05:39selon mon point de vue. C'est l'exercice du contrôle et par contre être diligent de façon à faire
05:45faire aux entreprises en 5 ans ce qu'elles feraient peut-être en 10 ans.
05:50Belle catchphrase. Merci Jean-Avis.
05:52On essaie d'avoir des petits slogans comme ça. Ça résume la pensée.
05:55Emmanuel Denouelet chez BPI France. Le pays, vu le rôle de BPI France et son essence, le pays doit
06:03faire rimer croissance et indépendance, souveraineté. C'est son apport à l'économie réelle française.
06:09Oui. Depuis 40 ans le Private Equity c'est devenu une vraie industrie en France. C'est quand même une
06:16belle réussite dans une phase de réindustrialisation qu'on essaie d'encourager.
06:20450 sociétés de gestion, membres de France Invest tout de même.
06:23C'est énorme. Je pense que la grande vertu de ce métier c'est de proposer un outil qui n'existait pas avant,
06:31un accès au capital privé pour des PME et des ETI qui sont à 80% encore aujourd'hui familiales et qui
06:39avant devaient se tourner soit vers la bourse, on en connaît les limites, ça ne convient pas à tout le monde,
06:44ou soit vers des grands groupes. Effectivement le Private Equity a permis aux entreprises, aux PME et aux ETI
06:51de trouver les moyens de se développer et aussi de se transmettre, ça c'est très important.
06:58Il y a quelque chose qui a été déjà évoqué et qui est vraiment transformant pour toutes ces entreprises,
07:05c'est l'accompagnement. D'ailleurs chez BPI c'est devenu un métier à part entière l'accompagnement.
07:09Et cet accompagnement est absolument vital parce qu'avoir un investisseur financier à ses côtés,
07:16au-delà du capital qu'il apporte, c'est aussi une ouverture déjà, ça brise la solitude des dirigeants,
07:21ça leur permet aussi de se rendre compte de ce qui se passe, ça c'est vraiment fondamental.
07:26Et nos statistiques nous montrent que 75% de ces dirigeants n'ont pas de gouvernance.
07:32Donc l'absence de gouvernance c'est aussi une des racines des sujets de blocage de développement
07:42et aussi d'absence de transmission souvent des entreprises.
07:45Donc nous, avec tous les confrères de l'industrie, parce qu'on n'est pas tout seul sur le marché,
07:51on a été créé il y a 10 ans pour créer un effet d'entraînement dans une période qui était beaucoup plus compliquée qu'aujourd'hui,
07:57mais on est là pour encourager les entreprises à prendre ces bonnes pratiques
08:00et du point de vue stratégique aussi, mettre en place des stratégies, élaborer des plans stratégiques
08:07pour faire des développements ambitieux, que ça soit leur donner les idées qu'on peut aussi croître par croissance externe,
08:16on peut aussi croître à l'international et que tout ça, ça fera en sorte que l'économie sera plus forte
08:22si ces entreprises à la fois se développent et se transmettent.
08:25On l'a vu, donc une industrie qui s'est structurée, une industrie puissante,
08:30des actionnaires professionnels en zone qui viennent accompagner les équipes.
08:34Le public est également là en soutien de toute cette thématique du quasi equity et de l'equity.
08:42Claire Chabrier, je me retourne vers vous après cette brève introduction.
08:45Quel regard vous portez sur cette industrie aujourd'hui et des challenges qu'elle rencontre
08:51sur des sujets qu'on a pu évoquer par ailleurs en termes de diversité et ainsi de suite ?
08:54Quel regard vous portez sur cette industrie ?
08:57Ça a été dit, mais je voudrais rappeler pour moi la formidable croissance de cette industrie en 40 ans.
09:04Aujourd'hui, Bertrand le rappelait, on a quand même des sociétés de gestion qui sont capables d'accompagner en France
09:11des start-up, des PME, des ETI et des projets d'infrastructure.
09:15Donc il n'y a pas un seul entrepreneur aujourd'hui en France qui ne peut pas trouver, si je puis dire, chaussures à son pied.
09:19Et même des boîtes sous-performantes.
09:21Exactement, aussi, ou financeurs qui peuvent être là à ses côtés pour renforcer ses fonds propres.
