Quelques minutes après la divulgation du verdict rendu dans l'affaire Pierre Palmade, l'avocat des parties civiles Mourad Battikh s'est exprimé à propos de la décision de justice qui préconise 5 ans de prison pour le comédien, dont deux fermes. Pour rappel, il avait percuté un véhicule dans lequel se trouvaient trois personnes, dont une femme enceinte, causant aux passagers des séquelles physiques et psychologiques.
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00:00Le Mali-Goutti qui perd, qui sort.
00:03Ça a été une longue journée pour mes clients.
00:06Une journée où ça a été évidemment dur, émotionnellement, pour eux.
00:12C'était une journée très longue aussi.
00:14Ils sont satisfaits de la tenue des débats.
00:17Je crois que chacun a pu donner son point de vue.
00:20Chacun a pu exprimer ce qu'il a ressenti avant, pendant et après cette journée dramatique.
00:27Et en ça, nous sommes satisfaits.
00:29Et sur la peine, Maître ?
00:31Sur la peine, nous n'avions pas d'attente parce que nous sommes les partis civils.
00:35C'est le ministère public qui requiert et c'est le tribunal qui prononce une peine.
00:39Le tribunal a écouté, le tribunal a tranché, le tribunal a arbitré.
00:42Nous n'avons pas de commentaire à faire sur la peine.
00:44Est-ce que désormais, c'est au législateur de repenser le statut juridique
00:48pour notamment le cadre des fœtus ?
00:51C'est fondamental.
00:52Vous avez suivi que tout le long de la journée,
00:55nous en avons discuté de ce statut du fœtus, de l'enfant à naître
00:59et de l'acquisition de la personnalité juridique.
01:02C'est extrêmement important.
01:04Le tribunal y a été sensible, le ministère public y a été sensible.
01:07Tout le monde a pu exprimer son point de vue sur la reconnaissance du statut juridique du fœtus.
01:13Évidemment, il faut que le législateur qui regarde aujourd'hui la télévision,
01:18qui écoute la radio, se saisisse de cette question
01:20et fasse en sorte de répondre à ce vide qui existe aujourd'hui,
01:25ce trou dans la raquette.
01:27C'est l'expression que j'ai utilisée aujourd'hui, ce no man's land juridique.
01:30Il faut qu'il y réponde.
01:31Il faut trouver des solutions.
01:33Il faut revenir sur cette jurisprudence de la Cour de cassation de 2001
01:37et faire en sorte que le fœtus,
01:39postérieurement à la période d'IVG, ait un statut juridique
01:42et puisse être reconnu dans le droit positif français.
01:46– Pas de comparution volontaire pour homicide involontaire, vous êtes déçus ?
01:51– Pas de comparution volontaire.
01:53On a été un peu déçus, effectivement,
01:55parce qu'on aurait aimé qu'il y ait une forme de cohérence
01:59dans les propos qui ont été ceux du prévenu tout le long de l'audience,
02:04tout le long de l'enquête, tout le long de l'instruction.
02:08Néanmoins, ça n'a pas empêché à ce que le tribunal puisse avoir
02:13la teneur des uns et des autres, la tonalité des uns et des autres
02:16et puisse arbitrer et trancher sereinement.
02:19– Est-ce que vous redoutez un appel ?
02:20Est-ce que vous redoutez une nouvelle journée courante ?
02:25– Nous ne redoutons rien.
02:26S'il devait y avoir appel, nous serons présents,
02:28comme nous avons été présents aujourd'hui.
02:31Et nous sommes actuellement en attente de voir ce que le prévenu fera.
02:35Il a dix jours pour interjeter appel.
02:37Et si jamais il devait y avoir appel,
02:39les partis civils se présenteront avec la même dignité,
02:43avec la même force, avec le même courage, avec la même vigueur
02:47d'expliquer ce qu'était leur vie, ce qu'a été leur vie
02:49et ce qu'est maintenant leur vie.
02:51– Est-ce que vous pouvez nous expliquer cette exécution provisoire,
02:53notamment pour un mandat de dépôt à délai différé ?
02:57– L'exécution provisoire, vous commencez un peu à en avoir l'habitude maintenant.
03:01C'est d'actualité, c'est simplement que si par extraordinaire
03:06le prévenu décidait d'interjeter appel,
03:09eh bien cet appel ne serait pas suspensif.
03:12Et il y aurait d'abord une exécution de la peine,
03:15puis un appel qui aurait la possibilité d'interjeter.
03:19– Donc une détention peut-être prochaine ?
03:22– Une détention qui sera très probablement prochaine
03:25en fonction du juge de Bordeaux qui reprendra le dossier.
03:30– Mais que ce soit votre cas, la partie civile se satisfait de ce jugement ?
03:34– La partie civile n'a pas à se satisfaire d'un jugement.
03:37La partie civile se satisfait d'avoir été écoutée, d'avoir été entendue,
03:41d'avoir été respectée par tout le monde dans ce tribunal,
03:44que ce soit la Défense, que ce soit le Ministère public,
03:47que ce soient les magistrats du siège.
03:49Et c'est en cela que nous sommes satisfaits d'avoir pu avoir le temps,
03:53à une heure où nous n'avons plus le temps dans les tribunaux,
03:56par manque de moyens, nous n'avons plus le temps de prendre
03:59des longues journées comme ça pour débattre,
04:01pour approfondir des points, pour écouter des témoins.
04:05Donc en ça, nous sommes satisfaits que le tribunal,
04:08que l'audiencement nous ait respecté et nous ait accordé cette journée
04:11pleine et entière pour aller au bout des choses.
04:13Nous sommes satisfaits. La peine, ça n'est pas notre affaire.
04:16– Mais le jugement est à la hauteur de ce qu'ont vécu vos clients ?
04:19– Il n'y a aucun jugement qui sera à la hauteur de ce qu'ont vécu mes clients
04:23et c'est pour cela que la peine nous indiffère ce qu'ont vécu mes clients.
04:27Rien ni personne ne pourra racheter la perte d'un enfant,
04:32la perte de la capacité de se mouvoir, de se déplacer,
04:37la perte pour un enfant de l'innocence et de l'inconscience de la vie.
04:41Ça ne pourra pas être racheté, on ne peut pas mettre une peine en face
04:45qui permettra, et ça n'est pas le sens d'ailleurs, du droit pénal.
04:48C'est pour ça que la peine, mes clients en ont été conscients
04:52dès le début, nous y sommes indifférents, ça ne nous regarde pas.
04:55C'est l'affaire du ministère public, c'est l'affaire du procureur
04:59et c'est l'affaire évidemment du prévenu.
05:01Comment ont réagi vos clients aux excuses formulées par Pierre Palman ?
05:04Ils ont été très distants avec ces excuses, ils sont encore touchés,
05:08ils sont encore heurtés par la vie qui est la leur,
05:10par les traumatismes qui sont les leurs.
05:13Les excuses ont eu le mérite d'exister, disons-le, en toute franchise.
05:18Maintenant, mes clients sont libres de les accueillir ou de ne pas les accueillir.