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Michel Barnier promet d'organiser au Sénat et à l'Assemblée nationale un débat suivi d'un vote sur le traité de libre-échange entre l'Union européenne et des pays d'Amérique du Sud. 

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00:00L'humeur politique de Mathieu Croissant d'eau, on l'a appris hier, il y aura finalement un débat suivi d'un vote, ce sera mardi prochain à l'Assemblée sur l'accord, le fameux accord entre l'Union Européenne et le Mercosur, les pays d'Amérique du Sud.
00:10Tout le monde va voter contre, non ?
00:11C'est bien parti, tous les groupes ou presque y sont opposés. La gauche parce qu'elle dénonce les excès de libre-échange, l'extrême droite parce qu'elle est protectionniste et anti-européenne, le Bloc central parce qu'il ne veut pas se fâcher avec les agriculteurs.
00:24Le gouvernement a d'ailleurs donné le ton par la voix de la ministre de l'Agriculture, Annie Gennevard, avec des trémolos que ne renierait pas un paysan en colère, on l'écoute.
00:33Souvent dans ces accords de libre-échange, on l'a dit beaucoup mais il faut le redire, l'agriculture est une variable d'ajustement et ça, ça n'est pas supportable.
00:41Et au sein de l'agriculture, ce sont toujours les mêmes filières qui sont concernées, spécialement les filières de viande, le bœuf, la volaille, parfois l'agneau, et ce sont toujours les mêmes qui souffrent de ces accords de libre-échange.
00:54On ne peut pas l'accepter.
00:56Entendre une ministre de l'Agriculture, issue de la droite libérale, reprendre à son compte les arguments développés par les organisations syndicales, ça frôle quand même un peu la démagogie.
01:05Je rappelle que l'agriculture française a su aussi profiter du libre-échange, que même le très décrié accord CETA, vous savez, avec le Canada, a permis aux producteurs français de vendre plus de vin, plus de lait, et même aux éleveurs européens de vendre plus de bœuf.
01:17Je précise que l'accord UE-Mercosur offrira lui aussi des débouchés à l'agriculture française et que les quotas d'importation de viande prévus, on en a déjà parlé sur ce plateau, ils se font sur des petits volumes, 1,6% de la production pour le bœuf, 1,4 pour la volaille, 0,1% pour le porc.
01:32Contrairement à ce que beaucoup racontent ou dénoncent, en fait, ce traité ne menace pas la survie de l'agriculture française.
01:39Oui, pour le bœuf, on dit même que ça correspond à un steak haché par année et par habitant de l'Union européenne. Mais comment expliquer cette unanimité contre l'accord Europe-Mercosur ?
01:48Parce que le monde paysan souffre, et ça c'est bien réel. Il souffre d'une profonde crise de revenus, de conditions de vie et de travail extrêmement pénibles, d'une météo devenue folle, d'un carcan de normes, d'une crise de vocation, et que le traité UE-Mercosur est devenu la goutte de trop.
02:02C'est devenu en fait un symbole, le symbole d'une mondialisation débridée, d'une perte de contrôle, de souveraineté, d'une distorsion de concurrence.
02:08Et du côté du gouvernement, crier haro sur le Mercosur, c'est bien commode parce que c'est un moyen facile de canaliser la colère, de l'orienter vers l'Union européenne, d'en faire un bouc émissaire pour masquer ses propres errements.
02:20Parce que plutôt que d'organiser un débat sur le Mercosur, le gouvernement a été mieux inspiré de reprogrammer dès le mois d'octobre la loi d'orientation agricole, vous savez, qui avait été suspendue par la dissolution.
02:30Parce que ça, cette loi d'orientation agricole, il y avait des mesures concrètes qui peuvent changer la vie des agriculteurs.
02:35– Mathieu, je reviens d'un mot sur le débat, il va servir à quoi ?
02:37– A rien, c'est ça le pire, parce que ce débat, il ne va servir à rien d'autre qu'à être un exutoire, un festival de posture pour tous les groupes parlementaires
02:44qui vont jouer à qui est le meilleur défenseur des agriculteurs.
02:46Mais le vote qui suit ce genre de débat n'a qu'une valeur symbolique, c'est pas ça qui va faire vaciller la Commission européenne.
02:51Je rappelle que la signature du traité pourrait intervenir dès le 5 décembre prochain.
02:55Si elle avait vraiment voulu s'y opposer, la France elle s'en serait donné les moyens en exigeant par exemple de retirer le mandat de négociation à la Commission européenne,
03:02en demandant la transparence totale sur le contenu de l'accord et la modification des points qui la chagrinent.
03:07Ce qu'elle n'a pas fait pour l'instant, là on risque d'avoir quoi ?
03:09Des députés qui votent contre, un accord qui est signé quand même et donc du coup une impuissance publique de nouveau soulignée
03:16et puis arreau sur l'Union européenne.
03:19Si le gouvernement avait voulu alimenter un peu plus la crise de défiance, il ne s'y serait pas pris autrement.
03:25Merci Mathieu.

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