09:28Donc déjà, je pense que c'est une formidable évolution, alors qu'on est parti uniquement du venture il y a 40 ans,
09:34d'avoir aujourd'hui ces outils à disposition des entrepreneurs.
09:38Je pense que ça, ça a été un des grands chemins parcourus.
09:42L'accompagnement, on en a parlé.
09:44Je crois que notre façon de faire le métier aujourd'hui n'est plus la même avec celle dont on le faisait aujourd'hui.
09:49Alors, c'est une de nos préoccupations, bien sûr.
09:51Accompagner les dirigeants d'entreprises pour les faire grandir plus vite.
09:55On sait que les entreprises qu'on accompagne grandissent plus vite, deux fois plus vite que leurs concurrents.
10:00On a aussi mesuré ces chiffres là chez France Investe.
10:04Donc, on les accompagne dans leur croissance, dans les build-up, puisque 70% de la création de valeur des entreprises qu'on accompagne
10:10vient de la croissance pour moitié organique, pour moitié par acquisition.
10:14Donc, je dirais qu'on s'est quand même bien relevé les manches ces dernières années pour faire ce travail d'accompagnement.
10:19Après, moi, dans les changements vraiment majeurs, récents de notre industrie, j'aimerais parler de l'ESG,
10:25parce que ça fait 15 ans qu'on suit chez France Invest tous ces sujets ESG.
10:31Quand j'ai pris mes fonctions chez France Invest avant Bertrand en juin 2021,
10:37on avait l'impression d'avoir pas mal avancé, d'être plutôt par rapport à certains acteurs et parce qu'on est des acteurs,
10:43des actionnaires impliqués, responsables en avance de phase.
10:46Et on s'est rendu compte que finalement, pas tant que ça, il y a eu le Green Deal européen en juillet 2021.
10:51Et je crois que ça nous a tous transformés et ça nous a tous fait accélérer sur cet accompagnement-là
10:56et sur, finalement, la performance extra-financière qu'on s'est mis de façon très volontariste à travailler dans nos entreprises de portefeuille.
11:06Alors, dans les challenges, évidemment, on en a. Mais comme on est une industrie très innovante, là aussi, je pense qu'on se réinvente en permanence.
11:14Donc accompagner au plus près les entreprises de portefeuille sur les sujets de décarbonation dont je viens de parler,
11:22sur les sujets de partage de valeurs, sur le S de l'ESG, de diversité et de parité dans nos entreprises de portefeuille,
11:30mais aussi dans nos équipes de gestion, puisqu'on en parlait. On sait qu'on a 29% de femmes dans nos équipes d'investissement,
11:37avec un objectif de 40% en 2030. Donc il va falloir cravacher un petit peu.
11:41On a beaucoup de travail devant nous. Mais je crois que notre industrie a démontré, ces 40 dernières années, sa capacité formidable d'innovation.
11:50Aujourd'hui, on a 150 milliards au niveau mondial de fonds secondaires qui n'existaient pas il y a 15 ans.
11:57On a des fonds de continuation. Donc on est une industrie, je crois, qui s'auto-challenge et qui continue exactement à innover.
12:04Et c'est un petit peu la suite de cette émission. On parle d'ESG, on parle d'engagement, on parle d'innovation.
12:10Notre deuxième séquence, c'est le Private Equity, une industrie résiliente parce que les engagements ne se mesurent que dans les contre-cycles.
12:17Et au-delà peut-être d'un mot qui est un peu fort de contre-cycle, Bertrand Rambaud, le capital d'investissement, traverse depuis 18 mois,
12:24on va dire, une période un petit peu moins faste, en tout cas une correction par rapport à ce que l'on a pu connaître sur les années précédentes.
12:30Comment s'en sort le secteur par rapport à tout cela et notamment sur les engagements que le secteur a pu prendre ?
12:35Ce n'est pas facile de faire court terme et long terme en même temps.
12:38Oui, le marché est plus difficile, c'est la réalité. On le sait tous. Il y a eu une rupture depuis deux ans dans la liquidité qui, évidemment,
12:48n'épargne pas le monde du Private Equity et avec un élément important qui a été le retrait des sessions, en tout cas qui est plus difficile que ce qu'on a pu connaître.
12:57Je dirais pendant dix ans, on a eu un vent quand même incroyable dans le dos et on l'a tous rappelé, une croissance assez exceptionnelle.
