Un déjeuner partagé avec François Gemenne, auteur principal du 6ème rapport du GIEC et professeur à HEC pour parler des intempéries dues au réchauffement climatique qui ont gravement nui aux récoltes de blé. Au menu également: gros plan sur les locavores, ces adeptes du circuit court qui se nourissent au plus près pour ménager la planète.
Valérie Brochard et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
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Valérie Brochard et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
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NewsTranscription
00:00Générique
00:17Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Politique à table.
00:21Allez, on met sa serviette autour du cou ou sur les genoux
00:23et on va savourer ensemble des enquêtes et des analyses politiques et gastronomiques.
00:28En pleine COP29, on va évidemment s'intéresser aujourd'hui à l'impact du dérèglement climatique sur notre agriculture.
00:35Et pour en discuter, nous avons le plaisir de recevoir François Gémen.
00:39Bonjour et bonjour à vous Jean-Pierre Montaner.
00:41Bonjour Valérie.
00:42Alors François Gémen, vous êtes l'un des chefs cuisiniers du sixième rapport du GIEC,
00:47le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.
00:50Et dans les poches de votre tablier, on trouve les questions de migration environnementale et climatique.
00:55Vous analysez aussi les politiques d'adaptation au réchauffement climatique.
01:00Il y a quelques années, vous délaissez les gaufres liégeoises qui ont comblé tous vos goûters d'enfance jusqu'au doctorat
01:07pour les parisiens, les fameux sandwiches jambon-beurre que vous dégustez entre deux cours à l'Institut d'études politiques de Paris
01:14où vous enseignez dorénavant.
01:16Déterminé à faire évoluer les comportements et les mentalités pour mieux s'adapter aux conséquences du réchauffement climatique,
01:22vous avez prêté main-forte dans les brigades de Benoît Hamon en 2017 et Yannick Jadot en 2022.
01:28Deux grands succès électoraux.
01:30Oui, on y reviendra peut-être.
01:32Et la métaphore entre cuisine et climat n'est pas qu'une figure de style.
01:36Le dérèglement climatique déstabilise notre agriculture, mais il provoque aussi de nouvelles habitudes.
01:41Et on va parler de tout cela autour d'un bon repas, n'est-ce pas Jean-Pierre ?
01:44Oui, un magret de canard servi avec une purée de carottes et une sauce au poivre.
01:48En dessert, une île flottante.
01:50Dans le dessous des plains, on vous emmène en Seine-et-Marne où les intempéries dues au réchauffement climatique ont gravement nuit aux récoltes de blé.
01:57Dans les pieds dans le plat, gros plan sur les locavores, qui sont ces experts du circuit court qui se nourrissent au plus près pour ménager la planète.
02:05Reportage dans le Gard à suivre.
02:07Voilà pour le menu, maintenant on passe à table et je vous propose de nous ouvrir l'appétit avec Cuisine et Confidence.
02:14Générique
02:19Alors François Gemmell, je n'ai pas l'habitude d'être plein de gravité, moi qui suis plutôt d'humeur badine, mais là, je vous l'avoue, les yeux dans les yeux, l'heure est grave.
02:27Vous imaginez que je parle de l'urgence climatique ? Eh bien non, pas du tout, l'heure est grave pour vous.
02:33Je me suis livré un peu de psychanalyse de cuisine en analysant le choix de votre déjeuner et voilà ma conclusion.
02:38Les questions de migration climatique que vous étudiez depuis des années au point que vous êtes un expert reconnu vous hantent au point que cela conditionne même votre alimentation.
02:49Un magret de canard, pourquoi du canard et pas du porc, ni du bœuf, ni du poulet ?
02:53Eh bien, choix assumé, mais attention, message subliminal, le canard est un oiseau migrateur qui vole vers des climats plus clément lorsque la situation l'empêche de s'adonner à ses activités coutumières.
03:05Il incarne pour vous ces hommes et ces femmes qui quittent les zones trop chaudes ou bien encore le littoral car la montée des eaux grignote leur habitat.
03:11Et cette image vous obsède, vous ronge l'esprit au point de demander aussi en dessert, tenez-vous bien, une île flottante qui dans votre subconscient évoque ces archipels comme les Maldives, les Fidji, à la dérive, bientôt, hélas, submergés par les flots.
03:27En attendant que vous trouviez un régime plus apaisant, régalons-nous vite de ce canard avant qu'il ne migre vers des contrées moins froides,
03:33car toute plaisanterie mise à part, vous adorez ça, et pour d'autres raisons, j'imagine.
03:37Et vous rigolez, mais l'île flottante, je n'y vais même pas penser, c'est en arrivant dans le studio que je me suis dit, en fait, c'est évident.
03:42Pour prendre rendez-vous avec le docteur Montaner.
03:45Non, non, parce que j'ai même habité pendant ma thèse, pendant que je faisais ma thèse de doctorat, j'ai même habité à Tuvalu, qui est un des petits archipels du Pacifique Sud, parmi les plus menacés par le hausse du niveau des mers.
03:54Donc, effectivement, ce truc de l'île flottante, il y a un truc.
03:57Il y a un truc, on a tout décelé.
03:59Vous n'avez pas pu attendre la fin du portrait, vous avez déjà commencé à manger.
04:04Il avait peur que le canard...
04:06Alors, dites-nous, dites-nous ce que vous en pensez, qu'est-ce que ça évoque pour vous, est-ce que déjà c'est réussi ?
04:11Ah, c'est très réussi, c'est très bon, c'est très bon.
04:13Je regrette que les téléspectateurs ne puissent pas le manger avec nous.
04:15Ah bah non, non, évidemment.
04:17Mais, non, alors pourquoi le chaud du canard, en dehors de l'aspect migrateur de l'oiseau ?
04:22Parce que c'est un plat de viande.
04:24Or, on sait qu'on doit, pour réduire notre empreinte carbone, avoir un régime alimentaire moins carné, qui est de reste un régime aussi meilleur pour la santé.
04:32Le problème, souvent, c'est que lorsqu'on dit un régime alimentaire moins carné, les gens s'imaginent qu'ils ne vont plus manger de viande du tout,
04:38et d'un coup, ils ont l'impression d'être privés de ce qui est un plaisir gustatif pour beaucoup d'entre eux, voire une liberté.
04:44Et je pense que c'est important de dire que les viandes n'ont pas toutes la même empreinte carbone,
04:48et que, bien sûr, le bœuf a une empreinte carbone très lourde, mais, par contre, le canard ou la volaille, c'est quasi nul.
04:54Et donc, on peut se dire que, si on veut adapter notre régime alimentaire pour réduire notre empreinte carbone,
05:00on peut aussi, si on ne veut pas se priver de viande complètement, on peut aussi varier davantage les types de viande,
05:06et donc manger, peut-être, un peu moins de bœuf et un peu plus de canard.
05:10Alors, le canard, vous le mangez souvent chez vous ? Vous le cuisinez ? Vous savez le cuisiner ?
05:16Je sais le cuisiner, mais je déteste cuisiner.
05:18Donc, paradoxalement, c'est-à-dire que je ne veux pas du tout être cet homme qui est incapable de cuisiner des pâtes.
05:24Mais vous êtes gourmand, moi, quand même.
05:26Je suis très gourmand, donc je suis capable de le cuisiner, mais je ne prends aucun plaisir à cuisiner.
05:30C'est une activité qui me stresse énormément, en fait.
05:32Je serais incapable de travailler dans un restaurant, il faut maîtriser les timings des cuissons, etc.
05:36C'est une corvée.
05:37Je trouve ça extrêmement stressant. Oui, c'est une corvée, oui.
05:39Ah oui, parce qu'ici, on a parfois des gens qui aiment, et Valérie aussi aime, vous aimez cuisiner.
05:43Pour beaucoup de gens, c'est un loisir de cuisiner.
05:45Moi, ce n'est pas du tout un loisir.
05:46Je suis capable de le faire.
05:47J'arrive de recevoir des gens et de leur servir du canard.
05:50Mais c'est toujours un stress de savoir si je vais réussir ou pas.
05:53Vous l'aimez comment, le canard ? Un peu rosé, comme ça, ou plutôt cuit ?
05:55Il est un peu cuit, là ?
05:56Il est un petit peu cuit.
05:57D'habitude, je le prends un peu plus rosé, mais il est très bon comme ça.
05:59Et alors, si jamais vous arrivez de le cuisiner, vous allez le chercher où, votre canard ?
06:03Je vais le chercher...
06:05J'habite dans le 6e arrondissement, donc on a une petite boucherie où je cherche midi.
06:11J'essaye le plus possible d'aller dans ce type de magasins.
06:15Mais enfin, je dois admettre que, comme tout le monde aussi, il m'arrive d'aller au supermarché par facilité.
06:20Alors, tout est bon dans le canard.
06:21Il y a aussi la question, parce qu'on est en train de nous dire que c'est un animal vertueux.
06:26Mais il a aussi des petits problèmes avec les écolos.
06:28C'est l'histoire du foie gras.
06:29Est-ce que dans le canard, vous mangez le foie gras ?
06:31Oui.
06:33Vous n'allez pas vous faire que des amis.
06:34Non, je sais.
06:35Mais j'assume cette imperfection.
06:37Oui, alors j'en mange pas souvent.
06:40J'en mange uniquement en grandes occasions.
06:42Mais effectivement, oui, je mange encore du foie gras.
06:44Et je sais, ça fait partie des contradictions, des choses auxquelles on sait qu'on devrait renoncer,
06:48mais auxquelles on a du mal à renoncer.
06:50C'est-à-dire que vous seriez pour qu'on légifère sur l'interdiction du gavage des canards, des oies ?
06:57C'est compliqué.
06:58Le problème, si on interdit des choses aux gens, c'est que souvent, ça génère chez eux des comportements
07:05où ils ont l'impression d'être culpabilisés.
