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Stéphane Le Foll, maire du Mans et ancien ministre de l'Agriculture sous François Hollande, était l'invité de franceinfo soir lundi 18 novembre 2024.

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00:00Tout de suite, Agathe Lambray reçoit Stéphane Le Foll.
00:02France Info soir, l'invité, Agathe Lambray.
00:07Vous êtes maire du Mans, ancien ministre de l'agriculture de François Hollande,
00:12vous êtes petit-fils d'agriculteur, vous avez été au lycée agricole.
00:16Alors, comment vous qualifieriez cet acte II de la colère de nos paysans ?
00:22Est-ce que c'est une colère existentielle, conjoncturelle ?
00:25Qu'est-ce qu'elle dit cette colère selon vous ?
00:27Non, je pense qu'elle est un peu existentielle, elle est très profonde.
00:33Elle a été déjà amorcée il y a un an à peu près,
00:37avec une crise qui est à la fois une crise culturelle,
00:40du rapport que les agriculteurs eux-mêmes ont avec leur métier,
00:43une crise des agriculteurs vis-à-vis des puissances publiques,
00:48une crise de l'agriculture vis-à-vis de son rapport à la question environnementale,
00:52une crise de l'agriculture vis-à-vis à son rapport avec l'ensemble des partenaires,
00:57à la fois à l'échelle européenne et à l'échelle mondiale.
00:59Donc, je pense qu'il y a une crise qui est très profonde.
01:00Et à partir de là, il y a des mesures, bien sûr, à prendre.
01:05Est-ce que des choses ont été faites depuis un an ?
01:07Parce que la colère avait éclaté en janvier dernier.
01:09Il y a des choses qui ont été faites, mais qui consistent en fait à accompagner ce qui était des demandes,
01:13je pense légitimes, c'est-à-dire que l'accumulation de normes,
01:17sans être capable de repenser les modèles de production agricole,
01:20finit par être insupportable aux agriculteurs eux-mêmes.
01:23Faut-il qu'eux-mêmes soient capables aussi de réfléchir
01:26de nouvelles manières de produire ?
01:29C'est ce que j'ai défendu à l'époque avec l'agroécologie,
01:32c'est ce que j'ai lancé avec le stockage de carbone dans les sols au travers de l'initiative 4 pour 1000.
01:38Il y a techniquement et agronomiquement des choses qui peuvent être faites.
01:41Le vrai problème, c'est d'engager une réflexion sereine
01:45sur la manière dont on réorganise nos modèles de production agricole.
01:49Selon les agriculteurs, la goutte d'eau qui a fait les bordels vases,
01:52c'est le Mercosur, ce traité de libre-échange entre l'Union européenne
01:55et les pays d'Amérique du Sud, qui est sur le point d'être finalisé.
01:59C'est un accord si mauvais que cela pour vous ?
02:01C'est un accord qui touche effectivement à ce que je disais tout à l'heure,
02:03c'est qu'importer des quantités qui sont à l'échelle de 1 ou 2%
02:10des consommations à l'échelle européenne, ça peut paraître...
02:12Donc ce n'est pas une submersion ?
02:13Ce n'est pas une submersion, mais c'est vrai que sur un marché agricole
02:16qui est extrêmement fragile, puisque il y a des questions de prix en agriculture,
02:20la moindre variation de quantité peut avoir des impacts très importants sur les prix.
02:25On parle de 1,6% de la production européenne s'agissant du bœuf, par exemple.
02:30Du bœuf, oui, mais sur un marché qui est déjà...
02:32Vous pensez que ça pourrait déstabiliser le marché ?
02:34Ça peut rajouter à une situation de marché qui n'est déjà pas, j'allais dire,
02:40satisfaisante pour les agriculteurs, et depuis longtemps.
02:42La question de l'élevage bovin est une question majeure.
02:45Donc c'est une crainte qui est en partie justifiée.
02:49Et moi, je n'ai jamais été favorable à cet accord à l'origine sur le Mercosur.
02:54Et je trouve que maintenant, le président de la République doit trouver
02:57ce qu'on appelle la minorité de blocage.
03:01Je viens de voir en arrivant tout à l'heure que l'Israël italien était en opposition.
03:06Donc maintenant, est-ce qu'il y a une minorité de blocage ou pas ?
03:10C'est la question.
03:11Ça n'empêchera pas de se poser des questions aussi sur,
03:15je l'ai dit tout à l'heure, l'avenir de l'agriculture.
03:17Oui, alors là, il y a deux choses.
03:19Que doit faire le président ?
03:20Parce qu'hier, il a dit que cet accord n'était pas acceptable
03:23et que la France ne signerait pas en l'état ce traité.
03:27Mais bon, il a pris le point sur la table.
03:29Mais pour l'instant, la France est assez impuissante.
03:32Qu'est-ce qu'il veut dire par en l'état et qu'est-ce qu'il peut faire ?
03:35Eh bien, c'est très simple.
03:37On peut s'opposer à l'accord.