13:04Donc ça, c'est une réalité. Est-ce que ça change pour autant les perspectives sur le moyen terme ? Vraiment, je ne le crois pas.
13:11Et Jean le disait très bien tout à l'heure avec ses mots forts, on est dans le moyen terme.
13:18Nous, on fait un deal aujourd'hui, on se situe à 4 ans, à 5 ans, à 6 ans. Donc ces cycles, ils vont passer parce que c'est la vie de l'économie.
13:26Donc les perspectives, les besoins, ils sont absolument considérables. Claire a parlé de l'ESG, des carbos, tous les sujets digitaux,
13:35tous les sujets de pouvoir développer nos entreprises en dehors du continent purement domestique. Enfin bref, les transmissions aussi, il ne faut pas les oublier
13:42parce qu'elles sont majeures. Donc les besoins, ils sont absolument colossaux. Donc le financement privé, il a totalement sa place dans le financement de l'économie.
13:49Alors il y aura toujours des cycles. J'ai juste un point d'attention, c'est le venture. Je pense qu'il faut qu'on soit attentif au venture parce que là,
13:55pour le coup, c'est sensiblement plus dur. Et on ne peut pas avoir un double discours dans ce pays à dire « Ah, c'est terrible, les GAFA, il n'y en a pas en France ».
14:04Oui, il n'y en a pas en France, c'est vrai. Et puis à l'inverse, d'aller prendre des mesures, ce qu'on vit un peu aujourd'hui au niveau politique, un peu de remise en cause,
14:13en tout cas un peu d'attaque du venture sur des sujets fiscaux, évidemment sur des levées de fonds plus difficiles, ça, on va le payer cher demain si on va dans cette voie-là.
14:21Donc ça, c'est un grand point d'attention. Mais à ce point près, parce qu'on a une super industrie du venture, en France, on a des entrepreneurs magnifiques dans ce pays.
14:30Je crois qu'il faut le dire et le redire. Donc sur le moyen terme, je suis vraiment confiant. Et c'est vrai qu'on a une petite panne de cession quand on regarde les chiffres,
14:38actuellement en 2024. Mais je suis assez confiant sur les mois qui viennent. Il faut juste qu'en France, notre environnement politique soit un peu plus stable,
14:48excusez-moi, parfois un peu plus responsable par rapport à ce qu'est l'économie, la stabilité, la fiscalité. Enfin, c'est absolument majeur, la stabilité.
14:58Les dirigeants, ils ont besoin de savoir où ils vont. Ils ont besoin d'être dans un mode de confiance.
15:01J'imagine que France Invest participe à la discussion à Bercy et ainsi de suite. Ou en tout cas, vous êtes dans le jeu de ce qui se prépare.
15:08Quotidiennement, oui. Bien sûr, quotidiennement. Bon, après, c'est un gouvernement qui décidera. Mais en tout cas, oui, je crois qu'on a...
15:14Et c'est là où la parole de France Invest est entendue. Et grâce à toutes ces actions qui ont été menées par l'équipe de France Invest, par les présidents de France Invest,
15:22il y a une vraie écoute. Parce que je le redis, on a 8 000 boîtes dans nos portefeuilles. Donc on est quand même dans la vraie vie économique de ce qui se passe sur le terrain,
15:28sur les territoires. On voit. Et donc on peut vraiment faire remonter des informations pratiques, pertinentes.
15:35Et je pense qu'il y a une vraie écoute à ce qu'on peut dire. Après, il y a les contraintes budgétaires. Il y a les arbitrages qui sont faits.
15:41Merci beaucoup, Bertrand. Emmanuel Denoulais. Bertrand Rambeau évoquait à l'instant les sujets des transmissions. Je le disais en introduction.
15:49Vous êtes, vous, personnellement, dans l'équipe qui soutient particulièrement les entreprises familiales. Vous êtes à la manœuvre quotidiennement
15:56au sein des pays de France sur ce sujet. Comment est-ce qu'on améliore le taux de succès de ces moments critiques que sont les transmissions en tant qu'acteurs,
16:02en tant qu'investisseurs ? Oui, effectivement, on a étudié le phénomène de près, puisqu'on a intuitivement à la base, vu qu'il y a un sujet de transmission en France,
16:11on en veut pour preuve la faiblesse du nombre d'ETI. En France, on a 150 000 PME-ETI, 6 000 ETI seulement, alors que nos voisins allemands,
16:19on en a deux fois plus. Et en plus, elles sont plus grosses et plus internationales. Donc pour comprendre le phénomène, en fait, on s'est penchés.