07:07Et je vois bien aujourd'hui qu'en matière d'écologie, ce discours moralisateur...
07:11Punitif.
07:12C'est un discours qui rebute les gens.
07:14On a l'impression qu'on leur fait la leçon.
07:17Et donc, ce matin, je discutais avec une personne qui s'occupe de restauration dans l'hôtellerie.
07:25Et qui disait ceci, qui m'a beaucoup marqué.
07:28C'est que lorsqu'on indique sur un menu que les plats sont végétariens,
07:32ils sont moins commandés.
07:35S'il n'y a pas la mention de quel plat est végétarien ou pas,
07:38les plats végétariens sont davantage commandés.
07:40C'est-à-dire que les gens ne supportent pas cette sorte d'injonction subliminale
07:43où on leur dit « commandez un plat végétarien ».
07:46Et donc, ils vont plutôt commander autre chose pour résister à l'injonction.
07:49Alors qu'à l'inverse, s'il n'y a aucune mention,
07:51les plats végétariens sont davantage commandés.
07:53Choisi.
07:54Mais ça, c'est les gens qui sont plutôt omnivores.
07:57Parce que ceux qui sont végétariens sont très contents d'avoir, au contraire,
08:00sur leur carte, des plats végétariens.
08:02Les plats végétariens sont sur la carte, simplement.
08:04On ne met pas de petit logo à côté du plat pour dire que c'est végétarien.
08:06Eux, ils sont contents aussi d'avoir une carte distincte
08:08pour montrer qu'on les valorise et qu'on les traite bien.
08:10Sans doute. Mais ce n'est pas la majorité des gens.
08:12Ah non, pas encore.
08:13En tant que membre du GIEC,
08:15est-ce que ces questions-là font partie aussi des discussions
08:18que vous pouvez avoir quand vous discutez entre vous
08:20et quand vous allez tout simplement manger le midi ou le soir ?
08:23Qu'est-ce qu'on mange ? Qu'est-ce que tu manges ?
08:24Est-ce que, par exemple, au sein du GIEC,
08:26il n'y a, comme on pourrait se l'imaginer peut-être,
08:29que des végétariens ?
08:30Il n'y a pas que des végétariens.
08:31C'est vrai que je pense que la proportion de végétariens
08:33parmi les scientifiques du GIEC est plus élevée que la moyenne.
08:36Alors, vous passez pour un fou, pour quelqu'un qui...
08:40Non, pas du tout.
08:41Non, pas du tout.
08:42Ce n'est pas du tout...
08:44Il y a un grand respect quand même des différences,
08:47et ne serait-ce que parce que c'est des scientifiques
08:49qui viennent un peu de toutes les régions du monde
08:51et donc forcément il y a des habitudes culturelles
08:53qui sont très différentes d'un pays à l'autre,
08:55qu'on se réunit toujours dans un pays particulier
08:59et donc la cantine met un peu à l'honneur
09:01les spécialités locales du pays.
09:04Et je pense que c'est vraiment un élément essentiel
09:06pour avancer, c'est d'avoir aussi ce respect
09:08des différences culturelles de chacun.
09:10Sinon, ce n'est pas possible de construire un consensus scientifique.
09:13Mais quand même, avec votre fibre verte,
09:15votre engagement, est-ce que ça conditionne quand même
09:18beaucoup votre alimentation ou vous faites beaucoup d'écarts ?
09:21Je fais quelques écarts, et donc je ne prétends pas
09:24le foie gras ou quelques autres trucs du genre.
09:26J'essaie quand même de faire un peu attention.
09:28Mais ce n'est pas pour le réchauffement climatique,
09:30c'est plutôt pour le bien-être animal.
09:32Mais c'est vrai que j'essaie de faire un peu attention,
09:34notamment quand je mange du bœuf,
09:36et je fais partie des gens qui mangent encore du bœuf,
09:38j'essaie d'en manger vraiment à certaines occasions
09:41de manière à ce que ça en vaille la peine.
09:43Et je pense que, en dehors de l'alimentation,
09:45c'est un raisonnement qu'on aurait intérêt à tenir
09:48pour pas mal de nos comportements de consommation.
09:51On dit, tiens, voilà, telle empreinte carbone
09:53est associée à tel geste de consommation,
09:55est-ce que ça en vaut la peine ?
09:57Quand on achète quelque chose d'un peu cher,
09:59on se dit, OK, je dépense cette somme,
10:01mais il faut que j'en ai pour mon argent.
10:03Je crois qu'il faut qu'on adopte le réflexe de dire
10:05est-ce que j'en ai pour mon empreinte carbone ?
10:07Est-ce que ça veut dire que dans l'intégralité de vos courses,
10:09c'est-à-dire au-delà du canard ou de la viande,
10:11vous faites attention à tout cela ?
10:13Est-ce que vous n'achetez strictement que bio ?
10:15Pas strictement, mais j'achète plutôt bio.
10:17OK.
10:19Clairement, oui.
10:21Les trois quarts ou 80 % de ce que j'achète
10:23en alimentation, c'est plutôt bio.
10:26Mais aussi parce que j'ai la chance
10:28de faire partie des nantis,
10:30d'avoir un bon salaire qui me permet
10:32d'assumer ce surplus.
10:34Je ne veux pas du tout être dans une logique
10:36de culpabilisation de gens
10:38qui n'auraient pas les moyens d'acheter bio.
10:40D'ailleurs, le bio n'est pas non plus
10:42la panacée ultime.
10:44En termes de goût, souvent,
10:46il n'y a pas beaucoup de différences.
10:48Est-ce que vous êtes inquiet de ce crash
10:50que subit le marché du bio ?
10:52Avec la hausse des prix, le bio souffre.
10:54Les gens se détournent du bio.
10:56Est-ce que c'est un vrai problème ?
10:58Comment on peut le régler ?
11:00C'est d'abord un problème pour les agriculteurs
11:02eux-mêmes, qui sont concernés, qui souffrent,
11:04qui ont fait cette consommation,
11:06qui ont parfois consenti à des investissements
11:08considérables et qui, aujourd'hui,
11:10ne s'y retrouvent plus.
11:12Je comprends parfaitement la colère
11:14parfois des agriculteurs.
11:16Et puis, c'est inquiétant aussi pour la société
11:18dans son ensemble, notamment parce qu'on a
11:20quand même un gros enjeu de santé publique
11:22à la fois pour les consommateurs,
11:24mais aussi pour les agriculteurs eux-mêmes.
11:26Et que si, effectivement, le bio recule,
11:28on voit bien qu'on risque de revenir
11:30à certaines pratiques agricoles,
11:32industrielles, dont il faudrait essayer
11:34sinon de sortir, au moins,
11:36d'évoluer peu à peu, de s'éloigner.
11:38Est-ce que, là, vous nous proposez
11:40un magret de canard
11:42avec une purée
11:44de carottes délicieuse, d'ailleurs ?
11:46Je le fais exprès parce que je ne veux pas
11:48tomber dans la caricature du chercheur sur le climat
11:50qui viendrait manger une salade de quinoa,
11:52etc., et qui ne peut pas lire les gens.
11:54Je veux leur dire, c'est possible de manger
11:56de la viande tout en faisant attention à son emport de carbone.
11:58On l'a compris.
12:00J'allais chercher une autre caricature, peut-être.
12:02C'était plutôt un plat belge. Je ne sais pas pourquoi
12:04vous n'avez pas choisi
12:06n'importe quoi, un bon plat belge.
12:08Il y a pas mal de bons plats belges.
12:10Ils sont souvent un peu lourds, il faut le dire.
12:12Mais il y a pas mal de bons plats belges.
12:14Mais c'est vrai que j'aime particulièrement le canard.
12:16D'accord, très bien.
12:18Une salade ou tout ça, ce n'était pas l'idée.
12:20Le problème, c'est qu'une carbonade,
12:22ça va souvent avoir une emporte carbone
12:24plus lourde que le canard.
12:26Parmi la viande, le canard, c'est l'idéal.
12:28On envoie un signal avec le boeuf, alors que le canard
12:30est un animal plus vertueux.
12:32Donc, on se régale de ce canard.
12:34Effectivement, on parlait d'oiseaux migrateurs.
12:36Vous savez que, normalement, le canard est capable
12:38d'absorber de longs voyages.
12:40Donc, il avait une capacité
12:42à faire des réserves. Donc, on peut aussi faire
12:44un foie gras qui joue sur ses réserves
12:46avec un foie gras naturel.
12:48Ça aussi, c'est une piste
12:50qu'il ne faut pas, au moment des fêtes,
12:52négliger.
12:54Alors, ce n'est pas du foie
12:56très gras, mais c'est un petit peu gras
12:58et donc, ça peut faire la blague.
13:00Sans le gaver. Parce que, naturellement,
13:02on va lui redonner cette capacité
13:04à faire des provisions, à s'engraisser
13:06pour progresser.
13:08Justement, est-ce que la souffrance
13:10animale est quelque chose
13:12qui vous préoccupe aussi ? Je pense notamment
13:14à l'association L214,
13:16que vous connaissez,
13:18qui relevait, notamment, pas plus tard que l'été dernier,
13:20en Mayenne, un élevage
13:22de canards qui a été sanctionné,
13:24qui a même été mis en demeure
13:26par l'Etat. Ce genre
13:28de démarche-là, ça vous inquiète ?
13:30Ça vous pose...
13:32Moi, je suis très interpellé par l'élevage industriel,
13:34effectivement.
13:36On est, effectivement,
13:38dans une culture qui fait que
13:40nous mangeons les animaux. Je suis très admiratif
13:42du choix que font
13:44ceux qui refusent de manger des animaux.
13:46Moi-même, j'aurais des difficultés
13:48à le faire, et donc,
13:50je reconnais
13:52cette faiblesse-là.