03:38Mais si on est tout seul à l'échelle européenne et qu'on n'arrive pas à trouver
03:42trois ou quatre pays qui représentent au moins 35% de la population,
03:46comme quoi l'Europe ne décide pas d'accords commerciaux
03:49sans qu'il y ait un élément démocratique qui soit posé et qui soit mis sur la table.
03:54Donc, c'est au président de la République de chercher cette minorité de blocage.
03:58Si en l'état signifie que ce qui est proposé par la Commission européenne
04:04sur la partie agricole ne convient pas,
04:06et si ça ne convient pas, il faut trouver la minorité de blocage.
04:09Ça va être difficile, sachant que l'Allemagne est pour en plus ce traité.
04:12Mais si l'Allemagne est pour après, vous savez, 35%, l'Italie, plus la France, plus un autre pays,
04:18on atteint des chiffres qui ne sont quand même pas négligeables
04:21en termes de population à l'échelle européenne.
04:23Et il n'y a pas un peu de fantasme autour de cet accord ?
04:26Parce que, d'accord, vous pointiez le risque d'une déstabilisation du marché.
04:31Il y a aussi des secteurs qui voient l'opportunité de nouveaux marchés,
04:35la viticulture, voilà.
04:38Les Français boivent de moins en moins d'alcool, ne pas signer ce traité.
04:42Ça reviendrait aussi à priver les vignerons d'un marché énorme potentiellement.
04:47C'est une vérité, elle est que l'agriculture française est exportatrice.
04:5150% des filières agricoles françaises, si on fait le total entre ce que l'on produit et ce qu'on exporte,
04:57on est supérieur à la consommation française.
05:01D'accord, donc on a une capacité de production d'ores et déjà
05:04qui est supérieure à ce que l'on peut consommer au niveau français.
05:06Et c'est pour ça qu'on est exportateur, que ce soit dans les céréales,
05:09que ce soit dans la viticulture, que ce soit.
05:12Et personne ne le dit sur le lait.
05:13La preuve, c'est que la question du séta, par exemple, a montré qu'on était capable d'exporter des fromages.
05:17Donc on est exportateur.
05:19C'est bien la difficulté de l'agriculture.
05:21Et c'est pour ça que rester dans l'idée que le monde entier serait contre l'agriculture française
05:26parce qu'il n'y aurait pas les possibilités d'appliquer les mêmes normes.
05:30Ça peut être et c'est vrai en l'occurrence dans le débat sur le mercosur.
05:35Mais il faut se reposer la question de la place que nous avons aujourd'hui,
05:39à la fois à l'échelle européenne et à l'échelle mondiale, en particulier quand on regarde l'Afrique du Nord,
05:43sur les exportations qui sont nos exportations.
05:46Donc la question, elle est extrêmement ambigüe quand je vois un certain nombre de syndicalistes
05:50qui refusent à la fois la question européenne, qui remettent en cause la totalité des accords commerciaux.
05:55Mais ils devraient se rendre compte, si je prends un seul exemple sur des productions type lait,
06:00sur 25, 26 milliards de litres, on en exporte 7 à 8 milliards.
06:05Si jamais ces litres-là, de les revenaient sur le marché national et européen,
06:09vous voyez un peu l'impact que ça aurait.
06:11Donc c'est bien la difficulté du moment.
06:13Il y a une vraie crainte et elle est légitime.
06:16Mais en même temps, il faut qu'on arrive à repenser, c'est ce que je disais tout à l'heure,
06:19la manière dont on peut combiner à la fois la production agricole,
06:22et donc les revenus, et en même temps la question environnementale.
06:26Stéphane Foll, il y a les élus locaux aussi qui sont en colère.
06:28Le congrès des maires de France s'ouvre demain sur fonds d'inquiétude
06:32alors que le budget 2025 prévoit 5 milliards d'euros d'économies pour les collectivités.
06:37Vous, en tant que maire du Mans, qu'est-ce que vous attendez du Premier ministre ?
06:40Très clairement, j'ai entendu ce qu'il a dit à propos des départements,
06:44laissant penser qu'il n'y aurait pas la même chose pour les collectivités du bloc communal.
06:49Métropole, intercommunalité et commune.
06:52Ce que ça a comme conséquence, pour prendre un exemple précis sur le Mans,
06:56c'est une ponction d'à peu près 13 millions d'euros sur la ville et sur la métropole par an.
07:02Si on en reste là.
07:04Donc moi, je demande de manière très claire, à la veille d'un débat budgétaire qui commence au Sénat,
07:08que le Sénat, qui est une chambre qui représente les collectivités locales,
07:11prenne en compte en premier la question des collectivités locales,
07:15et fasse en sorte que ce qu'on demande aux collectivités,
07:19on peut faire des efforts compte tenu de la situation, mais pas à ce niveau-là.
07:22Le Président du Sénat réclame d'abaisser cet étage à 2 milliards d'euros, enfin 2 milliards d'euros, ce serait la votre comptation ?
07:28C'est assez compliqué, mais il ne prend que la part de ce qu'on appelle le fonds de réserve.