16:27On a fait deux radioscopies, en fait, des entreprises familiales qui représentent 80 % des entreprises françaises entre 2015 et 2023.
16:34Et on a naturellement regardé comment elles se comportaient du point de vue de la transmission par rapport à celles qui ne sont pas familiales.
16:41Et en fait, depuis 8 ans, rien n'a changé, sauf l'âge du capitaine. Aujourd'hui, le constat, c'est qu'il y a un quart des dirigeants qui ont plus de 60 ans.
16:53Il y a 50 % seulement des dirigeants entre 60 et 70 ans qui ont prévu leur transmission et seulement un tiers au-delà de 70 ans.
17:03Donc on est face à un phénomène de fonds qui a des conséquences quand même assez importantes, puisqu'il y a en France seulement deux entreprises sur dix
17:14qui passent le cap de la deuxième génération contre cinq sur dix en Allemagne. Alors en Italie, ils sont 8 sur 10. Ils sont excellents là-dessus. Ils prévoient.
17:22Et ce mal français, comment il s'explique ? En fait, il s'explique déjà parce que, comme je le disais tout à l'heure, la gouvernance dans 75 %, il n'y en a pas.
17:32Ça n'existe pas. Donc le rôle du private equity, effectivement, c'est d'injecter ça, ces bonnes pratiques dans les entreprises.
17:38La gouvernance veut dire aussi que je planifie stratégiquement derrière et j'organise ma succession, j'organise ma transmission, qu'elle soit familiale ou pas.
17:47Mais en tout cas, comme ça prend dix ans, c'est mieux de s'y prendre vers 50 ans pour que ça marche. Donc voilà, il y a une grande vertu.
17:55Donc on sonne un petit peu s'il y a une alarme parce que tous les ans, en fait, c'est à peu près 20 000 entreprises qui disparaissent sur à peu près 60 000 qui sont transmises.
18:03Et elles ne sont pas transmises parce qu'elles n'ont pas de repreneurs, en fait, parce que ça n'a pas été prévu.
18:08Et qu'est-ce qui va aider justement à faire le lien ? C'est une question ouverte. Qu'est-ce qui va faire le lien entre ce marché d'entreprise qui, pour des questions culturelles,
18:16des questions de l'equity ne s'ouvre pas, pour des questions qui, encore une fois, peuvent être tout à fait audibles ?
18:21Qu'est-ce qui va faire la différence dans les prochaines années pour éviter cette déperdition de talent, de savoir-faire et d'entreprise ?
18:27C'est exactement là le rôle que tous les investisseurs, le monde du private equity a. C'est-à-dire qu'on est là pour favoriser effectivement la transmission
18:35et le développement de ces entreprises, de faire rimer effectivement cette double nécessité de pérenniser les entreprises,
18:46qui passe absolument par la mise en place, comme je le disais, de bonnes pratiques de gouvernance.
18:52Parce qu'en France, c'est un sujet très, très concret de dire que les entreprises familiales font souvent la confusion entre l'entreprise et la famille.
19:02Et ensuite, n'ont pas l'habitude, comme c'est pratiqué depuis des dizaines d'années dans les milieux anglo-saxons, beaucoup mieux qu'en France,
19:08de séparer l'exécutif du non-exécutif, d'avoir justement des organes d'accompagnement qui soient aux côtés de ces entreprises pour qu'elles évoluent
19:17et qu'elles n'aient pas peur de le faire, qu'elles aient envie de grandir. Et en France, on a en plus un dispositif incroyable qui n'existe nulle part ailleurs,
19:25c'est le dispositif du TREI. Ça existe depuis 20 ans, on l'a fêté les 20 ans l'année dernière. C'est un dispositif qui est un formidable moteur fiscal pour réussir,
19:37puisqu'on peut réduire les taux marginaux d'imposition de 45% à 5% si on est préparé. En France, la transmission, c'est automatique.