13:54Mais il est certain que, oui, la question...
13:56Je suis vraiment toujours très dérangé
13:58quand je vois les reportages de L214
14:00ou d'autres associations, et quand je vois les conditions
14:02dans lesquelles sont élevées les animaux, ça, c'est vraiment
14:04une préoccupation. Et du coup, je rebondis.
14:06Vous disiez tout à l'heure, si vous
14:08voulez continuer à manger de la viande
14:10tout en ménageant la planète, tournez-vous
14:12vers les canards ou vers le poulet, mais prenons
14:14le poulet qui est élevé en batterie.
14:16Les Français mangent deux fois plus de poulet
14:18qu'il y a 20 ans. Ça a explosé.
14:20Et c'est parfois la difficulté de prendre en compte
14:22uniquement l'aspect climat et de ne pas prendre en compte
14:24d'autres aspects climat. Ils viennent du Brésil,
14:26ils sont nourris dans des conditions épouvantables,
14:28et il faut faire très attention à ça aussi,
14:30à la provenance de ces ingrédients.
14:32C'est l'intérêt du canard, également.
14:34Et alors, pour une
14:36dernière petite chose
14:38à vous demander sur le canard, est-ce que ça vous arrive
14:40de le manger dans un restaurant
14:42asiatique ? Vous savez, il peut être préparé
14:44en 3-7 plats. Oui, ça m'est déjà
14:46arrivé, et quand je vais dans un restaurant asiatique,
14:48je commande souvent du canard.
14:50Ah, ben voilà, la boucle est bouclée.
14:52Bon ben voilà, on en sait plus. Le canard laqué.
14:54Évidemment, le canard à l'orange.
14:56Allez, on en sait un peu plus sur vos habitudes,
14:58vos menus, mais il nous reste encore plein de choses
15:00à savoir sur le magret de canard, et c'est à vous,
15:02Jean-Pierre. Alors, puisque
15:04M. Gemay ne sait pas cuisiner, ça s'adresse
15:06directement à lui, ou qu'il n'aime pas cuisiner.
15:08Non, non, je sais cuisiner. Ah, pardon.
15:10Oui, c'est vrai. Mais tous nos téléspectateurs sont très intéressés.
15:12Alors, pour une cuisson à la poêle, le magret, il faut
15:14d'abord un peu faire
15:16un quadrillage à l'aide d'un couteau sur la graisse,
15:18comme ça, en petit damier, parce que ça va
15:20permettre, lorsqu'il va cuire,
15:22d'obtenir une cuisson
15:24un peu plus homogène. Vous commencez
15:26la cuisson à feu doux, côté peau.
15:28On va la laisser croustiller un peu, pas trop,
15:30parce qu'après, elle peut vite se carboniser.
15:32Et puis, on retourne le magret, et on
15:34compte 5 à 8 minutes
15:36de chaque côté, selon
15:38si on le veut rosé, comme l'aime François Gemmene,
15:40ou un peu plus cuit, comme celui-ci.
15:42C'est pas compliqué à faire.
15:44Surtout pas de matière grasse, parce qu'il y a
15:46déjà beaucoup de matière grasse. Très bien, j'apprends.
15:48Oui, et alors, si vous le mettez
15:50au four, pareil, on commence par le quadriller,
15:52on le fait un tout petit peu revenir
15:54dans la poêle, et puis on le met tranquillement au four.
15:56Et là, entre 10 et 15 minutes.
15:58Et puis, je vous conseille ensuite de l'envelopper
16:00du papier alu, et après
16:02de la cuisson au four, et de le laisser un petit peu
16:04se reposer avant de le consommer.
16:06Alors, sachez que le magret,
16:08on le voit avec des carottes, se marie facilement.
16:10Il adore les pommes de terre salardaises, cuites
16:12dans la graisse de canard. Il adore les purées
16:14de céleri rave, de carottes, de patates douces,
16:16de petits marrons. Il aime aussi les légumes
16:18croquants. Et il aime bien aussi le sucré
16:20salé, avec des fruits, des figues,
16:22des pêches rôties, des coins, et bien sûr
16:24une sauce au miel.
16:26C'est de là aussi que vient le succès du
16:28canard à l'orange. C'est le sucré salé, c'est ça ?
16:30Le canard à l'orange, c'est un succès,
16:32de sucré salé, et les asiatiques aussi.
16:34Dans votre canard, il y a parfois un peu de sauce
16:36soja, un peu de gingembre et un peu de sucre.
16:38Et pour accompagner ce merveilleux plat
16:40cuisiné par le restaurant Le Bourbon,
16:42qu'on salue évidemment, vous nous avez
16:44apporté un vin, un vin rouge.
16:46Expliquez-nous, c'est un bourgogne ?
16:48C'est un bourgogne, c'est du Pinot Noir.
16:50C'est marqué dessus. Alors,
16:52expliquez-nous, pourquoi ?
16:54D'abord, tout simplement parce que c'est un vin que j'aime bien,
16:56et qui me rappelle aussi une
16:58anecdote,
17:00quand j'ai commencé à travailler avec Bruno Latour.
17:02J'étais pendant 5 ans l'assistant
17:04de Bruno Latour, et Bruno
17:06était quelqu'un qui avait l'habitude d'organiser des dîners
17:08chez lui, entre intellectuels
17:10et entre artistes, qui ne se connaissaient pas forcément
17:12pour faire se rencontrer les gens. Et donc, il avait
17:14cette vieille habitude un peu des
17:16salons de discussion à la française. Et donc,
17:18lorsque je suis habité
17:20chez Latour pour la première fois,
17:22je ne savais pas du tout
17:24qu'il venait d'une famille de
17:26vignerons, et que sa famille possède
17:28plusieurs domaines, viticoles,
17:30Lambourgogne...
17:32Et donc, ce sont des très, très
17:34grands vins, évidemment. Et donc, par
17:36politesse, comme un idiot,
17:38j'arrive en bas de chez lui, avec
17:40une petite bouteille de Pinot Noir,
17:42comme on amène du vin quand on arrive chez les gens.
17:44C'est plutôt sympa. Et donc, impressionné d'être
17:46là à ce dîner, je lui donne,
17:48je lui dis, tiens Bruno,
17:50c'est très gentil, mais manifestement,
17:52tu ne sais pas quelle est ma famille, on vient
17:54de nous livrer les deux dernières cuvées,
17:56et donc, il avait des caisses
17:58de vins qui étaient délicieux,
18:00et donc, j'ai appris par la suite
18:02que... La famille Latour, quoi.
18:04Et que quand on est habité
18:06chez Bruno Latour, c'était pas la peine d'amener du vin,
18:08il fallait plutôt amener des fleurs ou du chocolat.
18:10Et il a fait de la cuisine avec votre vin, sans doute.
18:12C'est très possible, j'ai jamais
18:14osé lui demander. L'histoire ne la racontera pas.
18:16En revanche, ce qu'on peut dire
18:18sur ce vin, c'est que le vin de Bourgogne,
18:20il a une spécificité, c'est qu'il est fait avec
18:22des cépages uniques, c'est ça ?
18:24Oui, ce qui le rend très sensible aux variations
18:26du climat, évidemment. C'est là où je voulais
18:28en venir, vous avez aussi choisi pour ça ?
18:30Oui, oui, tout à fait.
18:32On a aujourd'hui
18:34plusieurs vignerons en
18:36Bourgogne qui commencent à racheter des
18:38parcelles ailleurs, notamment en
18:40Champagne, et ça pose
18:42une vraie question, notamment sur ce qu'on appelle l'appellation
18:44d'origine contrôlée. Est-ce que l'appellation d'origine
18:46contrôlée tient aux coordonnées topographiques,
18:48c'est le lopin autour de Beaune,
18:50ou est-ce qu'aux conditions d'ensoleillement
18:52et de pluviométrie ?
18:54En fait, c'est une question qu'on n'a jamais vraiment,
18:56véritablement tranchée, donc je trouve que ça pose une question
18:58assez fondamentale, y compris sur notre
19:00rapport à la terre et au terroir. Qu'est-ce que ça veut dire ?
19:02Qu'est-ce que vous, vous en pensez,
19:04personnellement ? Je pense
19:06qu'en fait, ça tient davantage
19:08aux conditions d'ensoleillement et aux
19:10conditions de la terre, etc., donc potentiellement,
19:12peut-être que des appellations d'origine
19:14contrôlées vont demain
19:16se déplacer, et effectivement, peut-être que
19:18on fera de l'excellent bourgogne en champagne
19:20demain, de la manière que la Belgique commence
19:22à produire d'excellents champagnes qui ne peuvent pas
19:24s'appeler champagne. Alors justement, c'est ce que j'allais vous dire,
19:26il y a du vin belge ? Il y a
19:28maintenant, en quelque sorte grâce
19:30au changement climatique, il y a du vin
19:32belge dont la qualité a tendance
19:34à s'améliorer, effectivement, notamment des
19:36vins pétillants, de type champagne,
19:38qui ne peuvent pas s'appeler champagne,
19:40mais qui ont récemment remporté des prix
19:42de meilleurs, sinon
19:44champagne, au moins meilleurs vins pétillants au monde.
19:46Mais il y a beaucoup de viticulteurs qui s'inquiètent
19:48de cette disparition des cartes,
19:50des appellations, parce que c'est ce qu'ils faisaient aussi.
19:52Non, bien sûr, c'est vraiment un des secteurs de l'agriculture
19:54les plus concernés par les variations.
19:56C'est pour ça qu'on cherche aussi des variétés plus
19:58résilientes de cépage.
20:00Absolument.
20:02C'est bien notre verre, d'ailleurs.
20:04Attendez, vous y allez, Jean-Pierre ?