07:31C'est le prélèvement direct.
07:335 milliards, 2 milliards.
07:35Moi, je dis que c'est sur l'ensemble, parce qu'il y a d'autres prélèvements.
07:37Sur la TVA, par exemple, juste pour vous raconter cette histoire,
07:41il y a un an à peine, se met en place les compensations à la suppression de la taxe d'habitation.
07:47Qu'est-ce que c'était que ces compensations ?
07:48C'était une part de la TVA pour les métropoles.
07:51Un an après, l'État dit, en fait, sur la TVA, je vais vous enlever la dynamique qui est celle de l'impôt, la TVA, et vous le retirez.
08:00C'est-à-dire qu'une compensation et un engagement de l'État, il y a un an, est remis en cause un an après.
08:06Ce n'est plus possible de travailler comme ça.
08:09On gouverne un pays en essayant de mettre ensemble l'ensemble des capacités qu'on a, en particulier, à investir.
08:16Et les collectivités doivent pouvoir investir.
08:17Michel Barnier, de ce point de vue-là, il promet aux élus locaux qu'il va...
08:2150% de l'effort qui était demandé.
08:23Il faut que ça baisse de 50%.
08:25On peut faire un effort, mais pas au niveau où il est demandé.
08:28Marine Le Pen risque l'inégibilité dans l'affaire des assistants parlementaires européens de son parti.
08:33Est-ce qu'il y aurait un problème démocratique à ce qu'elle ne puisse pas se représenter en 2026 ?
08:38Ce sera un problème politique qui sera posé, évidemment, mais après, il y a une loi qui a été votée.
08:43C'était la loi Sapin qui fixait un certain nombre de règles sur les manquements pour les élus
08:48et qui était extrêmement dure, avec des peines d'inégibilité et la possibilité même qu'elles soient applicables,
08:54quel que soit l'appel qui puisse être fait.
08:57Donc, le parquet a requis ces peines qu'on évoque.
09:03On va attendre le jugement, mais c'est vrai que personne ne peut revendiquer l'idée que
09:07on serait au-dessus d'une loi qui est appliquée strictement.
09:11Après, on peut discuter pourquoi strictement, pourquoi pas strictement.
09:14Vous avez dit que ce serait un problème politique.
09:16Un problème politique au sens où, bien entendu, et c'est déjà un problème politique puisque tout le monde en débat,
09:20si Marine Le Pen ne pouvait pas se présenter, vous imaginez le problème.
09:24C'est un problème qui va être un problème de débat politique.
09:27Gérald Darmanin, lui, il dit que ce serait choquant. Est-ce que c'est votre avis aussi ?
09:30Non, parce que s'il dit ça, ça veut dire que ce qui est choquant, c'est la loi telle qu'elle est.
09:34Et là, il y a une question qui est posée.
09:36À ce moment-là, si cette loi a un problème ou pose un problème, il aurait fallu ou la changer
09:41ou il faut, à ce moment de débat, de la changer.
09:44Mais qu'est-ce qu'il faut faire, selon vous ?
09:46Au moment où je parle, d'abord, on va attendre le jugement.
09:49Et deuxième point, moi, je considère que personne n'est au-dessus de la loi.
09:53Donc si Marine Le Pen était jugée inéligible, ce serait la loi ?
09:56De toute façon, c'est la loi. Et on pourrait dire ce qu'on veut, ça sera la loi qui s'appliquera.
10:01Mais c'est la loi.
10:02Elle déplore Marine Le Pen. Elle accuse en tout cas le parquet de vouloir sa mort politique
10:06et elle dénonce des ingérences politiques inadmissibles en démocratie.
10:11Est-ce qu'elle se trompe de stratégie ?
10:13Je ne sais pas à quoi elle fait référence sur des ingérences politiques.
10:17Il y a un parquet qui a regardé ce qui était reproché au Rassemblement Front National de l'époque
10:25sur l'utilisation d'assistants parlementaires qui, normalement, sont dédiés à un travail parlementaire
10:30à l'échelle européenne, qui devait, d'après ce que j'ai compris et entendu,
10:34pas être affecté là où ils auraient dû.
10:37Et après, il y a une décision du parquet qui applique la loi dans ce cadre-là.
10:42Qu'est-ce qu'on peut dire d'autre que de dire, ça serait, comme l'a dit Gérald Darmanin,
10:48mais avec quelle conclusion ?
10:50Parce qu'une fois que la loi et le tribunal s'est prononcé en appliquant la loi,
10:54parce que c'est ce qui est fait, qu'est-ce que vous voulez dire d'autre que la loi s'applique pour tout le monde ?
10:59Merci beaucoup Stéphane Le Fon d'avoir répondu aux questions de France Info.
11:02Je rappelle que vous êtes maire du Mans, ancien ministre de l'Agriculture de France.
11:05Voilà, jusqu'en 2026.
11:07Merci beaucoup Agathe Lambré. Rendez-vous à 20h pour Les Informés.

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