19:46Elle coûte cher qu'on ne prévoit pas, mais on a en plus un cadre fiscal qui est génial. C'est-à-dire qu'on peut effectivement prévoir et faire en sorte que ça ne coûte pas cher.
19:57Et si on ajoute à cela l'accompagnement, la vertu d'avoir du capital privé injecté pour faire de la croissance, se transmettre, aller conquérir les frontières,
20:06garder cette indépendance, parce que beaucoup d'entreprises françaises en sont friandes, je pense qu'on a le cocktail gagnant.
20:16Toutes les choses sont disponibles, en tout cas.
20:19Merci beaucoup. On a vu que cette industrie était structurée et puissante en France, leader européen continental.
20:26On a vu que cette industrie était résiliente, notamment au vu de la période qui vient de passer, au service de notre souveraineté, au service de nos entreprises.
20:34Mais c'est également une industrie dont le visage change. On a évoqué certains sujets avec l'ESG. Claire Chabrier, vous me parliez d'une des grandes évolutions qui changent la donne.
20:43C'est le retail qui arrive, le retail dont tous les fonds d'investissement se parlent entre eux.
20:49Beaucoup sont déjà à la manœuvre en ayant ouvert leur book à des investisseurs différents, pas les instits comme on les appelle souvent.
20:57Il y a une étude d'ailleurs récemment qui était sortie dont on parlait. Le retail, l'avenir du PE ?
21:03Un axe de croissance majeur du PE, certainement. La démocratisation du capital investissement, c'est-à-dire la possibilité de rendre accessible au particulier une classe d'actifs
21:19qui, jusqu'à il y a quelques années, était réservée aux acteurs institutionnels. On a beaucoup travaillé sur ces sujets-là chez France Investe.
21:29On a observé en France une forte croissance puisque sur les montants levés du capital investissement, les 20 milliards annuels, on a environ 5 milliards aujourd'hui qui sont levés auprès des particuliers.
21:39La moitié familial office et l'autre moitié les particuliers. C'est à travers l'assurance-vie, à travers les comptes-titres et les feeders.
21:52C'est une croissance de x2 en 5 ans pour mesurer cette grande tendance. Il y a évidemment un élément qui rentre en jeu aussi en France qui vient d'arriver, c'est la fameuse loi Industrie verte
22:06depuis le 24 octobre de cette année, sur laquelle France Invest avait beaucoup travaillé, qui fait rentrer le capital investissement de façon obligatoire dans la gestion pilotée de l'assurance-vie et de l'épargne retraite.
22:19Ça, c'est formidable parce que l'épargne retraite se prête parfaitement au capital investissement. C'est une épargne de long terme.
22:27C'est finalement donner accès aux Français à cette épargne de long terme, des produits qui apportent du rendement, mais aussi beaucoup de sens.
22:35Aujourd'hui, c'est très faible si on se compare aux autres pays européens puisqu'on voit que les levées de fonds en Europe, c'est 25% d'épargne retraite.
22:45En France, on est plutôt aux alentours de 3%. Donc ce sont des potentiels très forts pour nous en France.
22:51C'est une formidable opportunité pour notre industrie, pour les particuliers et finalement, qui n'est pas que française.
22:58On voit ça aussi aux US. Le dernier rapport Bain nous dit que le marché du non-coté représenta 30% de la gestion d'actifs à horizon 2032.
23:10Et notamment que cette croissance du capital investissement sera effectivement beaucoup portée par les particuliers.
23:17Une déferlante de visibilité, une déferlante de capitaux, ça implique également des engagements pour suivre la cadence parce que les attentes ne seront pas forcément les mêmes.
23:25La digitalisation du métier avec des sites web, pour parler bêtement, mais des sites internet de fonds qui auront peut-être un autre visage, des places de marché, de la liquidité également.
23:36Bertrand Rambeau, votre métier va devenir de plus en plus ouvert, de plus en plus accessible, démocratique, comme le disait Claire Chabrier à l'instant.
23:42Connu des gens, connu des dirigeants. Il va falloir se donner les moyens de relever les nouveaux défis avec du digital, de l'IA et des structures de plus en plus imposantes.
23:51Écoutez, c'est plutôt des bonnes nouvelles tout ça. On a devant nous des chemins de croissance.