20:06Allez, à la cop. Allez, on a de quoi
20:08y pencher notre soif, de quoi
20:10sustenter nos estomacs, il ne nous reste
20:12plus qu'à nourrir nos esprits, et c'est
20:14maintenant avec le quiz.
20:20Alors, j'imagine que l'écologiste que vous êtes
20:22soutient le combat de Paul Watson,
20:24emprisonné au Danemark, pour avoir
20:26défendu des baleines.
20:28Alors, sauriez-vous nous dire si ces
20:30affirmations concernant ce cétacé
20:32sont vraies ou fausses ?
20:34On ne mange plus de baleines
20:36en France depuis 1946,
20:38juste après la guerre.
20:40J'aurais tendance à dire faux.
20:42Je pense qu'on en mangeait plus tard que ça, non ?
20:44Oui, faux. On n'en mange plus depuis 1986,
20:46moratoire voté par la France
20:48sur l'interdiction de la chasse à la baleine, bravo.
20:50En France, dès le Moyen-Âge,
20:52Basque et Gascon traquaient
20:54la baleine sur leur côte. Vrai ou faux ?
20:56Ça, ça me paraît plausible, je dirais vrai.
20:58Vrai, bravo, 2 sur 2. En 1892,
21:00une vingtaine de personnalités
21:02gourmandes se réunissent à Paris dans un restaurant
21:04pour déguster de la baleine.
21:06Le morceau de choix,
21:08les morceaux de choix sont alors les branchies.
21:10Vrai ou faux ?
21:12Ça me semble vrai.
21:14Non, c'était les nageoires.
21:16C'était un piège.
21:18Quand on essaye un peu de vous piéger.
21:20À l'issue du dîner,
21:22un critique culinaire réputé
21:24affirme que la baleine ressemble
21:26à un morceau de bœuf dans de l'eau
21:28ayant servi à laver
21:30un macro avarié. Est-ce que c'est vrai ?
21:32Est-ce que cette critique est vraie ou est-ce qu'il a un peu exagéré ?
21:34Je dirais vrai.
21:36Il était furieux de son dîner
21:38et il n'aimait pas la baleine.
21:40On a compris.
21:42J'ai eu l'occasion d'en voir moi-même
21:44et d'assister à un massacre de baleines
21:46alors que j'étais en mission au Groenland
21:48et ça reste un plat
21:50important pour les gens.
21:52C'est très impressionnant de voir
21:54cette mer rouge
21:56de sang et de voir ces baleines
21:58qui sont traînées.
22:00C'est vrai que l'odeur
22:02est assez pestilentielle
22:04et ça ne donne pas du tout envie de manger.
22:06J'ai appris une petite info
22:08qui ne m'était pas venue à l'esprit mais à l'époque
22:10quand en France et à Paris on mangeait de la baleine
22:12c'était les bouchers qui s'en occupaient
22:14parce que la baleine est un mammifère et non pas un poisson.
22:16Bien sûr.
22:18C'est aussi, et on le sait peu,
22:20un animal qui est très utile
22:22pour le stockage du carbone
22:24parce que la baleine tout au long de sa vie
22:26va s'alimenter notamment
22:28avec du krill et du plancton.
22:30Elle va en dégérer des kilos et des kilos.
22:32Or c'est le krill et le plancton qui vont capter
22:34le carbone dans les océans.
22:36Et donc les océans,
22:38un puits de carbone, vont absorber à peu près
22:40un quart de nos émissions de gaz à effet de serre
22:42via le krill et le plancton.
22:44Or la baleine lorsqu'elle le mange
22:46elle va le garder à l'intérieur d'elle.
22:48Lorsque les baleines meurent, leur cadavre
22:50va tomber au fond de l'océan et donc
22:52elles vont fossiliser le carbone
22:54à nouveau. Et c'est pour ça qu'on voit la question
22:56de la chasse à la baleine comme un enjeu de biodiversité
22:58c'est aussi un enjeu pour le climat.
23:00Capte aussi le carbone.
23:02On apprend plein de choses
23:04dans cette émission. On passe justement
23:06au deuxième quiz. En tant que Belge
23:08évidemment je vais vous poser des questions sur les frites.
23:10Alors sauriez-vous
23:12nous dire si ces affirmations sont vraies ou
23:14fausses ? C'est le Belge
23:16Jean-Frédéric Kieffer, dit
23:18Monsieur Fritz, qui invente les frites
23:20en 1834.
23:22Non, ça je dirais faux.
23:24Ah, vous avez raison.
23:26Vous êtes fort. Parce qu'en fait
23:28il est français. C'est un français qui les
23:30a fait connaître aux Belges après avoir appris
23:32en France la recette. C'est donc bien
23:34une invention française qui a monté à la fin
23:36du XVIIIe siècle
23:38et donc il avait même posé
23:40son stand de pommes de terre devant le théâtre de Liège.
23:42Que je vois très bien où c'est.
23:44Que vous connaissez très bien.
23:46C'est pas les Belges qui l'ont inventé. Simplement
23:48la recette qui caractérise
23:50aujourd'hui les frites un peu belges
23:52est belge puisqu'on les fait revenir deux fois
23:54dans la graine de beurre.
23:56Il va peut-être avoir raison après.
23:58Mais c'est pas grave.
24:00Vous avez raison de le dire.
24:02Monsieur Fritz a l'idée
24:04de tailler les pommes de terre
24:06en bâtonnets alors qu'en France
24:08elles étaient coupées en rondelles.
24:10Ah, ça me paraît plausible.
24:12C'est vrai. Bravo. Il avait même un couteau spécial
24:14pour le faire.
24:16Le couteau Fritz, paraît-il.
24:18Les premières frites en France
24:20sont considérées comme un plat de luxe.
24:22Ah...
24:24Oui, peut-être de la même manière que la pomme
24:26de terre est au départ considérée comme un plat de luxe.
24:28Je crois que les frites ont pu être considérées
24:30comme un plat de luxe. Bravo. Très bel esprit de déduction.
24:32Évidemment parce que,
24:34comme vous le disiez, les Français aussi les faisaient frire
24:36dans du beurre, de la
24:38graisse de canard qui était très très
24:40chère à l'époque.
24:42Dernière affirmation.
24:44Un Américain du Texas va révolutionner
24:46la cuisson des frites en les faisant d'abord frire
24:48dans la graisse de bœuf.
24:50Alors,
24:52effectivement ça va révolutionner la cuisson des frites, la graisse de bœuf.
24:54Mais la question c'est, est-ce que c'est un Américain
24:56du Texas qui va le faire ?
24:58Mon avis c'est plutôt un Belge.
25:00Non, c'est un Français.
25:02C'est un Français qui va inventer la graisse de bœuf.
25:04Est-ce que Monsieur Frites était Français en fait ?
25:06Oui, oui, d'accord.
25:08Vous savez quand même déjà beaucoup de choses sur les frites.
25:10Évidemment, c'est toujours intéressant
25:12ces petits détails de la gastronomie.
25:14Et comme le disait Joël Robuchon,
25:16le secret d'une grande cuisine
25:18c'est de prendre soin des détails.
25:20C'est pourquoi on va essayer d'aller chercher
25:22dans vos souvenirs le petit détail qui fait la grande histoire
25:24et c'est tout de suite dans la Brève de Comptoir.
25:30Alors pour préparer cette émission,
25:32François Gémin, on vous a demandé de réfléchir
25:34à une anecdote qui mêlerait cuisine
25:36et politique et je crois que
25:38vous en avez eu une avec un ancien président de la République.
25:40Avec Valéry Giscard d'Estaing.
25:42C'est un
25:44des plus grands embarras
25:46de ma vie.
25:48La scène se passe en 2008.
25:50Il faut savoir que je suis arrivé
25:52à Paris en 2007 et que quasiment
25:54dès mon arrivée à Paris,
25:56je suis contacté par la prestigieuse
25:58Fondation Quartier pour l'art contemporain
26:00qui prépare une exposition
26:02sur mon thème de recherche, sur les migrations
26:04liées au climat et à l'environnement.
26:06Une exposition qu'ils ont appelée Terre natale
26:08et qui a été réalisée par Paul Virilio et Raymond Depardon.
26:10Et la Fondation Quartier m'engage
26:12comme conseiller scientifique de cette exposition
26:14ce qui est pour moi, jeune doctorant
26:16arrivé à Paris, très impressionnant.
26:18Depardon que deux monstres sacrés.
26:20Et donc,
26:22l'exposition ouvre
26:24à la fin de l'année 2008 à la Fondation Quartier
26:26et donc il y a un vernissage un peu prestigieux
26:28avec plein de personnalités
26:30dont Valéry Giscard d'Estaing
26:32dont je me souviens bien.
26:34Et à l'issue du vernissage, il y a comme toujours un grand dîner
26:36qui est donné à
26:38La Coupole sur le boulevard du Montparnasse.
26:40Et donc dans cette grande brasserie,
26:42il y a facilement
26:44100 ou 150 personnes qui sont
26:46assemblées pour le grand dîner d'ouverture de l'exposition
26:48et il se joue avec
26:50un grand ballet de serveurs comme dans
26:52le grand restaurant, il y a 20 ou 25 serveurs
26:54qui nous tournent autour, qui arrivent avec des bouteilles
26:56de vin, qui débouchent simultanément
26:58une quarantaine ou une cinquantaine de bouteilles de vin
27:00et je suis placé tout au bout
27:02de la table et donc par réflexe
27:04un serveur me fait goûter
27:06le vin.
27:08Et le vin me paraît
27:10un peu bizarre
27:12mais je suis jeune doctorant et il y a
27:14tous ces politiques, il y a Giscard
27:16le patron de Quartier à table
27:18ils ont déjà commencé à servir le vin
27:20je ne dis rien du tout
27:22je laisse servir le vin
27:24et puis le patron de la maison-mère
27:26de Quartier porte un toast
27:28au président Giscard d'Estaing
27:30il commence à boire le vin
27:32et là je vois le patron de Quartier qui
27:34regrage le vin et qui dit
27:36mais ce vin est infect, qui a osé servir ça ?
27:38Et là il dit
27:40qui a goûté le vin ?
27:42Et là il y a un serveur qui dit
27:44mais ce monsieur en bout de table
27:46m'a dit que je pouvais servir
27:48et je me souviens c'est un des plus grands
27:50embarras de ma vie et depuis j'ai toujours un stress
27:52quand je dois goûter du vin
27:54Il a osé dire ça devant tout le monde ?
27:56Oui c'était un type un peu
27:58qui a des cotes qualité mais qui était un peu brutal
28:00un patron un peu brutal
28:02Il vous a servi du vinaigre, c'est pas possible
28:04Le vin était très très mauvais et donc le type a fait renvoyer
28:06toutes les caisses de vin et donc on a changé tout le vin
28:08Très très bonne anecdote
28:10Très bien racontée évidemment
28:12Le vin vous porte la poisse
28:14Oui c'est ça, avec le vin vous n'êtes pas chanceux
28:16Allez on poursuit ce repas
28:18avec de bien sombres prévisions
28:20La récolte de blé en France devrait
28:22reculer de presque 15% en 2024
28:24On vous explique pourquoi
28:26tout de suite dans le Dessous des Plats
28:34Après l'accablante sécheresse des précédentes années
28:36c'est la pluie qui aura dévasté
28:38la production de blé cette année
28:40En 2024, la récolte de cette céréale
28:42s'annonce catastrophique
28:44sur l'ensemble du territoire
28:46tout comme en Seine-et-Marne
28:48où se sont rendus nos journalistes
28:50Maïté Frémont et Mathéo Stéphan
28:52accompagnés par Marion Duvauchel
28:54et vous allez le voir, les images qui vont suivre
28:56font froid dans le dos
28:58C'est un matin quand je me lève, je me dis
29:00je gère que des risques
29:02Sur la station météo de la ferme
29:04entre l'automne 2023 et l'automne 2024
29:06la pluie est de 61 mm
29:08donc à peu près le double d'une année normale
29:10On se rend compte qu'il y a de la pluie quasiment tout le temps
29:12On avait quelques jours de répit
29:14mais même pendant la moisson
29:16on a eu des difficultés
29:18on n'a jamais réussi à faire une semaine continue de moisson
29:20comme on a l'habitude de faire
29:22La météo est devenue le cauchemar de Guillaume
29:24céréalier
29:26et de ses 250 hectares de terre
29:28Sur cette vidéo
29:30vu du ciel
29:32des kilomètres de champs gorgés d'eau
29:34les éléments se déchaînent
29:36la tempête Kirk
29:38ravage la terre
29:40engloutit les cultures
29:42Trois semaines plus tard
29:44les pieds de Guillaume baignent toujours dans cette eau boueuse
29:46Quand on prend 60 mm sur une seule journée
29:48forcément la terre n'arrive pas à tout absorber
29:50On a plusieurs zones comme celle-ci
29:52on a essayé de passer avec le tracteur pourtant
29:54pour en semer le maximum
29:56mais on a même laissé le tracteur qui s'est enterré dans une zone
29:58et donc on a cette partie de la parcelle
30:00qui ne sera pas semée
30:02et qui pourra dans tous les cas
30:04vu comme c'est encore de l'eau
30:06le grain n'aurait pas réussi à germer
30:08Sa récolte de blé s'annonce d'ores et déjà mauvaise
30:10avec une perte chiffrée
30:12à 100 000 euros
30:14Guillaume n'est pas un cas isolé
30:16seulement 29,7 millions de tonnes
30:18devraient être récoltées
30:20soit une chute de 15%
30:22par rapport à l'année précédente
30:24l'une des pires années
30:26pour les agriculteurs
30:28des inondations à répétition
30:30des périodes de sécheresse intense
30:32comment s'adapter
30:34face aux bouleversements climatiques
30:36quelles solutions
30:38face à des moissons
30:40de plus en plus en berne
30:42C'est bien de se dire comment je me rends le plus résilient
30:44à ces différents aléas
30:46c'est ce vieil âge paysan
30:48on ne met pas tous les oeufs dans le même panier
30:50on le sait il y aura des années sèches
30:52il y aura des années humides
30:54on va devoir travailler en fonction
30:56décaler les dates de semis, ajuster, anticiper des récoltes
30:58Comme Guillaume le fait depuis 16 ans
31:00il n'a pas d'autre choix
31:02que de remonter sur son tracteur
31:04et espère transmettre la ferme
31:06à ses enfants
31:08Ces images
31:10on voit
31:12elles sont absolument terribles
31:14mais surtout est-ce qu'elles vont s'accentuer
31:16on va devoir s'habituer à ce type d'images
31:18s'habituer je ne sais pas
31:20parce que c'est toujours dramatique
31:22on ne s'y habitue jamais vraiment
31:24mais par contre on va devoir s'adapter
31:26l'agriculture est un des premiers secteurs de l'économie
31:28qui va être touché par les impacts du changement climatique
31:30et donc ça veut dire qu'il va falloir
31:32déployer des politiques d'adaptation
31:34qui vont passer par des changements
31:36de pratiques agricoles, par des changements de cultures
31:38on ne cultivera plus les mêmes choses
31:40aux mêmes endroits
31:42il va falloir davantage protéger les cultures
31:44les rendre plus résilientes
31:46et vraiment c'est un enjeu fondamental
31:48pour l'agriculture et si on n'anticipe pas ces changements
31:50et ces transformations aussi
31:52du métier d'agriculteur
31:54on va tirer une balle dans le pied des agriculteurs
31:56comment concrètement les COP répondent aux agriculteurs
31:58on l'entend, vous donnez des grandes lignes
32:00mais concrètement, qu'est-ce que vous proposez ?
32:02les COP ?
32:04oui, aux agriculteurs
32:06aujourd'hui le problème de l'agriculture
32:08c'est que c'est un secteur auquel on n'ose pas toucher
32:10très clairement, on sait que c'est un secteur
32:12qui est à ce point fragilisé
32:14où on a l'impression
32:16et moi je regrette beaucoup que dans le débat public
32:18parfois on oppose les questions d'agriculture
32:20et d'écologie et que beaucoup d'agriculteurs
32:22ressentent un peu les normes environnementales
32:24comme un fardeau qui leur pèse sur les épaules
32:26l'écologie serait l'ennemi du monde paysan
32:28exactement
32:30et c'est comme ça que ça a été présenté dans le débat public
32:32alors que moi je suis convaincu que l'agriculture
32:34et les agriculteurs peuvent être des piliers
32:36de la transition écologique
32:38ça nécessite simplement de faire évoluer
32:40certaines pratiques agricoles
32:42et aussi le métier d'agriculteur
32:44je crois que demain les agriculteurs seront aussi
32:46des gardiens des sols
32:48et que bien entendu il y a ceux qui vont pouvoir cultiver
32:50pour nourrir les gens
32:52il y a aussi la question du carbone qui va pouvoir être stocké
32:54dans les sols
32:56à certains endroits de l'agrivoltaïsme
32:58et donc voir comment les agriculteurs vont s'y produire
33:00de l'électricité potentiellement
33:02il y a des enjeux biodiversité évidemment qui sont liés à ça
33:04et je crois que le métier d'agriculteur demain
33:06ça sera aussi un métier de gardien des sols
33:08c'est sans doute un des métiers qui vont le plus évoluer
33:10sous l'effet du changement climatique
33:12Vous comprenez leur colère, on l'a vu notamment
33:14en début d'année
33:16il y avait un énorme mouvement qui était dû
33:18et justifié en tout cas
33:20par cette colère là
33:22est-ce que vous n'avez pas l'impression aussi qu'on les a
33:24trop pressurisés dans un sens, c'est-à-dire qu'on leur a demandé
33:26de faire des cultures toujours plus intensives
33:28d'utiliser aussi des OGM
33:30des choses, voilà, et puis maintenant
33:32on leur dit du jour au lendemain
33:34on leur a demandé d'investir aussi
33:36il faudrait changer
33:38maintenant il faudrait changer de braquet, vous comprenez cette colère là ?
33:40Je comprends parfaitement et c'est la même
33:42que celle que j'observe avec par exemple
33:44des industriels en Europe centrale
33:46ou en Europe de l'Est, à qui on a dit
33:48il y a 30 ans, écoutez maintenant vous sortez du communisme
33:50et de l'économie planifiée, vous allez passer
33:52au marché, à l'économie de marché
33:54et au capitalisme et donc ils ont tout changé
33:56et là on leur dit maintenant
33:58ah mais maintenant c'est le green deal, vous allez passer
34:00à la durabilité, à la transition
34:02il faut encore tout changer
34:04et donc ils sont exactement dans le même état d'esprit
34:06et c'est aussi pour ça que la question du
34:08green deal a parfois du mal à prendre
34:10dans certains pays d'Europe centrale et orientale
34:12parce que c'est des gens à qui on a déjà dit
34:14il y a 30 ans il faut tout changer. Pour les agriculteurs
34:16c'est pareil avec parfois des investissements
34:18très lourds qu'ils ont consentis
34:20et c'est un secteur dont il faut
34:22absolument s'occuper et aujourd'hui on voit
34:24bien une sorte de fébrilité des politiques
34:26où on va se dire voilà on va
34:28agir dans l'industrie, sur le bâtiment
34:30sur le transport mais on va pas toucher à l'agriculture
34:32parce que c'est un secteur qui est très très
34:34fragilisé et je crois que ne pas
34:36toucher à l'agriculture en réalité c'est leur rendre un très
34:38mauvais service. Alors j'ai quand même vu
34:40qu'il y a une journée consacrée à l'alimentation
34:42à l'agriculture et à l'eau. Oui oui toujours.