23:58Je crois que chacun a utilisé le mot industrie du Pride. Écoutez, nous sommes une industrie. Comme toutes les industries, on a des gros enjeux dont beaucoup ont été rappelés là.
24:07Sur l'IA, la data, l'intelligence artificielle, la cyber, ce sont des enjeux qui sont importants pour notre profession.
24:16Et ça va toucher beaucoup de domaines, même s'il faut le reconnaître qu'on est aujourd'hui tous un peu à se poser beaucoup de questions par rapport à tout ça.
24:24Parce que ça peut jouer sur, vous avez parlé de la relation client, bien sûr, le retail, évidemment, mais aussi sur l'accès au deal flow, mais aussi sur toutes les data que nous utilisons dans l'analyse de nos deals.
24:35Et donc, qu'est-ce qui va se passer en fait ? En fait, ça va aller plus vite. Ça va aller plus vite. Et donc, ça veut dire que nous, il faut qu'on s'arme par rapport à ça.
24:43Parce que sinon, celui qui ne s'armera pas, il va être doublé par son concurrent qui sera plus rapide.
24:49Alors, on est tous face à ce grand enjeu qui a à la fois un côté un peu terrorisant, mais passionnant.
24:55Et alors, que fait France Invest ? Qu'est-ce qu'on fait ? Là, on va sortir dans quelques semaines, j'ai appelé ça les dix commandements de l'intelligence artificielle pour les sociétés de gestion.
25:05En fait, ça va être quoi nos grands enjeux par rapport à tous ces points et comment on les adresse ? Les petits, les moyens, comme les gros.
25:14Et c'est là où ça veut dire qu'on devient vraiment des acteurs très larges. Parce qu'on parle de la data, mais on peut aussi parler du climat,
25:23de l'accompagnement aussi de nos entreprises par rapport à tous ces sujets. Et donc, on devient une industrie de moyens.
25:29Alors, je ne dis pas qu'on devient des industries de la tech. Certains disent, le capital investment demain sera des boîtes de tech.
25:35Bon, je n'irai pas jusque-là parce qu'il va rester quand même une dimension essentielle qui est l'humain.
25:40C'est un métier d'homme et de femme, de feeling, d'avoir envie d'accompagner des projets. Mais ce sujet de l'intelligence artificielle au sens large du terme,
25:51du digital, va être majeur. Donc, il va falloir qu'on puisse le payer, le financer, le mettre en place. D'où des enjeux de taille.
25:58J'en suis intimement convaincu dans ce métier.
26:00Et on aura l'occasion dans une prochaine émission de parler de consolidation du marché parce que la taille, c'est la course à la taille.
26:05Et évidemment, c'est un segment extrêmement important, un pilier du développement des fonds, la consolidation du marché avec l'asset management,
26:12avec d'autres fonds pure player, évidemment, qui se regroupent.
26:15Je vous avais demandé à vous trois peut-être de préparer le deal le plus.
26:19Donc, le deal le plus, c'est pour imager un petit peu tout ce qu'on vient de se dire, le deal qui vous a marqué dans votre carrière,
26:25un deal particulièrement fort, un deal le plus international, le plus créateur de valeur, le plus value sharing, le plus ESG, comme vous voulez.
26:33On commence peut-être par vous, Jean. Quel a été le deal le plus de votre vie?
26:37De ma vie? Bien, écoutez, je suis obligé de faire référence à mon ancienne vie, qui n'est pas le monde du private equity, mais le monde corporate.
26:45Je pense que tout le travail de restructuration que nous avons fait avec d'autres chez Alcatel-Lucent, à un moment où on donnait la société pour morte,
26:57on m'avait dit ne va pas là, don't try to catch a falling knife.
27:01Et peut-être qu'on a pris une approche très diligente, très private equity, parce que dans une restructuration, il n'y a pas de priorité.
27:07Tout est une priorité. Et 18 mois plus tard, on a pris une société en faillite. On a pris une société en faillite en mi-2013.
27:16Et 18 mois plus tard, on l'a fusionné. Évidemment, on était consolidé avec Nokia à une valeur de 15 milliards d'euros.
27:24Ça, j'appelle ça la création de valeur.
27:27Magnifique. Merci beaucoup. Je suis ravi. Claire Chabrier, le deal le plus pour vous ?