34:44Alors vous parliez de résilience
34:46est-ce que ces cultures sont donc menacées
34:48on vient de le voir avec le blé, est-ce que des cultures
34:50à terme peuvent disparaître du globe ?
34:52Est-ce que vous en avez recensé quelques unes
34:54qui sont sur le point comme des espèces
34:56animales en voie de disparition ? Disparaître
34:58du globe c'est une bonne question. Honnêtement j'ai pas vu
35:00d'études qui craignaient
35:02la disparition. Ou alors disparaître dans certains
35:04pays. Mais par contre disparaître dans certains pays, dans certaines
35:06régions absolument. On ne cultivera
35:08pas la même chose en France dans 20 ans
35:10que ce qu'on cultive aujourd'hui.
35:12On peut tout à fait imaginer que
35:14dans des régions du centre Val-de-Loire
35:16par exemple, qu'on cultive demain des agrumes
35:18par exemple, ça peut tout à fait être envisagé.
35:20Et qu'on puisse plus les cultiver au Maroc. Et qu'on puisse plus
35:22les cultiver à l'inverse du côté de
35:24Manteau sur la Côte d'Azur. Alors Valérie l'a dit, vous êtes un spécialiste
35:26des
35:28habitations submergées, des
35:30questions migratoires liées au dérèglement
35:32climatique. Les gens quittent leur
35:34territoire parce qu'ils perdent leur habitat. Mais s'ils
35:36perdent leur culture, c'est aussi une raison de fuir
35:38non ? C'est aussi une raison de migrer ?
35:40Attendez, c'est même la raison première
35:42des migrations dites
35:44climatiques. On a
35:46aujourd'hui, il faut se rendre compte de ça et je ne pense pas que
35:48les gens se rendent bien compte de ça.
35:50On a en Afrique
35:52subsaharienne, la moitié des ménages
35:54de cette région qui dépendent
35:56de l'agriculture de subsistance comme première source
35:58de revenus. L'agriculture de subsistance
36:00c'est l'agriculture vivrière. Vous cultivez
36:02ce dont vous avez besoin pour nourrir votre famille.
36:04Dans le Sahel, cette proportion monte même
36:06jusqu'à 7 familles sur 10.
36:08Or l'agriculture de subsistance, c'est une
36:10agriculture qui est extrêmement vulnérable à toute
36:12variation de la température ou de la pluviométrie.
36:14Ça veut dire que
36:16avec les impacts du changement climatique,
36:18vous avez 5 familles
36:20sur 10 et 7 sur 10 dans le Sahel
36:22dont le revenu dépend de
36:24la température ou de la pluviométrie. Et donc,
36:26ce qu'on voit aujourd'hui, c'est un exode
36:28rural massif où les familles
36:30qui ne parviennent plus à tirer un revenu suffisant
36:32de l'agriculture, qui ne parviennent plus
36:34à nourrir leur famille, vont envoyer un
36:36ou plusieurs de leurs fils à la ville la plus
36:38proche en leur disant, trouve du travail
36:40là-bas et envoie-nous
36:42un revenu complémentaire. Sauf que les villes
36:44africaines sont aujourd'hui dépassées par
36:46l'afflux de migrants venus des campagnes
36:48et donc c'est des jeunes hommes
36:50qui n'ont plus accès au marché du travail, qui n'ont plus
36:52accès au logement, ni à des services sociaux, ni
36:54à des soins de santé, qui sont
36:56sous une énorme pression de leur famille pour
36:58envoyer de l'argent et qui deviennent donc des
37:00proies faciles pour des réseaux de trafiquants
37:02et de passeurs, de prostitution,
37:04qui vont les emmener parfois de proche en
37:06proche, et parfois en Tunisie ou en Libye
37:08qui sont devenus des enfers sur terre
37:10pour les migrants en provenance d'Afrique
37:12subsaharienne, et c'est pour ça que certains vont prendre la
37:14Méditerranée, qui va devenir la seule porte de
37:16sortie alors que c'est pas du tout la destination qu'ils
37:18avaient envisagée au départ.
37:20Et parce qu'ils vont être sous pression à la fois
37:22des passeurs, sous pression de leur
37:24famille, et quand ils vont arriver
37:26sur les côtes européennes, on va
37:28les appeler migrants économiques
37:30parce qu'on va considérer qu'ils viennent du
37:32Sénégal, de Côte d'Ivoire, de Guinée, c'est-à-dire
37:34de pays qui ne sont pas en guerre.
37:36Mais ce qu'on ne réalise pas, c'est que
37:38pour ces migrants
37:40au départ, la question
37:42de l'économie et de l'environnement,
37:44c'est la même chose, parce que leurs ressources économiques
37:46dépendent évidemment
37:48de leurs ressources agricoles et donc de l'environnement.
37:50Pour vous et moi, le salaire qu'on
37:52touche à la fin du mois, c'est le même
37:54en été comme en hiver, et en quelque sorte
37:56nos ressources économiques
37:58ne dépendent pas trop des variations
38:00environnementales, mais pour
38:02énormément de gens sur la planète, c'est le cas
38:04et c'est comme ça que les questions environnementales et économiques
38:06se mêlent évidemment dans les facteurs de migration.
38:08Dans les COP, justement,
38:10est-ce qu'on réfléchit à ces questions-là,
38:12mais surtout, est-ce qu'on propose des solutions concrètes
38:14comme, typiquement,
38:16changer le type de culture,
38:18adapter leur culture ?
38:20Beaucoup. C'est certain que dans les COP,
38:22on voit toujours, et je comprends, il y a un biais mécanique qui fait
38:24qu'on s'attache toujours un peu au texte final
38:26entre gouvernements.
38:28Il faut savoir qu'à côté se réunissent
38:30énormément de comités, etc.
38:32D'ingénieurs, d'agronomes.
38:34J'ai un agronome, notamment,
38:36je fais partie d'une task force,
38:38donc un groupe de travail sur les migrations
38:40environnementales qui a été mis en place par l'accord de Paris,
38:42qui va faire des recommandations
38:44de programmes, et on a toute une série de programmes
38:46qui se mettent en place dans les pays du Sud,
38:48notamment pour favoriser ce qu'on appelle des migrations
38:50saisonnières ou des migrations pendulaires.
38:52On a certains secteurs qui sont en manque
38:54de main-d'oeuvre à certains moments.
38:56D'autres secteurs, notamment le secteur agricole,
38:58où c'est plus difficile lors de certaines saisons,
39:00on va permettre aux gens de migrer
39:02de façon pendulaire, saisonnière,
39:04de manière à ce que,
39:06d'un côté, on soulage la pression
39:08démographique sur des ressources environnementales
39:10qui sont arrifiées. De l'autre côté,
39:12on permet à ces gens de gagner
39:14suffisamment d'argent que parfois pour nourrir
39:16leur famille le reste de l'année, et on permet
39:18de pallier des manques
39:20de main-d'oeuvre dans certains secteurs.
39:22On a une série de programmes de migration
39:24qui fonctionnent très bien,
39:26y compris dans le secteur de l'agriculture,
39:28y compris entre certains pays.
39:30La Nouvelle-Zélande a des programmes de migration saisonnière
39:32avec des petites îles du Pacifique,
39:34l'Espagne en a avec la Colombie,
39:36par exemple, et donc c'est ce type
39:38de programmes qui sont gagnants-gagnants,
39:40où le pays d'accueil
39:42parvient à combler les trous
39:44dans le marché du travail,
39:46où les migrants gagnent en revenus
39:48qui leur permettent de pallier
39:50les difficultés environnementales qu'ils connaissent,
39:52et donc on voit que si la migration
39:54est organisée,
39:56elle peut devenir une sorte de stratégie d'adaptation
39:58aux impacts du changement climatique,
40:00notamment dans les milieux ruraux.
40:02Le problème, c'est qu'en Europe,
40:04on se refuse à l'idée d'organiser
40:06la migration. On a l'impression que c'est
40:08quelque chose qu'on subit, et donc on est toujours
40:10dans une approche réactive plutôt que prospective
40:12par rapport à la migration.
40:14Je l'ai lu, toute la différence entre un pays
40:16impacté et un pays vulnérable,
40:18c'est ceux qui ne se préparent pas.
40:20C'est ceux qui ne se préparent pas, bien entendu.
40:22La catastrophe,
40:24c'est toujours la rencontre d'un risque,
40:26d'un aléa naturel, avec une vulnérabilité
40:28qui, elle, est sociale, économique ou politique,
40:30et c'est ça qui va produire la catastrophe.
40:32Et l'enjeu de l'adaptation,
40:34c'est de réduire la vulnérabilité.
40:36L'enjeu de la réduction des émissions de gaz à effet de serre,
40:38c'est de réduire le risque. Il faut évidemment
40:40travailler sur les deux tableaux.
40:42Alors, on ne peut plus ignorer le réchauffement climatique,
40:44c'est désormais une contrainte qu'il faut considérer,
40:46mais une contrainte qui peut aussi
40:48devenir vertueuse. Se préoccuper
40:50du climat et de notre planète nous conduit
40:52à changer nos pratiques, nos modèles
40:54et, par exemple, nous amène à manger
40:56local. C'est tout de suite dans
40:58Les pieds dans le plat.
41:05Locavor, un mot qui s'est inventé,
41:07qui s'est invité dans notre vocabulaire quotidien
41:09maintenant, qui consomme local.
41:11C'est une définition toute simple pour désigner
41:13ces architectes des circuits courts
41:15qui militent pour limiter
41:17les intermédiaires, les kilomètres
41:19entre le producteur et notre assiette.
41:21Stéphane Linou est un pionnier du
41:23locavorisme et, en plus, prosélite
41:25le mois dernier à Barjac dans le Gard.
41:27Il formait des élus et lançait un défi
41:29aux chefs de la cantine. Concocter
41:31un repas chic, attention, local
41:33et bas carbone pour moins de
41:359,50 euros. Pari tenu ?
41:37Point d'interrogation. On va le voir avec ce reportage
41:39de Marion Becker et d'André Laffont.
41:45Simon prépare un repas particulier.
41:47Là, c'est les figues
41:49qui vont composer le
41:51menu de ce midi.
41:53Des figues en bio
41:55qui sont à une dizaine de kilomètres
41:57d'ici. On les a fait
41:59macérer avec très peu de sucre et de la
42:01verveine du jardin
42:03de l'école.
42:05On est parti d'une recette de crumble
42:07habituelle. On a fait le choix de remplacer
42:09totalement la partie du sucre par du
42:11miel local. Ensuite, la
42:13quantité de beurre a été remplacée par
42:15de l'huile d'olive locale.
42:17Là, pour le coup, je veux dire,
42:19c'est assez surprenant en bouche.
42:21Tous les ingrédients de
42:23son menu ont été récoltés
42:25à moins de 51 kilomètres.
42:27C'est le défi que lui a lancé
42:29Stéphane Linou, le pionnier
42:31du mouvement Locavore en France.
42:33Ça va ? Ça va et vous ? Eh bien, ça va.
42:35Alors, du stress ou quoi ?
42:37Ça va, on s'est adaptés.
42:39On voit bien qu'on s'est adaptés.
42:41On a réalisé un repas de fête local
42:43chic et pas cher et bas carbone
42:45pour les élus.
42:47Pour l'entrée, on est partis
42:49sur une salade de lentilles
42:51à l'oignon et à l'ail.
42:53Au-dessus, on a un oeuf mollet
42:55pour gourmandiser
42:57la salade de lentilles.
42:59C'était l'idée.
43:01Pendant ce temps-là, Stéphane Linou formait
43:03les élus à l'importance de faire appel
43:05aux producteurs locaux, de se réapproprier
43:07les circuits courts de l'alimentation.
43:09Ce midi, dans le restaurant scolaire,
43:11c'est la mise en pratique.
43:13Pour le plat de consistance,
43:15on est partis sur une volaille de Saint-Jean.
43:17Étant donné qu'on était réduits
43:19en crème et en matière grasse,
43:21on s'est servi du fond de volaille
43:23pour faire le coulis de butternut.
43:25Coralie a un truc intéressant
43:27puisqu'on fait parler les assiettes
43:29par rapport aux outils de transformation.
43:31On avait un abattoir d'un volaille
43:33à Saint-Victor-de-Malga,
43:35puis il a fermé.
43:37Les reproductions se sont arrêtées.
43:39Plus de lapins, plus de volailles.
43:41Le système alimentaire territorial
43:43du coin comme d'ailleurs,
43:45il est moribond
43:47parce qu'il manque des maillots.
43:49Mais en cas de pépins,
43:51c'est-à-dire s'il y a un pépin
43:53sur les perfusions alimentaires,
43:55c'est-à-dire les transports,
43:57on se retrouve face à notre géographie
43:59et on se rend compte
44:01de ce qu'on a fait de notre territoire
44:03depuis tant de décennies.
44:05C'est un système alimentaire territorial
44:07à reconstruire pour des raisons
44:09de sécurité et de gestion des risques.
44:11À Barjac,
44:13les élus sont déjà sensibilisés
44:15et engagés.
44:17Depuis 2005,
44:19le chef de la cantine ne cuisine
44:21que des produits frais et en majorité bio.
44:23Pour aller plus loin,
44:25la ville vient de mettre en place
44:27un potager.
44:29Ici, on est sur la parcelle
44:31que la mairie a achetée.
44:33En décembre, on va planter des salades,
44:35carottes en février,
44:37on va semer les premières carottes
44:39et normalement, ça sera en production
44:41pour le printemps,
44:43les premières courgettes et l'été,
44:45les tomates.
44:47À terme, Johan devrait produire
44:49une grande partie des fruits et légumes
44:51consommés à la cantine.
44:53Alors chic, local, bas carbone et économique,
44:55il a tenu son pari. Le chef, vous êtes bluffé ?
44:57Je m'attendais un peu à ce que le pari
44:59s'est tenu.
45:01Le sujet ne commence pas.
45:03Surtout, c'est la démonstration
45:05que c'est possible.
45:07Le chef dit dans ce reportage
45:09« Je me suis adapté en remplaçant le beurre par l'huile d'olive. »
45:11Ce sont des adaptations
45:13qui vont bientôt toucher les ménagères,
45:15les cuisiniers ? Dans le sud, on fera des gâteaux
45:17avec de l'huile parce que les vaches sont trop loin ?
45:19Je ne sais pas si les vaches seront trop loin,
45:21mais potentiellement, on va voir ce type
45:23d'adaptation. On va sans doute être amené
45:25à consommer de plus en plus
45:27de produits locaux. Je pense que c'est un enjeu,
45:29et il nous le dit bien dans le reportage,
45:31c'est un enjeu de sécurité alimentaire,
45:33y compris par rapport à des problématiques
45:35d'impact du changement climatique qui vont toucher
45:37des chaînes d'approvisionnement.
45:39C'est aussi un enjeu de réduire
45:41le nombre d'intermédiaires de manière à augmenter
45:43le revenu des agriculteurs.
45:45C'est un aspect très important
45:47parce qu'on voit qu'aujourd'hui, ce qui fait
45:49que beaucoup d'agriculteurs ne parviennent plus
45:51à nouer les deux bouts, c'est qu'il y a une sorte
45:53de multiplication d'intermédiaires
45:55dans la chaîne, dans le circuit,
45:57chacun va prendre, évidemment, leur code part,
45:59et au final, alors que les gens
46:01ont l'impression que le prix des aliments
46:03augmente sans cesse
46:05au magasin, au supermarché,
46:07par contre, ce qui revient à l'agriculteur ne bouge pas,
46:09et évidemment, c'est une grande difficulté.
46:11Parfois, les gens s'imaginent que c'est juste
46:13une question de réduire l'empreinte carbone.
46:15En réalité, le transport des aliments,
46:17c'est que 15% environ de l'empreinte carbone
46:19des aliments. Ce qui compte avant tout,
46:21c'est la manière dont les aliments sont produits.
46:23Et donc, effectivement, parfois,
46:25vous allez avoir quelque chose qui va être importé
46:27du Kenya, du Maroc, etc.,
46:29qui va avoir une empreinte carbone moindre
46:31que le truc qui est cultivé
46:33à côté de chez vous, simplement parce qu'à côté
46:35de chez vous, ça va être cultivé en serre, etc.
46:37Donc, je pense qu'il y a un enjeu de manger
46:39des fruits et légumes de saison,
46:41et donc de respecter, en quelque sorte, le cycle
46:43des saisons, et surtout
46:45de fournir un revenu décent aux agriculteurs,
46:47et c'est ça, avant tout, l'enjeu
46:49du locavorisme, comme on dit.
46:51Est-ce qu'on peut manger local, où que l'on soit,
46:53d'où que l'on vienne ? Vous, vous habitez
46:55dans le 6e arrondissement, vous faites comment pour manger local ?
46:57Non, je ne mange quasiment rien local.
46:59Alors, il y a des initiatives qu'il faut saluer,
47:01de la mairie de Paris, pour essayer de développer
47:03un peu, mais il est certain que...
47:05Il semble qu'il y a des amapes dans Paris, aussi.
47:07Il y a quelques amapes, etc. Bon, ça reste
47:09limité, et ça n'aura jamais
47:11vocation à nourrir l'ensemble
47:13de la ville, mais il est certain
47:15qu'il faut organiser,
47:17et c'est l'enjeu aussi d'organiser une sorte
47:19de réseau de dépendance. On est aujourd'hui
47:21dans une sorte de, je dirais,
47:23d'état d'esprit où chacun
47:25voudrait avoir une sorte de souveraineté
47:27alimentaire, sanitaire, énergétique.
47:29En réalité, ça n'existe jamais
47:31vraiment. Je crois que l'enjeu, c'est plus
47:33de choisir de qui nous voulons
47:35être dépendants, et c'est l'enjeu à Paris,
47:37du Grand Paris,
47:39évidemment, de pouvoir connecter la ville
47:41aussi avec les terres agricoles
47:43qui vont la nourrir. On a bien vu,
47:45il y a une étude qui est sortie sur la résilience
47:47parisienne, et on s'aperçoit
47:49qu'elle n'a que quelques jours de stock
47:51devant elle. Forcément, quelques kilos de pâtes.
47:53Voilà, c'est tout. Et si jamais il y a une
47:55tragédie climatique,
47:57au bout de quatre jours, les Parisiens
47:59crèvent de faim. C'est normal, et c'est inévitable.
48:01Et ça serait pareil à Londres,
48:03ça serait pareil à Rome, dans n'importe quelle autre grande ville.
48:05Mais la solution, est-ce que c'est de faire un autre
48:07orangis pour aller chercher des aliments et des ingrédients
48:09à l'autre bout de la France et du monde,
48:11ou essayer d'organiser une espèce
48:13de système qui pourrait permettre une autarcie
48:15des grandes villes à 100 km à la ronde ?
48:17Je pense que la solution, une solution comme celle
48:19du Grand Paris, est une solution intéressante,
48:21qui va connecter la ville avec des zones
48:23périphériques et des zones rurales.
48:25Les zones rurales, il faut aller les chercher
48:27de plus en plus loin, maintenant, dans le Grand Paris.
48:29Il faut les chercher de plus en plus loin, effectivement.
48:31Parce que Paris est aussi une très très grande ville.