27:32Alors le deal, pareil, je vais remonter dans ma vie d'avant, quand j'investissais dans les pays de l'Est, où j'ai accompagné une société qui était présente dans trois pays,
27:42dans les services numériques, en Estonie, Lettonie, Lituanie, donc dans les pays baltes.
27:46Et ça a été une formidable expérience parce que c'est une société qui a fait beaucoup de build-up.
27:52On était dans les années 2000. Donc elle a fait 3-4 fois de croissance de chiffre d'affaires, notamment avec des build-up.
27:59Et qui a eu un parcours de session très intéressant puisque cette société, on l'a cédé par appartement à la fois une partie de son activité au management,
28:11donc à un BO, une autre partie de l'activité aux acteurs télécom des pays baltes, un industriel.
28:21Et la troisième activité, on a fait une IPO sur le Riga Stock Exchange en mai 2004.
28:27C'était le mois d'entrée de ces pays dans l'Europe. Et c'était la première IPO de ce Riga Stock Exchange.
28:36Claire. On entend parler du triple track, ces fameux process dans lesquels on envisage une session à un fond, une session à un industriel ou une introduction en bourse.
28:44Sur un seul et même deal, vous avez fait les trois.
28:46Exactement.
28:47Oui, je comprends qu'on puisse citer celui-là. Il était plutôt sympa.
28:49Bertrand Ambaud, votre deal à vous, le deal le plus, et ce sera le mot de la fin.
28:52Écoutez, moi, le deal qui m'a marqué, c'est le premier deal que j'ai fait, mais qui a une grande actualité aujourd'hui.
28:58J'avais 27 ans, donc ça remonte à quelques années, dans une boîte familiale, 30 millions de francs de chiffre d'affaires à l'époque.
29:04Position qui s'appelle Clions, position inédite dans une boîte de l'industrie plastique.
29:09Quelques années après, cette boîte s'est vendue à un groupe indien.
29:12Et en 2002, 22, pardon, ce deal est revenu sur notre table, où le groupe indien voulait sortir cet actif de son périmètre.
29:22Donc, moi, 15 ans après.
29:24Oui, bien.
29:25Je n'ai pas voulu donner un chiffre trop précis.
29:27Beaucoup plus que ça.
29:29Oui, 27.
29:31Beaucoup plus que ça.
29:32Bref.
29:33Et donc, on a racheté cette boîte-là en majoritaire, parce que les choses ont changé pour tout le monde.
29:37La boîte faisait 200 millions d'euros de chiffre d'affaires, avec le manager qui était en place à ce moment-là,
29:41qui, grâce à nous, est devenu entrepreneur.
29:43On a pris une position majoritaire.
29:45Et cette boîte, aujourd'hui, elle fait 800 millions d'euros de chiffre d'affaires.
29:49Elle a une présence internationale.
29:51Elle a fait beaucoup de build-up, grâce à nous, en Europe, aux États-Unis, au Mexique.
29:55Un fonds US, il y a deux ans, est rentré au capital à nos côtés.
29:59Et je trouve que c'est une très belle histoire de croissance d'une boîte familiale,
30:03qui a retrouvé une indépendance,
30:05et un dirigeant qui est devenu entrepreneur,
30:08et de l'industrie française, qui a su partir en Europe et en dehors de l'Europe,
30:14et devenir vraiment un acteur très référent dans son métier.
30:17Et je trouve qu'à travers ça, c'est tout ce que notre business apporte,
30:21sur la transmission, on l'a dit, sur l'accompagnement, sur les acquisitions,
30:25faire grandir cette boîte.
30:26Et sans le Private Equity, il ne serait pas devenu entrepreneur.
30:29Et sans le Private Equity, on n'aurait pas fait ces acquisitions.
30:32Donc on est vraiment dans une belle histoire de création de valeur et de transmission.
30:3530 millions de francs à 800 millions, c'est pas mal.
30:37D'euros !
30:38D'euros ! En plus, donc c'est fois 6,5.
30:41Merci infiniment à tous les quatre.
30:42Ça a été un plaisir de vous accueillir sur ce plateau.
30:44Pour ma part, je vous donne rendez-vous pour la suite des programmes dans un instant.
30:47Vous regardez Be Smart For Change,
30:48et c'était l'émission dédiée au Private Equity avec France Invest.
30:51Merci à tous, à bientôt.

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