48:33Est-ce que manger local, c'est une
48:35évidence qui transcende les clivages politiques ?
48:37Quand, par exemple, le Rassemblement National dit
48:39qu'il faut manger français, qu'est-ce que ça vous évoque ?
48:41De l'inquiétude. C'est-à-dire ?
48:43Je vois, avec beaucoup d'inquiétude,
48:45cette sorte
48:47d'écologie du repli sur soi,
48:49où, au fond, l'horizon
48:51se réduirait à son
48:53village ou aux champs
48:55alentours, et donc, cette sorte
48:57d'écologie, un peu, de
48:59repli sur soi, m'inquiète beaucoup.
49:01Parce qu'évidemment, elle a des ressorts
49:03qui sont puissants et qui sont tentants.
49:05L'idée des circuits courts, l'idée
49:07de favoriser l'économie locale,
49:09l'agriculture locale, etc. Mais il ne faut pas
49:11oublier que les enjeux dont nous discutons
49:13ici, notamment le changement climatique
49:15mais aussi la perte de biodiversité,
49:17ce sont des enjeux globaux.
49:19L'enjeu de notre action, c'est aussi
49:21de garder la terre habitable pour tous
49:23et pas seulement pour soi. Il faut faire attention,
49:25je crois, à ce que
49:27cette écologie ne devienne pas une forme
49:29d'égoïsme qui refermerait les frontières
49:31et qui nous renfermerait sur nous-mêmes
49:33dans une sorte de bunker, comme si,
49:35au fond, rien de ce qui se passait autour de nous
49:37nous importe tant que nous soyons
49:39autarciques et résilients.
49:41On en a parlé dans cette émission
49:43CETA, Mercosur, on échange
49:45des agneaux néo-zélandais aux antipodes
49:47contre du cognac. Est-ce que c'est anachronique
49:49ou est-ce que c'est compatible avec une certaine
49:51forme de locavorisme ?
49:53Ce n'est pas forcément anachronique et tout dépend
49:55avec le changement climatique. Il faut
49:57réaliser qu'on ne pourra plus élever
49:59ou cultiver
50:01tout ce qu'on cultive
50:03aujourd'hui. Il va falloir choisir
50:05sur certains secteurs. Soit on réduit
50:07la gamme de ce qu'on peut manger et
50:09consommer, soit on accepte des réseaux
50:11d'interdépendance avec d'autres régions.
50:13La question, à mon avis,
50:15sur ces accords de libre-échange, c'est de savoir comment on va
50:17organiser ce libre-échange
50:19et comment on va potentiellement,
50:21et c'est un des grands atouts de l'Union Européenne,
50:23d'être un immense marché consommateur,
50:25comment est-ce qu'on va utiliser cela
50:27pour que, potentiellement, toute une série de règles sanitaires
50:29et environnementales qui sont en vigueur dans l'Union Européenne
50:31puissent aussi s'appliquer ailleurs
50:33et comment nous allons pouvoir exporter
50:35non seulement du cognac, mais aussi,
50:37on l'espère, des règles sanitaires et environnementales,
50:39et c'est vraiment un enjeu fondamental des mesures
50:41miroirs, c'est un enjeu qu'on porte beaucoup
50:43à la FNH, dont je préside le Conseil scientifique,
50:45c'est de dire
50:47si on fait des accords de libre-échange
50:49qui peuvent apporter énormément de bénéfices
50:51et
50:53de richesses,
50:55il faut absolument aussi que ces accords soient
50:57équilibrés et que, donc, les mesures
50:59sanitaires et environnementales qui sont en place à un endroit
51:01soient aussi en place à un autre endroit,
51:03sinon c'est une distorsion de concurrence.
51:05Si on ne termine jamais un repas sans une note sucrée,
51:07il est l'heure du péché mignon.
51:13Alors vous ne pourriez pas faire plus plaisir à Valérie
51:15avec une île flottante.
51:17J'ai vu ça quand le dessert est arrivé.
51:19Elle court toutes les restaurants et les brasseries de Paris
51:21pour déguster la meilleure île flottante.
51:23On en trouve plus si souvent, c'est de plus en plus rare.
51:25Juste une petite anecdote pour Valérie,
51:27attention parce qu'on fait souvent la confusion aujourd'hui
51:29entre une île flottante et des oeufs à la neige
51:31parce que ça se ressemble, mais l'île flottante
51:33c'est un dessert qui avait été inventé par
51:35Auguste Escoffier, notre grand chef cuisinier
51:37à la fin du 19ème.
51:39Et à l'origine, il s'agissait de tranches de génoise,
51:41de biscuits de savoie, de brioche
51:43imbibées de liqueur avec un peu de marmelade d'abricot
51:45à laquelle on ajoutait des amandes.
51:47Et ensuite, c'était servi
51:49avec de la crème anglaise, ça a évolué
51:51et maintenant on fait la confusion,
51:53mais ça c'est une île flottante qui n'est pas l'île flottante originelle
51:55telle que maître Escoffier l'avait.
51:57On a gardé les amandes et la crème anglaise.
51:59Exactement, on a gardé le principal.
52:01On va se la goûter du coup.
52:03Encore une fois, un cuisinier avec passion
52:05et amour par le restaurant Le Bourbon
52:07qu'on salue encore une fois
52:09et qui nous concocte ces merveilleux plats
52:11pour chaque mission.
52:13On attend le verdict de Valérie.
52:15C'est tout ce que j'aime.
52:17C'est vraiment parfait.
52:19Pourquoi vous avez choisi l'île flottante ?
52:21Parce que c'est un dessert que j'adore
52:23et que je trouve de plus en plus difficile
52:25à trouver et qui est
52:27surtout quasiment impossible à réussir soi-même.
52:29J'ai essayé des dizaines de fois
52:31de réussir l'île flottante et je n'ai jamais réussi.
52:33Je ne peux pas entendre un truc pareil.
52:35Il suffit de battre des oeufs en neige
52:37et vous les mettez en une louche
52:39et vous les faites chauffer
52:41et vous les pochez sur de l'eau
52:43et non pas sur du lait.
52:45L'eau étant plus chaude, ils vont davantage être
52:47compacts et durcir plus facilement que sur du lait.
52:49Ensuite, vous faites une petite crème anglaise.
52:51Ça a l'air facile comme ça, mais en pratique...
52:53Très bien expliqué.
52:55Il y a une question de temps de cuisson
52:57qui doit être respectée à la seconde près.
52:59C'est vrai.
53:01Je n'ai jamais réussi l'île flottante.
53:03On retentera avec vos précieux conseils,
53:05Jean-Pierre.
53:07Pour accompagner ce magnifique dessert,
53:09vous avez choisi un hymne
53:11que tout le monde va reconnaître immédiatement.
53:13Évidemment.
53:25Évidemment, on va l'avoir en tête
53:27toute la journée, tout le week-end.
53:29Pourquoi avez-vous choisi cet hymne ?
53:31Parce que je trouve que c'est une musique canon.
53:33C'est vrai, ça marche super bien.
53:35Je trouve que ça parvient merveilleusement.
53:37D'abord, elle marche hyper bien,
53:39elle est très entraînante, etc.
53:41Je trouve qu'elle parvient merveilleusement
53:43à combiner de la musique classique,
53:45au départ, c'est une pièce de musique classique,
53:47avec de la musique électronique.
53:49Et par rapport à
53:51toute cette petite musique qu'on entend parfois en France,
53:53un peu sur le déclin
53:55de la grandeur de la France,
53:57on ne sait plus faire des grandes pièces de musique classique,
53:59on ne sait plus faire des grandes oeuvres littéraires.
54:01Je trouve que c'était la preuve
54:03qu'il était encore possible au XXIe siècle
54:05de faire ce que je considère quand même
54:07comme une assez grande oeuvre de musique classique
54:09contemporaine. Et j'ai eu la chance d'être à Marseille
54:11au moment de l'arrivée de La Flamme.
54:13Parce qu'on ne l'a pas expliqué, c'est l'hymne des Jeux Olympiques
54:15de Paris 2024. Je pense que tout le monde le sait,
54:17mais comme on ne l'a pas dit,
54:19je me suis dit, peut-être mieux le dire.
54:21Je trouve que c'est quelque part un peu rassurant de se dire
54:23qu'il y a encore des grands compositeurs contemporains
54:25de musique classique.
54:27C'est encore possible de faire de la musique classique
54:29aujourd'hui, et je l'ai écoutée
54:31à Marseille lors de l'arrivée de La Flamme
54:33avec le Bellem, jouée par un orchestre symphonique,
54:35et c'était absolument grandiose.
54:37Et vous pouvez aller au-delà, on est aussi capables
54:39de faire de grands Jeux Olympiques.
54:41Et c'est intéressant
54:43parce que je trouve que
54:45on est parfois un peu vis-à-vis de la transition
54:47écologique et climatique dans le même
54:49état d'esprit que celui des Parisiens
54:51début juillet à l'approche des Jeux Olympiques.
54:53C'est-à-dire que tant que les Jeux n'avaient pas commencé,
54:55c'était des critiques,
54:57on n'y croyait pas,
54:59que des travaux, des embouteillages,
55:01Hidalgo démission, et puis dès que ça a commencé,
55:03on a vu que ça allait être une grande réussite.
55:05J'ai l'impression qu'on est un peu dans le même état d'esprit
55:07vis-à-vis de la transition climatique et écologique.
55:09On a besoin de se convaincre
55:11qu'on peut réussir des choses.
55:13Exactement, merci infiniment
55:15François Gérard d'avoir participé
55:17à cette émission, d'avoir partagé ce repas avec nous.
55:19Merci infiniment Jean-Pierre.
55:21Et puis nous, on se retrouve très vite
55:23dans un prochain numéro de Politique à table.
55:25On remercie évidemment Le Bourbon.
55:27A très vite.